L'École Normale de Musique de Paris


Alfred Cortot (1877-1962), cofondateur de l'ENM en 1919.
(photo Manuel Frères, 1930/BNF-Gallica) DR.
Auguste Mangeot (1873-1942) dans son bureau, cofondateur de l'ENM en 1919.
(détail d'un cliché Edmond Joaillier, photographe, 20 avenue de Clichy, Paris, paru dans Conferencia, journal de l'Université des Annales, tome 54, p. 611) DR. Voir la photo entière


Inauguration des nouveaux locaux de L’Ecole Normale de Musique

transférée du 64 rue Jouffroy au 114 bis boulevard Malesherbes

 

 

Pour avoir été plus modeste et moins éclatante, l’inauguration du nouvel immeuble de l’Ecole normale de musique n’en fut pas moins importante, car elle marque l’état de prospérité auquel est arrivée en quelques années la jeune institution.

 

Si elle compte aujourd’hui les plus grands noms de l’enseignement, si elle a acquis une réputation universelle, si elle constitue un centre éducatif international de première grandeur, ce n’est pas par le simple jeu du hasard et encore moins par une dotation financière exceptionnelle qui favorisa sa naissance. On sait combien ses débuts furent modestes, en octobre 1920. Mais elle eut de l’enseignement de la musique une notion assez juste pour comprendre que tout n’était pas pour le mieux dans le meilleur des mondes et que tout n’avait pas été fait pour tirer le maximum de rendement de l’élève et du professeur. Sans hâte, mais en s’appuyant sur la simple logique et sur le bon sens, elle étudia toutes les données du problème de la pédagogie musicale et elle détermina une évolution qu’elle poursuivit sans cesse et dont elle recueillit bientôt les fruits. Empressons-nous d’ajouter qu’elle est loin d’être terminée et que sa force est précisément de vouloir toujours perfectionner les méthodes tout en les appuyant sur des principes immuables et indiscutables, mais jusque-là à peu près méconnus ou négligés.

 

Nous reviendrons sur toutes ces questions et, pour l’instant, nous ne devons que nous réjouir de voir l’Ecole normale dotée d’un immeuble en rapport avec son importance.

 

Nous en avons déjà montré l’élégante façade Renaissance, mais il faut avoir passé la porte et pénétré dans les salles pour être assuré que, désormais, nous n’avons plus rien à envier aux plus belles installations de l’étranger. Ni en Europe, ni en Amérique, on ne connaît pas d’école ou de conservatoire qui offre des salles aussi élégantes, aussi riches et aussi spacieuses.

 

Bientôt une salle de concerts viendra compléter les bâtiments existants et faire de l’école non seulement une grande maison d’enseignement, mais encore le plus joli lieu de réception pour la musique et pour les musiciens.

 

A l’inauguration du 9 octobre (1927), à laquelle se pressaient plus de deux mille personnes, assistaient M. le directeur des Beaux-Arts, M. Albert Carré, directeur honoraire de l’Opéra-Comique, M. Henri Rabaud, directeur du Conservatoire, et un grand nombre de notabilités musicales.

 

M. Alfred Cortot, après avoir remercié M. Paul Léon de sa sollicitude pour l'école, donna lecture de la lettre suivante de M. Edouard Herriot, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts

 

Mon cher Cortot,

 

Par malheur, je suis pris le 9 octobre par plusieurs congrès. Je ne pourrai donc assister à l’inauguration de votre immeuble. Je le regrette et je vous prie de le dire. J’irai volontiers, lorsque je serai de loisir, visiter votre Ecole Normale de Musique, avec le regret de ne pouvoir m’y faire inscrire comme élève.

Croyez, mon cher Cortot, à mon admiration et à mon amitié.

Bien à vous.

E. Herriot.

 

Le président-fondateur de l’école a ensuite rappelé les origines et les débuts de l’institution et a attribué une des raisons de sa rapide ascension non seulement au talent de ses soixante-quatre professeurs, mais encore à l’enthousiasme avec lequel ils ont entrepris d’accomplir leur mission, car, a-t-il ajouté, « il ne suffit pas, lorsqu'on enseigne, de savoir la règle de son art- il faut encore y ajouter le désir passionné de le faire comprendre et de rendre sensible la beauté des connaissances que l’on dispense.

Avec leur appui et avec le concours de tous ceux qui, ayant foi dans le pouvoir, rayonnant et ennoblissant des manifestations de l’esprit, nous ont permis d’acquérir cet immeuble, nous consacrerons cette maison à la Musique. Nous la dédions pieusement à la pensée des maîtres dont nous essayons de percer les sublimes secrets.

Nous y formerons des professeurs qui iront avec joie et compréhension vers leurs destinées bienfaisantes, nous y éduquerons des jeunes esprits pour lesquels la Musique cessera d’être un passe-temps pour devenir l’objet d’une vénération réconfortante, nous y exalterons, dans l’exercice de notre art, les qualités de notre pays ouvert à tous et serviteur immortel du plus noble idéal. »

 

D’unanimes acclamations saluèrent cette belle péroraison, et l’on se répandit ensuite dans les nombreuses salles, sans oublier celle où l’on put choquer les verres à la prospérité de l’Ecole normale de musique.

 

*

 

Pour répondre à une question qui nous a été posée de tous les côtés, disons qu’il s’est constitué une « Société immobilière de l’Ecole normale de Musique », au capital de 3 millions de francs, dont le Conseil d’administration est composé de MM. L. Tauber, président ; F. Maillot, vice-président ; Alfred Cortot, Mlle Suzanne Deutsch de la Meurthe, M. Aristide Giraud et M. André Bernheim, administrateur délégué.

 

Les statuts prévoient un service d’intérêt de 7,5 % résultant du loyer de l’Ecole.

 

La moitié du capital, soit 1.500.000 francs (dont un demi-million par MM. Alfred Cortot, Jacques Thibaud et, Pablo Casals) est actuellement souscrit.

 

La souscription reste ouverte pour la seconde moitié du capital et le Monde Musical serait particulièrement heureux d’en faire bénéficier ceux de ses amis, qui, tout en voulant s’assurer un placement offrant toute sécurité, voudraient en même temps qu’il serve les intérêts de la musique.

 

Un extrait des statuts, une notice explicative et un bulletin de souscription seront adressés à toute personne qui en fera la demande à M. Mangeot, directeur de l’Ecole Normale de Musique, 114 bis, boulevard Malesherbes.

 

Albert Mangeot

(in Le Monde Musical, 31 octobre1927)


Professeurs ayant donné des cours à l'Ecole Normale de Musique de Paris en mai et juin 1922. De gauche à droite, debout: Alfred Cortot, Reynaldo Hahn, Pablo Casals, Jacques Thibaud, Maurice Emmanuel, Marcel Dupré. De gauche à droite, assis: Wanda Landowska, Maurice Hayot, Mme Croiza.
( Courtoisie du Monde Musical, in Le Canada Musical p.13, 2 décembre 1922, coll. Martial Morin. ) DR

Liste des professeurs en 1925
(coll. DHM) DR.
Cours d'Alfred Cortot en 1925
(Le Monde musical, octobre 1925, coll. DHM) DR.

Les professeurs dans les années 1920
(Carte postale ancienne, cliché Joaillier, Paris) DR.

Marcel Chailley et Jacques Thibaut
La classe de violon de l'École Normale de Musique de Paris en 1926. Assis au centre : Marcel Chailley et, à sa droite, Jacques Thibaut
( coll. Dominique Chailley )

La classe de violon de l'Ecole Normale de Musique de Paris, année 1931-32. Assis au centre Marcel Chailley
(coll. Isabelle Guiard) DR.

 

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