Pierre Vellones


 

(photo X..., extraite de Serge Vellones,
Pierre Vellones, vingt années d'une vie musicale parisienne,
Genève, Slatkine, 1981) DR.

(© ) DR.

 

 

Excelsior, dimanche 23 juillet 1939 (DR.)

Voici quelques relations de presse spécialisée au sujet d'oeuvres de Pierre-Edouard-Léon Rousseau, dit « Pierre Vellones ». Compositeur français, né le 29 mars 1891 à Paris, mort prématurément le 17 juillet 1939 dans cette même ville, médecin de formation, il avait suivi des cours de contrepoint, fugue et composition auprès de Jean-Hugues Louvier, un ancien élève de Widor

 

« SMI (26 février) - Nous avons entendu ensuite deux fragments des Planisphères, de M. Pierre Vellones, transcrits pour harpe chromatique. Le premier reproduit les bruits du grand silence blanc au pays des banquises : crissements des glaces, sifflements du vent ; il y a là une page musicale écrite avec plus de grâce que de force. M. Pierre Vellones est un compositeur qui nous épargne les banalités, qui cisèle avec goût sa phrase, et qui a une personnalité délicate. Mais ce que je connais de lui jusqu'ici (j'avoue que c'est peu de chose) me semble petit, et son Rien que la terre est peut-être trop pris à la lettre. »

(Le Ménestrel, 8 mars 1929, p. 110)

 

« Concerts Capelle - L'audition des poèmes de M. Pierre Vellones n'est pas pour effacer cette impression. Il faut dire que ces trois mélodies (qui doivent dater d'époques différentes) sont assez diverses de style. Les Fleurs doivent être la plus récente. Le modernisme de cette mélodie ne m'impressionne nullement ; mais quelle mélancolie !... Je n'eusse jamais cru que semblable poème appelât semblable musique. Je préfère Sainte et Rondel (selon moi, d'une époque antérieure) plus claires quoique aussi mélancoliques. Mme Marthe Bréga chanta fort bien ces trois poèmes. Un retard du copiste nous priva de l'accompagnement des cordes dans les deux morceaux Chanson de la Sirène rousse et Chanson du Pilote qui furent accompagnées au piano par l'auteur, M. Maurice Jaubert.

Disons tout de suite que ces deux poèmes et les trois sérénades qui suivirent (avec trio à cordes) : la Traversée, Pour Virginie et Airs, révèlent une nature intéressante et très personnelle. Cet auteur est jeune, et je ne doute pas qu'il ne produise de belles oeuvres. Il possède le don lyrique et semble voué au théâtre, car ses accents sont justes et sa déclamation toujours expressive. »

(Le Ménestrel, 4 décembre 1931, p. 513)

 

« Concerts Colonne (samedi 10 décembre) - Quant à la Ballade de M. Pierre Vellones (dédiée à Mlle Germaine Leroux et fort bien exécutée au piano par celle-ci), elle comporte un maestoso qui est comme la fondation de l'édifice et dont on retrouvera le thème, sous une forme plus aérée, dans le cours de l'oeuvre, un allegro, qui met en valeur la vélocité de l'interprète et dont les traits légers Sont autant de parures, puis un con fuoco dramatique, prélude d'un thème oriental dont les développements abondants et pittoresques aboutissent au larghetto, conclusion poétique et rêveuse de cette Ballade.

M. Pierre Vellones a tenu à faire la part belle au piano. Il s'est servi de l'orchestre pour en obtenir des contrastes puissants, pour créer, par instants (surtout dans la partie orientale de sa ballade), une atmosphère plus lumineuse, ajouter à l'intérêt de son sujet en le faisant discuter par le bloc-clavier et le bloc de tous les autres instruments. »

(Le Ménestrel, 16 décembre 1932, p. 513)

 

« Société Nationale de musique (26 janvier) - C'est avec un plaisir de qualité que nous avons réentendu les huit poèmes, pour soprano ténor et basse avec accompagnement de flûte et basson, du Cantique des Cantiques (paroles de Jean Tahor), de Pierre Vellones. Ce sont de courtes évocations pénétrées d'une authentique poésie. La partie vocale était tenue avec une appréciable sûreté par Mildah Polia, Georges Cathelat et Robert Franc, la partie instrumentale par Paul Remond et Dhérin. »

(Le Ménestrel, 1er février 1935, p. 37)

 

« Concerts-Lamoureux - Samedi 13 novembre. — La première audition des Cinq Epitaphes de Pierre Vellones a été accueillie avec un enthousiasme peu familier au public habitudinaire des Grands concerts. Il est vrai que rien ne contrarie ses postulats les plus chers dans ces courts tableaux ironiques, mordants, sarcastiques, et dont l'un vient tout à coup figer le rire sur les lèvres et amener au bord des yeux les larmes de la pitié. II faut louer Pierre Vellones d'avoir écrit droit, vif, acéré, direct, sans laisser fléchir le train pour s'arrêter aux facilités que lui offrait la route. C'est fait sans parti pris, dans une langue nette et propre, ne visant à désorienter personne ; et l'on peut reconnaître le coin du meilleur sens épigrammatique.

Remarquons que le musicien a su choisir ses paroles avec discernement. Les XVIIème et XVIIIème siècles les lui ont fournies. Elles sont d'un inimitable bonheur. Il y a d'abord l'épitaphe d'une femme par son mari : « Car le dernier jour de ta vie fut le premier de mon bonheur » ; celle d'une dévote ; celle d'un paresseux : « Que je suis heureux ! je vais n'avoir plus rien à faire ! » ; celle du célèbre médecin en qui la mort fait une grande perte ; celle enfin qu'écrivit pour lui-même Scarron, qui passa sa vie à faire rire les autres et dont les jours ne furent qu'une longue et grimaçante torture physique. Celle-là est poignante. On n'en peut détacher sa mémoire :

 

     Passant ne fais ici de bruit,

     Prends garde qu'aucun ne l'éveille,

     Car voici la première nuit

     Que le pauvre Scarron sommeille.

 

Et Pierre Vellones a tissé autour de cet apaisement tant retardé les voiles berceurs de la symphonie...

Profitant de la présence de Pierre Bernac, qui venait d'interpréter très remarquablement les Epitaphes, Eugène Bigot eut la bonne et intuitive idée de nous donner le trop rare Poème de l'Amour et de la Mer de Chausson. Rien ne porte davantage la marque de son époque que cette oeuvre mélodieuse et désolée. Et cela ne saurait être fût-ce l'ombre d'une critique. N'est-ce pas un brevet de jeunesse que d'être bellement de son temps et d'en parler la langue ? Remercions Pierre Bernac pour cette interprétation qui fait honneur à sa sensibilité et à son talent.

Au programme enfin, la Symphonie de Franck, les Nocturnes de Debussy, l'Apprenti sorcier.

Roger Vinteuil. »

(Le Ménestrel, 19 novembre 1937, p. 307)

 

« Pierre VELLONES - On apprendra avec tristesse la mort de M. Pierre Vellones, survenue à Paris après une douloureuse maladie avait un esprit charmant et se montrait un compositeur délicat. L'Extrême-Orient l’avait attiré. Ce goût le conduisit à écrire une Danse indienne qui est au répertoire de la Chorale de Prague et des Chansons d’amour de la vieille Chine dont G. Pierné offrit la primeur aux séances de l'Exposition coloniale. Il s’était également intéressé au jazz. On trouve des témoignages de ses recherches pour l’adapter au caractère du concert symphonique dans ses Fables de Florian, John Sagh 35 et ses ouvrages pour saxophone et orchestre : le Concerto et Rastelli. L’opérette avait également sollicité sa muse. Il laisse notamment dans ce genre Leurs petites majestés dont un fragment figura sur l’affiche des Concerts Pasdeloup. M. Pierre Vellones, qui n’avait certes pas encore exprimé tout ce qu’il avait à dire, étant donné sa large ouverture d’esprit, disparaît à 50 ans. »

(L'Art musical, 28 juillet 1939, np)

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(mai 2021)


 

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