POL TREMPONT
Ténor belge
(9 juin 1923 – 3 avril 2007)


Pol Trempont
Pol Trempont dans le rôle de Vedio, dans Monna Vanna, au Théâtre Royal de Gand
( Photo J. M. Mertens, Anvers, fonds musical de l'auteur )


" Nous avons à plusieurs reprises partagé l’affiche, principalement au Théâtre Royal de la Monnaie, notamment dans ‘La Bohème’ (où je chantais Musetta) ou dans ‘Les Contes d’Hoffmann’ (j’y étais Olympia et Antonia.) Pol Trempont était un excellent second plan et un bon collègue, très professionnel dans sa manière de restituer un portrait fidèle du personnage à incarner. Il était un magnifique acteur, sachant toujours trouver sa juste place sur la scène, son personnage étant impeccablement restitué et habité. "

Claudine ARNAUD, soprano de l’Opéra
Bruxelles, le 8 mai 2007

" Je suis attristée par la disparition de ce bel artiste. Je l’ai connu au Théâtre Royal de Gand, lorsqu’il alternait ses prestations avec des saisons régulières à Mons. Pol Trempont était toujours méticuleusement préparé sur le plan musical et il était également un bon acteur. Au début de sa carrière, Pol chantait régulièrement l’opérette et de ce fait, nous n’avons pas souvent partagé l’affiche ensemble, sauf pour ‘Les Cloches de Corneville’, dont je conserve un beau souvenir. En opéra, nous avons chanté ‘La Bohème’ (Pol interprétait Saint-Phar et quant à moi, Mimi) et ‘Turandot’ (il incarnait Pang et j’étais Liú - avec son jeune frère Michel, Pang -), œuvres dans lesquelles ses portraits étaient parfaitement mis en place, avec une brillante caractérisation du rôle. Il était en outre un agréable camarade de scène. "

Marian BALHANT, soprano de l’Opéra
Liège, le 19 mai 2007

" Je suis peiné d’apprendre la disparition de Pol Trempont: je n’ai pas eu souvent l’occasion de chanter avec lui, mais je me souviens en particulier d’une représentation de ‘Paillasse’ au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, avec le ténor français Tony Poncet, un habitué de nos scènes lyriques. Pol y chantait l’arlequin Peppe: il était fort bien dans ce rôle, sa voix était jolie, bien placée, impeccable pour cet emploi. Tout était bien maîtrisé et restitué : surtout, il était un délicieux camarade de scène, dont je conserve un souvenir ému. "

Richard DEMOULIN, baryton de l’Opéra
Bruxelles, le 19 mai 2007

" J’ai chanté à plusieurs reprises avec Pol Trempont et à mes yeux, sa toute première qualité est d’avoir été le camarade idéal, si je puis dire. Sur le plan strictement musical, il était réellement maître de ses rôles, qu’il connaissait par cœur et ses interprétations reposaient sur une parfaite préparation. Pol était un collègue extrêmement sympathique, qui tout en étant sérieux, aimait à détendre l’atmosphère parfois tendue par des blagues ou des boutades, toujours de bon goût cependant. Cela nous permettait de nous détendre avant d’affronter le public ; évidemment, ses blagues, engendrant des accès de fous rires – parfois quelques minutes à peine avant l’entrée en scène - étaient merveilleusement communicatives! Nous avons chanté tous deux aux Théâtres Royaux de Liège puis de Gand et dans une moindre mesure, au Théâtre Royal de la Monnaie. Ce fut un véritable plaisir de travailler et de retrouver Pol et je suis peiné par sa disparition. J’ignore s’il mérite ou non de monter au paradis, mais dans tous les cas, il mérite indéniablement de pouvoir y former une chorale! "

Pierre FLETA, ténor de l’Opéra
Millau, le 26 mai 2007

Peter GOTTLIEB, baryton de l’Opéra, à l’étranger au moment de la rédaction de cet article, se joint à l’auteur pour saluer la mémoire de Pol Trempont. Il se plaît à reconnaître en lui un excellent et sympathique camarade de scène, ainsi qu’un très bon copain, avec lequel il partagera l’affiche dans plusieurs opéras, notamment au Théâtre Royal de la Monnaie, et au Théâtre Royal de Gand.

Paris, fin avril 2007

" Que dire de Pol Trempont ? Tout d’abord, je suis attristé, tout comme mes autres camarades de scène, par sa disparition. Nous nous étions bien connus au Théâtre Royal de Liège, puis occasionnellement, au Théâtre Royal de la Monnaie, où nous avons participé à quelques créations et à une ou deux reprises du répertoire : ‘David’, ‘Le Marchand de Venise’, ‘Œdipe’, ‘Boris Godounov’, puis ‘Cavalleria rusticana’. Je conserve de lui l’image d’un artiste tout à fait sérieux dans son travail, intègre : un vrai professionnel. Il était un magnifique collègue et cette relation professionnelle aura été marquée par un exemplaire esprit de camaraderie. Je l’ai ensuite revu lorsqu’il était directeur du Théâtre Royal de Mons, où à nouveau, j’ai été sensible à son contact tout à fait chaleureux et avenant. "

Julien HAAS, baryton de l’Opéra
Nice, le 24 mai 2007

" Pol Trempont et moi étions de bons camarades et nous nous sommes connus au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles: Pol était charmant. Sur le plan professionnel, il était un artiste plaisant, doté d’une jolie voix, parfaite pour les seconds plans et il était un véritable bosseur dans l’âme: toujours préparé musicalement et stylistiquement et ce fut un plaisir de collaborer avec lui. Je me souviens notamment de représentations de Carmen au Théâtre Royal de la Monnaie, avec le mezzo-soprano américain Grace Bumbry et le baryton tchèque Peter Gottlieb: j’y chantais le rôle de Frasquita et Pol incarnait le contrebandier Remendado. Il savait restituer au personnage toutes ses lettres de noblesse. Feu mon époux, le ténor Robert Vernay, a aussi chanté avec Pol et la collaboration fut toujours impeccable dans une parfaite entente et en pleine camaraderie: il était un bel artiste. "

Josette LAHAYE, Veuve VERNAY, soprano de l’Opéra
Bruxelles, le 18 mai 2007

"Pol Trempont était un ami de longue date et je suis atterrée par sa disparition. Nous avons fréquenté ensemble les classes du Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles: mon professeur de chant était alors la basse belge Albert Huberty, de l'Opéra. Pol étudiait avec Francis Andrien et nous avions Georges Dalman en qualité de professeur d'art lyrique. Nous avions conservé de lumineux souvenirs de cette époque, dans laquelle nous évoluions dans une atmosphère studieuse et collégiale certes, mais sympathique. Par la suite, nous nous sommes retrouvés sur la scène du Théâtre Royal de la Monnaie, où nous avons partagé l'affiche dans plusieurs opéras. Pol abordait des seconds rôles et chacune de ses caractérisations était méticuleusement préparée, tant sur le plan musical, que scénique. Et puis, son sens de l’humour me touchait beaucoup : quelle belle époque ! Ses interprétations étaient toujours soignées, fidèles et convaincantes. Ensuite, nos carrières respectives nous ont séparés, surtout au moment où Pol a pris les rennes du Théâtre Royal de Mons, en qualité de directeur: dans cette nouvelle fonction, nul ne doute que sa connaissance du répertoire et des artistes lui aura été précieuse. Mais nous avons maintenu un contact amical et nous nous étions reparlés il y a peu de temps. Pol était vraiment charmant et délicat, toujours prêt à écouter ses proches, à les soutenir et il nous manque déjà beaucoup: sa figure chaleureuse, humaine, attentive et toujours si délicatement courtoise, sont déjà irremplaçables. "

Diane LANGE, mezzo-soprano de l’Opéra
Bruxelles, le 8 mai 2007

" Pol Trempont me laisse le souvenir d’un tout charmant camarade, un réel bon musicien, particulièrement consciencieux dans son approche du rôle et enfin, il était un homme extrêmement gentil et courtois: un élément de valeur de la troupe. Nous avons chanté ensemble au Théâtre Royal de Gand, puis au Théâtre Royal de la Monnaie, notamment dans Boris Godounov, Cavalleria rusticana et lors de la création à Bruxelles de Macbeth (d’Ernest Bloch.) "

Huberte VECRAY, soprano de l’Opéra
Verviers, le 28 avril 2007

" Michel Trempont et moi-même sommes profondément peinés par la disparition de Pol. J’ai à plusieurs reprises chanté avec lui au Théâtre Royal de la Monnaie : il fut un très bon collègue de scène et nous nous entendions parfaitement bien. J’ai travaillé avec lui avec grand plaisir, car il était toujours impeccablement préparé, autant musicalement que scéniquement. A la Monnaie, nous avons chanté ensemble ‘Carmen’, ‘La Chauve-souris’, ‘Le Chemineau’, ‘David’, ‘Fidelio’, La Fille de Madame Angot’, ‘Manfred’, ‘Le Marchand de Venise’, ‘Les Mousquetaires au couvent’, ‘La Traviata’, ‘Rigoletto’ et enfin, ‘La Périchole’. Je conserve un souvenir très vif et lumineux des magnifiques soirées lors desquelles j’ai partagé la scène avec les deux frères Trempont : que d’images, que de sensations heureuses et d’inaltérables souvenirs qui se déroulent ! Avec la disparition de Pol, c’est un tout bel artiste qui s’en va et aujourd’hui encore, cette mémoire artistique égrène ses joyeuses notes dans notre quotidien, le rendant encore plus beau.  Michel se joint à moi pour saluer la mémoire de son frère et de l’artiste qu’il était au plus profond de l’âme. "

Jacqueline VALLIERE, soprano de l’Opéra
Michel TREMPONT, baryton de l’Opéra
Paris, le 27 mai 2007

 

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Né à Wasmes (Belgique), le ténor Pol Trempont est décédé le 3 avril des suites d’une longue maladie, entouré de l’affection de son épouse. Possédant un don inné pour le chant, l’artiste sera très tôt attiré par la musique et le chant classique. Dans un premier temps, il accomplira ses études musicales au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles, dans la classe du légendaire ténor belge Fernand Ansseau (1890-1972), pour lequel il vouait une indéfectible admiration. Bien plus tard, le 25 septembre 2004, Pol Trempont honorera de sa présence, avec sa ravissante épouse Chantal, la conférence et l’exposition que l’auteur a organisées à l’Hôtel de Ville de Boussu (ville natale de Fernand Ansseau) le 25 septembre 2004, sous le parrainage des autorités de la Ville. Après le départ de son maître, qui quittera le Conservatoire de Bruxelles pour des raisons de convenance personnelles, Pol Trempont rejoindra, muni des plus hautes recommandations de son professeur, le Conservatoire Royal de Musique de Mons, où il obtiendra son Diplôme de chant et un Premier prix de Chant et d’Art lyrique, en 1950, dans la classe du baryton belge - et collègue de scène de Fernand Ansseau - Francis Andrien (1903-1980), pensionnaire du Théâtre Royal de la Monnaie pendant plus d’un quart de siècle. Quant aux cours d’art lyrique, ces derniers lui seront dispensés par le célèbre ténor ukrainien Joseph Rogatchewsky (1891-1985), figure emblématique de la scène musicale internationale, qu’il retrouvera à la Monnaie, mais en qualité de directeur général cette fois-ci. Tout au long de son cursus académique, Pol Trempont aura l’occasion de rencontrer des artistes lyriques belges de tout premier plan, à l’instar de Marcel Claudel, Louis Richard, Victor Verteneuil, Clara Clairbert ou encore, Livine Mertens: ils lui prodigueront de précieux conseils et instilleront en lui le désir de poursuivre sur la voie qu’il s’était tracée. La concurrence était pourtant rude à l’époque, puisque seul un nombre restreint de pensionnaires attitrés de la troupe pouvaient être maintenus auprès des théâtres lyriques de Belgique, juste avant la dissolution de la troupe permanente (fin des années 1950.) Depuis le tournant de la première guerre mondiale (et déjà depuis la fin du XIXème siècle), les chanteurs belges essaimeront à l’international (Ansseau, Claudel, Richard, mais également Fanny Heldy, Eglantine Deulin, Lily Djanel, Raymonde Delaunois, Jeanne Montfort, Valère Blouse, Auguste Bouilliez, François Darmel, Arthur Descamps, Franz Kaisin, Alfred Legrand, René Maison, Jean Noté et tant d’autres) et la concurrence était donc particulièrement rude. Pourtant, une intuition musicale affirmée et une farouche détermination conforteront le ténor dans son désir d’embrasser la carrière lyrique. A partir de la dernière année académique auprès du Conservatoire de Mons, le jeune artiste participera à des récitals et concerts. En 1949, Pol Trempont débutera au Théâtre Royal de Mons, en alternant l’opéra (La Traviata: le Vicomte), Tosca (Spoletta), Carmen (le Remendado) avec l’opérette, se forgeant une première expérience de la scène. Les critiques seront unanimes en saluant sa prestation scénique et son infaillible musicalité, avec une voix limpide, de volume restreint certes, mais parfaitement homogène et conduite avec beaucoup de science, notamment dans le phrasé et les nuances. Méticuleusement préparé, il saura conférer à ses caractérisations une frappante vraisemblance et une pertinence dramatique hors pair dans des seconds plans qui grâce à sa maîtrise, retrouveront toutes leurs lettres de noblesse. Lors de la saison 1951-1952, Pol Trempont sera auditionné par le soprano belge Vina Bovy (1900-1983), directrice du Théâtre Royal de Gand et au terme d’une audition concluante, il se verra proposer un contrat pour trois saisons (1951-1955) en qualité de second ténor, membre de la troupe, période durant laquelle l’artiste recueillera de beaux succès (Le Barbier de Séville, Le Trouvère, Carmen, Tosca, La Bohème, Le Chemineau, Les Pêcheurs de perles, Les Contes d’Hoffmann, Les Cloches de Corneville, Les Mousquetaires au couvent, La Vie parisienne, etc.) Tout comme à la Monnaie plus tard, Pol Trempont partagera régulièrement l’affiche avec son frère, Michel Trempont. Pol Trempont se verra ensuite proposer un contrat pour la saison 1955-1956 par Joseph Rogatchewsky, à la tête de la Monnaie : il y sera pensionnaire jusqu’en 1966, abordant un large éventail de rôles et comprenant toujours l’opérette, traditionnellement représentée pendant la saison estivale. C’est ainsi qu’il pourra chanter aux côtés des meilleurs éléments de la troupe (dont l’exquis soprano belge Jacqueline Vallière) et des artistes internationaux invités, tout en concédant une place de choix à la création absolue ou in loco, reprenant le flambeau d’une longue tradition instaurée par la Monnaie de présenter un nombre significatif de créations musicales, lyriques et symphoniques (comprenant la musique de ballet) lors de chaque saison. Cette tendance séculaire, reprise, puis à nouveau insufflée sous la talentueuse et brillante direction de l’infatigable Corneil de Thoran1 jusqu’en 1953, favorisera la renaissance ou l’éclosion d’œuvres musicales de toute première facture, privilégiant l’opéra français et allemand. Cette tradition sera ensuite perpétuée par Joseph Rogatchewsky qui, grâce à ses nombreux contacts à l’international et à sa parfaite maîtrise du répertoire et de la voix (à l’instar de Corneil de Thoran), saura – juste avant la dissolution de la troupe -, offrir à tous : star internationale, premiers et seconds plans, une chance de participer à de splendides spectacles dans un théâtre qui jouait, rappelons-le, quasiment chaque jour (matinée et soirée) une et parfois deux, voire trois œuvres lyriques et symphoniques.

 

Tableau des spectacles d’octobre 1955 au Théâtre Royal de la Monnaie, réunissant Jacqueline Vallière, Diane Lange, Michel Trempont, Julien Haas et Pol Trempont
( extrait du "Courrier du Théâtre Royal de la Monnaie", n° 5 du 15 septembre 1955, fonds musical de l’auteur )

 

Voici un aperçu de la galerie de portraits incarnés par Pol Trempont (dans l’ordre alphabétique) : Le Barbier de Séville (un Officier), La Belle Hélène (Aiax 1er), La Bohème (Saint-Phar), Boris Godounov (Pimen), Carmen (Remendado), Carmina Burana (Ténor II), Paillasse (Peppe – ou Arlequin), La Chauve-souris (Alfred), Le Chemineau (Martin), Comédie sur le pont (la Sentinelle amie): comédie musicale de Martinu Bohuslav, Op. 251, Les Contes d’Hoffmann (Spalanzani), David (le Capitaine Benavah): opéra en cinq actes et douze tableaux de Darius Milhaud, Op. 320, Le Directeur de théâtre (Filvite), opéra de Mozart présenté avec un spectacle de danse, Sérénade et Les Petits riens, Don Juan de Manara (Don Jaime): drame lyrique en quatre actes et six tableaux de Henri Tomasi, Echec au Roi (l’Anier, soit la traduction française de Die Klüge de Carl Orff, avec l’imposant André Huc-Santana dans le rôle du Roi), La Fille de Madame Angot (Guillaume), Hérodiade (une Voix), Jeulx de France (l’un des trois Chevaliers, le Rétameur et le Curé): petit opéra comique en quatre tableaux de folklore français sous forme de divertissement lyrique et chorégraphique par René Defossez, Le Jongleur de Notre-Dame (le Moine poète), Kiss me Kate (Jack), Lakmé (Hadji), La Licorne, la Gorgone et la Manticore (l’un des trois Ténors): fable sous forme de madrigal présentée sous forme de danse dans le cadre d’un spectacle de danse consacré à Gian Carlo Menotti et couplé avec les œuvres Le Téléphone et Amelia va au bal, La Lune (un Maire), Macbeth (Duncan : dans l’opéra de Ernest Bloch), Manfred (le Génie du feu): traduction française du poème dramatique, op. 115 de Robert Schumann, Le Marchand de Venise (Batiano et Gratiano), Marôuf, savetier du Caire ([le Fellah]), Miss Helyett (James Richter), Monna Vanna (Vedio), Monsieur Beaucaire (Rakell), Œdipe (Laïos), L’Opéra du gueux (Filch), La Passion (Pharès), Paillasse (Silvio: un rôle de baryton), La Périchole (Don Pedro de Hinovosa), Le Prince Igor (Skoula et Eroshka), La Pskovitaine (le boyard Nikita Matouta), Rigoletto (Matteo Borsa), Roméo et Juliette (le Comte de Paris, un autre emploi de baryton), Samson et Dalila (le Messager philistin), Si j’étais Roi ! (le Pêcheur), Thaïs (Nicias), Thyl de Flandre (le premier Révérend) : légende lyrique en un prologue, trois chansons et un épilogue, sur une musique de Jacques Chailley, Tosca (Spoletta), La Traviata (le Vicomte), La Vie parisienne (le Brésilien) et Werther (Schmidt.) Au terme de sa collaboration artistique avec la Monnaie, Pol Trempont aura totalisé près de 180 représentations dans un large éventail de portraits : il participera également à plusieurs concerts de gala, notamment pour l’Union des Artistes du Spectacle, donnés dans l’enceinte du théâtre. Dès 1949, Pol Trempont avait participé à plusieurs tournées à l’étranger (France, Pays-Bas, Allemagne), principalement au concert et pour quelques représentations d’opéras. En 1966, le ténor quittera définitivement la scène lyrique, après une intéressante expérience en qualité de régisseur (brièvement au Théâtre Royal de la Monnaie) - pour rejoindre l’administration de la Radio publique belge, détaché au service de la programmation, ensuite il retournera vers ses premières amours en acceptant la charge de metteur en scène à l’Opéra Royal de Wallonie (Liège, saisons 1966-1967). Dès la saison 1967-1968, il sera nommé secrétaire de direction au Théâtre Royal de Mons, pour en assumer la direction générale, entre 1970 et 1984, longue période pendant laquelle il sera parallèlement Secrétaire général de l’Orchestre de Chambre de Wallonie. Pol Trempont, malgré ses lourdes responsabilités administratives, continuera non seulement à s’intéresser à la génération montante d’artistes lyriques, mais il s’attachera à leur trouver une juste place dans les cercles musicaux, se montrant toujours disposé à leur prêter son soutien inconditionnel. Cette expérience à la tête d’une administration publique lui offrira de multiples satisfactions tant professionnelles, que personnelles, tout en lui permettant de diriger le théâtre en fin connaisseur : qui d’autre que lui pourra maîtriser les rouages de la gestion administrative et surtout, artistique ? En cela, Vina Bovy et plus tard, Joseph Rogatchewsky, dit ‘Rogat’, dans les cercles musicaux, lui serviront d’exemple, particulièrement du point de vue artistique (établissement du répertoire, choix des artistes, faculté de jugement et pertinence du discernement.) Profondément attaché à la jeune génération d’artistes, comme aux vétérans auxquels il vouera un respect inconditionnel, Pol Trempont sera comblé par l’étroite collaboration qu’il sera à même de tisser avec l’ensemble de la troupe et avec les artistes invités. Pour le ténor, un artiste, quel que fût son rang dans la troupe, était un artiste avant tout : c’est ainsi que dans son bureau directorial, il pouvait accorder autant de temps, d’écoute et de disponibilité à un choriste, un danseur, qu’à un premier plan international. Sous sa direction, le Théâtre Royal de Mons connaîtra un rayonnement artistique certain, reposant sur une programmation de spectacles judicieuses et équilibrée. Préférant plutôt s’effacer pour valoriser son prochain, Pol Trempont était hautement apprécié pour ses qualités humaines. Un exemple illustrera parfaitement le propos de l’auteur: lorsque des concerts de galas étaient organisés au Théâtre Royal ou lors de premières, une réception officielle, souvent agrémentée d’un cocktail avaient traditionnellement lieu dans le grand foyer du théâtre, en présence de la presse, ainsi que des notables de la Ville. Pol Trempont s’attachait alors systématiquement à applaudir les artistes lorsqu’ils rejoignaient le foyer, afin d’éviter que ces derniers ne se fondent, sans être remarqués par la presse, parmi le public déjà présent. Il interrompait alors sa conversation et dès qu’il apercevait un artiste, il donnait le ton en applaudissant, pour qu’un accueil humain et chaleureux soit réservé à l’interprète : l’artiste était prioritaire et dans son théâtre, il devait être considéré comme tel. Pol Trempont : un homme de théâtre, un artiste accompli au service de tous ses artistes et de l’ensemble de ses collègues. Au terme de sa collaboration avec le Théâtre Royal, il sera nommé Administrateur-délégué du Festival Musical de Wallonie (Hainaut.) Affaibli par la maladie, il se consacrera ensuite à ses hobbies préférés et refusera d’enseigner, malgré plusieurs propositions. En quelque vingt années de carrière, Pol Trempont aura donné près de 1700 représentations, comprenant les récitals et concerts. Un nombre restreint d’enregistrements radiodiffusés existent (radios belge, française et hollandaise), ainsi que des bandes réalisées lors de captations publiques. Pol Trempont était Chevalier des Arts et des Lettres de la République Française (arrêté du 5 décembre 1983), Grand Médaillé de la Résistance (Belgique : 1940-1945, dossier AS 11/46393) et enfin, il était membre de l’Union des Artistes du Spectacle (Belgique.) Le vétéran baryton belge Michel Trempont est le frère de Pol Trempont.

Claude-Pascal PERNA ©
(juin 2007)

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1) (cf. hommage au musicien par le même auteur pour Musica et Memoria, sous Biographies) [ Retour ]

 


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