Orgues construits en France par la manufacture Anneessens


 

Charles Anneessens (1835-1903)
DR.

 

Cette manufacture d’orgues flamande, fondée en 1830 à Ninove par Pieter-Hubertus Anneessens (1810-1888) a été principalement active jusqu’en 1976, année du décès de Paul II Anneessens, arrière-petit-fils du fondateur. En 1893, le fils de Pieter, Charles Anneessens (1835-1903), alors installé à Grammont (Belgique), déménage l’entreprise en France, à Halluin (Nord) avec une succursale à Menin (Belgique). La « Manufacture de grandes orgues et harmoniums de Ch. Anneessens et fils », en pleine essor, emploie à cette époque une centaine d’ouvriers avec lesquels il construit ou restaure des centaines d’instruments principalement en Belgique, mais aussi un bon nombre en France et quelques-uns en Grande-Bretagne. Les lecteurs peuvent utilement se reporter au « Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du 9e siècle à nos jours », sous la direction de Malou Haine et Nicolas Meeùs (Liège, P. Mardaga, 1986) qui fournit de nombreuses précisions tant sur cette famille que sur leurs travaux en Belgique.

[note de la rédaction de « Musica et Memoria »]

 

Ci-dessous, une liste non exhaustive de constructions neuves ou de reconstructions effectuées en France par cette manufacture, dressée par Olivier Geoffroy.

 

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Ailly-sur-Noye (Somme), église Saint-Martin (1899)

 

Annecy (Haute-Savoie), église Notre-Dame-de-Liesse (1894)

 

Arinthold (Jura), église Notre-Dame-de-L'Assomption (1900)

 

Ax-les-Thermes (Ariège), église Saint-Vincent (1897)

 

Bacqueville (Eure), église Saint-Pierre (1899) :

 

« Arr. de Dieppe. Bacqueville. L'inauguration du magnifique instrument, dont vient de s'enrichir l'église de cette paroisse, a eu lieu le jeudi 29 juin avec le plus grand éclat et le succès le plus complet. Donnons d'abord la composition de ce grand orgue, digne d'une cathédrale. Il comprend 35 jeux et près de 2,000 tuyaux répartis sur quatre claviers. Le premier clavier, positif, nous offre un bourdon de 8 pieds, un violoncelle de 8 pieds, unda maris de 8 pieds, dulciana de 4 pieds, flûte octaviante de 4 pieds, une quinte, une clarinette de 8 pieds. Ce dernier jeu est des plus remarquables. Le deuxième clavier, grand orgue, est composé d'une montre de 16 pieds, d'un bourdon de 16 pieds, d'une montre de 8 pieds, d'un bourdon de 8 pieds, d'un très joli violon de 8 pieds, d'une flûte harmonique de 8 pieds, d'un prestant de 4 pieds, d'une doublette de 2 pieds, d'un cornet, d'une bombarde de 16 pieds très puissante et très réussie, d'une trompette de 8 pieds, d'un clairon de 4 pieds. Le troisième clavier, récit expressif, est très riche et très varié. On y trouve une flûte traversière de 8 pieds, un cor de nuit de 8 pieds, une gambe de 8 pieds, une voix céleste de 8 pieds, ocarina de 4 pieds, octavin de 2 pieds, piccolo, un plein jeu, une excellente trompette harmonique de 8 pieds, un basson hautbois de 8 pieds, et une très belle voix humaine de 8 pieds. Le quatrième clavier, pédales, est formé d'une contrebasse de 16 pieds, d'une soubasse de 16 pieds, d'une bombarde de 16 pieds, d'une flûte basse de 8 pieds, toutes d'une sonorité et d'une force éclatantes, et d'un tuba de 8 pieds, du plus charmant et du plus saisissant effet.

Tous ces jeux ont été traités avec un soin scrupuleux ; leurs timbres sont très francs et très distingués, et ils ont été harmonisés de main de maître. Les experts ont trouvé tous les tuyaux d'excellente qualité, le mécanisme solide, très ingénieux et très aisé. Le nouveau système tubulaire pneumatique appliqué à l'orgue défie toute critique et toute concurrence.

La facture de ce magnifique instrument fait le plus grand honneur à MM. Anneessens, de Halluin (Nord), qui ont su joindre à tous les perfectionnements modernes apportés aux grandes orgues les qualités de sonorité et d'ampleur, si précieuses et si rares aujourd'hui, des anciennes orgues. »

(La Semaine religieuse du diocèse de Rouen, 8 juillet 1899, p. 660-661)

 

Baron (Oise), église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (1901)

 

Bellême (Orne), église Saint-Sauveur (1898)

 

Béziers (Hérault), église Saint-Jude (1894), ancien orgue de choeur de la cathédrale de Béziers

 

Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), église Saint-Joseph (1890)

 

Blendecques (Pas-de-Calais), église Sainte-Colombe (1905)

 

Bourbon-l'Archambault (Allier), église Saint-Georges (1892)

 

Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), église Saint-Etienne (1903)

 

Brive-la-Gaillarde (Corrèze), église Saint-Sernin (1900)

 

Carcassonne (Aude), église du Sacré-Coeur (1893) provient de l'église Saint-Jean de Castelnaudary

 

Castres (Tarn), chapelle du petit séminaire (1896) :

 

« Un orgue au petit séminaire de Castres.

Il manquait à la gracieuse chapelle ogivale du Petit Séminaire de Castres une voix qui en fît parler les échos. Cette lacune vient d'être comblée par une princière générosité, et désormais l'âme de nos chers élèves vibrera aux mélodieuses harmonies de l'orgue, qu'on a si bien appelé le roi des instruments.

Mercredi de la semaine passée, M. Dubois, l'excellent artiste que tout le monde connaît, organiste de la cathédrale Saint-Benoit, et M. l'abbé Périlié présidaient à la réception de cet orgue, sorti des ateliers de M. Anneessens (Halluin, Nord). Ils ont successivement fait admirer les ressources puissantes des jeux de fonds, et la douceur, l'harmonie, de la voix céleste, du cor de nuit, de la voix humaine, du jeu de gambe et de la flûte harmonique.

Nous adressons aux maîtres consommés, à la généreuse donatrice et à M. le Supérieur nos plus vives félicitations. »

(La Semaine religieuse du diocèse d'Albi, 12 septembre 1896, p. 585)

 

Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), église Notre-Dame

 

Château-Thierry (Aisne), église Saint-Crépin (1895) :

 

« Le troisième orgue. 1895

On alla au meilleur marché ; alors que la facture française était partout célèbre, on fit choix comme constructeur du facteur d'orgue belge Anneessens, établi à Halluin (Nord). Certains voulurent que ce choix fut la première faute commise. […]

Bientôt le nouveau monstre aux mille voix était mis en place. Treize ouvriers spécialistes travaillèrent au montage de l'instrument et à l'harmonisation des jeux : ce travail dura cinquante jours. […]

Cet orgue était construit d'après le système tubulaire pneumatique, spécialité de la maison Anneessens. La soufflerie à lanterne était alimentée par deux pompes mues par un levier à pédales. L'instrument comprenait 20 jeux, 1.599 tuyaux, deux claviers manuels (dont un expressif) de 61 notes chacun, et un clavier pédalier de 27 notes. Il coûtait 20.500 francs ; le facteur avait repris les matériaux utilisables de l'ancien orgue. […]

Quelques musiciens et plusieurs membres du clergé, qui n'appartenaient pas à la commission d'expertise, firent cependant des critiques. Le chanoine Ply, curé de Saint-Martin de Laon, ne craignit pas de dire ouvertement son sentiment : Français, il ne pouvait admettre une facture étrangère ; et, selon lui, le système tubulaire pneumatique ne présentait pas les garanties du système mécanique. Pour se défendre et défendre son orgue, Anneessens écrivait le 28 juillet 1895 : - « Nous le ferons tellement ronfler qu'on n'entendra pas les critiques des concurrents. » […]

Sans rivaliser évidemment avec les grandes orgues des cathédrales, l'orgue de Saint-Crépin a la solennité et l'ampleur désirables. Il possède toutes les ressources d'un orgue concertant et toute la puissance nécessaire dans une telle église.

En général, les jeux de fonds ont une bonne sonorité, mais les gambes sont aigres, les jeux d'anches ont trop d'éclat et ceux de mutations ne sont pas dans le pourcentage requis. Il serait possible de rêver une qualité de son plus brillante, plus lumineuse dans les mutations, plus moelleuse dans les fonds, moins dure dans les anches. Peut-être aussi pourrait-on souhaiter moins de jeux et plus de richesse de son et signaler trop de puissance dans cet ensemble de l'effet sonore, surtout pour le vaisseau peu élevé de l'église.

Le clavier du récit est excellent. La flûte harmonique répond fort bien. Le jeu de basson-hautbois mérite une mention spéciale pour sa sonorité pleine et douce. La trompette harmonique est digne d'éloges. Le bourdon de 16 pieds parle avec une agréable rondeur ; ce dernier jeu nous semble toutefois bien inutile, puisque le pédalier possède deux 16 pieds assez doux ; un bon salicional ou un diapason l'aurait avantageusement remplacé.

Par contre le clavier du grand orgue n'est pas digne de celui du récit ses jeux n'arrivent pas à charmer nos oreilles. Signalons cependant la montre de 8 pieds convenablement timbrée et la flûte harmonique aux sons veloutés, mais un peu forts.

Au clavier des pédales, le tuba de 8 pieds à anches est bien réussi et peut être traité en solo à cause de son timbre homogène uni à une douce sonorité mélancolique.

Regrettons que la disposition des jeux et des tuyaux à l'intérieur des buffets ne permette pas un entretien facile. Pour sauvegarder un vitrail sans très grande valeur, d'ailleurs aujourd'hui détruit, on a trop resserré l'orgue dans des buffets compressifs : cette disposition des buffets en deux corps est d'ailleurs peu ordinaire et leur architecture sans aucun style.

Le système tubulaire-pneumatique, invention née sur le sol français et adoptée pour l'orgue de Saint-Crépin, est aujourd'hui utilisé en grand. Il produit des instruments excellents. Mais en 1895 cette invention ne sortait guère de la période d'essai ou d'application médiocre.

Ce système exige de nombreuses soupapes construites avec science et conscience. C'est ici le point délicat de notre orgue. Ce système facilite et adoucit le foulement des touches des claviers même accouplés. En employant l'air comprimé comme agent de force, il simplifie l'orgue et supprime les mouvements mécaniques. Mais il produit un léger retard dans l'émission des sons, il nécessite une plus grande dépense de vent et rend les éléments de l'orgue d'une extrême délicatesse. L'orgue de Saint-Crépin restera toujours trop sensible à la poussière et aux variations de la température.

Cependant les véritables artistes arrivent à faire complètement disparaître ces défectuosités techniques de notre instrument. Nous garderons un souvenir inoubliable de certains programmes composés d'œuvres des grands maîtres de l'orgue. Les chorals pour orgue y produisent un grand effet et les fugues, exécutées sans trop de rapidité, y feront toujours excellente impression. Avec les plus difficiles qu'il nous soit donc permis de dire : le grand orgue de Saint-Crépin est un instrument digne de l'harmonieuse majesté de notre église. »

(Annales de la Société historique et archéologique de Château-Thierry, Château-Thierry, Imp. Commerciale, 1920-21, p. 83-100)

 

Cheminon (Marne) église Saint-Nicolas (1895)

 

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), église Saint-Joseph (1903)

 

Croissy-sur-Seine (Yvelines), église Saint-Léonard (1880)

 

Domart-en-Ponthieu (Somme), église Saint-Médard (1903)

 

Ecouis (Eure), église (1898)

 

Flixecourt (Somme), église Saint-Léger

 

Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (1893)

 

Gamaches-en-Vexin (Eure), église Notre-Dame (1898)

 

Grenoble (Isère), collégiale Saint-André (1898)

 

Halluin (Nord), église Saint-Hilaire (1892)

 

Hirson (Aisne), église Notre-Dame-de-Lourdes (1884)

 

Igny (Essonne), chapelle de l'école Saint-Nicolas (1895)

 

Lisieux (Calvados), église Saint-Jacques (1898)

 

Lorient (Morbihan), église Saint-Louis (1891)

 

Murviel-les-Béziers (Hérault), église Saint-Jean-Baptiste (1875)

 

Narbonne (Aude), chapelle de l'hôpital (1896)

 

Oisemont (Somme), église Saint-Martin (1900)

 

Poitiers (Vienne), église Sainte-Radegonde (1894) :

 

« De Poitiers. Nous venons d'avoir deux superbes auditions d'orgue données par MM. Guilmant et Gigout, à l'occasion de l'inauguration de l'orgue de l'église de Sainte-Radegonde, très intéressant instrument de quarante jeux, construit par M. Anneessens, d'après son nouveau système tabulaire. L'église était comble à chacune des deux séances, et les maîtres organistes ont été très fêtés. »

(Le Ménestrel, 4 février 1894, p. 40)

 

Privas (Ardèche), temple réformé (1895), provient d'un temple protestant de Marseille

 

Puisserguier (Hérault), église Saint-Paul (1900)

 

Reims (Marne), collège Saint-Joseph (1891) :

 

« Collège Saint-Joseph. Inauguration d'un orgue. Les offices, déjà si brillants à la chapelle du collège, seront encore rehaussés désormais par les sons puissants et harmonieux du nouvel orgue de tribune, fourni par la maison Anneessens. L'inauguration a été une véritable fête musicale.

Après la bénédiction liturgique de l'instrument, MM. Grison et Mailfait ont fait ressortir, avec leur talent bien connu, toutes les ressources de l'orgue, dont la composition nous a semblé très belle. Les jeux de fonds sont brillants et moelleux. Les anches, en très petit nombre, sont aussi d'une belle facture. Au grand orgue, nous remarquons la flûte harmonique de huit, le violon, la flûte douce de quatre ; au récit, la viole de gambe, la voix céleste, le basson et le basson hautbois ; au pédalier, une belle sousbasse de seize donne à l'ensemble une grande puissance. »

(Bulletin du diocèse de Reims, janvier 1891, p. 473)

 

Riom (Puy-de-Dôme), église Saint-Amable (1896)

 

Rodez (Aveyron), cathédrale Notre-Dame (1891) :

 

« Les orgues de la Cathédrale.

C’est avec un plaisir toujours plus vif que nous voyous s accomplir l’œuvre de l’installation des grandes orgues de la Cathédrale. M. Anneessens, on le sait, est à la hauteur de cette entreprise et il veut qu’elle soit digne de lui, c’est à-dire qu’on parle des orgues de Rodez comme on parle de toutes celles qu’il a construites.

Plus de trois cent cinquante grandes orgues restaurées ou sorties de son importante maison d'Halluin, (Nord), pour aller décorer des cathédrales ou de vastes églises, soit à l’étranger, lui ont mérité la confiance et la renommée dont il jouit.

D'ailleurs les organiers qu’emploie M. Anneessens, — et nous en avons sept en ce moment, — connaissent parfaitement tous les secrets de leur art et l’on est vraiment charmé de les voir travailler avec tant l’ardeur, d'intelligence et de goût.

Elles seront construites d'après le système tubulaire pneumatique dont M. Anneessens est l’inventeur. Cette découverte lui a valu un brevet d'invention des plus flatteurs. M. Anneessens va nous dire lui-même quels sont les avantages de sa précieuse découverte. Il s’exprime ainsi dans son « brevet d’invention et de perfectionnement de quinze années. »

« Voici les principaux avantages du système tubulaire pneumatique, tel qu’il a été perfectionné et qu’il est appliqué par nous :

Invariabilité des claviers ;

Douceur et égalité parfaite du toucher ;

Attaque vive et nette, grâce à la course excessivement réduite des touches, grâce aussi à la politesse des soupapes dont l’exiguïté ne nécessite que la vingtième partie de l’air indispensable à une soupape Barker ;

Registration d’une facilité remarquable ;

Simplification radicale de tout mécanisme, suppression des machines Barker et de tout autre mécanisme pneumatique encombrant, qui fait la gloire de nos plus grands facteurs ;

Facilité d’ajouter aux anciennes orgues de nouveaux jeux, et d’appliquer le système tubulaire aux orgues ordinaires déjà établies ;

Facilité de dispositions ;

Alimentation régulière des tuyaux ;

Usure nulle et fonctionnement absolument silencieux ;

grande réduction dans le prix ;

Suppression des altérations et des emprunts ;

Constance de l’accord et de l’harmonie des jeux ;

Montage rapide et facilité d’accès. »

Nos orgues auront trois claviers et posséderont cinquante jeux qui compteront cinquante six tuyaux chacun. Elles auront aussi un jeu de trente deux pieds. Le nombre de tuyaux sera de deux mille huit cents.

Tout nous fait espérer qu’elles seront prêtes pour la fête de la Toussaint et, qu’en ce jour, elles réjouiront les vielles voûtes de la cathédrale par leurs accents pieux, puissants et harmonieux, qu’elles nous aideront à exalter les gloires des saints et à bénir le cœur généreux qui dote notre basilique d’un semblable instrument »

(La Croix de l'Aveyron, 21 septembre 1902, p. 4)

 

Saint-Macaire (Gironde), église Saint-Sauveur (1895)

 

Saint-Omer (Pas-de-Calais), chapelle du collège Saint-Bertin (1890)

 

Saint-Pierre-les-Nemours (Seine-et-Marne), église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (1873)

 

Séclin (Nord), église Saint-Joseph (1939)

 

Villers-le-Lac (Doubs), église Saint-Jean (1902)

 

Vizille (Isère), église Notre-Dame-de-l'Assomption (1900)

 

Olivier Geoffroy

(décembre 2021)

 

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