PROSPER SAIN D’AROD

Autographe
Signature autographe du vicomte Prosper Sain d'Arod, 19 septembre 1852.

Au début des années 1860 un curieux personnage succède à Félix Renaud à la tête de la maîtrise de l’église Saint-Sulpice à Paris : le vicomte Prosper Sain d'Arod. Fils de Jean-Marie Sain, chirurgien à Vienne (Isère) et de Marguerite Almeras la Tour, Prosper était né le 17 mai 1814 dans cette ville. Son oncle maternel, le général de division Louis Almeras (1768-1828), baron d'Empire par Lettres du 27 septembre 1810, compagnon de Kléber en Egypte (1796), de Napoléon à Wagram (1809) et à la Moskowa (1812), était créé chevalier de Saint-Louis la même année (le 30 août).

Pougin, dans la notice qu'il consacre1 à Sain d’Arod précise qu’il étudia la composition avec Paër et Halévy, et qu'il remporta le grand prix unique d'un concours ouvert dans tous les pays catholiques par la Société de Sainte-Cécile de Rome, pour la composition d'une Messe solennelle avec soli, chœurs, orgue et orchestre. Son œuvre l'emportait sur celles présentées par Benoist, Dietsch, Lefébure-Wély et Niedermeyer pour ne citer que les autres compositeurs les plus connus. Il l'exécuta sous sa propre direction à l'église Saint-Louis des Français de Rome lors d'une cérémonie présentée par le pape en personne.

Collaborateur de Danjou, il participa à ses côtés, en compagnie de Dietsch, le prince de la Moskova et Niedermeyer, à la fondation de l'Ecole de musique classique et religieuse en décembre 1853. Nommé en 1842 maître de chapelle honoraire de la Cour de Turin par S.M. Charles-Albert, roi de Sardaigne, il fut également promu le 27 novembre 1877 par le souverain pontife maître de chapelle ad honorem de Saint-Pierre du Vatican, en récompense de son activité musicale et d'un don de 80.000 francs qu'il avait abandonné à diverses œuvres de charité. Cette somme provenait du produit des auditions de sa Grand Messe de Rome qu'il donnait un peu partout en France dans les grandes villes. Auteur d'un Répertoire choral des maîtrises de France, il s'efforça toute sa vie à populariser "cette branche de l'art catholique que la révolution de 1830 avait étouffée et dont le nouvel essor s'est manifesté depuis quelques années seulement."2

En novembre 1867 Prosper Sain d’Arod démissionnait de son poste de maître de chapelle de Saint-Sulpice et était nommé par la suite inspecteur des maîtrises de province. Enfin, le 13 juillet 1882 la direction du Conservatoire de musique de Marseille lui était confiée, poste qu’il semble avoir occupé jusqu’en 1886.

Prosper Sain d’Arod, outre sa Grand Messe de Rome, "considérée par certains comme une œuvre d'une rare valeur et d'une grande inspiration", a écrit bien d'autres pages de musique : plusieurs Messes dont une Messe de charité pour soli, chœur à 3 voix égales et orgue (Pégiel) et une Messe en ré pour chœur à 4 voix d’hommes (Régnier-Canau) ; de nombreux motets : un Regina coeli pour ténor et basse avec orgue, un Ave Verum à 3 voix avec orgue, un Tantum ergo pour chœur à 3 voix égales et orgue, un O Salutaris pour chœur à 4 voix mixtes et orgue... ; des Te Deum parmi lesquels on trouve un Te Deum impérial et militaire pour voix d’hommes et orchestre symphonique de régiment, avec un choral principal sur le chant de la liturgie, à l’usage des corps de musique et des classes de chant de l’armée, ainsi que des sociétés orphéoniques (Paris, chez Benoît aîné, s. d.) ; deux ode-oratorios : La Création et La Fin des Temps ; un Trio pour piano, violon et violoncelle (Richault), des Mélodies dont Les Plaintes d’une fleur sur un poème de Victor Hugo (Gérard) et un Répertoire à l'usage du chœur et du séminaire de Saint-Sulpice contenant 60 motets (Paris, Repos, 2 vol. in-8).

Ajoutons enfin que Prosper Sain d’Arod collaborait à la Revue de musique sacrée et au Moniteur universel, qu’il fut créé chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand et était membre de l’antique Académie de Rome pour ses travaux dans l’intérêt de l’art et du culte catholique.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
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1) Supplément à la Biographie universelle des musiciens de Fétis, publié sous la direction d'A.Pougin, Paris, 1878-1880, 2 tomes (voir tome II, p. 467). [ Retour ]

2) Archives Nationales, F19/3947, lettre de Prosper Sain d'Arod au Ministre de l'Instruction publique, 19 septembre 1852. [ Retour ]

 


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