Les orgues des églises Saint-Louis-des-Français à l'étranger


 

 

Espagne, église Saint-Louis-des-Français de Madrid

 

L'édifice

« L'institution Saint-Louis-des-Français de Madrid fut fondée en août 1613 par Henri de Savreux, prêtre français, chapelain d'honneur de S. M. catholique le roi Philippe III. Elle comprenait alors un hôpital de six lits, une hôtellerie pour les pauvres français de passage à Madrid, et une église pour les compatriotes français. L'église, est placée sous la juridiction spirituelle du grand aumônier de la Cour, selon privilèges accordés par les bulles des papes Benoît XIV, en 1753, et Pie VI, en 1777. » (Léon Bequet, Répertoire du droit administratif, Paris, Dupont, 1911, p. 100). L'orgue qu'elle abritait a été détruit au cours des bombardements de la Guerre civile durant les années 1930 et aurait remplacé en 1940 par un autre instrument de la firme Organeria Espanola SA Alberdi (OESA). La paroisse a été déplacée dans un autre lieu de culte au début des années 1970.

 

L'orgue

« Dans l'église de Saint-Louis-des-Français, à Madrid, dans les imposantes et somptueuses cathédrales de Burgos, de Séville, de Grenade, le maître Widor a fait résonner sur les orgues des improvisations charmantes ou de superbes fragments de ses oeuvres, et l'admiration qu'il a su inspirer est remontée jusqu'aux Eminences qui dirigent le plus strictement catholique peut-être de tous les clergés. […] Le talent de Widor et sa bonne grâce charmante auront montré notre pays sous un autre aspect. »

(Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, Paris, Masson, 1916, p. 221).

 

Dans la nouvelle église moderne (1972) de la paroisse Saint-Louis-des-Français de Madrid, un orgue de taille modeste est posé au fond du choeur, à gauche de l'autel.

 

 

Italie, église Saint-Louis-des-Français de Rome

 

L'édifice

L'église a été construite entre 1518 et 1589.

 

L'orgue

L'instrument a été construit par Joseph Merklin en 1881. Sa composition est la suivante :

 

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8', salicional 8', prestant 4', flûte octaviante 4', fourniture IV rgs, trompette 8', clairon 4'.

Positif (56 notes) : Flûte harmonique 8', bourdon 8', viole de gambe 8', salicional 8', flûte 4', quinte-flûte 2 2/3', doublette 2', piccolo 1', clarinette 8', cor anglais 8'.

Récit expressif (56 notes) : Flûte traversière 8', rohrflûte 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte d'écho 4', flageolet 2', trompette harmonique 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.

Pédale (30 notes) : Contrebasse 16', soubasse 16', octavebasse 8', violoncelle 8', bourdon 8', octave 4', bombarde 16', trompette 8'.

 

« — On nous écrit de Rome : L'inauguration de l'orgue de Saint-Louis-des-Français, à Rome, construit par l'habile facteur M. Merklin, a eu lieu samedi dernier en présence des ambassadeurs de France, d'un grand nombre de cardinaux et de chefs d'ordre. Mgr de Bonnechose, cardinal archevêque de Rouen, a présidé la cérémonie. L'orgue de M. Merklin, dit l'Italie, est le plus bel instrument que possède actuellement Rome. Le même journal est extrêmement flatteur pour M. Guilmant. Sa sûreté de touche, dit-il, est unique, son exécution est merveilleuse de netteté dans les passages les plus compliqués. Il a le sentiment élevé, le goût fin et un talent hors ligne pour combiner les divers registres et trouver des effets étonnants. M. Guilmant a aussi obtenu un grand succès de composition, MM. Cappocci père et fils et M. Boëzi, les premiers organistes de Rome, ont joué également et se sont fait grand honneur. »

(Le Ménestrel, Paris, 20 mars 1881, p. 125)

 

« Mgr Druon a présenté au Pape MM. Merklin, Michel, Guilmant, et l'abbé Futsch. Le Saint-Père a eu la bonté de féliciter les facteurs de l'orgue de l'église Saint-Louis des Français, l'organiste et le maître de chapelle. Il a exalté l'influence de l'orgue sur la musique sacrée et fait l'éloge de la France artistique. Il a exprimé l'espoir que l'Italie l'imiterait. MM. Guilmant, Merklin et Michel recevront des décorations pontificales. »

(L'Univers, 10 mars 1881, Paris, np)

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NOTE : L'église Saint-Louis-des-Français à Rome est administrée par la Fondation "Les Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette", qui s'occupe aussi de 4 autres églises romaines : la Trinité-des-Monts, Saint-Yves-des-Bretons, Saint-Claude-des-Bourguignons et Saint Nicolas des-Lorrains, ainsi que de la Chapellenie nationale de France à Lorette. (D.H.M.)


Église la Trinité-des-Monts, Rome.
( photos M.B., avril 2014. D.R. )

 

 

Portugal, église Saint-Louis-des-Français de Lisbonne

 

L'édifice

« L'église Saint-Louis-des-Français de Lisbonne fut érigée, au XVIe siècle, par la « nation française constituée en confrérie de Saint-Louis, en 1566. Détruite par un tremblement de terre, en 1755, elle fut reconstruite par « la nation » et l'établissement Saint-Louis qui se développa dans la suite fut administré par les députés de la nation. » (Léon Bequet, Répertoire du droit administratif, Paris, Dupont, 1911, p. 101). L'église a été restaurée en 2011 par l'Etat français, propriétaire.

 

L'orgue

Il s'agit d'un orgue Cavaillé-Coll, offert par la duchesse de Palmella (qui en commanda un autre à ce facteur pour sa chapelle privée) et achevé le 13 mai 1884. L'instrument à traction mécanique est placé dans le choeur, derrière le maître-autel. Le buffet ne présente pas de tuyaux de façade et consiste en un meuble ouvragé muni de jalousies. La console est en fenêtre latérale. Expression par pédale à bascule.

 

Composition :

 

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', principal 8', flûte harmonique 8', prestant 4'.

Récit (56 notes) : Cor de nuit 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', trompette 8', clairon/hautbois 4/8'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16' (ou sans jeu indépendant, selon les sources).

Acc. II/I, tir. I et II, anches II, trémolo II.

 

Le premier organiste titulaire était Léon Jamet, ancien élève de l'Institution nationale des jeunes aveugles :

 

« L'inauguration de l'orgue donné par Mme la duchesse de Palmella à l'église Saint-Louis-des-Français, à Lisbonne, et dont la construction avait été confiée à la maison Cavaillé-Coll, de Paris, a eu lieu la semaine dernière sous la présidence de Mgr le Nonce Apostolique et en présence de Mme la duchesse de Palmella, la généreuse donatrice, de M. le duc et de la marquise de Palmella, sa fille, de M. de Laboulaye, ministre plénipotentiaire, et M. de Laboulaye, ainsi que d'un grand nombre de notabilités. Un jeune organiste, M. Jamet, élève de l'Institution Nationale des Jeunes Aveugles de Paris, a tenu l'orgue avec talent. Deux artistes français de passage à Lisbonne, MM. Pellin et Bulot, avaient aussi gracieusement prêté leur concours à cette cérémonie. »

(Le Ménestrel, Paris, 8 juin 1884, p. 222)

 

 

Eglise Saint-Louis-des-Français de Moscou
(coll. O. Geoffroy) DR.

Russie, église Saint-Louis-des-Français de Moscou

 

L'édifice

Eglise construite au début des années 1830 et consacrée le 24 novembre 1835.

 

L'orgue

Un premier instrument, vraisemblablement à transmissions pneumatiques, a été posé à la fin du XIXème siècle. Le nom du facteur (probablement allemand) n'en est pas connu. Sa composition était la suivante :

 

Grand-Orgue : Bordun 16', Principal 8', Bordun 8', Gedackt 8', Doppelflöte 8', Portunalflöte 8', Principal 4', Octave 2', Mixtur 3 fach (2 2/3').

Récit expressif : Gedackt major 8', Gedackt minor 8', Salicional 8', Holflöte 4', Melodicon 8'.

Pédale : Subbas 16', Bordun 16', Cello 8', Posaune 16'.

Acc. II/I, tir. I et II, tutti.

 

Un second instrument lui a succédé en 1907 (Didier van Caster ?) avant de disparaître et d'être remplacé longtemps après, en 1998 par un orgue électro-pneumatique d'occasion provenant du monastère assomptionniste du Thoureil qui avait été construit en 1961 par la manufacture Beuchet-Debierre. En voici la composition :

 

Grand-Orgue : Bourdon 16', principal 8', flûte à fuseau 8', prestant 4', doublette 2', plein-jeu IV rgs.

Récit expressif : Bourdon 8', salicional 8', voix céleste 8', flûte douce 4', quarte de nazard 2', sesquialtera II rgs, basson-hautbois 8'.

Pédale : Soubasse 16', basse 8', flûte 4'.

Acc. II/I en 16, 8 et 4, tir. I et II, tutti.

 

Quelques informations subsistent au sujet d'un ancien maître de chapelle et organiste de la paroisse :

 

« Le nouveau Maître de Chapelle de la Cathédrale de Reims. Nous apprenons que le successeur de M. François, Maître de chapelle de la Cathédrale, a pris dimanche dernier, fête de l'Epiphanie, possession de ses fonctions. On nous dit le plus grand bien de cet artiste, dont les titres sont d'ailleurs fort brillants. M. Jules Dormois, Lorrain, est âgé de 40 ans ; il est sorti du Conservatoire de Paris au moment de la guerre. Elève de Benoist pour l'orgue, de Duprato pour l'harmonie, de Delle Sedie pour le chant, il fut appelé, après la guerre, à Saint-Louis-des-Francais de Moscou, par le Curé de la seule paroisse française en Russie, afin d'y organiser le chant.

Revenu à Paris après trois ans de séjour, nommé professeur de chant des écoles de la ville de Paris, maître de chapelle de la paroisse Saint-Lambert, plusieurs fois lauréat des concours de la ville, M. Dormois fut choisi, en 1878, pour réorganiser la maîtrise de l'aristocratique église Saint-Jean-Baptiste de Neuilly, l'une des plus importantes paroisses du diocèse de Paris.

Les résultats obtenus à l'église, les succès remportés en de nombreux concerts, pendant trois années, dans cette ancienne résidence favorite du roi Louis Philippe, expliquent la juste ambition de M. Dormois, d'occuper enfin un poste envié, et de porter un titre qui couronnera dignement sa carrière artistique.

La Maîtrise de Reims, dirigée par un tel maître, tiendra à honneur de suivre ses conseils. Avec lui, elle reprendra, parmi les Maîtrises les plus renommées de la France, le rang où l'avait élevée M. Robert. Il est à souhaiter aussi, disons-le en terminant, que les ressources nécessaires soient mises, par qui de droit, à la disposition du maître de chapelle. »

(Eglise de Reims, 5 janvier 1884, Reims, p. 21-22)

 

 

Turquie, église Saint-Louis-des-Français d'Istanbul

 

L'édifice

Remplaçant une chapelle en bois et une église de 1788 détruite par un incendie, le lieu de culte actuel a été construit à partir de 1847.

 

L'orgue (ancien orgue du Syllogue) voir infra

L'orgue Mutin-Cavaillé-Coll construit en 1902-1903 (inauguration le 23 avril 1903) et qui trône sur la tribune provient de la résidence du prince Ibrahim Tevfik qui l'a vendu en 1925 pour la somme de 37 500 francs au père Hervé, supérieur de la communauté des Capucins.

 

Sa composition est restée inchangée depuis l'origine :

 

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', salicional 8', prestant 4'.

Récit expressif (56 notes) : Diapason 8', cor de nuit 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', octavin 2', plein-jeu III rgs, basson 16', trompette 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16', flûte 8', bourdon 8', basson 16'.

Acc. II/I en 8 et 16, tir. I et II, trémolo II, machine I, appel jeux de combinaison.

Les jeux de pédale sont empruntés aux manuels.

 

Olivier Geoffroy

(novembre 2020)

 

L’orgue Cavaillé-Coll du Syllogue littéraire grec d'Istanbul dans la presse locale

 

« Le grand Orgue Cavaillé-Coll du Syllogue.

— Le montage de l’orgue du Syllogue, poussé activement, sera terminé à bref délai. En attendant de donner des indications détaillées sur l'instrument lui-même, nous pensons que quelques renseignements sur le buffet de cet orgue intéresseront les lecteurs du Stamboul. Le buffet est en bois de tulipier d’Amérique, la console des claviers est en chêne. La décoration de style Louis XVI est entièrement sculptée et rehaussée d’or. On ne connaît, en France qu’un seul buffet d’orgue pouvant lui être comparé pour la richesse et la beauté des sculptures ; c’est le buffet du grand orgue du château de Versailles, datant de l’époque de Louis XVI. Le buffet du grand orgue du Syllogue fut exécuté par le célèbre Baerte en 1878 pour l’exposition universelle de Paris ; il reçut alors une médaille en or, et de même à l’exposition universelle de 1889, où d lut exposé de nouveau. Ce chef-d’œuvre, où l’art français se déploie dans toute sa splendeur, est d’une grâce d’une élégance exquises, et digne de figurer dans un salon royal. Ses proportions harmonieuses, ses lignes du style le plus pur, ses ornements si légers quoique jetés à profusion, en font une pièce de Musée et qui charme le regard par l’élégance de ses formes. Il suffit de dire que les sculptures de ce buffet ont demandé plus d’un an de travail, et ont coûté à elles seules 9,500 francs. »

(Stamboul, 8 août 1902, p. 1)

 

« L’Orgue du Syllogue.

— Le grand orgue de concert Cavaillé-Coll, complètement monté et achevé, a été livré hier au conseil du Syllogue littéraire grec qui a témoigné toute sa satisfaction aux deux monteurs MM. Jamet et Perroux pour la façon aussi entendue qu’artistique avec laquelle ils ont accompli leur tâche. Décrire la sonorité merveilleuse de cet instrument nous demanderait trop d’espace. Nous dirons seulement que ses 20 jeux sont d’une rare beauté et se prêtent, à des combinaisons infinies qui captivent l’auditeur par leur charme enchanteur. »

(Stamboul, 22 août 1902, p. 1)

 

« Le grand orgue du Syllogue.

— Nous donnons ci-après le programme du Concert d’inauguration officielle du grand orgue Cavaillé-Coll qui sera donné aujourd'hui, à 9 heures 1/1 du soir, dans la grande salle des fêtes du Syllogue littéraire grec.

L’entrée uniforme pour cette séance artistique sera de piastres 60. Par exception pour les abonnés à la série des 4 concerts d’orgue, ces derniers ne payeront que piastres 40 pour ce concert extraordinaire. On ne délivrera que 300 cartes. Les personnes qui désireraient s'en assurer, peuvent en arrêter d’avance chez M. E Comendinger.

Programme de la séance d'inauguration officielle :

1. — Notice historique de l’orgue.

2. — improvisation sur tous les jeux de l’orgue.

3 — A. Guilmant, Marche fantaisie, pour grand orgue et orchestre.

4. — Haendel, 2ème concerto en sol mineur, pour grand orgue seul, M. P Lange.[1]

5. — Wagner. La Ballade de Senta du Vaisseau Fantôme, chantée par Mme Comendinger avec accompagnement de chœurs, orgue et orchestre.

6. — L. Boëllmann, Suite gothique, choral, menuet, prière, toccata, pour grand orgue seul.

7. — E. Grieg, Concerto pour piano, M. Furlani, avec accompagnement de grand orgue.

8. — G. Verdi, « Les Lombards », chœur des Pèlerins, du IVe acte avec accompagnement d’orgue et orchestre.

Le 1er concert d’abonnement aura lieu le jeudi 4 décembre à 9 h. 1/4 du soir. Nous donnerons prochainement le programme. »

(Stamboul, 27 novembre 1902, p. 2)

 

Olivier Geoffroy

(septembre 2022)



[1] Note de Musica et Memoria : Paul Lange (1857-1919), musicien allemand installé à Constantinople, où il est, entre autres, organiste de l’église de l’ambassade impériale d’Allemagne, directeur de la musique de la salle Teutonia, chef d’orchestre, professeur de piano, inspecteur de la musique de la marine ottomane, et à partir de 1908 directeur de la musique des sultans ottomans Abdul Hamid II, puis Mehmet V, puis Mehmet VI. Son fils ainé, Hans Lange (1884-1960), violoniste et chef d’orchestre germano-américain, a été l’assistant de Toscanini à New York.


 

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