Quelques notes à propos de Marie-Rose Hublé


 

 

 

Née à Vannes (Morbihan) le 23 décembre 1889, Marie-Rose Hublé a fait une belle carrière d'organiste et de pédagogue (répétitrice de la classe d'harmonie de Georges Hugon au Conservatoire de Paris), après avoir obtenu plusieurs récompenses musicales dans cet établissement (harmonie, contrepoint, fugue, orgue). Elle tint les orgues de Saint-Cloud (1934) puis de Saint-Eustache de 1945 à 1960, en tant qu'assistante de Joseph Bonnet puis d'André Marchal. Elle enseigna l'harmonie et le contrepoint à Norbert Dufourcq. Frédéric Robert [musicologue et professeur d’histoire de la musique] et Henri Martinet [voir infra] furent également ses élèves.[1]

 

 

Quelques œuvres

 

- Sicut cervus, motet pour 4 voix mixtes a cappella, Paris, Durand, 1938.

- Canzonetta sur un cantique breton, Saint-Leu-la-Forêt, Procure de musique religieuse.

- Prélude (en ré mineur), in recueil Harmonies paroissiales, vol. 3, Schola Cantorum.

- Andante et Allegro, pour piano et cordes.

 

 

Petite revue de presse

 

« UN BEAU SUCCES. Nous sommes heureux d'annoncer que Mlle Marie-Rose Hublé, ancien prix d'honneur du Conservatoire de Nantes vient d'obtenir deux brillantes récompenses au Conservatoire national à Paris un 2ème prix de fugue, décerné à l'unanimité et un premier prix d'orgue. »

(L'Ouest-Eclair, 28 juin 1919, p. 4)

 

« Le jury musical de l'Aide aux femmes de professions libérales a décerné le 30 mai deux prix de 2,000 francs à Mlle Annette Dieudonné, pour sa Sonatine pour piano et flûte, et à Mlle Marie-Rose Hublé, pour son Andante et allegro, pour piano et cordes. »

(Le Temps, 3 juin 1924, np)

 

« Le même zèle professoral a rendu muette, trop souvent, la lyre celtique de Mlle Marie-Rose Hublé qui, après avoir remporté de multiples récompenses au Conservatoire National de Paris - son premier prix d’orgue fut particulièrement brillant et aussi ses prix d’harmonie, de contrepoint, de fugue, de composition, etc. - écrivit des pages trop rares qui lui valurent des suffrages mérités.

Personnellement, j’aime beaucoup sa musique où chante avec clarté l’âme médiévale d’Armor, où les harmonies imprécisent les contours comme d’un manteau de brume, où les rythmes ne sont jamais des contorsions burlesques.

L’art de l’orgue devient féminin depuis quelques années ; je veux dire que, volontiers, les femmes, de nos jours, se livrent à une étude approfondie du grand instrument. »

(Musique et Théâtre, 15 mars 1925, p. 4)

 

« Le jury de la Société des Compositeurs de Musique a décerné, pour l'année 1925, le prix Tonnerre (sonatine pour piano), à Mlle Marie-Rose Hublé. »

(Le Ménestrel, 13 août 1926, p. 360)

 

« A l'occasion du IIIème Centenaire de Dietrich Buxtehude l'organiste célèbre de la Marienkirche de Lübeck, précurseur de Bach qui l'admirait profondément, une fort belle séance de ses œuvres vient d'être organisée par « les Amis de l'Orgue », la réalisation en étant confiée à la parfaite musicienne qu'est Mlle M.-R. Hublé. Sous ses doigts que l'on devinait pleins de piété et d'amour pour la pensée du vieux Maître, se déroulèrent Chorals, Fugues, Toccatas, sans oublier la fameuse Passacaille en ré mineur, trésor de la littérature de l'orgue. Cet art bien particulier, dont les courbes mélodiques sont souvent si imprévues et les modulations si curieusement audacieuses, qui oscille avec tant de saveur entre le modal et le tonal, mériterait d'être mieux connu et il faut remercier Mlle Hublé, Mme Lina Falk et M. Louis Ruyssen, interprètes de la cantate Jubilate Domino, les « Amis de l'Orgue » et leur actif Président, M. de Miramon Fitz-James, de ce programme d'une rare qualité préparé avec tant de soins dévoués. »

(L'Art musical, 29 janvier 1937, p. 398)

 

Olivier Geoffroy

(juin 2021)



[1] NDLR : Fille de Martial Hublé (1855-1923), originaire de Saint-Servan (Saint-Malo), médecin aide-major de 1ère classe au 52ème Régiment d’infanterie de ligne, chevalier de la Légion d’honneur, et de Marie Lina Claret, Marie-Rose Léonie Augustine Hublé avait débuté ses études musicales à l’Ecole de musique de Nantes où elle obtenait en 1898 un 1er prix de solfège élémentaire, suivi en 1904 d’un 1er prix de musique d’ensemble. Cette même année, elle était admise au Conservatoire de Paris et y décrochait des prix ou accessits d’harmonie (1er prix 1920), de contrepoint (2ème prix 1912), de fugue (1er prix 1920), d’orgue (classe de Gigout, 1919) et de composition (2ème accessit 1921) En 1921, elle tentait vainement le Concours du Prix de Rome et dès 1922 on la trouve suppléante de Bonnet à Saint-Eustache. Elle est décédée célibataire le 30 novembre 1970 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et ses obsèques furent célébrées le 3 décembre à Saint-François-de-Sales (Paris). Parmi ses élèves, rappelons aussi qu’elle a été vers 1915 la professeure de piano de la petite Claude Emma Debussy, affectueusement surnommée « Chouchou », la fille du compositeur, tristement morte en 1919 à l’âge de 13 ans, emportée par une diphtérie. (DHM)



Extraits de lettres autographes de Henri Martinet (1928-2021),
titulaire du grand orgue de l’église Saint-Pierre de Mâcon (Saône-et-Loire)
et professeur d’orgue du Conservatoire de cette ville

[…] J’ai fait mon traité d’harmonie avec Marie-Rose Hublé, suppléante successivement de Joseph Bonnet et d’André Marchal à Saint-Eustache. Elle m’a souvent parlé des leçons de piano qu’elle avait données à « Chouchou » Debussy […]

(LAS du 15 novembre 1999 à Denis Havard de la Montagne)


Claude Debussy et sa fille Chouchou, en 1916
(photo X...) DR.

« […] Chère Marie Rose Hublé ! Cher 36 bis rue Jouffroy ! Que de fois ai-je gravi la rue de Lévis pour aller prendre mes leçons d’harmonie ! J’ai appris sa mort l’année d’après à Gueugnon [Saône-et-Loire] lors d’un récital d’André Marchal par la bouche de Mlle Blanchot, organiste de Saint Vincent de Chalon-sur-Saône, qui était au Conservatoire en même temps qu’elle ; j’ignore dans quelles circonstances, je suppose à l’hôpital ou chez « des sœurs » ; elle vivait seule et devait rebuter pas mal de gens par son caractère.

Elle m’a aussi dit que son père était médecin militaire et qu’il avait perdu sa fortune au jeu.

"La Cathédrale engloutie", aquarelle de la pianiste Lorraine Prieur, coll. Céline Fortin (DR.)

Quant à sa fréquentation de la Maison Debussy, où effectivement elle donnait des leçons particulières à Chouchou, que ne m’a-t-elle pas raconté ! Que Debussy, au premier abord, lui inspirait la terreur, qu’il l’approuvait quand elle disait qu’elle concevait l’exécution de la « Cathédrale engloutie » sans changer de tempo d’un bout à l’autre, que Chouchou, en 1917, où il gelait à -15°, descendait l’escalier pour l’accueillir en chantant « Nous n’avons plus de charbon » sur l’air du « Noël des enfants qui n’ont plus de maison ». Elle possédait un petit musée de « gris-gris », de petits souvenirs personnels où se trouvait un mouchoir brodé au monogramme CD (je l’ai vu !) qui lui avait été prêté un jour qu’elle avait oublié le sien et qu’elle avait « oublié » ( !) de rendre » […] Dans le musée il y avait aussi une cigarette offerte par Saint-Saëns à Paderewski ! »

(LAS du 31 mars 2000 au même)

 

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