Un maître de chapelle à redécouvrir,
le frère Séraphin Berchten

(1897-1971)


 

Notes biographiques :

 

Walter Gottfried Berchten est né à Bâle, en Suisse, le 9 février 1897. Après des études secondaires, il entre dans l'ordre franciscain et prononce ses vœux, devenant « frère Séraphin ». Il est ordonné prêtre à l'âge de 25 ans, le 1er avril 1922, et après quelques années d'enseignement à l'Ecole Saint-Antoine de Brive-la-Gaillarde, il perfectionne son talent de musicien à l'Institut Pontifical de musique sacrée de Rome dont il sort diplômé. Nommé vicaire à la paroisse Notre-Dame-des-Anges de Bordeaux, il y fonde un choeur d'adultes et un choeur de Petits chanteurs en 1933. Il passe la Seconde Guerre mondiale en Suisse puis revient en France.

 

Ses « Petits Chanteurs Antoniens » font de nombreuses tournées couronnées de succès et le père Berchten commence à se faire connaître. Il compose également de nombreux choeurs dont certains font partie du répertoire habituel de chorales paroissiales et de cathédrales françaises. Au début des années 1960, il quitte la communauté franciscaine et à partir de 1964, il est nommé maître de chapelle de la cathédrale de Bordeaux. Entrant en désaccord (comme de nombreux autres musiciens) avec l'interprétation erronée des textes du Concile Vatican II concernant la musique liturgique, il édite un périodique (« Feuilles documentaires de la Schola Pie X ») dans lequel les articles remettent les choses à leur place. Il participe à certains congrès de musique sacrée, prononçant parfois le discours d'ouverture, avant de mourir à 74 ans, le 25 novembre 1971.

(Sources : https://www.chant-liturgique-paroisse.fr/compositeurs-r-p-berchten-ofm/  et https://jeanmi210.skyrock.com/1615812020-Walter-Gottfried-Berchten-et-les-Petits-Chanteurs-Antoniens.html )

 

 

Quelques articles de presse ou de périodiques :

 

« Deux belles auditions de musique religieuse sollicitaient samedi après-midi les mélomanes bordelais. [...]

La Schola de Notre-Dame-des-Anges et les petits chanteurs antoniens du R.P. Séraphin Berchten se faisaient à Notre-Dame et donnaient en première audition à Bordeaux la « Passion du Christ » de don Lorenzo Perosi. […]

Par la qualité et la pureté des voix, par sa discipline, par son élan et par sa cohésion, cet ensemble est tout à fait remarquable et il fait le plus grand honneur au savant musicien qui le dirige et l'entraîne après l'avoir fondé, le R. P. Séraphin Berchten. »

(La Petite Gironde, 26 mars 1939, p. 4)

 

« Les chroniqueurs regrettent parfois, et avec juste raison, l'absence des voix d'enfants dans les choeurs polyphones. Outre qu'un ensemble de voix de garçons, bien formées, n'a pas son équivalence pour le timbre, cette couleur du son parmi les voix de soprani, on ne doit pas ignorer que les préférences de l'Eglise à cet égard-là sont des plus manifestes, et que notamment Pie X et Pie XI ont vivement insisté pour que soient fondées des scholas de jeunes enfants, non seulement dans les grandes églises, mais même dans les églises plus modestes jeunes enfants auxquels doit être confiée, selon l'usage antique de l'Eglise, la partie supérieure du chant dans les chœurs à voix mixtes. Pie XI a même profité de l'occasion pour souligner une conséquence indirecte des plus heureuses de cette pratique. Du nombre de ces enfants sont sortis, on le sait, au XVIème siècle en particulier, des auteurs très experts en polyphonie, et, parmi eux, celui qui est sans contredit leur maître à tous, le célèbre Jean-Pierre-Louis de Palestrina. 

Toutefois, il serait injuste de méconnaître les efforts faits, un peu partout en France au cours de ces dernières années, en vue de se conformer aux recommandations et ordonnances pontificales sur ce point. J'ai pu le constater tout récemment encore, pour les régions de l'Ouest, du Sud-Ouest et des Pyrénées, où il m'a été donné de séjourner plusieurs semaines. Et c'est l'une de ces petites maîtrises, de création récente que je veux entretenir mes lecteurs, aujourd'hui, son fondateur ayant trouvé un moyen ingénieux et pratique de recruter et de retenir les petits chanteurs du bon Dieu.

Il y a quelques années, arrivait à l'église Notre-Dame des Anges [à Bordeaux], confiée aux RR. Pères Franciscains, un jeune religieux, âme ardente et naturellement musicienne, dont les aptitudes musicales de qualité avaient retenu l'attention de ses supérieurs. Aussi avait-il été désigné pour suivre les cours de l'école supérieure pontificale de musique sacrée à Rome, où il avait développé et affiné son goût, déjà très sûr, pour la vraie musique d'église, tout en perfectionnant ses connaissances techniques musicales. On le sentit bien dès les premiers offices auxquels il prit part, dans l'église Notre-Dame des Anges. Doué d'une voix au timbre clair et chaud qu'il gouverne à son gré, il ajoutait à l'expression et au charme innés des mélodies grégoriennes par l'interprétation, de tout point idéale, qu'il leur donnait.

Je n'ai pas à dire ici tout ce que son zèle très éclairé lui a dès lors suggéré pour faire connaître aux paroissiens de Notre-Dame des Anges les différentes formes de musique ayant légitimement droit de cité à l'église. C'est sur son apostolat musical auprès des jeunes garçons que je dois insister aujourd'hui. Sans m'attarder au but poursuivi par le P. Berchten, oeuvre d'éducation religieuse et artistique des enfants musicalement doués, je noterai seulement que les difficultés d'organisation pratique l'obligèrent à restreindre au strict minimum les répétitions de chant et les exercices vocaux qui, durant trois ans, coïncidèrent peu près exclusivement avec le jour de congé classique hebdomadaire. Il en résulta, chez quelques-uns des jeunes écoliers, une impression de corvée dont étaient exempts leurs camarades non chanteurs. Et ceci n'était pas sans nuire à l'assiduité et sans entraver le recrutement des petits maîtrisions. D'autre part, les répétitions trop rares et trop espacées ne donnaient que des résultats assez peu satisfaisants sous le rapport du fini et de la qualité des exécutions. Et comme il n'existait pas sur la paroisse d'école chrétienne de garçons qui eût pu rendre le recrutement plus facile et plus stable, le P. Séraphin Berchten fut amené à rechercher une solution pouvant procurer quelques-unsdes avantages des maîtrises-écoles avec leurs élèves internes. Et c'est ainsi qu'il a fondé le « Foyer des petits chanteurs antoniens ». Mais écoutons-le-nous en expliquer lui-même le fonctionnement : Tous les jours, après la classe de l'après-midi, les petits chanteurs sont reçus dans ce foyer où, répartis en deux petites salles, ils font leurs devoirs et apprennent leurs leçons (pour la classe du lendemain) sous la direction de personnes parfaitement compétentes et dévouées. Cette étude est suivie d'une demiheure de chant. Ainsi, après le travail, le chant devient un délassement, et la fréquence des rapports permet de faire une œuvre suivie. Et le P. Berchten d'insister qu'il entend faire par-là oeuvre d'éducation et de formation intellectuelle et artistique, sans doute, mais par-dessus tout, car c'est son dessein primordial, oeuvre de formation chrétienne. Voilà donc des enfants qui viennent tous les soirs se retremper dans l'atmosphère religieuse du foyer. Leurs réunions commencent et se terminent par la prière ils travaillent sous les regards du Crucifix, et leur directeur, toujours parmi eux, profite de toutes occasions pour rappeler à ces jeunes âmes, en public et en privé, les principes de la morale du Christ.

II est à peine besoin d'ajouter que cette organisation est suivie avec la plus vive sympathie par les éducateurs religieux qui y voient un moyen très efficace de donner et de maintenir, en particulier, chez les élèves des écoles communales, une formation et une orientation vraiment chrétiennes.

Et de fait, les résultats obtenus en ces premiers mois de fonctionnement sont pleins de promesses, tant au point de vue de l'éducation sous toutes sa forme qu'au point de vue du recrutement et il me sera bien permis d'en rendre témoignage aussi tous le rapport du chant. J'ai pu le constater de auditu un de ces derniers dimanches. A la suite d'un brillant concert spirituel, les petits chanteurs antoniens, en effet, ont chanté seuls, comme voix de soprani, le Salut solennel composé de motets de Palestrina, Nanini, Vittoria, à trois et quatre voix mixtes, et ils l'ont fait d'une manière très satisfaisante et de tout point digne d'éloges.

Plus d'un lecteur se demandera peut-être pourquoi ils sont désignés sous le titre de petits chanteurs antoniens ? Ils sont ainsi appelés en l'honneur de saint Antoine, leur patron secondaire - leur patronne principale étant Notre-Dame des Anges -, qui fut petit clerc cathédrale de Lisbonne et qui, devenu moine franciscain et grand thaumaturge, fut favorisé du don miraculeux de bilocation pour remplir son rôle de chantre, à l'instant même où il prêchait un sermon à Limoges, ainsi que le rapportent les annales des Frères Mineurs.

Il est utile de souhaiter que l'initiative féconde, prise à Bordeaux par le P. S. Berchten, soit imitée dans les grandes, moyennes et petites villes où le recrutement de petits chanteurs du bon Dieu se heurte à l'opposition même de parents chrétiens, persuadés, de très bonne foi, que le temps consacré au chant risque de compromettre l'obtention du certificat d'études, tant convoité et si considéré. L. Dupont »

(La Croix, 10 février 1938, np)

 

« Le mouvement grégorien. Les maîtrises.

La semaine de Quasimodo, du 14 au 16 avril, un congrès réunissait à Versailles une centaine de maîtres de chapelle et organistes de divers horizons. […]

Il ne peut être question ici d'analyser en' détail cette réunion, dont d'ailleurs bien des éléments, trop spécialisés, ne seraient pas à leur place dans La Maison-Dieu. On peut souligner néanmoins l'exposé d'ouverture du R. P. Berchten, franciscain de Bordeaux. Il était destiné à poser les bases générales pour les discussions ultérieures, et le fit en un commentaire du Motu proprio de Pie X. Disons tout de go qu'il nous a un peu déçus ; mais le Père ne peut en être responsable, ayant dû donner à l'improviste une conférence primitivement confiée au regretté Paul Berthier. Cependant il est fort dommage qu'au départ de ces réunions il n'y ait pas eu de vue plus élaborée, montrant les structures liturgiques profondes de la pensée de Pie X et du Motu proprio, et le développement que leur ont encore donné Pie XI et surtout Pie XII en situant le problème de la musique sacrée dans une vue doctrinale de la liturgie : l'encyclique Mediator Dei. L'équilibre de l'ensemble y eût gagné (le chant grégorien, par exemple, a été à peu près escamoté, et cela est grave ; tous les maîtres de chapelle accepteraient-ils de prendre à la lettre cette phrase du Motu proprio : « Tout le monde doit tenir pour assuré qu'une fonction ecclésiastique ne perd rien de sa solennité quand elle n'est accompagnée d'aucune autre musique que celle-là (le grégorien) » ?). Il eût fallu souligner aussi, comme Mgr Montini l'a rappelé à plusieurs reprises, que les intentions de Pie X en publiant son Motu proprio étaient essentiellement pastorales. »

(La Maison-Dieu, Paris, Le Cerf, n° 34, 1er avril 1953, p. 105-106)

 

Carte postale autographe du Père Berchten adressée le 9 juillet 1961 à René Sedant (1890-1991),
maître de chapelle de la basilique d'Argenteuil (Val-d'Oise) et directeur de la Procure Générale du Clergé à Paris :
"Cher Monsieur Sedant / Je suis à Bâle jusqu'à samedi prochain. Puis je voyagerai à travers la Suisse. Avant de rentrer à Bordeaux je désirerais vivement vous rencontrer à Paris soit vendredi 21 dans l'après-midi, soit samedi 22 dans la matinée. Aurais-je la chance de vous rencontrer. Veuillez bien me le dire par retour à l'adresse ci-dessous. / Si vous êtes absent de Paris, veuillez me dire quand vous serez de retour. / Le Congrès de Cologne fut une belle démonstration de la beauté de la liturgie romaine, telle qu'on peut la réaliser dans ses différentes formes permises. Les chorales les plus célèbres d'une 15ne de nations ont alterné aux offices avec le peuple chantant exclusivement en latin. Seul avant et après les offices résonnaient les chorales en allemand. Je crois que l'abbé Aubeux se charge de faire un article pour la Musique Sacrée. S. Berchten, 68 Schertlingasse, Bâle (Suisse)"
(  (coll. DHM) DR.  )

 

Quelques choeurs et cantiques du père Berchten :

 

O saint François (Cantate à saint François d'Assise), Paris, Hérelle.

Messe de la maîtrise, Sèvres, Musique Sacrée.

Ave Maria (3 voix mixtes), La Musique Sacrée, mars-avril 1939.

Voix de la terre, La musique sacrée (avril 1927).

Il est né le Divin Enfant (Harmonisation), éd. Caecilia.

Saint, le Seigneur / Agneau de Dieu, éd. Caecilia.

Messe de saint André (pour la cathédrale de Bordeaux).

Cantate à saint Vincent-de-Paul (1959).

Psaume 129, Paris, Procure.

Les prêtres du Seigneur (1966), Paris, Procure.

Improperium (1966), Paris, Procure.

Ps 83, Quand dilecta, Paris, Procure.

Cantique à sainte Thérèse.

Berceuse basque.

Et incarnatus est.

Introït de Noël.

O saint Antoine.

Sanctus II.

Ps. 90, Confiance en Dieu, Paris, Procure.

O, cène de l'Agneau (1966), Musique sacrée.

Acclamations.

Deux Kyrie simples.

Ps. 24, Vers toi, j'élève mon âme.

Ps. 129.

Ps. 44, Noces du Christ et de l'Eglise.

Psaume 39.

Psaume 50, Miserere mei.

Psaume 30, En tes mains, Seigneur.

Psaume 42, Judica me.

Oremus pro Pontifice / Oremus pro Antistite

Psaume 121, Laetus sum.

Psaume 115, Credidi.

Chez nous, soyez reine (harmonisation).

 


Olivier Geoffroy

(août 2020)

 

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