Les Buffets d'orgues d'Alphonse Simil


 

Orgue Cavaillé-Coll dans un buffet de A. Simil, 1878
(Le Monde illustré, 1878) D.R.

 

Alphonse Simil (1841-1916)[1], architecte des Monuments historiques, architecte diocésain a dessiné les plans de nombreux buffets d'orgues, notamment pour Aristide Cavaillé-Coll. Son style est aisément reconnaissable. Voici quelques exemples de réalisations parmi les plus significatives :

 

- Amsterdam, Palais de l'Industrie, orgue Cavaillé-Coll (1875).

« L'ornementation du buffet ; due à M. Alphonse Simil, architecte de la maison Cavaillé-Coll ; était d'ailleurs parfaitement conforme aux dessins joints au devis, riche, très élégante, bien appropriée à un instrument de concert et semblait devoir s'harmoniser d'une manière satisfaisante avec l'architecture du Palais de l'Industrie. »

(C.-M. Philbert, L'Orgue du Palais de l'Industrie d'Amsterdam, Amsterdam, Binger Frères, 1876, p. 110)

 

« M. Cavaillé-Coll s'était spontanément décidé à y faire, en dehors du devis et tout-à-fait gratuitement, des modifications et des additions considérables. Ainsi, au buffet primitif dans lequel l'orgue avait été acheté, il avait fait ajouter, d'après les dessins de M. Simil, un élégant couronnement de huit pieds en montre, composé de vingt et un tuyaux, répartis entre trois tourelles et deux plates-faces ; agrandissement qui rehausse beau coup l'effet de l'ensemble décoratif, en y prêtant plus de grâce et de légèreté. »

(op. cit, p.123)

 

- Bracewell (Angleterre), château de M. Hopwood, orgue Cavaillé-Coll (1870).

« On m'assure que partout dans les châteaux des personnes riches, on rencontre des orgues, et les Anglais ne font pas les choses à demi, si j'en juge par l'admirable instrument que M. Cavaillé Coll vient de construire pour le château de M. Hopwood à Bracewell, près de Leeds. Cet orgue est un grand seize pieds en montre avec bourdon de trente-deux pieds à la pédale ; il a les dimensions des orgues de la Madeleine, de Sainte-Clotilde et de la Trinité à Paris, dues au même facteur. Le buffet, de style gothique et d'excellent goût, occupe une largeur de huit mètres sur une hauteur de onze mètres et quatre mètres de profondeur.

Il est flanqué de deux grandes tourelles polygonales, et d'une petite tourelle, au centre, formant le point culminant, avec divers compartiments ornés de soixante-quatorze beaux tuyaux de montre en étain. Ce buffet, composé par M. Simil, architecte, a été exécuté avec le plus grand soin dans les ateliers de M. Cavaillé-Coll.

Les trois claviers et le pédalier sont "placés en console sur un meuble élégant, en avant du grand buffet, en sorte que l'organiste fait face au public. Il y a quarante-quatre registres, quarante-et-un jeux, quinze pédales de combinaison, deux pédales d'expression, et deux mille-deux-cent cinquante-deux tuyaux comprenant toute l'étendue des sons perceptibles, depuis l'ut grave du bourdon de trente-deux pieds (à l'octave basse de l'ut le plus grave du piano) jusqu'au sol suraigu du jeu de piccolo (à un pied), soit près de dix octaves. »

(Le Temps, 17 mars 1870, p. 1-2)

 

- Charenton-le-Pont, église Saint-Pierre, orgue Cavaillé-Coll (1891).

 

- Le Havre, église Saint-Michel, orgue Cavaillé-Coll (1888).

« L'orgue de Saint-Michel est l'un des plus importants du diocèse. Il possède en effet 40 jeux réels, répartis sur 3 claviers à mains et un clavier de pédales, avec une montre de 16 pieds complète, soit 2,500 tuyaux, et 16 pédales de combinaison. Le buffet, établi sur les plans de M. Simil, dans le style Henri II, est une œuvre d'art décoratif des mieux réussies. »

 

- Lourdes, basilique Notre-Dame-du-Rosaire, orgue Cavaillé-Coll (1897).

« L’inauguration de l’orgue de la Basilique du Rosaire a eu lieu dimanche 30 mai, à deux heures de l’après-midi, sous la présidence de Mgr Billère, évêque de Tarbes. L’annonce de cette fête religieuse et musicale, jointe à l’espoir d’entendre le célèbre Widor, organiste de Saint-Sulpice, avait attiré une foule considérable. Tous avaient à cœur, en effet, après la bénédiction solennelle donnée par Monseigneur, les premières harmonies de ce magnifique instrument, construit, on peut bien le dire, avec les aumônes du monde catholique tout entier accourant sans cesse à Lourdes pour glorifier la très Sainte-Vierge Marie.

Sorti d’une maison qui ne lait que des chefs-d’œuvre, l’orgue de Lourdes se compose de 40 jeux complets distribués sur trois claviers et un pédalier sur console renversée et 17 pédales de combinaison. Il contient 2.598 tuyaux dont les plus grands ont 16 pieds.

Le mécanisme de cet instrument réunit tous les perfectionnements dont l’art et la science ont été dotés par M. Cavaillé-Coll, à savoir :

1° Soufflerie à diverses pressions avec réservoirs régulateurs, pouvant être mise en jeu automatiquement par un moteur électrique ;

2° Sommiers à double laye pour alimenter séparément les jeux de fond et les jeux de combinaison ;

3°. Moteurs pneumatiques pour chacun des claviers, ce qui permet de les jouer ensemble que séparément avec la même facilité que le clavier du meilleur piano ;

4° Pédales de combinaison avec mécanisme spécial pour l’appel et le mélange des jeux.

Le buffet d'orgue décoratif a été construit sur le dessins de M. Simil, architecte ; il est orné de 54 tuyaux de Montre. »

(Le Mémorial des Pyrénées, 2 juin 1897, p. 3)

 

- Lyon, église Saint-François de Sales, orgue Cavaillé-Coll (1880).

 

- Mantes-la-Jolie, collégiale Notre-Dame, orgue Merklin (1896-97).

 

- Rennes, Cathédrale Saint-Pierre, orgue Cavaillé-Coll (1874).

 

- Rome, Basilique Saint-Pierre, orgue Cavaillé-Coll projeté mais non réalisé (1875).

 

- Saint-Servan, église Sainte-Croix, orgue Cavaillé-Coll (1884-85).

 

- Sheffield (Angleterre), Salle de concert, orgue Artistide Cavaillé-Coll (1874).

« Après avoir examiné l'intérieur de l'orgue, il nous reste à donner la description du buffet, qui est l'ornement le plus apparent de l'intérieur de la salle ; il s'étend du haut de l'orchestre au plafond, sur trente-six pieds de hauteur et autant de largeur.

Le dessin est dû à M. Alphonse Simil, architecte à Paris. Il est du style renaissance, magnifiquement sculpté, avec deux panneaux découpés sur les côtés. Chacun de ces derniers porte un médaillon, dont l'un représente le portrait de Haendel, l'autre celui de Bach.

Des tourelles, de chaque côté du buffet, contiennent les plus gros tuyaux, en étain fin et poli, des deux diapasons, pendant qu'une plus petite tourelle élevée au centre supporte quelques tuyaux moindres de la même série. Ces tuyaux de toute grandeur, sont au nombre de soixante-huit, et garnissent tout le devant du buffet. Le beau poli de leur métal sera d'un effet splendide quand la décoration du buffet sera complètement achevée. »

(Le grand orgue de la nouvelle salle de concert de Sheffield en Angleterre, construit par Aristide Cavaillé-Coll à Paris, Paris, Plon, 1874, p. 72)

 

Collecte d'informations : Olivier Geoffroy

(août 2021)



[1] NDLR. : Alphonse, Paul, Joseph, Marie Simil est né le 14 février 1841 à Nîmes (Gard), fils de Charles, Noë Simil et de Marie, Françoise, Christine Saint-Martin. Après avoir étudié à l’Ecole des Beaux-arts (promotion 1864), architecte des Monuments Historiques, il est nommé en 1874 architecte des édifices diocésains de Bayeux (Calvados), puis architecte diocésain de Nevers (Nièvre) en 1904 et plus tard à Soissons. Retraité en 1912, il décède le 6 août 1916 à Paris 6°en son domicile du 137 rue de Rennes. Le 28 octobre 1890 à Paris, il avait épousé Marie, Julie, Déline Borgleteau, née à Saint-Pierre (Martinique) en 1848, fille d’un chirurgien-dentiste. Lors de cette union, Aristide Cavaillé-Coll assistait à la cérémonie étant l’un des quatre témoins. (DHM)

 

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