Odette GOULON VINARD

(1921-2008)


 

 

 

Fille de Georges Vinard et de Madeleine Mettetal, petite-fille de Jules Vinard, pasteur du Temple de l’Etoile à Paris de 1888 à 1920, Odette Vinard est née le 7 août 1921 à Crest (Drôme). Alors âgée de 7 ans sa famille s’installe à Grenoble en 1928 et c’est dans cette ville qu’elle débute la musique pour laquelle elle présente déjà un grand intérêt depuis l’âge de 5 ans. Sa mère décide de lui faire prendre des cours de piano auprès de Mademoiselle Fontenille qui lui apprend le solfège. Avec deux autres jeunes élèves, Hélène Sayn et Christiane Delaval, toutes trois sont rapidement en mesure de jouer de petites pièces inspirées de chansons enfantines.

 

A 10 ans, elle débute alors l’orgue avec Marguerite Faque, titulaire de l’orgue Friedriech Goll (1870) du Temple de Grenoble et ancienne élève de Marcel Dupré. Repérant ses facilités, elle lui demande à 11 ans de jouer le rôle de répétitrice auprès de jeunes débutants en solfège. Puis, peu après, avec la création d’une classe d'orgue au conservatoire de Grenoble, dirigé à cette époque par le violoniste André Guichardon, grâce à l'intervention du père d’Odette pour que les cours puissent se dérouler sur l'orgue du Temple, elle y est admise en 1933 ainsi que dans celle d'harmonie de Henri Edinger (1891-1972), ancien élève du Conservatoire de Paris (1er prix d’harmonie en 1913). Odette Vinard écrira plus tard : « M. Edinger n'était pas très bon pédagogue et comme j'étais de loin la plus jeune, il me laissait dans mon coin, s'intéressant surtout aux plus avancés. » Deux années après (1935), Marguerite Faque devenue titulaire de l'orgue Anneessens (1898) de l'abbatiale Saint André, c’est sur cet instrument que son premier concours d’orgue se déroule avec un choral de J.S. Bach et un autre de Dupré. A cette occasion, le compositeur Max d'Ollone, membre du jury, qui s’était placé à ses côtés, lui fera part de l’excellence de son interprétation. Tout en se perfectionnant dans l’étude de l’orgue, elle continue aussi celle du piano.

 

A l'orgue du Temple de Dole (Jura), avril 1942
(coll. Pierre Goulon-Sigwalt) DR.

 


En janvier 1939 ses parents quittent Grenoble pour s’installer à Dole (Jura) où son père est nommé pasteur de l’Eglise réformée, poste qu’il va occuper durant une décennie. Les conseillers presbytéraux du Temple de cette ville font à cette époque l'acquisition d'un orgue Swenkedel à 2 claviers et pédalier (orgue électrique sans tuyaux) et lui en confient l’usage, lui permettant ainsi de continuer ses études. A cette même époque, au Conservatoire de Dijon, alors dirigé par Louis Dumas (Grand Prix de Rome), elle passe le concours d’entrée en cours supérieur de piano avec au programme le Final de la Sonate Apassionata de Beethoven qui lui ouvre les portes de la classe de Valentine Vendeur (1860-1953), ancienne élève du Conservatoire de Paris (médaille de solfège en 1877) dans laquelle est inscrite une vingtaine d’élèves. En pleine guerre, avec un froid terrible lui ayant provoqué des engelures aux mains, elle dut alors passer un concours avec le Thème et variations de Glazounov, mais, en raison des circonstances particulières, elle ne put obtenir qu'une mention. L’année suivante, en 1941 elle était heureusement récompensée par un second prix.

 

Parallèlement, Emile Poillot (1886-1948), ancien élève d’Alexandre Guilmant et Louis Vierne au Conservatoire de Paris (1er prix en 1911), et organiste de l'orgue Riepp de la Cathédrale Sainte Bénigne de Dijon depuis 1912, accepte à partir de 1941 de lui donner des cours particuliers. Mais, comme ceux-ci sont particulièrement onéreux elle doit donner des leçons de musique pour aider ses parents à payer ses études. C'est ainsi qu’elle a l’occasion de dispenser des cours de piano à Michel Chapuis tout en étant sa répétitrice à l’orgue. On sait qu’il deviendra plus tard l'immense artiste connu dans le monde entier.

 

En 1942, Madame Vendeur prenait sa retraite et fut remplacée par Emile Poillot. A la suite d’un examen particulièrement ardu qu’il fit passer aux 20 élèves alors inscrits seuls quatre, dont Odette Goulon, vont être admis à poursuivre le cursus. Elle obtint dans cette classe un 1er prix de piano et, plus tard, en 1946 dans celle de perfectionnement, également tenue par Emile Poillot, elle décrochait un prix d’excellence. A cette occasion, ce dernier lui écrivait le 27 novembre :

 

A l'orgue du Temple du Luxembourg de la rue Madame à Paris VIe, décembre 2000
(coll. Pierre Goulon-Sigwalt) DR.

 

« […] J’ai été ravi de votre succès […] vous avez fait un magnifique effort de volonté que j’ai admiré et qui vous a donné la récompense méritée […] Le jury était enthousiasmé et n’a pas caché sa vive surprise sur vos qualités de solidité et de musicalité. C’est la première fois que j’obtiens une égalité d’exécution admirable de mon cours de perfectionnement. C’est grâce à votre ténacité, votre compréhension et votre docilité que j’ai pu mener à bien cette heureuse séance […]

 

Peu après, en mars 1947 à Dôle, Odette Vinard épousait Edouard Goulon-Sigwalt, né le 23 mars 1920 à Pirmasens (Allemagne occupée), qui fera carrière à Paris comme chef du bureau du cabinet du Secrétaire général à l’Aviation civile. Chevalier de la Légion d’honneur (1965), Officier dans l’Ordre national du mérite (1982) et médaillé de l’Aéronautique, il décédera le 10 avril 1998 à Paris 14ème, à l’âge de 78 ans.

 

A cette même époque, à Dole une très chère amie, Solange Billard, 1er prix de violoncelle du Conservatoire de Paris, l'initiait à la musique d'ensemble et c’est avec elle qu’elle donna ses premiers concerts de chambre. Ancienne élève de Hekking, fille de Léon Billard, médecin et maire de Dole, Solange Billard enseignait son instrument au Conservatoire de Dole où elle eut notamment pour élèves Etienne Péclard, Emmanuel Richardot et Nathalie Gaudemer.

 

Organiste du Temple de Dole durant plusieurs années, Odette Vinard quitta cette ville en 1949 pour résider à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise). Là, à la demande du pasteur du Temple réformé, elle dirigeait la chorale et tenait l’harmonium, puis en 1955, nouveau déménagement dans le quatorzième arrondissement parisien. Quelques années plus tard, en 1962 elle était nommée titulaire de l’orgue Abbey (1892) du Temple du Luxembourg de la rue Madame, succédant là à Mme Allin et son fils Jean-Claude. Elle tint ce poste jusqu’à son décès arrivé le 3 janvier 2008. En parallèle, à partir de 1972 elle fut aussi la suppléante de Jean Claude Raynaud à l'orgue du Temple L'Annonciation de la rue Cortambert, à l’époque où le facteur Kurt Schwendel construisait un nouvel orgue de 3 claviers et pédalier, 27 jeux, qui était inauguré en 1973.

En tant qu’interprète elle se produisit souvent en concerts à l’orgue, en soliste ou avec des ensembles instrumentaux ou vocaux, les accompagnant aussi parfois au piano. Son premier concert d'orgue eut lieu en mai 1945 en la Collégiale de Notre Dame de Dôle avec Emile Poillot, et par la suite, au fil du temps principalement à partir des années 1970, car auparavant, dans les années 1950 et 1960 elle avait été très occupée pour élever ses quatre fils. C’est ainsi qu’elle donna une cinquantaine de concerts au Temple du Luxembourg à Paris, dont certains avec la chorale de cette paroisse (entre 1975 et 2006). Mais, on put aussi l’entendre aux Temples de Pentemont (Paris), de l'Oratoire (Paris), de Rouillé (Vienne), de Crest et Dieulefit (Drôme), d'Enghien-les-Bains (Centenaire de l'orgue en mai 1955), ainsi d’ailleurs que dans plusieurs églises : Saint-Sulpice, Saint-Séverin, Pitié Salpêtrière, basilique Saint-Denis, Saint-Roch (novembre 1998, concert d'orgue en hommage à son défunt mari Edouard Goulon-Sigwalt). La province l’invita également à se produire, notamment à la cathédrale de Mende (orgue et violon, août 1993), à la collégiale de Romans-sur-Isère (septembre 1993) et à la cathédrale de Sarlat (Dordogne), en mai 2004 dans un concert pour orgue et chœur, en compagnie de la chorale et des solistes de l'Église Réformée de Paris Luxembourg. Elle eut aussi l’occasion de se produire à l’étranger, entre autres manifestations musicales en août 1975 à St. Peter's Lutheran Church Shepherdstown (W. Virginia, USA), en août 1975 et en juillet 1982 au Kennedy Center de Washington DC (USA), en août 1978 à Arlington (USA), en juin 1999 à l’église Saint-Mildred de Canterbury (Angleterre) avec la chorale de l'Église Réformée de Paris Luxembourg et en juillet 2001 à la First Presbyterian Church de Casper Wyoming (USA).

 

Denis Havard de la Montagne (février 2021)

d’après des notes autobiographiques de Mme Odette Goulon

et avec la collaboration de Pierre Goulon-Sigwalt

 

 

 


 

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