Glanes sur « L'orgue des héros » et sur le « Taureau de Salzbourg »


 

 

En Autriche, on trouve, cas extrêmement rare, deux orgues extérieurs. En réalité, ces deux instruments profanes sont abrités mais leurs sons se déploient dans la contrée environnante. Voici quelques éléments tirés de divers articles au sujet de ces étranges spécimens :

 

 

« L'orgue des héros »

 

« Il existe en Autriche un orgue de « plein air », « L'orgue des héros », construit en 1931 [par la manufacture Walcker] pour commémorer le sacrifice des soldats autrichiens tués pendant la guerre de 1914-1918. Cet instrument se trouve à Kufstein, dans le défilé alpin qui relie la Haute-Bavière à la vallée de l'Inn. Les 1 800 tuyaux, auxquels on a ajouté un carillon, ont été placés dans la tour du château médiéval qui domine la ville, et la console de 4 claviers et 2 pédaliers se trouve dans un chalet situé au pied de la tour. La transmission entre les touches et les tuyaux est électrique ainsi que l'appel des 26 registres (jeux). Pour que l'organiste entende le son au moment même où il joue (*), des microphones ont été placés devant les tuyaux pour restituer le son (par l'intermédiaire d'amplificateurs et de haut-parleurs) dans la pièce du chalet qui a été totalement insonorisée. »

 

(*) Le chalet étant très éloigné des tuyaux, l'organiste n'entendrait le son qu'avec un décalage de plusieurs dixièmes de seconde, le son ne se propageant dans l'air qu'à la vitesse de 340 m à la seconde, environ (suivant l'altitude et la température).

(Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire, 15 octobre 1973, p. 70)

 

Après toutes les expériences de démarches et de recommandations, il paraît de plus en plus probable qu'il faudra que la Société des nations évoque cet ensemble de questions litigieuses. Le Reichpost annonce par ailleurs que les obsèques du policier auxiliaire Schwanninger, tué par des nazis allemands à la frontière tyrolienne, auront lieu cet après-midi à Kufstein avec le caractère d'une grande manifestation patriotique en présence du ministre de la sûreté Fey, du gouverneur du Tyrol Stumsf, du commissaire de la verneur du Tyrol Steidle, qui prononceront des discours. Le célèbre orgue des héros de Kufstein sa fera entendre pendant la cérémonie. »

(« La tension germano-autrichienne » in : Le Temps, Paris, 11 août 1933, p.1)

 

 « Le Tyrol est un pays de foi. J'ai pu m'en rendre compte encore dans cette petite ville de Kufstein que traverse l'Inn aux eaux couleur de jade, pittoresquement dominée par la féodale silhouette du vieux château de Geroldseck […] Samedi soir, jour de fête où les sons puissants de l'Orgue des héros, gloire de la cité, fait planer sur elle les résonances de ses puissants accords. »

(« Impressions d'Autriche », in : Journal des débats politiques et littéraires, Paris, 21 septembre 1936, p. 4)

 

Voir et écouter cet instrument, sur lequel de nos jours des concerts sont donnés régulièrement, ici : https://www.youtube.com/watch?v=QJ0bdsn9uYU

 

 

Le « Taureau de Salzbourg »

 

« Devant le palais, sur la place, un de ses prédécesseurs, l'archevêque Jean-Ernest, pour commémorer d'avantageuses spéculations par lui faites avec la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales, a installé un grand carillon à la mode de Hollande, qui joue des airs deux fois par jour, après l'Ave Maria. Et, quand le carillon s'est tu, aussitôt, de l'autre côté de la ville, dans la forteresse, un immense orgue mécanique, le « taureau de Salzbourg », pousse un long meuglement, préludant à des morceaux qu'il moud, lui aussi, deux fois par journée, et qui sont entendus jusque dans la campagne. »

(Milieu musical exceptionnel » in : Musique sacrée, Toulouse, juillet 1909, année 8, n°7, p.2)

 

« Sur la Place de la Résidence, en 1703, l'archevêque Jean-Ernest, pour rappeler d'heureuses spéculations faites par lui avec la Compagnie hollandaise des Indes Orientales, avait installé un grand carillon à la manière de ceux des Pays-Bas, le célèbre Glockenspiel, qui jouait ses airs deux fois par jour, après l'Ave Maria. Puis, quand le Glockenspiel avait fini de jouer, un orgue mécanique lui répondait, du haut de la forteresse. C'était, ce « Taureau de Salzbourg, » un véritable chef-d'œuvre d'invention et d'art. Longtemps, depuis deux siècles et demi, il avait joué le même air, un vieux chant d'un contrepoint ingénu mais l'archevêque régnant, Sigismond de Schrattenbach, avait décidé de joindre à ce chant d'autres morceaux d'un goût plus moderne, qu'il avait commandés aux sieurs Jean-Ernest Eberlin et Léopold Mozart, les deux compositeurs les plus estimés de la ville. Les morceaux s'annonçaient par un accord, un majestueux « cri d'orgue, » qui donnait le ton : après quoi se déroulaient, suivant le mois de l'année, la Chasse ou le Minuetto Pastorello de M. Mozart, ou encore, un régal pour les « dilettanti » salzbourgeois, la charmante Berceuse de M. Eberlin. […]

 

Tout à coup, du haut de la tour, retentissait le « cri d'orgue » du « Taureau de Salzbourg » et un orgue mécanique, caché derrière le théâtre, commençait à jouer doucement, à l'imitation de celui de la forteresse. « Écoute, petit Wolfgang, reconnais-tu ce bel air ? » Oui, certes, l'enfant reconnaissait l'Écho, ou le Concert, de M. Eberlin ! Il reconnaissait toute musique qu'il avait une fois entendue, les refrains du Glockenspiel et les chœurs fugués de la cathédrale et c'était plaisir de l'entendre fredonner tout cela, d'une voix fluette et légère comme lui, en suppléant par de grands mouvemens de la tête et des bras à ce que son chant ne pouvait pas dire. »

(« La jeunesse de Mozart », in : Revue des deux mondes, Paris, mars 1904, p. 546 et 565)

 

« […] musique sur les places et les carrefours par le beau temps et quelquefois sous la pluie, tous les jours, et souvent la nuit. Ajoutez à cela les « Glockenspiel », clochettes à joli timbre, attachées aux portes des boutiques, le fameux balcon aux barreaux accordés suivant la gamme dans la salle des carabiniers de la Résidence, le célèbre « Glockenspiel » qui jouait deux fois par jour, et le Taureau de Salzbourg qui lui répondait de la forteresse (1).

 

(1) Ce « taureau de Salzbourg » était un orgue mécanique qui, après avoir joué un vieux chant en contre-point, jouait, suivant les saisons, des morceaux d'Eberlin ou de Léopold Mozart. Le Carillon installé en 1708 se faisait entendre deux fois par jour après l'Ave-Maria. »

(« Mozart et l'Italie » in : Revue des Pyrénées et de la France méridionale, Toulouse, Privat, 1911, p. 502)

 

« La musique est partout. Au Dom, les orgues magistrales rugissent du Bach. Quand midi sonne, soudain, sur la foule assemblée, un concert pleut du ciel : c'est l'orgue mécanique du vieux château, c'est « le Taureau de Salzbourg », qui beugle dans le ciel, mélodieusement. »

(« Dans Salzbourg où une armée piétine, les flonflons villageois ont chassé Gluck, l'ocarina remplace La Flûte enchantée. » in : Paris-Soir, 19 août 1938, p. 4)

 

Voir et entendre mugir le « Taureau de Salzbourg », restauré en 2002, ici : https://www.youtube.com/watch?v=psu6nH2m9js

 

Documentation recueillie par Olivier Geoffroy

(février 2018)

 

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