QUELQUES GLANES SUR
EUGÈNE GIGOUT


Eugène Gigout
Eugène Gigout en 1912
( Photo Henri Manuel, coll. Martial Morin ) DR

 

Eugène Gigout
en uniforme de l'Ecole Niedermeyer, 1860
( Catalogue Exposition, Ville d'Issy-les-Moulineaux, printemps 1990 )

Qui ne connaît pas cet éminent musicien (1844-1925), compositeur, organiste durant plus de 60 ans à l’église Saint-Augustin (Paris), élève de Saint-Saëns à l'Ecole Niedermeyer, puis professeur dans cette même école où il compta parmi ses disciples Fauré, Messager, Erb et Boëllman? Ajoutons pour terminer cette esquisse de portrait qu'il donna de nombreux récitals en France et à l’étranger et qu'il succéda à Guilmant, en 1911, dans sa classe de professeur d’orgue au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Les études biographiques sur Gigout ne manquent pas et il n'est pas dans notre prétention d'en écrire une nouvelle ! Cependant nous publions ci-après quelques documents inédits ou très peu connus, que nous avons découverts çà et là au fil de nos recherches sur les organistes et maîtres de chapelle français.

D.H.M.

 

Voici tout d'abord la lettre qu'écrivit en 1856 François Gigout, sacristain de la cathédrale de Nancy, au Ministre des Cultes afin d’obtenir une bourse pour inscrire son fils Eugène à l'Ecole de Musique classique et religieuse de Niedermeyer à Paris (A.N., F21/4625) :

Monsieur le Ministre,

Je soussigné François Gigout, sacristain de la cathédrale de Nancy, ai l'honneur d'exposer à votre Excellence, qu'un de mes fils âgé de 12 ans, enfant de chœur a toujours eu, dès le plus bas âge un goût prononcé et une aptitude spéciale pour la musique.

Cependant je n'envisageais dans les dispositions musicales de cet enfant qu'un moyen de charmer ses loisirs et de le soustraire aux plaisirs dangereux qui sont souvent l’écueil de la jeunesse. Père de 7 enfants, je n'ai jamais eu d'autre désir dans ma modeste position, que de donner à mes fils une éducation religieuse et de la diriger vers une carrière professionnelle qui les mit en état de gagner honorablement leur vie et de me seconder un peu dans la tâche laborieuse d'élever ma nombreuse famille. Mais aujourd'hui que son goût et son aptitude pour la musique religieuse sont devenus une véritable vocation, sur les instances de son maître, j'ai cru qu'il était de mon devoir de père de ne point m'opposer à cette vocation.

Cependant, Monsieur le Ministre, je suis sans ressources et j'ai le regret de ne pouvoir faire aucun sacrifice pour l'éducation musicale de mon fils; c'est pourquoi je viens avec confiance, avec le certificat de son maître et la recommandation spéciale de Monseigneur le premier aumônier de l'Empereur, solliciter pour mon enfant une bourse entière à l'école de musique religieuse dirigée par Mr Niedermeyer, afin qu'il puisse développer son talent naissant. Je serai heureux de devoir son avenir à la bienveillance du ministre d'un gouvernement tutélaire qui sait se montrer bienveillant pour l'enfant du peuple.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de mon profond respect.

signé: Gigout

Fragment de la lettre de François Gigout adressée en 1856 au Ministre de l'Instruction publique et des Cultes
( A.N. F21/4625 )











Eugène Gigout au grand orgue de l'église Saint-Augustin
Musica, 1902 )

Non datée, on ne peut dire à quel Ministre cette lettre était destinée : on sait cependant qu’elle avait été écrite en 1856. Nous sommes depuis 1852 sous le Second Empire avec Napoléon III et deux ministres de l’Instruction publique et des cultes se succèdent justement en 1856 : le réformateur de l'université Hippolyte Fortoul, mort le 7 juillet, est remplacé, à compter du 13 août, par le catholique gallican Gustave Rouland. Que ce soit l'un ou l'autre de ces deux ministres, cela importe peu en réalité, car une bourse fut effectivement accordée et le jeune Gigout put étudier la musique dans cette école durant 7 ans (1857 à 1863). Quant au certificat de son maître dont fait état le père Gigout dans sa lettre, en voici le contenu :

Certificat de Georges Hess, 5 mai 1856
( A.N. F21/4625 )

Je soussigné J. Georges Hess organiste de la Cathédrale et du Lycée, Professeur de piano au Couvent du Sacré [ Coeur ] de Nancy, certifie par les présentes que mon Elève le jeune Eugène Gigout, fils du sacristain de la cathédrale de cette ville; a de très grandes dispositions pour la musique et surtout pour la musique religieuse dans laquelle il est déjà assez avancé - et que si cet Enfant est reçu à l'excellente Ecole de Musique religieuse de Mr Niedermeyer il y deviendra - bien certainement avec les rares moyens et les bonnes et solides Etudes que l'on fait dans cette Ecole un sujet distingué.

Fait à Nancy le 5 mai 1856

signé: hess

Georges Hess, organiste de la cathédrale de Nancy, est le père d'Henri Hess. Elève au Conservatoire de Paris (1er prix d'orgue en 1866) et candidat malchanceux au concours du Prix de Rome en 1866, il succéda à son père à l’orgue de la cathédrale de Nancy en novembre 1868. Gigout, entre 1854 et 1857, alors âgé de 10 à 13 ans suppléa parfois ses professeurs dans cette église : Hess au grand orgue, mais également Bazile Maurice à l'orgue de chœur.

 

Voici à présent l'allocution prononcée par l'Abbé Lacour, premier vicaire de Saint-Augustin, lors des obsèques de Gigout célébrées dans cette église le samedi 12 décembre 1925 (Bulletin de l’Association paroissiale de St-Augustin, 2l° année, n° 233, février 1926, pp.11-12) :

Mes biens chers frères,

Si je suis monté dans cette chaire à la place du vénéré curé de Saint-Augustin, empêché, à sa grande douleur, par la maladie de prendre ici la parole, c'est pour payer le juste tribut d'hommages et de reconnaissance que la paroisse doit à son grand organiste, le maître Eugène Gigout.

Des voix autorisées célébreront tout à l'heure et demain dans la presse son talent, l'importance et le mérite de son œuvre. Elles diront la perte que fait l'art chrétien et le diocèse de Paris.

Ici nous sommes encore sous le charme des deux discours incomparables que prononçait Monseigneur Jouin, l'un il y a deux ans aux noces de diamant de M. Gigout, l'autre il y a un mois à peine pour la cérémonie de la restauration de l'orgue, discours dans lesquels en artiste lui aussi, avec une virtuosité merveilleuse et un sens exquis du beau dans la musique religieuse, il magnifiait l’œuvre du maître et montrait comment ses improvisations toujours heureusement renouvelées interprétaient le sens véritable des hymnes chrétiens et de la liturgie.

Eglise Saint-Augustin (Paris VIII°) dans les années trente
( Coll. D.H.M. )

Ce que je veux, ce que je dois souligner à cette heure, c'est la tristesse profonde qu'a causée dans la paroisse la nouvelle de la mort de M. Gigout et le vide qu'elle nous laisse.

M. Gigout tenait l'orgue de Saint-Augustin depuis 62 ans; il avait assisté à la fondation de la paroisse. Il en avait partagé les gloires et les épreuves. Avec lui disparaît un des rares témoins de l'histoire et de la vie de Saint-Augustin - ne semble-t-il pas qu'il en emporte un lambeau avec lui?

Mes frères nous devons prier et nous prions de toute la ferveur de notre âme pour l'artiste chrétien qui nous aidait si bien à prier, qui du haut de la tribune et de l'orgue répandait sur l'assemblée des fidèles aux jours de fête des flots d'harmonie et de poésie religieuse qui les portaient à glorifier le Seigneur et son Eglise.

Nous garderons aussi le souvenir édifiant de l'homme au caractère élevé, à la haute conscience professionnelle, de l'homme de devoir que fut toujours M. Gigout pendant sa longue carrière.

Tous ceux qui l’approchaient et qui entraient en rapport avec lui ne s'arrêtaient pas à l'estimer mais étaient vite portés à l'aimer parce que la bonté rayonnait de son cœur. Sa grande bienveillance envers tous, son humeur toujours égale, la sérénité de son âme malgré les épreuves qui l'avaient assailli, laissaient deviner en lui un véritable artiste et un homme de bien.

M. Gigout a bien mérité du diocèse de Paris et de l'église Saint-Augustin. Sa mémoire restera en bénédiction parmi nous et son souvenir sera gravé en traits inoubliables dans les fastes de cette grande paroisse.

Encore une fois, demandons à Dieu qu'il reçoive l'âme de M. Gigout dans son sein, sans sa gloire si ce n'est déjà fait, et qu'il lui donne la place qu'elle mérite dans le concert des élus pour y chanter, comme on le disait si bien dernièrement, l'alleluia final et y jouir des harmonies éternelles et infinies !

Amen

 

PROGRAMME MUSICAL DES FUNÉRAILLES

ENTRÉE
Élégie Boëllmann
De profundis Chant liturgique
Ergo sum Gounod
MESSE
Kyrie Niedermeyer
Dies irae Chant liturgique
Andante Saint-Saëns
Ecce Panis Gigout - Vivet
Domine non secundum Franck
Allocution  
ABSOUTE
Libera me Samuel-Rousseau
In paradisium Fauré
SORTIE
Marche funèbre E. Gigout

 

Eugène Gigout fut inhumé au cimetière de Montmartre. Voici pour terminer un compte-rendu d’Armand Vivet (1869-1956), qui fut maître de chapelle de Saint-Augustin durant 68 ans !, concernent l'inauguration du moment élevé à la mémoire de Gigout en 1931 :

Le samedi 30 mai, lorsque, au déclin vespéral, les nuées accrochaient un voile de deuil aux cyprès du cimetière de Montmartre, M. Paul Léon directeur des Beaux Arts, membre de l'Institut, entouré de la famille Gigout-Boëllmann et d'une assistance de notabilités musicales, a inauguré le monument érigé à la mémoire du cher Maître par ses amis, ses admirateurs et ses anciens disciples associés dans cette pieuse et ultime manifestation.

Le monument dû à l'éminent sculpteur Aronson se compose d'une large stèle en pierre décorée d'un médaillon en bronze reproduisant de profil la physionomie du Maître, avec cette inscription:

EUGENE GIGOUT
1844-1925

Génie fin, délicat, homme au cœur simple et bon, de la plus haute et plus pure élévation morale Gigout réunit en lui les qualités les plus exquises et les plus nobles.

C'est un Français de France.

Gabriel Fauré

La cérémonie avait commencé par une allocution de M. Henry Moreau, président de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique. Elle se poursuivit par un touchant discours de M. Albert Chantrier au nom des anciens élèves de l'Ecole Niedermeyer, puis, en l'absence de M. Henri Rabaud, directeur du Conservatoire, retenu par les concours de fin d'année, un véritable panégyrique fut prononcé par le Comte de Miramon Fitz-James, président de l'Association " Les Amis de l'orgue ".

Pour couronner ces justes tributs de louanges, M. le Directeur des Beaux-Arts apporta la consécration de l’homme officiel en une envolée académique dont voici la péroraison :

Plus de huit années ont passé depuis qu'au Conservatoire nous étions tous réunis, disciples, admirateurs, amis, pour apporter à un maître vraiment digne de ce beau nom, dont trop souvent on abuse, l'hommage de notre gratitude et la ferveur de nos vœux. Un fidèle et commun souvenir nous réunit aujourd'hui dans l'intime simplicité qui fut celle de sa vie, attestant par notre présence que le vrai tombeau des morts est dans le cœur des vivants. Qui de nous devant l'image taillée par le ciseau vibrant du grand statuaire Aronson évoquant tant d'ombres chères et tant d'amis disparus, ne sent la secrète présence de ces deux génies tutélaires auxquels s'est associé le destin d'Eugène Gigout : André Messager et notre génial Fauré?

C'est une antique croyance que celui de nous qui meurt jeune est, entre tous, aimé des dieux, mais n'est il pas l'élu de la Providence celui qui, comme notre ami, au soir d'une longue existence, peut regarder derrière lui avec fierté, devant lui avec confiance, et répéter dans toute la sérénité de son âme la parole de l'Ecriture : Maintenant l’œuvre est accomplie, tu peux rappeler ton serviteur...

Signature autographe d'Eugène Gigout, avril 1904
( Coll. D.H.M. )

Gigout nous a quittés sans connaître ni déchéance, ni déclin. C'est la musique en personne disait de lui César Franck, et pour avoir incarné l'art à l'égal d'une religion, Gigout vivra par ses œuvres, par ses élèves, par ses leçons dont, même alors qu'en sera perdue depuis longtemps l'origine, le sens profond demeurera. Le temps qui n'épargne pas tant de gloires éphémères, le maintiendra en sa vraie place, parmi ceux qui furent à la fois les serviteurs et les maîtres des plus nobles traditions de la musique française.

Armand Vivet

Fichier MP3 Écoutez la Toccata en si mineur d'Eugène Gigout par François Tricot au grand-orgue de l'église Sainte-Clotilde.

Eugène Gigout, entre les deux Suisses, à la sortie de Saint-Augustin en 1923
Eugène Gigout, entre les deux Suisses, à la sortie de Saint-Augustin en 1923
( cliché Agence de presse Meurisse, Paris, coll. Bnf ) DR



Eugène Gigout dans la revue La Lorraine artiste

 

 

Ce périodique imprimé à Nancy s'est fait l'écho de la carrière de Gigout, lui-même né à Nancy.

 

« M. Eugène Gigout, un jeune organiste et compositeur lorrain de grand mérite, vient de publier un recueil pour orgue, composé de cent pièces brèves dans la tonalité du plein chant grégorien. Cet ouvrage a été fort remarqué par les maîtres, et a été honoré d'une souscription du ministère. Voici d'ailleurs en quels termes en parle M. Victorin Joncières. La compétence incontestée du critique donne une valeur toute particulière à l'éloge.

 

La musique religieuse qu'on entend dans nos églises s'est insensiblement épurée depuis plusieurs années. L'accompagnement du texte liturgique s'y fait aujourd'hui suivant les tonalités même du plain-chant et les pièces pour orgue seul ont, en général, le caractère qui convient au lieu où elles sont exécutées. Un des artistes qui ont le plus contribué à cette reconnaissance du style sacré, M. Gigout vient de faire paraître une composition qui m'a vivement intéressé. Je pense que ces cent petits morceaux d'une variété constante dans la forme produiront la même impression sur ceux qui prendront la peine de feuilleter ce recueil.

 

Sans s'écarter de la tonalité propre au chant grégorien authentique, M. Gigout ne s'est pas cru obligé de se renfermer dans un archaïsme outré et de donner à chaque pièce un caractère exclusivement scolastique ; il a cherché la variété de l'expression musicale dans l'unité tonale grégorienne et j'ajouterai que, dans cette recherche, il a été guidé par un goût très sûr, aidé d'une imagination fertile, qui lui a permis de renouveler sans cesse sa forme, toujours avec un nouvel intérêt.

 

C'est ainsi qu'on trouve, à côté de certaines pièces empreintes d'un sentiment moderne très accentué, des morceaux basés sur de simples procédés contrapontiques. Pour ces derniers, on voudra bien reconnaître avec l'auteur que la musique a vécu glorieusement, durant une longue période, de ces combinaisons peut être trop délaissées de nos jours.

 

Ces cent pièces, que vient de publier M. Gigout n'ont pas épuisé la riche imagination du jeune organiste, qui déjà s'est remis à l'oeuvre pour écrire un second recueil de cent nouvelles pièces, conçues dans le même esprit que le premier. Puisse-t-il être aussi bien inspiré pour cette nouvelle tâche ! »

(5 mars 1889, p. 126-127)

 

« M. Gigout — La réouverture des cours d'orgue, de plain-chant et d'improvisation fondée en 1885, avec l'appui du ministère des beaux-arts, par M. Eugène Gigout, organiste de Saint-Augustin, a eu lieu le 3 octobre courant. Comme les années précédentes, des auditions publiques seront données par les élèves dans le courant de l'année scolaire. Le directeur-fondateur de ces cours s'est adjoint, comme professeur suppléant, M. Léon Boëllmann, organiste de Saint-Vincent-de-Paul. Un grand orgue Cavaillé-Coll est à la disposition des élèves pour leur travail journalier. »

(16 octobre 1890, p. 382)

 

« Hymne à Carnot — M. E. Gigout, le brillant organiste de St Augustin, a composé en l'honneur du président de la République un hymne qui a été joué, pendant le banquet du 6 juin, par la musique du 260 sous l'habile direction du sympathique M. Bouchel. Cette oeuvre nouvelle du distingué compositeur est, de l'avis de toutes les personnes compétentes, traitée avec une profonde science et une inspiration du meilleur goût. »

(12 juin 1892, p. 397)

 

« M. Eugène Gigout — En demandant à M. Eugène Gigout de venir inaugurer le grand orgue construit pour la salle Poirel par la maison Cavaillé-Coll, la direction des Concerts du Conservatoire entendait rendre hommage au talent universellement apprécié de l'organiste de Saint-Augustin : en répondant à cette invitation, M. Eugène Gigout a voulu témoigner de son filial attachement à sa ville natale.

 

Car, c'est à Nancy que Gigout est né, le 23 mars 1844, c'est à la Maîtrise de la Cathédrale qu'il a commencé ses études et le grand artiste d'aujourd'hui aime à rappeler ce que l'enfant d'alors dut à M. Hess, le père du distingué titulaire actuel de l'orgue de notre Cathédrale, qui fut son premier maître et l'aida, en toutes manières, dans les débuts si difficiles toujours de la carrière musicale.

 

Notre jeune concitoyen partit pour Paris, à peine âgé de 13 ans et entra à l'école de Musique Religieuse, fondée par Niedermeyer, pour y parfaire son instruction artistique : il fut l'un des plus distingués élèves du célèbre auteur du Lac, devint son gendre et professa pendant plus de 20 ans à cette même école, où il avait étudié. Plus tard, en 1885, il fonda lui-même une école d'orgue où depuis treize ans il a formé nombre d'excellents élèves qui ont puisé dans son enseignement si sûr, le goût des austères beautés de la musique d'église et des oeuvres des grands maîtres de l'orgue, les Bach, les Haendel, les Franck.

 

C'est en 1803 que Gigout devint titulaire de l'orgue de l'église Saint-Augustin : nous l'y retrouvons encore aujourd'hui après trente-cinq ans d'exercice. Mais en même temps qu'il initiait les jeunes musiciens à la pratique du plus complet des instruments, il conviait le public à de grandes auditions, tant à la salle du Trocadéro qu'à la Salle d'Harcourt ; et les parisiens appréciaient sa virtuosité et son style dans l'exécution des chefs-d'oeuvre classiques et modernes et applaudissaient les improvisations du maître où la saveur de l'inspiration se rehausse toujours d'une forme impeccable. L'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne reçurent tour à tour la visite de l'éminent organiste et partout il a laissé d'inoubliables souvenirs. Il est de taille, certes, à faire mentir le proverbe : Nul n'est prophète en son pays et le public nancéien lui réservera, nous en sommes sûr, le plus chaleureux accueil.

 

Gigout a écrit nombre de belles oeuvres pour l'orgue : citons, outre ses grandes pièces, Grand choeur dialogué, Prélude et Fugue en si bémol', Rhapsodie sur des airs Catalans, Rhapsodie sur des Noël, Toccata, Scherzo, etc., plus de trois cents pièces dans la tonalité du plain-chant, où le sentiment religieux s'unit à un excellent style musical.

 

Eugène Gigout est officier de l'Instruction publique (1885) chevalier de la Légion d'honneur (1895) commandeur de l'ordre d'Isabelle-la-Catholique (1888). »

(6 mars 1898, p. 81-82)

 

« M. Eugène Gigout est né à Nancy, le 23 mars 1844. Il fit ses premières études à la maîtrise de la cathédrale, puis il partit pour Paris où il suivit les cours de l'école Niedermeyer. En 1863, il obtint le poste d'organiste de la paroisse Saint-Augustin, et depuis, parvenu à la célébrité, donna à Paris et ailleurs, de nombreux concerts ou récitals et participa à de nombreuses inaugurations d'orgues, tant en France qu'à l'étranger. Il a fondé en 1885 l'Ecole de cours d'orgue et d'improvisation, pour laquelle il a obtenu l'appui de l'Etat. M. Gigout n'est pas seulement un admirable exécutant, c'est aussi un compositeur de grand mérite. Il a écrit surtout de la musique d'orgue et d'harmonium : pièces diverses, préludes et fugues, un recueil de Cent pièces brèves dans la tonalité du plain-chant, un album grégorien contenant 230 morceaux, etc. Citons aussi de lui de la musique pour piano à deux et à quatre mains, des mélodies, de la musique vocale religieuse, etc. Enfin M. Gigout a collaboré à plusieurs publications et revues musicales. Chevalier de la Légion d'honneur. »

(15 janvier 1902, p. 25-26)

Collecte : Olivier Geoffroy

(juillet 2022)

 


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