André DAVID

(1922 – 2007)


 

André David
(coll. P. Germain-David) DR.

 

André David laisse un catalogue important et diversifié malgré une volonté de ne prendre en compte que les œuvres écrites à partir des années 1970. C’est en effet le moment où s’affermit sa vocation de compositeur portée par un travail régulier et approfondi après de longues années principalement consacrées à l’étude de la médecine.

 

Connaissant le cloisonnement bien français des carrières et des mentalités, il montrait quelque réticence à faire l’aveu de cette double profession, redoutant qu’elle ne jette le doute sur le sérieux de ses activités musicales. En réalité sa formation avait été celle d’un musicien complet, nourri par des cours d’écriture de haut niveau et porté par un don précoce de pianiste virtuose.

 

Il était né le 2 février 1922 à Alger dans un milieu où les arts et la littérature se voyaient reconnaître une place éminente. Son père, Maurice David fut une figure respectée du monde universitaire, apprécié autant pour sa droiture de caractère que pour sa vaste culture. Sur ce double aspect des choses il n’est pas indifférent, par exemple, de savoir qu’il s’était opposé pendant les années de guerre   aux ordres d’exclusion des instituteurs juifs ou communistes et qu’il avait, par ailleurs, entretenu une correspondance avec divers écrivains, notamment Montherlant, Mauriac, Jules Romain et Paul Valéry. Son amitié avec Darius Milhaud offrit à son fils un premier contact mémorable avec le monde musical. Enfin parmi les réalisations de ce militant de l’éducation républicaine il faut noter la création, aux côtés des compositeurs Henri Barraud et Robert Planel, de la maîtrise de la Radiodiffusion Française. On ne s’étonnera pas que, dans un tel contexte, André David ait développé une personnalité d’une intégrité exemplaire, marquée par un intérêt passionné pour l’art moderne sous toutes ses formes : la musique et la littérature, mais aussi la peinture dont il suivit attentivement l’évolution tout au long de sa vie.

 

Les premières années, c’est la lumière méditerranéenne, Tunis et Alger puis, au gré des affectations de son père, diverses villes universitaires dont Carcassonne où il découvre le beau Cavaillé-Coll de l’église Saint-Vincent. C’est enfin le retour à Alger au moment de l’adolescence et du baccalauréat. Le refus d’obéissance aux directives de Vichy et le limogeage de Maurice David déterminent alors un retour forcé et définitif en métropole. André David s’inscrit à la faculté de médecine de Montpellier et poursuit en parallèle ses études musicales au conservatoire de cette ville sous la direction du compositeur, Grand Prix de Rome, Maurice le Boucher, Une brillante exécution de Liszt lui vaut un premier prix de piano. Cependant, pour échapper au S.T.O., il passe l’année 1943 dans la clandestinité en Haute-Savoie.

 

La fin de la guerre c’est la nomination de Maurice David à Paris, et pour son fils la férule de Noël Gallon, grand professeur – Olivier Messiaen reconnaîtra sa dette à son égard- et aussi homme terriblement jaloux de ses prérogatives.

 

En 1948 André David commence une carrière de pneumologue et, à ce moment-là, épouse Monique Sauvegrain (1926-1973), peintre, ancienne élève d’Yves Brayer. On aurait tort de considérer cette époque où il mena la vie active d’un médecin parisien comme une période perdue pour sa vocation. Outre que le piano restait quotidiennement un compagnon fidèle, avec plusieurs exécutions en concert, il ne fait pas de doute que la mise en état de veille des projets de création fut aussi une manière d’en préciser les enjeux. Certes aux yeux du visiteur occasionnel ou superficiel, le docteur David pouvait passer pour un bourgeois éclairé ou un « honnête homme » fin lettré et amateur d’art, au demeurant excellent praticien, mais les proches n’étaient nullement dupes de cette apparence. Les deux piliers de cette existence étaient appelés à connaître une modification et un nouvel équilibre. La musique allait peu à peu revenir au premier plan et le moment de retrait de la vie médicale devait sonner, en réalité, l’heure d’un nouveau départ.

 

En 1975 André David épouse Pierrette Germain, musicologue, professeure et productrice à Radio France. Elle écrit pour lui poèmes ou livrets et de cette collaboration naîtront plusieurs œuvres : des mélodies, la cantate La Mère et le Roi et l’oratorio Le Chêne de Lumière.

 

L’importance et l’ambition des pages pour piano ne surprennent pas quand on sait que l’auteur pouvait se montrer aussi habile que ses interprètes à mettre en valeur les possibilités infinies du clavier exploré dans sa dimension polyphonique, orchestrale et virtuose.

 

Des duos et diverses formations à effectif réduit (certaines d’une instrumentation audacieuse) témoignent d’une maîtrise d’écriture qui doit beaucoup à la pratique de la musique de chambre ininterrompue depuis l’enfance.

 

Plusieurs partitions symphoniques, l’opéra Rodolphe, ou encore, à l’opposé de la riche palette orchestrale, une pièce pour violon seul (Monisme), donnent la mesure du spectre très large de sa création. S’adressant au compositeur, lorsqu’il lui remet en 2004 les insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres, Charles Chaynes évoque « …de grands souvenirs qui émergent, notamment Décan pour piano et ensemble instrumental, de même Le Chêne de Lumière, entendu sous la direction de Jean -Jacques Werner, œuvre très ample, profonde et, comme toujours, empreinte de votre sceau expressif ». En 1987 Henri. Dutilleux remarquait déjà dans cette musique « la liberté de langage, l’économie des matériaux dans l’ordre thématique, la souplesse d’écriture pianistique, aussi le foisonnement sonore ».

 

Vingt ans plus tard le catalogue s’est enrichi d’un nombre de pages conséquent, témoignant, jusque dans les derniers jours du musicien, d’une fidélité sans faille aux idéaux de sa jeunesse.

Alexis Galpérine
avril 2024



catalogue des œuvres

 

Le compositeur à sa table de travail
(coll. P. Germain-David) DR.

 

ŒUVRES POUR INSTRUMENTS SEULS :

 

Piano :

Écart (1984), 9', Éd. Choudens

Création par Geneviève Ibanez (Paris, salle Rossini) le 26/1/1989

 

Madiganae (1990), 15', Éd. CPEA

Création par Gilles Bérard (Paris, " Le Madigan") le 1/3/199

 

Oréade (non datée), 3'30, inédit

 

Trois petites pièces (Soumen, Graine, Granitelle) (1987), 7'

Éd. CPEA (pièces faciles)

 

Impromptu (Aparté et Saynète) (2004) ,3'

Éd. Lemoine (pièces faciles)

 

Piano à 4 mains :

Expression 2 (1981), 11', Ed. Fuzeau

Création par Jacqueline et Jean Pierre Carrière (Paris, salle Bösendorfer) le 1/5/1984

 

Quadrimania (1997), 5', Éd. Leduc (Notissimo)

 

Tête à tête (2003), 2', et Tête à tête II (2004), 2'

Éd Delatour France (pièces faciles)

 

Violon :

Monisme (1989), 18', Éd. Delatour France

Création par Alexis Galpérine (Paris, La Sorbonne, Concerts de Midi) le 4/12/1992

 

ŒUVRES EN DUO OU TRIO :

 

Piano et violon :

Avec la violoniste Annie Jodry-Werner (1935-2016), créatrice de Anaglyphe et Tempo di trio
(coll. P. Germain-David) DR.

Anaglyphe (1985), 21', Éd. Fuzeau

Création par Annie Jodry, violon et l'auteur, piano (Festival de Duras, Lot et Garonne) le 28/8/1986

 

Piano et violoncelle :

Rai (1991), 11', inédit

Création par Jacques Wiederker, violoncelle et l'auteur, piano (Paris, Salle Rossini, Le Triptyque) le 14/3/1994

 

Piano et harmonica de concert (ou flûte) :

Panlogue (1991), 9', Éd. Leduc (Notissimo)

Création de la version harmonica par Yves Laborie, harmonica, et Geneviève Ibanez, piano (Fresnes, Ecole Nationale de Musique) le 12/3/1991

Création de la version flûte par Renaud François, flûte et Geneviève Ibanez, piano (Paris, salle Cortot) le 6/12/1991

 

Piano, flûte à bec alto :

Spinelle (1997), 4', Éd. Billaudot (Collection Panorama-degré préparatoire)

 

Piano et basson :

Ballade à deux (1985), 3', Éd. Billaudot (Collection Panorama- degré préparatoire)

 

Piano et hautbois :

Lignale (2003), 3', (pièce facile), inédit

 

Piano, violon et violoncelle :

Tempo di trio (1999), 8', Éd. Leduc (Notissimo)

Création par Annie Jodry, violon, Annie Billoud-Manceaux, violoncelle et l'auteur, piano (Paris- Eglise Saint-Merri) le 12/1/2002

 

Violon, alto et violoncelle :

Trio à cordes (1987), 23', inédit

Création par le Trio à cordes Marie Christine Millière, violon, Jean-François Benatar, alto , Philippe Bary, violoncelle (Abbaye du Bec Hellouin) le 5/6/1988

 

Orgue :

Profil d'orgues (1999), pour trois orgues, 25', inédit

Création par Françoise Levéchin, grand-orgue, l'auteur, orgue de chœur, Pierrik Antoine, orgue de la chapelle (Paris, Eglise Saint-Roch, Les heures musicales de Saint-Roch) le 15/10/2000

 

ŒUVRES POUR CLAVIER ET VOIX :

 

Piano et voix :

Trois mélodies : Humnos (poème d'Eva Norvska), 1975, Le pas passé, Regard d'aube (poèmes de Pierrette Germain), 1978), 15'

Création par Fuzako Kondo, soprano et l'auteur, piano (Paris,,Eglise Saint-Merri) le 17/12/1994

 

Fil à fil (Texte de Pierrette Germain), pour 5 voix de femmes, ou 3 voix de femmes et 2 voix d'hommes et piano (2001), 7'

Ed. CPEA

Création par cinq chanteuses du CNR de Paris (Sèvres, CIEP) le 4/5/2006

 

Orgue et récitant :

Naufrage (1988), version pour orgue, violon et récitant ad lib., 8', inédit

Création par Georges Guillard, orgue, Clara Bonaldi, violon, Pierrette Germain, récitante. (Paris, Eglise Saint-Séverin, Société Française de Musique Contemporaine) le 15/4/1994

 

Foliane (2004), texte de Pierrette Germain, pour orgue et récitant, 5', inédit

Création par Françoise Levéchin, orgue et André Lang, récitant (Paris, Eglise Saint Roch, Les heures musicales de Saint-Roch) le 11/3/2007

 

ŒUVRES POUR ENSEMBLES INSTRUMENTAUX :

 

Sciophonie (1990), pour quatuor à cordes et piano ou pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano, 24', inédit

Création par le Quatuor Margand et l'auteur, piano (Paris, Salle Rossini, le Triptyque) le 11/2/1991

 

Quinterna (1994), pour cinq guitares, violon, contrebasse et percussion, 11', inédit

 

Quaterna (1997), pour quatre guitares, 10', inédit

 

Eoly (1998), pour quintette de cuivres, 13', Éd: Leduc (Notissimo)

Création par le quintette Artea (Pascal Clarhaut et Bruno Tomba, trompettes, Jean-Michel Vinit, cor; Laurent Madeuf, trombone, Guillaume Souchard, tuba), Paris, Eglise Saint-Merri, le 14/11/1999

 

Héliades (1995), pour piano, trompette, saxo en mib et percussion, 13', Ed. Musik fabrik

Création par Christine Marchais, piano, Pascal Clarhaut, trompette, Marc Sieffert, saxo et Jean Fessart, percussion (Paris, Salle Rossini) le 17/12/1996

 

ŒUVRES POUR ENSEMBLES INSTRUMENTAUX ET VOIX :

 

Naufrage (1988), texte de Henri Heine traduit par G. de Nerval, pour ondes Martenot, piano, percussion et récitant ad lib., 8', inédit

Création par l'Ensemble 3/2 (Christine Simonin, Ondes Martenot, Jasmine Henri Dufresnois, piano, Jean Fessard, percussion) et Pierrette Germain, récitante (Festival de Marmande, Lot et Garonne) le 13/8/1990

 

La Mère et le Roi (1993) texte de Pierrette Germain, pour soprano, piano et quatuor à cordes, 17', inédit

Création par Fusako Kondo, soprano, le quatuor à cordes Jeune Philharmonie et l'auteur au piano (Semaines musicales de Fresnes) le 27/3/1993

 

ŒUVRES CONCERTANTES :

 

Décan (1986), pour piano à quatre mains, quatuor à cordes, flûte, clarinette sib, contrebasse et percussion, 25', inédit

Création par Jacqueline et Jean Pierre Carrière, piano, le Quatuor Margand, F. Fraysse, contrebasse, H. Fournier, flûte, F. Touchard, clarinette, M. Gastaud, percussion ; dir : Jean-Jacques Werner (Moulin d'Andé) le 25/10/1987

 

Eunode (1994), Concerto pour piano et ensemble instrumental (Quintette à cordes, cl. en sib, saxo en sib, cor en fa), 20', inédit

Création par Geneviève Ibanez, piano et ensemble instrumental, dir : Bernard Desgraupes (Paris, Chapelle de Jésus Enfant, Saint Clotilde) le 13/6/1996

 

ŒUVRES SYMPHONIQUES :

 

Rai (1991), version pour orchestre à cordes (4.3.2.2.1), 14', inédit

Rai II (1996), version pour orchestre symphonique (2.2.2.2/4.2.2.1 / timb., perc. / cordes), 14', inédit

 

Ortive (1988), orchestre symphonique (2.2.2.2/ 4.2.2.1 / timb., perc. / cordes), 15', inédit

Création par le Festival orchestra - Blue-Lake (Mi. U.S.A.), dir : Jean-Jacques Werner le 13/7/1991

 

ŒUVRES POUR SOLI, CHŒURS ET ORCHESTRE :

 

Cantate

Le Chêne de lumière (1996), texte de Pierrette Germain, pour soprano, baryton et récitant, orgue, chœurs et orchestre symphonique (2.2.2.2 / 4.2.2.1 / timb, perc. / cordes), 70', inédit

Création par Fusako Kondo, soprano, Hervé Hennequin, baryton, Rodrigue Souweine, récitant, Françoise Levéchin, orgue, Chœurs et orchestre de l'Union des Conservatoires du Val de Marne, dir. : Jean-Jacques Werner (Paris, Eglise Saint Roch) le 29/3/1998

Création par l'orchestre de Léon Barzin, dir. : Jean-Jacques Werner le 16/3/2003

 

Opéra

Rodolphe, texte de Jacques Grasswill, opéra en trois actes pour soli, chœurs et orchestre (2.2.2.2/ 4.2.2.1 / timb, perc / cordes.), 120', inédit

Création par Marie Kalinine, soprano, Marc Haffner, ténor, Marc Larcher, ténor, Pierre-Henri Ageorges, baryton, Luc Bertin-Hugault, basse, Pierre Gérard, baryton martin, l'Ensemble choral « Chorus 17 » de La Rochelle (chef des chœurs Mireille Gaudin) et l'Orchestre National bulgare de Roussé, dir. : Jean-Yves Gaudin, scénographie : Compagnie Houdart-Heuclin (Festival d'automne Coréades en Poitou-Charentes, Niort et La Rochelle) les 7 et 8/10/2002

 

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