Autour d'Auguste Convers

Petite revue de presse


 

 

Auguste Convers (1884-1976) a succédé le 19 mars 1924 à Charles Mutin dans la direction de la Manufacture de l'Avenue du Maine à Paris. Tout en poursuivant la construction d'orgues à transmission mécanique, il développe des orgues de série à traction électrique dont la fiabilité sur la durée est fréquemment mise en cause. La qualité des orgues construits par Cavaillé-Coll-Convers est aléatoire, certains étant encore en bon état de jeu, d'autres ayant depuis longtemps cédé la place à des instruments neufs. Un article du Petit Parisien du 12 décembre 1930 rend publique la faillite de la « Manufacture d'orgues Cavaillé-Coll, Mutin, A. Convers et Cie, capital 2.200.000 fr. (en liquid.) 15 avenue du Maine et Auguste Convers, gérant responsable ».

 

« Hier a eu lieu la présentation privée d'un orgue électrique de formule nouvelle et de taille très réduite dont l'invention est due à M. Auguste Convers.

M. Ludovic Panet [sic], organiste de la Basilique du Sacré-Coeur, Mlle Cécile Winsback et Mme Coecilia Hansen, qui joua sur le violon Makhonine, ont prêté leur concours à cette matinée. »

(Paris-Midi, 30 juin 1930)

 

« Les Orgues de Notre-Dame des Dombes.-

Un bienfaiteur insigne a eu la pieuse attention d'offrir à l'Abbaye Cistercienne de Notre-Dame des Dombes, à Marfieux (Ain), de belles orgues dont la caractéristique est de réunir les plus hauts perfectionnements que comporte l'orgue moderne. Il ne sera pas sans intérêt de connaître la composition de ce splendide instrument.

L'orgue de Notre-Dame des Dombes comporte 13 jeux réels, 17 registres, répartis sur deux claviers manuels et un pédalier. Le système de transmission est électro-pneumatique. La console des claviers, de forme très rationnelle, se trouve placée à 25 mètres de l'instrument et ne possède que des dispositifs purement électriques, autrement dit fonctionne complètement sans le secours du vent.

Les claviers manuels ont 56 notes, alors que les sommiers en possèdent 68, afin de donner effectivement l'octave aiguë réelle. Le clavier de pédales a 32 notes.

La commande des accouplements est réversible et s'opère soit à la main au moyen de dominos, soit aux pieds par des blocs d'usage extrêmement facile.

La soufflerie est composée d'un groupe aéro-moteur alimentant les soufflets régulateurs de l'orgue, en même temps qu'il entraîne sur son arbre une génératrice émettant le courant à faible tension nécessaire aux électros.

La commande de la boîte expressive du récit est également électro-pneumatique, d'un système particulièrement précis et de grande rapidité.

La particularité intéressante de cet instrument réside dans l'exclusion absolue de tout empirisme, aussi bien dans sa conception que dans sa fabrication. Dégagé de toutes les complications inutiles, le système électrique apparaît simple, extrêmement robuste, et surtout de réglage facile. Tous les organes en sont très accessibles et toutes les pièces peuvent être visitées sans l'aide d'un outil.

Au point de vue acoustique, la démonstration faite le jour de l'inauguration a été absolument probante, et cet orgue de 13 jeux a parfaitement rempli une chapelle de vastes dimensions et a permis l'exécution d'un programme extrêmement varié, allant de Daquin à Vierne, avec des changements de timbres et de couleurs absolument saisissants.

Ce bel instrument a été construit par la Manufacture de Grandes Orgues Auguste Convers, à Paris, qui a employé là des méthodes industrielles d'un ordre supérieur.

Les fêtes d'inauguration ont eu lieu avec un caractère tout intime le mardi 28 Octobre, en présence de quelques amis de l'art religieux. La messe pontificale était célébrée par le Révérendissime Père Abbé Dom Alexandre, l'allocution faite par M. le chanoine Mulsant. Les orgues étaient aux mains de M. l'abbé Joubert, organiste de la basilique de Fourvière.

Dans la grande solitude de la plaine des Dombes, c'est un charme de rencontrer cet ardent foyer de vie surnaturelle qu'est l'Abbaye Cistercienne chère aux Lyonnais. Outre l'aimable accueil que les traditions de l'Ordre de Saint-Benoît ont toujours maintenu ici, il fait bon y trouver aussi la beauté des offices liturgiques, et c'est un réconfort pour tous de contempler sur les visages si calmes et si rayonnants des humbles religieux cette joie céleste que goûtent pleinement ceux qui se donnent au bon Dieu. A. BERJAT. »

(Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 7 novembre 1930, p. 831)

 

Nous devons encore une mention à une heureuse amplification du jeu de nos orgues, dont M. le Chanoine Berjat, vice-recteur de Fourvière, a fait un juste éloge :

 

« Une application scientifique très importante vient d'être faite, pour la première fois, dans les nouvelles orgues de Fourvière, L'on a entendu avec un grand intérêt, aux offices du dimanche des Rameaux, les notes harmonieuses d'un jeu de harpe d'une étonnante beauté. Les vibrations si prenantes des cordes qui sont, non point frappées, mais pincées, l'ampleur, la portée de ces vibrations, la douceur et la plénitude de leur sonorité, tout cela atteint, dans ce nouveau jeu de l'orgue, une perfection remarquable. Et pourtant il n'y a ni tuyaux, ni lames, ni cordes, mais seulement, comme dans la T.S.F., des ondes électriques sonores, des lampes, des amplificateurs. La grande richesse du timbre obtenu donne lieu à des effets très divers : se détachant sur des jeux doux, les arpèges remplissent le plus vaste vaisseau ; mêlées à des registrations plus fortes, les sonorités de la harpe électrique apportent une ampleur considérable à l'égal des contrebasses à cordes ou de timbales d'orchestre. C'est là une contribution nouvelle donnée par la science moderne à la splendeur du culte, à la louange divine, et nous sommes heureux d'avoir pu, grâce à une délicate attention de la Manufacture d'Orgues de M. Auguste Convers, doter la basilique mariale de Lyon de cette nouvelle œuvre d'art religieux. »

(Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 26 août 1932, p. 230)

 

« A l'Exposition de 1937 - M. Auguste Convers, administrateur d'une manufacture de grandes orgues parisienne, nous fait tenir copie de la lettre qu'il a adressée au commissaire général de l'Exposition de 1937 : il lui exprime la surprise que lui inspirent les conditions dans lesquelles a été faite l'adjudication des travaux de démontage du grand orgue de la salle des concerts du Trocadéro.

Le 13 août, écrit notre correspondant, les enveloppes cachetées des soumissions ont été ouvertes 98, quai de la Râpée, et d'après les renseignements que nous avons eus, la maison Pleyel demandait 19.000 fr. pour l'exécution des travaux ; notre devis se montait à 23.420 francs et celui d'une maison de Nantes s'élevait à 43.000 francs. Malgré cette différence de prix tout à fait anormale entre les maisons parisiennes et celle de province, qui cependant était favorisée par le prix de sa main-d'œuvre, c'est cette dernière qu'a choisie l'expert.

A l'heure actuelle, on étudie la reconstruction de l'orgue dans la nouvelle salle, et le même expert s'est chargé de l'établissement du cahier des charges. Il serait inadmissible que les choses se passent cette fois-ci de la même façon que lors du démontage. Aussi, comme nos charges sont très lourdes à Paris, nous nous voyons obligés d'élever une double protestation, aussi bien comme contribuables qu'en tant qu'industriels, en demandant qu'il soit pris des mesures qui assureront les garanties auxquelles nous avons droit. »

(Marianne, 2 octobre 1935, p. 5)

 

« Alger - Fêtes de Pesah : A l'occasion de l'office de Arbit du 2e soir de Pesah, qui a été célébré par M. Léon Fima, les grandes orgues ont fait entendre leur voix.

M. le grand-rabbin Askénazi fit un sermon sur la Pâque, puis, parlant des Grandes Orgues, qui font aujourd'hui l'admiration de tous, malgré que certains ont cru devoir en critiquer l'installation, il dit que ce merveilleux instrument ne peut qu'ajouter à la beauté de notre édifice religieux et qu'en rehausser les solennités.

Il rappelle l'oeuvre magnifique des Présidents du Consistoire qui se sont succédé et qui ont contribué à l'édification, de ce grandiose temple : d'abord, M. Simon Kanoui, qui en posa la première pierre puis M. Hassan, qui présida à son achèvement et à l'installation de la maîtrise, ensuite, M. Isaac Bensadoun qui se dévoua et administra la communauté d'une façon impeccable et, enfin, M. Aaron Amsellem qui, malgré des difficultés sans nombre se consacra à la réalisation et à l'installation des grandes orgues électriques à 17 jeux, à triple claviers, de la Maison Convers de Paris, qui font aujourd'hui la meilleure parure de notre beau temple. »

(L'Univers israélite, 1er mai 1936, p. 507)

 

« A propos de grandes orgues : Les ressources musicales qu'offrent ces complexes mais admirables instruments sont inconnues de la généralité du public et à tort, un certain nombre d'amateurs les considèrent solidaires de la musique religieuse. Il est vrai qu'hors les Temples, peu de ces instruments s'offrent aux oreilles intéressées, ne permettant pas, par l'accoutumance, de les mieux connaître et apprécier et aussi de les approprier à d'autres emplois. Cette indifférence est également due en partie aux milieux professionnels de l'orgue où l'horrible routine règne encore en maîtresse et tend à décourager toute innovation nécessaire à une évolution logique.

Malgré cela, la facture contemporaine française, quoique se débattant dans des gestions industrielles difficiles, travaille avec résultat et je suis heureux, de mettre sous les yeux de nos lecteurs les quelques lignes suivantes du grand maître français de l'orgue, M. Joseph Bonnet, adressées au nouveau titulaire du grand orgue de la cathédrale de Cambrai récemment, construit :

« C'est un superbe instrument, l'action électrique est parfaite, les claviers et le pédalier parlent merveilleusement. Les sonorités sont riches, l'ensemble est grandiose ; et les jeux de détail sont très réussis également. Je puis vous dire on toute sincérité que M. Auguste Convers s'est surpassé et que cet orgue lui fait, le plus grand honneur, comme il fera, je l'espère, votre joie. »

Je conclus que la facture d'orgue contemporaine française « n'a plus rien à envier à l'ancienne. Il reste à propager cet- instrument qui offre des ressources innombrables et peut rendre les plus éminents services pour la propagande de la musique et l'éclosion d'oeuvres nouvelles propres à l'éducation musicale d'un peuple comme le nôtre, ouvert aux manifestations de l'esprit et de l'art.

Gaston Dufy. »

(La Semaine à Paris, 4 décembre 1936, p. 40)

 

Publicité in L'Art musical, 3 janvier1936

Quelques instruments sortis de la Manufacture Convers entre 1924 et 1930 :

 

Amiens

Temple Protestant

(Église Protestante Unie de France)

1928

III/P/57

Angers

Église Saint-Jacques

1926

II/P/16

Bichancourt

Église Saint-Martin

1930

I/p/3

Bon-Encontre

Basilique Notre-Dame

1926

II/P/18

Brûly

Église de la Nativité de Notre-Dame

1926

II/P/13

Combourg

Église Notre-Dame de l'Assomption

1930

II/P/22

Fontainebleau

Château Fontainebleau

1927

III/P/28

Grenay

Église Notre-Dame du Mont Carmel

1927

II/P/11

Hachimette

Église Sainte-Richarde

1926

II/P/18 (16)

Harmignies

Église Saint-Ghislain

1930

II/P/15

Herrlisheim-près-Colmar

Église Saint-Michel

1924

II/P/19

Marlieux

Église Abbatiale Notre-Dame-des-Dombes

1930

II/P/13

Mazamet

Église Notre-Dame

1930

III/P/37

Niort

Église Saint-André

1924

III/P/34

Paimpol

Église Notre-Dame de Bonne Nouvelle

1925

II/P/19

Saint-Ouen-l'Aumone

Église Saint-Ouen

1925

II/P/13

Saint-Venant

Église Saint-Venant

1930

II/P/11

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(janvier 2023)

 

NDLR. : Le père d’Auguste-Claude-Marie-Charles Convers (né le 6 octobre 1884 à Lyon 2e, décédé le 23 juillet 1976 à Grasse), Antoine-Auguste Convers, né le 4 décembre 1851 à Lyon, mort en 1904, fut élève à Paris de l’Ecole de musique Niedermeyer, avant d’entamer une carrière d’organiste à Lyon à partir de 1872, successivement à St-Eucher, St-Georges, Saint-Martin-d’Ainay et St-François-de-Sales. Parallèlement, il enseigna le solfège au Conservatoire de cette ville et cofonda en 1892 La Jean-Bébastien Bach, une société de musique de chambre.




15 novembre 1924, lettre dactylographiée d’Auguste Convers à Jean Huré

(source : Bibliothèque patrimoniale d’Angers, Res. Ms. 2240 (45), fonds Huré-07-Correspondance passive)

 

 

Paris, le 15 novembre 1924

 

Cher ami,

 

Nous avons retourné vos deux compositions dans tous les sens et croyez que ce n'est vraiment pas facile de les faire coller avec les prix actuels. Voilà ce que je vous propose :

 

Premier clavier grand orgue expressif, ut à sol, 56 notes, 68 tuyaux

 

1ère page du devis du 15 novembre 1924
(Bibliothèque Angers) DR.

1° Montre 8 pieds

2° Grosse flûte 8

3° Quintaton 8

4° Tierce 1 3/5

 

Deuxième clavier, récit expressif, ut à sol, 56 notes, 68 tuyaux

 

5° Gambe 8

6° Voix céleste 8

7° Flûte traversière 8 pieds (prolongée d'une octave en bourdon)

8° Plein-jeu III rgs

9° Bourdon 4 pieds

10° Basson 8

 

Pédale

 

11° Soubasse empruntée à la flûte traversière basse bouchée

12° Bourdon de 8, emprunté à la soubasse

13° Basson de 8, emprunté au récit

 

Pédales de combinaisons

 

1° Tirasse grand-orgue

2° récit

3° récit octaves aiguës

4° Appel première combinaison

5° deuxième

6° troisième

7° quatrième

8° Expression grand-orgue

9° Expression récit

10° Accouplement récit sur grand-orgue unisson

11° Suppression unisson du grand-orgue

12° Appel et renvoi tutti

 

Boutons de combinaison sous le premier clavier

 

13° Appel première combinaison

14° deuxième

15° troisième

16° quatrième

 

Dominos d'accouplement placé dans le fronton

 

17° Tirasse grand-orgue

18° Tirasse récit

19° Tirasse récit octaves aiguës

20° Suppression du grand-orgue

21° Accouplement grand-orgue octaves graves

22°                                              octaves aiguës

23° Suppression récit unisson

24° Accouplement récit sur grand-orgue unisson

25°                                                   octaves graves

26°                                                   octaves aiguës

 

Prix orgue :                                        57.500

Taxe de luxe :                                     4000

Transport et montagne, maximum :   4000

                                                          ----------

                                                            65.500

 

Voilà le triste total auquel nous arrivons et c'est le malheureux résultat des deux dernières affaires que nous venons de faire. Justement, nous sommes actuellement dans les prix de revient et je vous assure que, si on ne veut pas s'empiler, il faut faire sérieusement attention aux prix.

J'attends votre réponse avant d'envoyer définitivement le devis à M. Brossard.

Très affectueusement à vous.

 

Très affectueusement à vous.

(transcription Oliver Geoffroy)


 

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