Le père David Julien

(1914 - 2013)


 

David Julien
L'abbé David Julien à Rodez en 2010
(photo X..., coll. des Fils de la Charité) DR.

 

Auteur de chants liturgiques demeurés très populaires, le père David Julien a tourné l'essentiel de son sacerdoce et de son existence vers la musique. Voici une recension d'articles qui permettront de mieux connaître la vie et l'œuvre de ce religieux musicien.

 

     « David JULIEN : Antiennes et répons. Coll. « Gloria », n° 2. Éd. Fleurus," 82 pp. ; 60 fr. : Cette plaquette contient vingt-neuf chants français qui ne ressemblent que de loin à nos cantiques traditionnels. Comme le titre l'indique, ils s'inspirent directement des formes liturgiques : antienne (pièce courte paraphrasant le plus souvent un texte d'écriture) et répons (chant à reprise avec versets). Chacun rappelle une pièce liturgique connue (exemple les répons brefs des petites heures). Ces chants trouveront leur place dans les diverses célébrations où l'on en sentait l'absence. Un index par thèmes liturgiques facilite l'utilisation de la plaquette. L'expérience qu'a, du chant de foule, l'auteur de ces pièces est la garantie de leur adaptation pastorale. Regrettons le prosaïsme de quelques textes. Citons comme belle réussite le cantique de Tobie : Tu es grand Seigneur. »

(La Maison-Dieu, n° 37, Paris, Le Cerf, janvier 1954, p 172)

 

     « David JULIEN: Nouveaux répons (Gloria, n° 4). Éd. Fleurus, Paris, 1957 : Nous devons remercier l'auteur de nous offrir une vingtaine de répons français sur divers thèmes liturgiques, selon la formule traditionnelle, car ce genre difficile a été peu exploité. Ces répons peuvent être utilisés pour rythmer la prière par un chant bref. De plus, les antiennes peuvent être chantées avec des formules psalmodiques de même structure modale. Les antiennes sont faciles, de tessiture moyenne et chantantes.

     La densité des textes est à souligner. Les versets sont peut-être trop chargés musicalement et il semble que la doxologie adoptée ait présenté des difficultés de réalisation. Il y a quelques défauts d'isorythmie dans certains versets. Il s'agit là d'un genre nouveau qu'il faudra expérimenter pour étudier les améliorations qui pourraient éventuellement être apportées. C'est une œuvre utile : elle donne une orientation nouvelle qui mérite d'être retenue et suivie. Jean Batteux. »

(La Maison-Dieu, n° 52, Paris, Le Cerf, octobre 1957, p 165)

 

     « Je viens de lire avec intérêt le texte de l’Assemblée Générale et la belle lettre du Supérieur Général. Ces textes, et ceux que je reçois régulièrement, m’aident à vivre ma solidarité de pensée, de vie, de prière, d’offrande, avec mes frères qui labourent et sèment sur le champ du Père. Mon circuit de vie s’est déroulé sur un itinéraire un peu parallèle aux vôtres. Mais, bien que un peu éloigné, mon cordon ombilical (ou ma « corde d’argent ») n’est pas rompu. Vos rapports et vos écrits m’aident à le garder solide. Ma dernière montée s’approche. Que le Seigneur me remplisse de son Esprit « Energie divine. » (Lettre aux Fils de la Charité) David Julien : le 30 mars 2009 à l’âge de 95 ans

     David Julien est né le 18 juin 1914 dans une famille d’agriculteurs rouergats à Goutrens, ce village de l’Aveyron auquel il était tant attaché avec toute sa famille. Entré à la maîtrise de la cathédrale de Rodez, en 1924, il apprend le solfège, le clavier, l’accompagnement, le piano et les premiers éléments de l’orgue. Il baigne dans l’atmosphère des belles célébrations liturgiques. Ensuite, il fait ses études au petit séminaire à Villefranche de Rouergue. Il y remplit les fonctions d’organiste et de suppléant du maître de chapelle. C’est durant sa jeunesse qu’il découvre son goût pour la musique et le chant religieux. En nous faisant visiter la cathédrale de Rodez, il s’arrête devant le chœur en nous disant : « Voyez c’est ici que j’ai appris la musique. J’ai composé là mes tout premiers chants. »

     David entre au Grand Séminaire de Rodez en 1931, là aussi il est organiste et maître de chant. Pendant son service militaire en Avignon, il fréquente le Conservatoire en classe d’harmonie et de composition. Au terme de ses années de séminaire, il est ordonné prêtre en juin 1939. A l’automne, il est nommé vicaire dans la paroisse de Séverac où il se donne à l’apostolat dans les milieux populaires. « Je crus faire une croix sur la musique, mais celle-ci ne me lâcha pas. Dès lors, je me préoccupais du chant populaire. » Après une année aux armées pendant la guerre, David est nommé en 1940 à Notre Dame de Millau. « Paroisse idéale pour moi : bel orgue, chorale, fondation d’une manécanterie pour le service de l’autel et le chant de l’assemblée. » Peu de temps après, David Julien demande à son évêque de pouvoir entrer chez les Fils de la Charité. Cela lui est accordé en 1944 et il monte à Paris pour commencer son noviciat.

     Au terme de son noviciat David prononce ses premiers vœux religieux le 7 octobre 1945. Les Fils de la Charité lui demande alors de rejoindre la paroisse Notre Dame de l’Espérance dans le 11ème arrondissement de Paris : un quartier très pauvre à cette époque juste en bordure de la place de la Bastille. David est vicaire de cette paroisse durant une année. C’est alors en 1946 qu’il est envoyé à l’Union des Œuvres où il va rester jusqu’en 1976. Trente années de sa vie où il va se mettre au service du chant, de la liturgie avec le souci qu’elle serve au mieux l’expression de la foi en monde populaire.

     De fait David Julien a vécu très peu de temps en paroisse et assez loin de toute vie communautaire. En entrant chez les Fils de la Charité, il voulait consacrer sa vie à la musique sacrée et populaire. Ses grands chants, il les a composés pendant son temps de noviciat alors qu’il était déjà en lien avec quelques Fils de la Charité qui vivaient la mission dans les quartiers ouvriers. Pour lui ce fut un pas de franchi dans une congrégation connue pour sa pastorale populaire.

     Tout n’a pas été facile pendant cette longue période au sein de l’union des Œuvres, mais il était apprécié pour ses compétences. Il a eu un rôle plutôt positif avec d’autres Fils qui ont marqué les Congrès à la suite du père Anizan, notre Fondateur. Il fut d’ailleurs le Sous-directeur de l’Union des Œuvres durant plusieurs années. David n’était pas seulement l’homme de la musique, il était un homme de réflexion et aidait à faire progresser la liturgie pour qu’elle soit belle, symbolique, adaptée au peuple et qu’elle permette l’expression de la foi pour tous. Voici la conviction qu’il exprime lors d’un rassemblement familial où il fête ses 64 ans de sacerdoce :

     « Depuis plusieurs siècles notre civilisation et notre culture sont marquées par le primat du rationnel, de l’intellectuel, du scientifique. On se défie de tout ce que l’esprit humain ne peut analyser, comprendre, expliquer. Le souci pastoral nous fait rejoindre les réalités humaines et sociales d’aujourd’hui. Mais n’est-ce pas au détriment du langage symbolique, non seulement pour les mots, mais aussi pour les objets, les gestes, les attitudes, les démarches ? Il faut s’exprimer, mais nos liturgies permettront-t-elles aux chrétiens de contempler ? Mais je ne suis pas pessimiste. L’Eglise est toujours en état de jeunesse, tournée vers l’avenir. Ne nous défions pas de la religion ‘populaire’. Veut-on une religion élitiste ? Ne nous défions pas des processions, des objets bénis, voire même des pèlerinages. Redécouvrons la valeur et l’importance des symboles. »

     La grande joie de David Julien, c’est lorsqu’il était sollicité pour animer les chants des Congrès de l’Union des Œuvres ou des grands rassemblements de Lourdes. Là il était au sommet de son art ! Il avait le don pour animer les chants devant des foules importantes. En regardant de plus près, pas moins de 38 chants religieux lui sont attribués dont certains ont traversé les générations jusqu’à nos jours. Il a marqué son temps au milieu du 20ème siècle par son esprit créatif en mettant son art au service de tous. Durant le Concile, David fut invité à Rome où il a participé à la rédaction de la prière eucharistique N° 4. David Julien sera également un représentant des artistes musiciens en France.

     L’âge venant, il lui a fallu quitter son poste à l’Union des Œuvres. Cela n’a pas été facile après tant d’années de passion pour la musique, le chant et la liturgie. C’est un peu la mort dans l’âme qu’il a accepté de laisser la place. C’est alors que David Julien décide de regagner le diocèse d’origine qui l’avait formé comme prêtre. Il continue à composer et adapte des paroles en Occitan sur certaines de ses musiques. Il habite dans un logement de Rodez pendant une trentaine d’années et décide d’entrer en maison de retraite en 2009.

     C’est à cette époque qu’il renoue des liens plus réguliers avec la famille des Fils de la Charité. Il écrivait aux responsables de l’Institut et appréciait les visites que nous lui faisions. Heureux des petites cartes mettant en valeur ses talents d’artiste. « Vous ne pouviez pas choisir une meilleure carte pour sa dédicace : « Tout est musique, parce que tout est vibration, tout est son, tout est harmonie ! » David était connu pour sa patience et sa délicatesse, il était attentif aux autres dans la maison de retraite de Rodez. Les dernières années ses forces déclinaient : « Depuis que je ne puis plus jouer facilement du piano, je m’enfonce encore davantage dans ma période ‘monacale’. Je ne puis que penser davantage aux frères qui « bagarrent dans la plaine. » David a passé les 15 derniers jours de sa vie à l’hôpital dans un état de grande faiblesse. Le chemin était devenu trop difficile pour aller à la fête des 100 ans. Il fut invité à une fête bien plus solennelle, celle dont Dieu seul a le secret. P. Jean Guellerin fc, Responsable France.

     Les obsèques de David Julien ont été célébrées le lundi 2 décembre 2013 dans la cathédrale de Rodez par Mgr François Fonlupt, évêque de Rodez. Entouré par quelques Fils de la Charité et de nombreux amis. L’inhumation a eu lieu dans le caveau familial à Goutrens ce même jour. »

(Revue des Fils de la Charité, 2 décembre 2013), https://filsdelacharite.org/

 

     « Le père David Julien est décédé le jeudi 28 novembre 2013, dans sa 100ème année. Il fut le créateur des messes radiophoniques. Dès le début de son apostolat, il est l’animateur musical des éditions Fleurus avec ses revues Cœurs Vaillants, Ames Vaillantes.

     Mais je veux citer un extrait de la préface de Cant d’amont e d’aval (1987), préface écrite par Jean Delmas Un homme qui a le génie du chant populaire, de son rythme, de ses structures et de ses contours mélodiques. De l’abbé David Julien, originaire du pays de Farrebique, musicien par le sang, qui ne connaît "Vers toi, Terre promise", "La Marche de l’Eglise" ?

     Dès le Concile Vatican II, il crée l’"Association Saint-Ambroise" pour le chant du peuple, avec sa revue "Eglise Qui Chante". Il lance en 1967, les sessions "Eglise Qui chante" avec pour premier directeur Joseph Gélineau avec pour assistants, entre autres, Michel Wackenheim, Claude Rozier, Yves Calvez …

     Deux enregistrements sont à retenir : Messe Salve Regina de Jean Langlais pour deux orgues, un quatuor de cuivres, un chœur d’hommes dirigé par Lucien Deiss, et l’Assemblée de Notre-Dame de Paris dirigé par David Julien ; ce disque (1955) a obtenu le prix du Disque Charles Cros ; l’autre disque-phare est "Victoire" qui lui, remporte l’assentiment général.

     Ceci n’est qu’une petite pierre à l’édifice immense construit pour le chant du peuple de Dieu par David Julien ».

Yves Calvez,

(Portail de la liturgie catholique), http://archivesweb.cef.fr/prive/liturgiecatholique.fr/liturgiecatholique.fr/Deces-du-pere-David-Julien.html

 

     « Créateur des messes radiophoniques et compositeur de chant liturgique, le père David Julien est mort le jeudi 28 novembre à 99 ans.

     Né en 1914 dans une famille d’agriculteurs rouergats de Goutrens (Aveyron), il était entré en 1924 à la maîtrise de la cathédrale de Rodez où il apprend le solfège, le clavier, l’accompagnement, le piano et les premiers éléments de l’orgue. Il fait ensuite ses études au petit séminaire de Villefranche-de-Rouergue où il est organiste et suppléant du maître de chapelle puis, en 1931, entre au grand séminaire de Rodez où il est aussi organiste et maître de chant.

     Ordonné prêtre en 1939, il est nommé vicaire à Séverac puis, après la drôle de guerre, est nommé à Notre-Dame de Millau. Peu de temps après, il demande à son évêque de pouvoir entrer chez les Fils de la Charité, ce qui lui est accordé en 1944. En 1945, après son noviciat, il prononce ses premiers vœux et est nommé à la paroisse Notre-Dame de l’Espérance (11e arrondissement) puis, en 1946, nommé à l’Union des œuvres catholiques de France (UOCF) où il va rester jusqu’en 1976.

     Dans ce qui va devenir l’embryon des éditions Fleurus, avec ses revues Cœurs vaillants et Ames vaillantes, le P. Julien va se mettre au service du chant, de la liturgie avec le souci qu’elle serve au mieux l’expression de la foi en monde populaire.

     Créateur des messes radiophoniques, il crée, dès le concile l’Association Saint-Ambroise pour le chant du peuple qui s’accompagne d’une revue Église qui chante, suivies dès 1967, de sessions du même nom dont le premier directeur fut Joseph Gélineau avec pour assistants, notamment Michel Wackenheim, Claude Rozier, Yves Calvez… Après le concile, il participa aux travaux de réforme liturgique à Rome et fut notamment invité à participer à la rédaction de la prière eucharistique n° 4.

     Revenu en 1976 dans son diocèse d’origine, il vivra pendant une trentaine d’années dans un logement de Rodez avant d’entrer en 2009 en maison de retraite. Ses obsèques ont été célébrées le lundi 2 décembre dans la cathédrale de Rodez par Mgr François Fonlupt, évêque de Rodez.

     Il laisse de nombreux chants liturgiques dont les plus connus sont Victoire, tu régneras, La Marche de l’Église ou encore Vers toi, Terre promise. »

(La Croix, 19 décembre 2013)

 

Catalogue des œuvres du père Julien ici : https://data.bnf.fr/fr/11909202/david_julien/

 

Par ailleurs, on trouvera la liste des fiches de ses chants liturgiques sur le site du SECLI ici : https://secli.cef.fr/recherche-des-fiches-de-chants_6.php

 

Articles collectés par Olivier Geoffroy

(octobre 2019)



"Victoire, marche et lumière"

Textes et musique de l'abbé Julien
Orchestration par le père Pierre Kaelin (1913-1995,
professeur de direction chorale au Conservatoire de Fribourg
et Maître de chapelle de la cathédrale de cette ville, Suisse),
Chœurs et orchestre placés sous la direction du père Kaelin
Enregistrement réalisé dans la cathédrale de Fribourg

- Vers toi, terre promise
- Lève-toi, Jérusalem
- Complainte du Christ en croix
- Victoire
- La Marche de l'Eglise
- Les Béatitudes


(disque 33 tours vinyle, SM 25.02).
 

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