Massenet et l'Opéra de Monte-Carlo

Monument Massenet devant l'Opéra de Monte-Carlo
Terrasses du Casino de Monte-Carlo. Buste de Massenet en pierre (95 cm de hauteur) dû au sculpteur russe Léopold-Bernard Berstamm, posé sur un piédestal de 190 cm, inauguré le 23 février 1914.
( photo France Ferran )

 

Dessinée par Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, la salle de spectacle monégasque, inaugurée le 29 janvier 1879, va s’inscrire tout naturellement dans l’âge d’or artistique de la Principauté.

Parmi les compositeurs les plus sollicités par l’Opéra de Monte-Carlo, Jules Massenet en aura été " l’enfant chéri ". En plus de ses œuvres entrées au répertoire, pas moins de sept de ses opéras y voient le jour sur une période de vingt années, de 1902 à 1922.

Cette scène, à la réputation rapidement internationale grâce à la clientèle cosmopolite qui fréquente la Principauté, saura accueillir la création de La Damnation de Faust de Berlioz, L’Enfant et les Sortilèges de Ravel ou encore Pénélope de Fauré.

Son directeur en est l’avisé Raoul Gungsbourg1, également compositeur.

Massenet, quant à lui, pourra faire découvrir avec une fréquence quasi biennale ses partitions inédites : sur vingt-cinq opéras, cinq de son vivant, les deux derniers posthumes, vont être présentés en première mondiale à Monte-Carlo, soit près d’un tiers de sa production pour la scène : Le Jongleur de Notre-Dame, 1902 – Chérubin, 1905 Thérèse, 1907 - Don Quichotte, 1910 – Roma, 1912 – Cléopâtre, 1914 – Amadis, 1922.

Dans une lettre en date du 22 février 1910, à la veille de la création de son Don Quichotte2, le musicien, hôte privilégié du Palais, exprime sa " reconnaissance absolue " au Prince Albert Ier de Monaco, alors que, écrit-il " cette année encore, l’Opéra de Monte-Carlo ajoute une page au livre de mes espoirs… " Le rôle-titre est tenu par la basse russe Fédor Chaliapine3, que Paris venait de découvrir dans une magistrale interprétation de Boris Godounov à l’Opéra. Chaliapine venu en France à l’instigation de Diaghilev, dont la troupe des Ballets Russes allait bientôt s’illustrer à Monte-Carlo.

Un public d’habitués passionnés a suivi les productions de Massenet. A sa mort, ils voudront pérenniser son souvenir par l’érection d’un petit monument à sa gloire. Et c’est ainsi que, devant l’entrée de l’Opéra, le buste en pierre de Massenet continue d’accueillir les spectateurs de la salle monégasque.

France FERRAN

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1) Raoul Gungsbourg (Bucarest, 1860-Monte-Carlo, 1955) directeur de théâtre, écrivain et, en tant que compositeur, auteur d'une dizaine d'ouvrages lyriques. Après avoir dirigé les Opéras de Lille et de Nice, grâce à son exceptionnelle longévité, il restera à la tête de celui de Monte-Carlo quelque soixante ans de 1892 à 1951. [ Retour ]

2) Pour le centenaire de l'Opéra de Monte-Carlo, le rôle-titre aura pour interprète Jacques Mars, grande basse noble de l'Opéra de Paris, qui vient de disparaître le 29 avril 2003. [ Retour ]

3) Fédor Chaliapine sera la vedette du film Don Quichotte de Pabst (1933). Le chanteur russe s'illustra aussi par son comportement excentrique au Capitole de Toulouse. Durant la saison 1931-1932, ayant séduit le public avec un magnifique Basile du Barbier de Séville, la direction du théâtre lui demanda d'interpréter Boris Godounov.
Voici comment dans " Le Théâtre du Capitole, 1542-1977 " (Ed. Privat ) est relatée sa prestation par Auguste Rivière et Alain Jouffray : " Pour lui donner la réplique, Chaliapine fit venir spécialement un de ses compatriotes, le ténor Posemkavsky. Mais le chef d'orchestre négligea de tenir compte des observations et des caprices de la grande basse russe et le spectacle tourna à la catastrophe. Chaliapine entendit diriger l'orchestre depuis la scène, marquant la mesure à coups de talons ou par des gestes nerveux, sans doute déplacés. Le chef en vint à quitter la fosse à chaque apparition de Boris ! ... Le Capitole ne revit jamais Chaliapine. "
Le bruit courut que Chaliapine, après avoir obtenu un cachet exceptionnel - d'où une augmentation sensible du prix des places - durant son séjour toulousain, assuré dans le plus grand hôtel de la ville, avait fait venir une imposante suite. Il laissa une note pharaonique à la charge du malheureux directeur du Capitole Carrié, par ailleurs violemment critiqué par la presse pour cette représentation désastreuse! [ Retour ]

 


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