Philippe de Brémond d'Ars
Né à Royan (Charente-Maritime) le 22 septembre 1889, Philippe de Brémond d'Ars fut élève au collège Stanislas de Paris. Ses études d'orgues furent placées sous l'enseignement de Louis Vierne.
Compositeur, professeur d'orgue à l'Ecole César Franck (aux côtés de Geneviève de la Salle) et à l'Institut grégorien (Institut catholique), organiste de la chapelle des Dominicains de Paris puis de Saint-Pierre de Montrouge, il possédait un petit orgue de salon de deux claviers à traction mécanique qui fut installé durant quelques années à l'Ecole Sainte-Geneviève de Paris. Il donna plusieurs concerts d'orgue, comme celui du 15 décembre 1935 à l'église du Saint-Sacrement ou celui du 16 mars 1938 à l'église Saint-Leu-Saint-Gilles, de Paris.
Philippe de Brémond d'Ars est mort le 7 septembre 1986.
Petite revue de presse
« MARIAGES : Ainsi que nous l'avons annoncé, le 23 a été béni, en l'église Saint-François-Xavier, le mariage du comte Philippe de Brémond d'Ars, lieutenant au 26° bataillon de chasseurs à pied, décoré de la croix de guerre, fils du comte Guy de Brémond d'Ars et de la comtesse, née La Bouillerie, avec Mlle Solange de Chavigné de Balloy, fille de M. de Balloy, ministre plénipotentiaire, et de madame née Tiersonnier. Les témoins étaient, pour le marié le général marquis de Brémond d'Ars et le baron de La Bouillerie, ses oncles, pour la mariée la Comtesse Henri de Martimprey, sa sœur, et le comte de Sinéty, son cousin. »
(Le Figaro, 27 novembre 1918, p. 2)
« De très nombreuses personnalités de marque se pressaient en la chapelle du couvent des Dominicains où l'office, que l'on avait dû reculer de cinq jours, se déroula. […]
Au cours de l'office M. Philippe de Brémond d'Ars accompagna à l'orgue le Kyrie, le Sanctus et l’Agnus de la Messe à trois voix de Casciolini, puis les motets O Sapientia de Lulli et de Clérambault. »
(Le Gaulois, 23 janvier 1928, p. 1)
« Philippe de Brémond d'Ars : Album d'images pour le piano. — Ces cinq pièces sont très agréables à jouer. Elles sont très bien écrites pour l'instrument auquel elles sont destinées. Le style en est facile, certes, mais de bon goût. L'auteur ne veut pas découvrir de nouveaux horizons : il se contente du connu. Mais il le fait adroitement. Il exprime ses pensées simplement, et sans prétentions qui ne siéraient pas bien dans ce cahier. Il y a dans ces pages des souvenirs de Schumann : les uns clairs comme dans l'intitulé En pensant à Schumann, et d'autres cachés parmi les traits les plus voilés comme dans : L'Enfant Jésus de Prague. Bonne parenté : celle de l'auteur avec le musicien des Scènes d'Enfants. A signaler. (Ces œuvres sont éditées par la maison B. Roudanez, 9, rue de Medicis). »
(La Semaine à Paris, 21 juin 1929, p. 64)
« Chaque dimanche, de novembre aux premiers jours de juillet, c’est-à-dire pendant le temps où les spectacles parisiens sont en pleine activité, on remarque vers onze heures un aimable et discret remue-ménage devant l’église des Dominicains, faubourg Saint-Honoré. C’est qu’à onze heures et quart, fort précisément, va retentir l’orgue sous les doigts subtils de M. Philippe de Bremond d’Ars et commencer la messe de l’Union catholique du Théâtre, vulgairement appelée « Messe des comédiens ». […]
Naturellement, il y a de la musique aux messes de 11 h. 1/4. Les artistes, comme il sied, veulent offrir à Dieu les plus belles fleurs de leur art. J’ai déjà cité l’excellent organiste de l’église, le comte Philippe de Bremond d’Ars. J’ajoute que l’Union a sa maîtrise, que dirige Mlle Brodu, musicienne et grégorianiste consommée. Aussi le choix du programme est-il de la meilleure qualité musicale et religieuse. De grands artistes tiennent à honneur de payer ici leur tribut. J’en connais qui, nullement troublés sur les planches, sont fort émus de monter à la tribune. C’est pour eux un acte religieux qu’ils accomplissent religieusement. »
(La Vie intellectuelle, 10 décembre 1930, p. 368-377)
« A la tribune de l'église dominicaine du Saint-Sacrement, faubourg Saint Honoré, le maître Guy Ropartz, érigeant cette barbe magnifique qui donne à son visage tant de majesté sans lui enlever sa bonhomie, dirige d'une main sûre un chœur harmonieux. Nous sommes à une messe de l'Union catholique du Théâtre et ce chœur est la maîtrise de l'Union, à laquelle préside une excellente musicienne, Mlle Brodu. […] M. Philippe de Brémond d'Ars est au clavier. Guy Ropartz dirige, à la satisfaction d'un auditoire difficile, une belle messe et quelques motets de sa composition. »
(L'Ouest-Eclair, 28 avril 1931, p. 4)
« Le dernier concert donné par l’Association des professeurs de la Schola Cantorum nous offrait deux « premières auditions » fort intéressantes toutes deux pour piano et jouées de façon remarquable par Mlle Paule Piedelièvre. Organiste réputée, Mlle Piédelièvre est aussi une pianiste du premier ordre qui semble arrivée aujourd’hui à un parfait et vivant équilibre de son art (elle est professeur de piano à la Schola). […]
Elle a donc fort bien exécuté d’abord les Sept Variations sur un menuet de Mouret (1682-1738), œuvre récente de M. Philippe de Brémond d’Ars, le remarquable organiste de l'Eglise du Saint-Sacrement. Son morceau est de la plus belle qualité musicale ; on a le plaisir d’y goûter à la fois son excellent et savant travail et son charme divers et délicat. »
(L'Aube, 2 juin 1932, p. 2)
« La messe des comédiens, dimanche à 11 h. 15, en l'église du Saint-Sacrement, 222, rue du Faubourg St-Honoré. [...] A l’orgue, M. Philippe de Brémond d’Ars jouera comme entrée : « Prélude en mi mineur » de Bach ; comme sortie « En toi est ma joie », de Bach. »
(Les Tablettes de l'Aisne, 22 juin 1932, p. 1)
« Pour son 16ème concert, qui eut lieu le 30 mai chez Gaveau, l’Ecole César-Franck avait inscrit exclusivement à son programme des œuvres dues aux lauréats des Cours de Composition de M. Guy de Lioncourt. […]
Les pianistiques Sept variations sur un Menuet, de M. Philippe de Brémond d’Ars, sont traitées avec- une logique rigoureuse et habilement colorées : certaines ont un caractère organistique, bien adapté, cependant, au piano. »
(L'Art musical, 17 juin 1938, p. 922)
« Philippe de Brémond d'Ars
Il me faut revenir aujourd'hui sur le dernier récital d’orgue donné par M. Philippe de Brémond d'Ars à Saint-Polycarpe. Son précédent concert avait produit une très bonne impression et son récital de l'autre jour, fort bien composé d'ailleurs avec le plus grand soin, avait mis en pleine évidence une Sortie de Jean Langlais. En outre, la chorale de Saint-Leu, qu'on avait placée non plus dans le chœur de l’église, mais à la tribune de l’orgue, a bénéficié d'une excellente acoustique et c’est ainsi que Bach et César Franck ont été dignement servis. »
(Le Tout Lyon, 12 avril 1947, p. 3)
« M. Philippe de Brémond d'Ars, professeur à l'Institut grégorien, a été promu officier de la Légion d'honneur. »
(Nouvelles de l'Institut catholique de Paris, avril 1962, p. 18)
« Comment ne pas nommer quelques figures prestigieuses parmi les artisans modestes et efficaces qui ont œuvré au sein de l'Institut grégorien, puis de l'Institut supérieur de Musique Sacrée et enfin de l'Institut de Musique Liturgique : Auguste Le Guennant, Henri Potiron, Philippe de Brémond d'Ars, Edouard Souberbielle. »
(Revue de l'Institut catholique de Paris, septembre 1993, p. 213)
Collecte : Olivier Geoffroy
(novembre 2025)
Note : le comte Philippe de Brémond d’Ars, issu d’une vielle famille noble connue depuis le XIVe siècle, propriétaire du château d’Ars près de Cognac (Charente), après avoir été au collège Stanislas, termina ses études scolaires à l’Externat Jésuite Saint-Ignace, rue de Madrid, avec son frère Eusèbe (1888-1958), futur poète et écrivain, ami de François Mauriac, André Lafon, Paul Claudel et admiré par Georges Bernanos (pour mémoire, les locaux de cet Externat Jésuite seront bientôt inclus dans ceux du Conservatoire supérieur de musique et de déclamation qui ouvrait ses portes en 1911 dans ces nouveaux locaux). Après avoir satisfait à ses obligations militaires au 149e Régiment d’Infanterie (octobre 1911 à septembre 1923), il était rappelé en août 1914 au 24e Régiment d’Infanterie, passé en décembre de la même année au 19e bataillon de Chasseurs à pied.
Démobilisé lieutenant en août 1919 avec plusieurs actions d’éclats et blessures, son parcours militaire mérite d’être quelque peu développé ici : Blessé le 14 septembre 1914 par une balle dans la cuisse droite. Pieds gelés le 30 janvier 1915. Blessé le 27 septembre 1915 au bras droit et au thorax par éclat d’obus. Gazé le 9 octobre 1918. Cité à l’ordre du Bataillon le 15 décembre 1916 « le 5 novembre 1916, sa tranchée étant soumise à un tir précis de l’ennemi, a constamment circulé au milieu de ses hommes, relevant leur moral par sa présence continuelle. Du 31 octobre au 6 novembre, par son observation personnelle et constante, a fourni au commandement de très bons renseignements. Excellent officier, déjà blessé 2 fois. » Cité à l’ordre du Corps d’armée le 21 avril 1918 « au combat du 30 mars 1918, a tenu de 9h. à 18h.30 sur sa position ; ne s’est replié que par ordre. A fait demi-tour pour arrêter par un feu la progression ennemie, lui a fait subir de fortes pertes et n’a abandonné le terrain que sous le feu d’une pièce d’artillerie ennemie à 200 mètres. » Cité à nouveau à l’ordre du Corps d’armée le 5 septembre 1918 « Commandant un peloton de mitrailleuses chargé d’accompagner l’attaque d’une Compagnie sur un terrain très difficile violemment battu par l’ennemi, a brillamment entraîné ses hommes. Tous les Officiers de la Compagnie qu’il accompagnait étant tués ou blessés, a pris vigoureusement le commandement de l’ensemble. » Croix de Guerre avec 3 citations (2 étoiles de vermeil et une de bronze), nommé Capitaine de réserve en juin 1935, reçu Chevalier de la Légion d’honneur en 1920, plus tard élevé au grade d’Officier en 1961, au cours de la deuxième guerre il fut prisonnier en Allemagne durant 14 mois, de juin 1940 à août 1941.
C’est après la 1ère guerre qu’il entrait à la Schola Cantorum où il décrocha ses diplômes d’orgue 2e degré en 1923 dans la classe d’Abel Decaux, de contrepoint la même année dans celle de Guy de Lioncourt, puis celui de composition en 1932 avec ce même professeur (sujet de sa thèse de fin d’études : Orphée, Alceste, et la Réforme du drame), et y étudiant également dans la classe d’orgue supérieur de Vierne. C’est durant cette époque qu’il est nommé titulaire de l’orgue Merklin, 2 claviers et pédalier, 27 jeux (1878) du Très Saint Sacrement, chapelle des Dominicains (222 rue du Faubourg du Saint-Honoré, Paris VIIIe), à partir de 1925, mais à son retour de captivité en août 1941, il est victime d’une vilénie de la part du Supérieur des Dominicains de la province de France, le Frère Martin Gillet. Par l’intermédiaire du R.P. Jourdain Wébert, o.p., professeur à l’Institut Catholique, il lui signifie en effet que son emploi d’organiste est supprimé et que c’est le R.P. Florand, o.p., qui assure maintenant les offices à sa place. Il obtiendra plus tard un poste à l’église Saint-Pierre de Montrouge (Paris XIVe) où on le trouve notamment au début des années soixante, à l’époque ou Jean-Jacques Grunenwald est titulaire du grand orgue. Membre de l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes (UMCO), depuis 1927, professeur d’orgue à l’Ecole supérieure de musique César-Franck à partir de 1946 et à l’Institut grégorien. Son orgue de 2 claviers installé dans l’église des Maronites, Notre-Dame du Liban de la Rue d’Ulm (ancienne chapelle de l’Ecole Sainte-Geneviève), fut notamment touché par Francis Chapelet, futur titulaire de l’église Saint-Séverin, lors de ses études à l’Ecole César-Franck (1956 à 1959). En dehors des œuvres citées supra, on lui connaît aussi un Air sur le hautbois, pour orgue, paru en 1954 chez Philippo. Décédé, sans postérité, le 7 septembre 1986 à Romilly-sur-Seine (Aube), son épouse, née Solange Davy de Chavigné de Balloy, l’avait précédé au tombeau de quelques années, le 13 décembre 1983.
Denis Havard de la Montagne
p class=MsoNormal style='text-align:justify'>L'ancien orgue de salon de Philippe de Brémond d'Ars
Actuellement posé sur la tribune de l'église Notre-Dame du Liban de Paris (5ème arrondissement), l'instrument mécanique de 10 jeux sur deux claviers expressifs et pédalier est dû à la Manufacture de l'abbé Tronchet de Nogent-le-Rotrou et construit probablement au cours des années 1920. Certains éléments de sa facture donnent à penser qu'il a peut-être été conçu sur la base d'un orgue Mutin, l'abbé Tronchet étant un habitué des montages d'instruments à partir d'éléments d'occasion. Le buffet est constitué d'une caisse en bois, sans tuyaux apparents avec des jalousies d'expression visibles sur la partie droite dudit buffet. La console était en fenêtre latérale à l'origine mais, à Notre-Dame du Liban, l'instrument a été placé de telle manière que l'organiste tourne le dos à l'autel. Les tuyaux de pédale, originellement disposés au fond de l'instrument, sont actuellement posés en évidence sur leur sommier pneumatique à droite du buffet principal.
La composition est la suivante :
- Grand-orgue expressif (56 notes) : Principal 8', flûte harmonique 8', dulciane 4'.
- Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', nazard 2 2/3', trompette 8'.
- Pédale (30 notes) : Soubasse 16'.
Acc. II/I en 16 et 8, tir. I et II, deux pédales à bascule d'expression pour chaque clavier, appel et renvoi jeux de combinaison (par boutons tournants).
La trompette est siphonnée dans les basses."
Olivier Geoffroy
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| Copie manuscrite par Philippe de Brémond d'Ars d'une lettre à lui adressée le 14 octobre 1941 par le R.P. Jourdain Wébert o. p. au nom du Supérieur de l'ordre des Dominicains lui annonçant, à son retour de captivité d'Allemagne, la suppression de son emploi d'organiste, remplacé par le R.P. François Florand. Au verso figurent des précisions à l'intention du destinataire, le secrétariat de l'Union des Maîtres de Chapelle et Organistes alors présidée par Henri Büsser, successeur de Widor. (coll. UMCO) DR. |
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