jacques gleize, organiste de la cathédrale d’alger

puis de saint-louis de vincennes



Mady Gleize à Alger en 1954
(photo in L'Echo d'Alger)
Jacques Gleize à Alger en 1953
(photo in L'Echo d'Alger)

Jakie (dit Jacques) Robert Gleize est né le 18 décembre 1924 à Cheragas, dans la banlieue d’Alger. Issu d’une famille de musiciens, il apprit très tôt cet art. Son père, Louis Gleize (Tarbes, Hautes-Pyrénées 1888 – Alger, Algérie, 1954) était violoniste, chef de musique de la Philharmonique Municipale de Guelma (Algérie), professeur de musique. Il avait épousé (Oran, 1912) en premières noces une professeure de chant, Marcelle Humblot, puis convolait en secondes noces, le 9 août 1923 à Alger, avec Henriette Soulé-Mazela (Paris, 1892 – Alger, 1952) de laquelle vinrent au monde Jacques et Mady Gleize. Cette dernière (Alger, 1927 – Léon, Landes, 2018) fit également une carrière musicale. Elève au Conservatoire d’Alger, elle y obtint un 1er prix de contrebasse en 1951, avant de se produire au violoncelle à Alger. Ses oncles et tantes firent aussi une carrière musicale : Victorin Gleize (Marseille, 1869 – Lectoure, Gers, 1917) était professeur de musique à Lectoure ; Félix Gleize (Marseille, 1867 – Lorient, Morbihan, 1905), chef d’orchestre et professeur de musique successivement à Issoire, Gaillac, Montluçon, Le Puy-en-Velay, Lorient…, avait épousé (Le Puy-en-Velay, Haute-Loire, 1887) une artiste lyrique et dramatique, Anna Louise Reboul, née en 1866 à Sorèze (Tarn), fille d’un curieux personnage : Louis Reboul (né vers 1825), dentiste itinérant, puis directeur d’une troupe de théâtre aussi itinérante ; leur fils né en 1899 à Bergerac (Dordogne), prénommé également Félix, fera à son tour une carrière d’artiste lyrique. Félicie, dite Angéline, Gleize (Florensac, Hérault, 1873 – Alger, 1952) fut professeur de musique à Mont-de-Marsan (Landes) où elle prit alliance en 1896 avec Léon Ragué, artiste lyrique de son état. Enfin, Louise Gleize (Mauvezin, Gers, 1878 – ap. 1953), artiste lyrique, avait épousé à 16 ans (1895, Carmaux), Gaston Granry (1872-1904), artiste dramatique et directeur de théâtre à Carmaux, avant de se remarier, en 1915 à Alger, avec Raymond Ismert (Alger, 1873 – Alger, 1947), un médecin-vétérinaire.

 

C’est le grand-père de Jacques qui avait fondé cette dynastie de musiciens. Barthélémy Gleize (Buis-les-Baronnies, Drôme, 1836 – Agen, Lot-et-Garonne, 1906), fils d’un boulanger du Buis (Joseph Gleize), entreprit des études musicales et devint professeur de musique itinérant dans le sud de la France. C’est ainsi qu’on le trouve au fil des années à Marseille (Bouches-du-Rhône), Mauvezin (Gers), Florensac (Hérault), Aureilhan (Hautes-Pyrénées), Lectoure (Gers), Carmaux (Tarn), Mont-de-Marsan (Landes), Montluçon (Allier), Agen (Lot-et-Garonne). C’est à Marseille, alors musicien au 22ème Régiment de ligne en 1867, qu’il rencontra sa future femme, Séraphine Fallotti, née en 1843 en Italie à Piova Massaia (province d’Asti, Piémont).

 

Jacques Gleize fréquenta ainsi le Conservatoire d’Alger, où on le découvre dès 1943 avec un 1er accessit de piano supérieur, avant d’obtenir en 1947 un 2ème prix, puis en 1950 un 1er prix d’harmonie et la même année un 1er prix de contrepoint. L’année suivante, dans la classe d’orgue de Marie-Antoinette Gard (longtemps organiste de Saint-Augustin d’Alger) il décrochait un 1er prix. Durant une partie de ses années d’études, il touchait l’orgue de l’église Saint-Paul-Sainte-Rita, situé dans le quartier Belcourt d’Alger. En juillet 1953, au départ de Madeleine Moissenet qui prenait sa retraire, il lui succéda au grand orgue de la cathédrale Saint-Philippe d’Alger. Cependant, il ne tint cet instrument (un Merklin et Kuhn de 25 jeux) que durant quelques années, puisqu’on le rencontre dès 1959 revenu en France et attaché à l’église Saint-Louis de Vincennes (Val-de-Marne). Il tenaitt en effet la partie d’orgue dans cette église lors d’un concert donné par l’Ensemble Vocal Stéphane Caillat le samedi 21 avril de cette année. Cet instrument dû au facteur Gonzalez (1954), composé de 9 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier, sera plus tard transféré dans l’église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy, avant d’être remplacé en 2016 par un orgue neuf du facteur Denis Lacorre (3 claviers et pédalier, 37 jeux). Egalement chef du « Chœur de Saint-Louis » durant près de 40 ans, Jacques Gleize est décédé à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 5 avril 2007, à l’âge de 82 ans. Le 19 janvier 2020, une messe était célébrée à Vincennes à l’intention de Jacques Gleize « ancien organiste ».

 

Denis Havard de la Montagne

 

 

Un jeune organiste nommé à la cathédrale d'Alger

(petite revue de presse par Olivier Geoffroy)

 

« Conservatoire municipal, année scolaire 1951-52, palmarès :

Orgue (Classe de Mlle Gard) : Gleize Jacques, 2ème prix à l'unanimité. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 26 juin 1952, p. 6)

 

« Succès musical : M. Jacques Gleize, organiste de la Cathédrale d’Alger, vient de remporter au concours du Conservatoire d’Alger, le premier grand prix d’orgue. Et ce à l’unanimité, avec félicitations du jury. Nos bien sincères félicitations. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 14 juin 1953, p. 2)

 

« Distribution solennelle des prix du conservatoire municipal - Année scolaire 1952-53 – Palmarès :

Orgue (Classe de Mlle Antoinette Gard) : 1er prix à l'unanimité, Jacques Gleize. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 26 juin 1953, p. 6)

 

« Prix Charles Simian, offert par Mmes Charles Simian ; Christiane Harang et de Vesine-Larue, en souvenir de M. Charles Simian, à l’élève ayant obtenu la plus haute récompense en classe d’orgue. Ce prix est attribué à Jacques Gleize, 1er prix à l'unanimité. »

(Alger Républicain, 26 juin 1953, p. 3)

 

« Succédant à Mme Moissenet qui prend sa retraite, M. Jacques GLEIZE, nouveau titulaire des orgues de la Cathédrale :

Nous avons surpris, hier soir, en pleine répétition, M. Jacques Gleize, organiste de la Cathédrale. Avant de l’interrompre, nous avons admiré un instant le jeu de mains, souple mais décidé, du nouveau titulaire des orgues.

M. Gleize a 28 ans ; il a fait toutes ses études musicales au Conservatoire d’Alger qui lui décerna un 1er prix d’harmonie et de contrepoint, avec félicitations.

Elève de Mlle Gard, de la paroisse de St-Augustin, M. Gleize a obtenu également, cette année, un premier prix d’orgue à l'unanimité.

Depuis la Toussaint, déjà, il était suppléant à la demande de l’ancienne organiste de la Cathédrale, l’inoubliable Mme Moissenet qui vient de prendre sa retraite. Il lui est d’ailleurs reconnaissant de ce choix qui fait maintenant de lui un nouveau titulaire.

— « Que pensez-vous de votre instrument ? Avons-nous demandé.

La réponse est spontanée : « Merveilleux », s’exclame M. Gleize avec chaleur « c’est plus que je n’osais imaginer... »

Alors que nous nous retirons, la nef vibre aux accents de nouveaux accords dont la voix harmonieuse fuse et s’amplifie ; M. Gleize s’est remis au travail. Q. R. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 7 juillet 1953, p. 1)

 

« LA VIE RELIGIEUSE - Succédant à Mme MOISSENET Jacques GLEIZE est nommé titulaire des grandes orgues de la Cathédrale :

Depuis le 1er juillet, M. Jacques Gleize, qui occupait depuis quelque temps le poste de suppléant, est titulaire des grandes orgues de la cathédrale d’Alger, sur nomination de S. Exc. Mgr l'Archevêque. Jacques Gleize est un jeune artiste algérois, plein de talents. Agé à peine de 29 ans, il a reçu sa formation musicale au Conservatoire d’Alger où il a obtenu le premier prix d’harmonie et de contrepoint avec félicitations.

Elève de Mlle Marie-Antoinette Gard — dont on connaît la grande valeur — Jacques Gleize a eu, cette année, le premier prix d'orgue à l’unanimité avec « Variations sur un Noël » de Marcel Dupré. Ancien organiste et maître de chœur à Saint-Paul-Sainte-Rita de Belcourt, le jeune artiste algérois accompagne quelquefois des chorales à la messe radiodiffusée. Sa modestie égale son talent. Aussi ses premières paroles, lorsque nous avons lié conversation, furent-elles pour remercier Mme Moissenet qui lui a permis de « travailler » sur l’instrument dont elle était titulaire et préparer ainsi l’œuvre qu'il a interprétée cette année au Conservatoire.

Puis il nous parle avec passion de cet orgue pneumatique tubulaire à deux claviers manuels de 56 notes, avec son pédalier indépendant de 32 jeux et 13 pédales de combinaisons.

Il énumère les qualités de cet instrument, à la sonorité chaude et moelleuse, aux claviers très souples, agréables au toucher. Il n’oublie pas le groupe d'amis qu’il a mission d’accompagner maintenant, les fidèles membres de la Caecilia et son chef, M. V. Assante.

Pourtant, à son âge, M. Jacques Gleize doit avoir des projets. Il avoue en avoir. En homme pondéré, il les étudie. La polyphonie et le grégorien ? Voilà qui l'enthousiasme. Il a déjà établi ses bases, mais... nous en avons trop dit pour aujourd’hui. Nous renouvelons à M. J. Gleize nos bien sincères félicitations. M. P. »

(L'écho d'Alger, 7 juillet 1953, p. 3)

 

« La messe radio-diffusée d'Alger - Sainte-Elisabeth, 65, Bd du Telemly - Dimanche 3 octobre - Ffête de Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus, patronne des Missions.

A 8 h 35 messe avec l'allocution du R.P. Florent. La messe sera célébrée pour le repos de l'âme de M. Louis Gleize, professeur de musique, décédé à Alger, le 31 juillet 1954, père de M. Jacques Gleize, titulaire des grandes orgues de la Cathédrale d'Alger. Les chants seront assurés avec le concours de la chorale des Sœurs Missionnaires de N.-D. D'Afrique. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 1er octobre 1954)

 

« A la cathédrale - Fête du Christ-Roi :

Au grand orgue : « Toccata en ré mineur », de J-S. Bach, et « Finale de la 1ère Symphonie », de Louis Vierne, par Jacques Gleize, titulaire. »

(La Dépêche quotidienne d'Algérie, 27 octobre 1954, p. 4)

(août 2025)

 

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