Georges DANION
28 janvier 1922 - 24 Décembre 2005



Georges Danion
Georges Danion
( coll. Annik Danion-Gonzalez )


Fernand Gonzalez
Fernand Gonzalez en 1939, peu de temps avant sa disparition à l'âge de 36 ans, le 9 juin 1940 au dessus d'Épernay, à bord de son avion, un Potez 63, lors d'un combat aérien l'opposant à sept Messerschmitt et au cours duquel il réussit à en abattre trois
( coll. Annik Danion-Gonzalez, avec son aimable autorisation )
Victor Gonzalez
Victor Gonzalez harmonisant l'orgue de salon d'André Marchal, dans son appartement de la rue Duroc à Paris, 1953
( coll. Annik Danion-Gonzalez, avec son aimable autorisation )

Avec une grande gentillesse, il m'a été demandé de parler de mon mari, Georges DANION, décédé le 24 décembre dernier.

Après soixante ans de travail commun, d'estime et de complicité, ce m'est un devoir de mémoire et je réponds avec une profonde émotion.

Georges, né le 28 Janvier 1922 à Luçon en Vendée, a vécu, dès l'âge de deux ans à Paris.

Sous l’occupation allemande, il vécut la clandestinité.

Lorsqu'il a connu mon grand-père, Victor GONZALEZ, lors de notre mariage en 1945, il jouait remarquablement du violon . Devant ses compétences musicales, mon grand-père lui a proposé de le former au métier de facteur d'orgues, pour remplacer son fils, Fernand, mort à trente six ans, en combat aérien, en juin 1940.

C'est donc en 1947 que Victor GONZALEZ est devenu son maître qu'il vénérait. Tous deux ont participé avec entre autres, Norbert DUFOURCQ, éminent musicologue et André MARCHAL, organiste renommé, à l'élaboration de l'orgue néo-classique, difficile et riche synthèse entre l'orgue classique et l'orgue romantique permettant aux compositeurs du 20ème siècle de s'exprimer.

Il se passionnait tout particulièrement pour l'harmonisation que Victor GONZALEZ lui enseignait.

En février 1992, il a été convié par l'Université de Denton, au TEXAS, à donner une conférence devant quelque deux cents organistes, en compagnie de Marie-Claire ALAIN, Marie-Madeleine DURUFLÉ, Marie-louise LANGLAIS, représentant Jean LANGLAIS décédé, et Jacqueline MARCHAL, représentant André MARCHAL, décédé.

Après le décès de Victor GONZALEZ, en 1956, il a pris la direction des Ets.GONZALEZ, Sarl, créés en 1930 par Victor et Fernand GONZALEZ, à Châtillon-sous-Bagneux, dans les Hauts de Seine.

En 1963, il a transféré l'entreprise transformée en S.A. à Rambervillers, dans les Vosges, les locaux comprenant, ainsi qu'à Châtillon, une grande salle de montage, des ateliers de menuiserie et de tuyauterie où l'on coulait l'étain et fabriquait la totalité de la tuyauterie de métal fournie dans les orgues neufs, (notamment, les grandes orgues de la Cathédrale de Beauvais, y compris le grand 32 pieds).

En 1980, nous avons créé la MANUFACTURE LANGUEDOCIENNE de GRANDES ORGUES - sarl à Lodève, dans l'Hérault, gérée aujourd'hui par Charles SARÉLOT.

Georges a toujours été entouré de spécialistes compétents qui ont su le comprendre et participer admirablement à ses grandes réalisations.

Malheureusement, il a subi de nombreuses attaques de détracteurs du néo-classicisme, farouches passéistes, jusqu'à être victime d'une cabale. Devant tant d'acharnement, de mensonges éhontés et d'actions diffamatoires, qu'il dédaignait, il lui a fallu pourtant, poussé par moi-même et pour protéger son entreprise, au nom de la vérité, intenter un procès qu'il a gagné. Il n'a jamais fléchi. Sa droiture lui donnait cette force reconnue de tous, allant de l'avant au service de son art.

Georges Danion
Georges Danion,
chevalier de la Légion d'honneur
( coll. Annik Danion-Gonzalez )
Georges Danion (orgue de salon d'André Marchal)
Georges Danion à l'orgue de salon d'André Marchal, à Hendaye
( coll. Annik Danion-Gonzalez )

Collaboratrice toujours à ses côtés, je l'ai vu mener de main de maître, malgré toutes les difficultés inhérentes à la facture d'orgues, l'entreprise GONZALEZ comportant, à une certaine époque, jusqu'à cinquante spécialistes, faire face aux exigences de l'Administration dont il dépendait entièrement, techniquement et financièrement lorsque les marchés émanaient des Monuments Historiques, et cela sans chercher à nuire à quiconque, j'en suis le témoin privilégié.

Il n'a jamais lâché ceux qu'il estimait et aimait. Il a toujours su prendre ses responsabilités.

En 1999, il a été nommé chevalier de la Légion d'Honneur, au regard de ses grands travaux attribués, pendant plus de cinquante ans par les Ministères de la Culture successifs.

Je cite, ci-dessous, parmi bien d'autres témoignages, la préface du programme d'inauguration de l'orgue de la Cathédrale de MEAUX construit par ses soins, signée par Olivier MESSIAEN, confortant l'engagement de Georges :

"  La cathédrale de MEAUX, dont le grand BOSSUET fut l'évêque, avait besoin d'un orgue important dont les timbres fussent capables d'exprimer les voix religieuses des siècles passés et de l'époque contemporaine.

Les restaurateurs l'ont compris. Ils viennent d'achever un instrument de synthèse sur lequel il sera possible de jouer FRESCOBALDI et Nicolas de GRIGNY, aussi bien que J.S. BACH, les romantiques et les maîtres du 20e siècle, depuis DUPRÉ.

Réjouissons-nous d'une telle ampleur de vue, et souhaitons à ce nouvel instrument de résonner souvent grâce à des exécutants éclectiques "

Combien, parmi les plus grands, lui ont manifesté leur approbation et leur soutien !

Georges n'était pas seul, il était en bonne compagnie !

Il n'a jamais douté. Il était convaincu qu'un art n'est riche que s'il est éclectique et non figé.

Il possédait la dignité naturelle des gens qui croient à ce qu'ils font.

Il est parti en paix, faisant confiance aux facteurs d'orgues du 21e siècle qui devront assurer la pérennité de son beau métier.


Georges Danion (de profil) en compagnie de Norbert Dufourcq (à droite) et du comte Béranger de Miramon Fitz-James, Président des Amis de L'Orgue (à gauche)
Georges Danion (de profil) en compagnie de Norbert Dufourcq (à droite) et du comte Béranger de Miramon Fitz-James, Président des Amis de L'Orgue (à gauche)
( coll. Annik Danion-Gonzalez )

Orgue de la cathédrale de Chartres
Orgue de la Maison de la Radio, Paris
Grand orgue de la cathédrale de Chartres, construit en 1971 par les Établissements Danion-Gonzalez
( coll. Annik Danion-Gonzalez )
Georges et Annik Danion en août 2000 dans leur bureau à Lodève
(coll. Annik Danion-Gonzalez) DR.
Orgue du studio 104 (rebaptisé auditorium Olivier Messiaen) de la Maison de la radio à Paris, construit entre 1957 et 1966 par les Établissements Danion-Gonzalez, inauguré le 17 février 1967 par Gaston Litaize
( photo Julien Girard, avec son aimable autorisation )
Fichier MP3 César Franck, 3ème Choral en la mineur (extrait), Elisabeth Havard de la Montagne, 19 juin 1973,
basilique Saint-Denis d'Argenteuil, inauguration grand orgue Danion-Gonzalez (coll. D.H.M.)

Notice obituaire de Georges Danion sur Musica et Memoria.
Cathédrale de Chartres, octobre 2023: l'orgue en réfection, sans ses tuyaux.
(photos Laurent Thierry)

 


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