Jean-Christophe Benoît
et sa famille



(photo X..., coll. DHM) DR.

Le 21 février 2019 à Garches (Hauts-de-Seine) est décédé dans sa quatre-vingt-quatorzième année le baryton Jean-Christophe BENOIT. Né à Paris le 18 mars 1925, il baigne dans la musique dès sa plus tendre enfance ; il sait ses notes à l'âge de trois ans et demi : son père, Henri Benoit, est altiste au sein du « Quatuor Capet » avant d'enseigner son instrument et la musique de chambre à l'Ecole Normale de Musique ; sa mère, née Léontine Granier, est 1er prix d'harmonie, d'accompagnement et de fugue du Conservatoire de Paris, compositrice et parolière ; son grand-père maternel est chef d'orchestre à Montpellier ; son arrière-grand-père est 1er chef d'orchestre au Théâtre royal français de La Haye (créateur de Carmen en Hollande) et son arrière-grand-mère chanteuse et comédienne. Denise (1919-1973), sa sœur aînée apprend déjà le violon avant d'entamer plus tard une carrière de musicienne d'orchestre, puis, à partir de 1940 de comédienne.

 

Jean-Christophe Benoit apprend de son côté le violon et le piano auprès de ses parents dès l'âge de 5 ans, commence l'étude de l'harmonie à 10 ans avec sa mère, entre au Conservatoire de Versailles, puis à 17 ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il y suit les classes de Georges Dandelot puis d'Olivier Messiaen (harmonie), de Noël Gallon (contrepoint), d'Emile Rousseau (chant), de Victor Pujol (opérette) et de Gabriel Dubois (opéra-comique). Sorti de cet établissement avec un 1er prix de chant (1949), un 1er prix d'opérette (1950) et un 1er prix d'opéra-comique (1951), il s'essaie quelque temps à la composition, notamment pour le Théâtre de marionnettes d'Yves Joly, et est engagé, avec sa sœur Denise par les JMF pour des tournées de chansons populaires (1951). Il fait ses débuts en 1952 à Strasbourg, avec le rôle de Guglielmo de Cosi fan tutte. Le succès arrive rapidement et les grandes scènes européennes l'accueillent : Festival d'Aix-en-Provence (1954), Festival de Salzbourg (1956), Scala de Milan (1958), Opéras de Genève, Rome, Barcelone et plus tard, Osaka, Miami, Tel-Aviv… L'Opéra de Paris l'engage en 1959 : on le verra apparaître dans Carmen, La Tosca, Les Indes galantes, Turandot, L'Enfant et les sortilèges, mais par goût il préfère l'opéra-comique et c'est ainsi qu'à la Salle Favart il chante Les Noces de Jeannette, Le Barbier de Séville, Le Comte d'Ory, La Chauve-souris, Le Maître de chapelle, Le Mariage secret, Colombe, Le Téléphone, Les Contes d'Hoffmann… Son répertoire est vaste, allant de Monteverdi, Gluck et Rameau à Milhaud, Frank Martin et Nigg. Parallèlement il se tourne également vers le récital et l'oratorio avec une forte prédilection pour les compositeurs français, ainsi que la radio et la télévision pour lesquelles il participe à plus de 900 émissions en chantant ou créant des œuvres contemporaines. On lui doit en effet la création de : Ariane et Le Chevalier de Neige de Georges Delerue, Ruisselle de Maurice Jarre, Complaintes de Pierre Wissmer, Dolorès d'André Jolivet, Pan et la Syrinx de Jacques Chailley, L'Opéra de poussière de Marcel Landowsky, Monsieur de Pourceaugnac et  Pilate de Frank Martin, Mélodies sur des poèmes d'Apollinaire et Psaume VI de Denise Roger, Le Rossignol de Boboli d'Alexandre Tansman, La Mère coupable de Darius Milhaud, Vergers de Louis Durey, Madame de… et Eurydice de Jean-Michel Damase, etc… C'est lui qui crée L'Enfant et les sortilèges de Ravel, dont il est un spécialiste, pour Miami (1974) et Barcelone (1975).

 

En 1970, il est nommé professeur d'art lyrique au Conservatoire de Paris où il enseigne durant vingt ans, avant de prendre sa retraite en 1990. Son affabilité naturelle et ses qualités humaines attachantes et exceptionnelles le font rapidement considérer par ses élèves comme un très bon professeur. Cet artiste complet est en outre bon acteur et de surcroît un fin metteur en scène. A l'aise dans tous les genres et curieux de toutes les musiques, sa discographie, débutée dès le début des années cinquante, est importante. On y relève, entre autres enregistrements, Werther, Manon, Rigoletto, Carmen, Lakmé, Véronique, Ciboulette, La Veuve joyeuse, La Périchole, Les Contes d'Hoffmann, Les Cloches de Corneville, La Chauve-souris…, L'Ivrogne corrigé (Gluck), Les Indes galantes et Platée (Rameau), Le Bourgeois gentilhomme (Lully), le petit opéra pour marionnettes Geneviève de Brabant d'Erik Satie, des motets de Rameau, des mélodies de Francis Poulenc, Reynaldo Hahn et de Ravel, des chansons de Joseph Kosma, des chansons du film Peter Pan de Walt Disney… Marié à la soprano Monique Linval, une élève de Ninon Vallin, Jean-Christophe Benoit, excellent chanteur et fin musicien, était également poète à ses heures.

Denis Havard de la Montagne




La Nouvelle Gazette de Bruxelles, 20 août 1950 (DR.)
 

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