Mgr MAURICE KALTNECKER
(1884-1959)



Mgr Kaltnecker
Mgr Maurice Kaltnecker
( photo X..., coll. abbé Pierre Matte/O. Geoffroy )
Cathédrale de Nancy
Cathédrale de Nancy, 1944 : Les 20 "aiglons" de la maîtrise de la cathédrale (alors dirigée par l'abbé Alexandre Roussel, maître de chapelle) chantant l'alléluia près de l'Aigle sculpté durant l'été 1943 par M. Michel, de Pont-à-Mousson. Parmi eux : André Valette, futur maître de chœur à l'abbaye bénédictine de Randol en Auvergne (1er rang, 1er à gauche) et Claude Hilger, futur organiste de St-Martin de Sucy-en-Brie (2ème rang, 2ème à partir de la gauche)
( coll. D.H.M. )

Compositeur de cantiques dont la réputation a dépassé les frontières du diocèse de Nancy, Maurice Kaltnecker est né aux Roises dans la Meuse le 13 août 1884. Décelant une vocation précoce pour le sacerdoce, ses parents l’envoient comme élève au petit séminaire de Pont-à-Mousson logé dans la superbe abbaye des Prémontrés. Peu sportif de nature, il s’adonne à la musique et suit les cours de piano et d’orgue d’Henri Pilloy, ancien élève de l’école Niedermeyer, organiste de l’église Saint-Laurent et professeur de musique au séminaire.

Keltnecker et Tourte : Chants divers
Couverture du recueil de Chants divers pour les Saluts du Très Saint Sacrement par le chanoine Ferdinand Tourte, maître de chapelle de la cathédrale de Verdun et l'abbé Maurice Kaltnecker, maître de chapelle au Petit Séminaire de Nancy à Bosserville, 1924
( coll. O. Geoffroy )

Bachelier double mention, il entre au grand séminaire de Nancy installé dans les bâtiments des anciennes Missions Royales et se lie d’amitié avec son condisciple le futur Cardinal Tisserant. Ordonnés la même année (1907), ils évoluèrent chacun vers leur destin mais restèrent toujours en contact. Nommé professeur de lettres et maître de chapelle au petit séminaire, l’abbé Kaltnecker obtint de son évêque Mgr Turinaz de suivre les cours d’harmonie de Joseph-Guy Ropartz au Conservatoire de Nancy. La Première Guerre mondiale l’empêcha de suivre les cours de contrepoint et de fugue. Infirmier à Toul durant le conflit, il rencontra l’organiste de la Cathédrale Joseph Oury (1852-1949), ancien élève de Saint-Saëns. L’abbé Kaltnecker compléta plus tard sa formation auprès des moines de Solesmes à qui il rendait fréquemment visite et à l’Ecole Supérieure de Musique de Paris dont il fut médaillé.

Mgr Kaltnecker et son grand ami (camarade de promo au séminaire de Nancy) le Cardinal Tisserant, ancien élève de l'école Saint-Sigisbert
(coll. O. Geoffroy) DR.

De 1920 à 1955, il fit paraître de nombreux cantiques écrits dans un style très populaire. Il composa également plusieurs cantates et messes en alternance avec le grégorien et quelques mélodies profanes sur des fables de La Fontaine exécutées lors des remises de prix au séminaire. Il n’écrivait jamais le texte de ses cantiques et s’adjoignait pour cela les compétences de collègues (abbés Malquin, Delarue et Barbier, licenciés ou docteurs ès lettres). Son recueil Chants français et latins connut plusieurs éditions successives et remporta un vif succès dans les paroisses lorraines. Outre des compositions personnelles on pouvait y trouver des cantiques dont la musique était écrite par Guy Ropartz, Henri Pilloy, Auguste Kling (organiste de la Basilique Saint-Epvre de Nancy, mort en 1919) et Charles Caspar (1827-1905), organiste de Saint-Jacques de Lunéville.

Fichier MP3 Mgr Maurice Kaltnecker, Messe brève sur des airs de Noël, par le Choeur de l'Amitié (Fleurier, Suisse)

On peut également relever une pièce pour harmonium Sur un cantique populaire parue en 1928.

Nommé Supérieur du petit séminaire en 1942, il maintint le lien entre les séminaristes dispersés dans toute la France durant l’occupation.

Son ami Eugène Tisserant, pro préfet de la Bibliothèque Vaticane venait de le faire nommer Prélat de la Maison de Sa Sainteté lorsqu’on apprit sa mise à la retraite forcée en 1955. Mgr Lallier, qui désirait rajeunir l’équipe d’encadrement du séminaire, manqua de diplomatie en l’occurrence. Très atteint dans son moral, il prit comme une consolation sa nomination comme Président de la Commission Diocésaine de Musique Sacrée. Il organisa chaque année des rencontres de chorales paroissiales conclues par un grand concert à la salle Poirel.

Kaltnecker : Sur ta Lorraine
Maurice Kaltnecker : cantique "Sur ta Lorraine", paroles de l'abbé Paul Filippi (1884-1969)
( coll. Olivier Geoffroy )

Il avait, au fil des ans, transformé son séminaire en véritable petit conservatoire. Beaucoup de jeunes suivaient des cours particuliers de piano, d’harmonium ou d’orgue. Il faisait pour cela appel à des organistes confirmés (Charles Magin, Jean Mark, Jules Bernard). Il réglait parfois lui-même les honoraires de ces professeurs pour que les élèves dont les familles étaient nécessiteuses, ne soit pas entravés dans leurs études musicales. Il avait publié un ABC du jeune accompagnateur contenant les formules de cadences et les enchaînements d’accords les plus courants en accompagnement liturgique. Il enseignait également l’histoire de la musique en passant sous silence les périodes qu’il n’affectionnait pas (la chronologie retenait la musique grecque de l’Antiquité – à propos de laquelle on n’avait pourtant pas beaucoup d’information, le Moyen-Age, la Renaissance, pour la musique baroque : Jean-Sébastien Bach uniquement, le XIXe siècle était très rapidement abordé et la période contemporaine ne semblait retenir que les noms de Guy Ropartz et... Maurice Kaltnecker !)

Très conservateur sur le plan musical, il déplorait le développement de cantiques de médiocre facture qui voyaient le jour à l’approche du Concile Vatican II. " Ces apprentis compositeurs n’ont aucun sens de la prosodie française " disait-il. Devant ses élèves qui lui demandaient des accompagnements, il s’étonnait que l’on exécutât de telles fadaises dans les églises mais fournissait l’harmonisation réclamée.

Atteint d’une leucémie, il s’éteignit au mois de janvier 1959. Ses obsèques célébrées à la cathédrale de Nancy rassemblèrent une foule nombreuse qui reprit avec émotions ses anciens cantiques (Sur ta Lorraine, sur tes Lorrains, O douce Reine étends les mains).

Olivier GEOFFROY
Agrégé de l’Université


Catalogue d'oeuvres publiées de Mgr Kaltnecker (format PDF)

 

 



 

A propos de Monseigneur Kaltnecker

 

 

Les professeurs du Petit Séminaire de Pont-à-Mousson en 1906, peu avant la fermeture à la suite des lois Combes : Maurice Kaltnecker debout à droite. En civil, Henri Pilloy, né en 1867, ancien élève de l'École Niedermeyer, organiste de l'église St-Laurent de Pont-à-Mousson et professeur de musique dans cet établissement où l'avait précédé son père Jean-Baptiste Pilloy.
( coll. Mlle G. Trotot, filleule de Mgr Kaltnecker )

« NANCY. Au diocèse de Nancy, le mouvement grégorien se dessine avec netteté. Le petit séminaire (Bosserville) marche à la tête, depuis un certain temps, grâce au zèle de M. l'abbé Kaltnecker ; cette année, le grand séminaire suit, et à la rentrée, le Graduel Vatican a été mis entre les mains de tous les élèves. A Nancy même, où M. l'abbé Mangin, directeur au grand séminaire, notre confrère M. Kling, organiste de la basilique Saint-Epvre ont jeté, voici longtemps déjà, les semences de la restauration de la musique d'église, les bonnes idées font tache d'huile. A Saint-Joseph, le grégorien obtient de plus en plus faveur et, à l'exemple de ces grandes églises, un bon nombre d'églises de campagne entrent dans le mouvement et, même, ne craignent pas de prononcer le latin... à la latine ».

(La Tribune de Saint-Gervais), A18, Paris, 1912, p. 265)

 

« BOSSERVILLE (Nancy). La fête de saint Grégoire le Grand a été brillamment célébrée, les 11 et 12 mars, au Séminaire diocésain. S. G. Mgr de la Celle, le nouvel évoque de Nancy, récemment sacré et intronisé, a tenu à célébrer sa première messe pontificale dans la vénérable chapelle de la Chartreuse historique de Bosserville. Ce fut, pour les scholae, fort bien dirigées par M. l'abbé Kaltnecker, l'occasion d'une excellente manifestation grégorienne. Dès la veille, une conférence de M. A. Gastoué, sur le chant grégorien, ses origines, son histoire, avait groupé près de quatre cents auditeurs et auditrices attentifs ecclésiastiques, séminaristes, cours de jeunes filles venus de la capitale lorraine, avaient applaudi les exemples, chantés par la schola du Petit Séminaire, y compris des spécimens authentiques de chants grec antique et hébreu, dont les formes sont conservées dans le chant grégorien. Au jour même de la fête, tout l'office, depuis tierce, jusqu'à complies, fut intégralement exécuté selon la Vaticane. Ces auditions font le plus grand honneur aux exécutants et à leur zélé directeur M. l'abbé Kaltnecker, secondé par l'éminente autant que modeste collaboration du R. P. Dom J. Parisot. Ajoutons que, depuis quelques mois, la prononciation romaine a droit de cité dans le diocèse de Nancy, de telle sorte que l'ensemble de ces fêtes a donné l'impression de la plus parfaite unité. La fête de saint Grégoire à Bosserville est d'un heureux présage pour la journée liturgique projetée à Nancy pour la fin d'avril. »

(La Tribune de Saint-Gervais), A21, Paris, 1915, p. 105)

 

« M. l'abbé Maurice KALTNECKER, professeur au Petit-Séminaire de Bosserville. Cl. 1904 ; mobilisé le 31 juillet 1914. Infirmier à la 23e Section. Hôpital n° 18 à Toul (août, 1914-septembre 1917). Nommé caporal en octobre 1916. En sursis d'appel comme professeur (septembre 1917). » (René Hogard, Le Clergé du diocèse de Nancy pendant la guerre 1914-18, Nancy, 1920, p. 19)

 

« Palmes académiques :

Parmi les nouveaux titulaires du ruban violet, il nous est particulièrement agréable de citer M. l'abbé Maurice Kaltnecker, l'éminent organiste et compositeur d'œuvres religieuses, professeur au séminaire de Bosserville. Nos félicitations. »

(L'Est républicain, 27 février 1934, p. 5)

 

« Mgr Lallier a consacré la chapelle du petit séminaire de Renémont :

Au cours de la cérémonie, les élèves du petit séminaire interprétèrent des chants dus au chanoine Kaltnecker qui est un de nos meilleurs compositeurs de musique religieuse. »

(L'Est républicain, 22 juin 1951, p. 2)

 

« Dans les 630 paroisses du diocèse, des journées de Renémont seront organisées cette année au profit du Petit Séminaire :

Le Petit Séminaire est la Maison, la Communauté. Faire vivre ce foyer est une nécessité pour le diocèse. Il est dirigé par Mgr Kaltnecker et il entend, en bon père autant qu'en supérieur avisé, faire vivre la Maison. Mais... mais les travaux sont loin d'être achevés. […]

L'une des ailes seulement est achevé. Les travaux de la seconde sont interrompus.

« Je dis toujours à Mgr Lallier, déclare en souriant Mgr Kaltnecker : Comment voulez-vous que je m'envole au ciel avec une seule aile ? »

(L'Est républicain, 15 janvier 1952, p. 2)

 

« Distinction :

Nous apprenons que M. le Chanoine Kaltnecker, supérieur du petit séminaire, musicien de renom vient d'être nommé Prélat de la Maison de Sa Sainteté. »

(L'Est républicain, 10 juillet 1951)

 

« En présence d'une foule recueillie, Mgr Kaltnecker a posé la première pierre de la petite chapelle dédiée à Notre-Dame Vierge des pauvres.

Pendant que toute l'assistance s'unissait à la schola du petit séminaire pour l'exécution des chants à la gloire de la Vierge, Mgr Kaltnecker procédait à la bénédiction de la première pierre de l'édifice qui porte l'inscription : « Cette pierre a été bénite le 30 mai 1954 par Mgr Kaltnecker, supérieur du Petit Séminaire de Renémont, M. l'abbé Matte étant curé de Marbache. »

(L'Est républicain, 31 mai 1954, p. 4)

 

« PIONNIER DU CHANT GRÉGORIEN Mgr Kaltnecker quitte Renémont pour la Commission diocésaine de la musique :

Nous apprenions, il y a quelques jours, la nomination de M. l'abbé Louis Köll, professeur d'histoire et de géographie à Saint-Sigisbert, comme supérieur du Petit Séminaire de Renémont. « La Semaine Religieuse » ayant publié dans son dernier numéro la lettre personnelle de Mgr Lallier, envoyée de Lourdes aux prêtres du diocèse, nous sommes désormais en mesure d'apporter à ce sujet les précisions nécessaires.

Le Petit Séminaire est installé, depuis quatre ans, à Renémont, dans une coquette propriété située entre FléviIle et Jarville, appartenant jadis à M. Gouy de Bellocq ; ce dernier avait fait notamment venir de la rue de Guise, pour son petit château, la façade Renaissance de la demeure d’un consul d'Italie. Celle-ci a été conservée mais jure quelque peu avec le style résolument moderne du nouveau séminaire. Pendant douze ans, depuis les jours difficiles de l'occupation, celui-ci a été dirigé par Mgr Kaltnecker, officier d’Académie et prélat de la Maison de Sa Sainteté, avec, selon les propres termes de l'évêque de Nancy, « une sagesse peu commune, une intuition très juste des hommes et un dévouement sans relâche ».

Agé de 70 ans, Mgr Kaltnecker est issu d’une famille lorraine Il fit ses études au collège libre de Pont-à-Mousson, puis au Petit Séminaire, où il tenait l'orgue pour les grandes cérémonies. Dès son ordination, il assistait aux cours de M. Guy Ropartz, professeur au Conservatoire. Mais la musique ne fut pas son occupation essentielle et, malgré de nombreuses compositions, il se consacra sans relâche, pendant 36 ans, à son travail de professeur de lettres et de maître de musique aux séminaires de Pont-à-Mousson, Sion, Bosserville - où il resta 42 ans - avant de s'installer à Renémont.

UN GRAND MUSICIEN GREGORIEN :

Les temps libres étaient consacrés â l’art. Mgr Kaltnecker est, en effet, le compositeur de nombre de chansons profanes comme « La Chanson du Vannier », « Le Pays Natal » - sur des paroles de Joachim du Bellay - ainsi que deux recueils, « Au rythme des saisons » et « Au fil des jours » dont les paroles sont de deux, abbés lorrains : MM. Barbier et Chrisment (ce dernier signant : Jean Chantaine).

Pionnier de la restauration du chant grégorien, Mgr. Kalfnecker a aussi créé « Le cantique des vocations » - en collaboration avec l’abbé Delarue, actuellement chanoine et professeur à la Malgrange -, celui du « Christ-Roi » et la « Messe à Jeanne d’Arc ». La musique a dominé la vie du supérieur du Petit Séminaire, qui a d’ailleurs préparé au sacerdoce la majeure partie des jeunes générations de prêtres. Pour lui, il ne peut s'agir que de « musique digne », grave, sincère et pieuse. Devant prendre la présidence de la Commission de Musique - récemment créée par Mgr Lallier — pour conseiller les scolas et les curés des paroisses, le nouveau vicaire général honoraire laisse au nouveau Supérieur un séminaire moderne et pratique. Situé en plein Midi, ce dernier, par sa conception, réunit les meilleures conditions d'hygiène et de commodité.

UN « COLLEGE » MODERNE :

Les dortoirs en effet sont dotés de « pédicuves » et les escaliers autour desquels se groupent le dortoir, l'étude, la classe, l’oratoire, le réfectoire et le préau, servent d'épine dorsale aux installations de chaque division. Signalons aussi, en ce qui concerne le réfectoire, l'installation de tables hexagonales, cependant qu’au-dessus du maître-autel de la chapelle - sous laquelle se tient la salle des fêtes - vient d'être terminé, il y a environ 15 jours par le groupe Basserville et Martinaud, de Paris, une admirable fresque, moderniste à souhait, illustrant cette phrase du Christ : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Les couleurs en sont chatoyantes mais le « fond » fait sembler à un mur que détériore l'humidité. Les symboles sont extrêmement riches, notamment pour le Christ, visage allongé, yeux exorbités et mains démesurées pour concrétiser leur extraordinaire puissance miraculeuse. Rappelons enfin que les plans du bâtiment conçus par MM. Criqui et Mienville, ne sont pas encore totalement exécutés. Il reste encore une aile, la branche de l'Y auquel fait penser le séminaire vu de haut. Mgr Lallier aimerait que les travaux soient terminés pour 1957.

Mais la générosité des fidèles le permettra-t-elle ?

LE NOUVEAU SUPERIEUR :

En attendant, M. l’abbé Köll, avec son habituel sourire et son sens inné de l’autorité, devra diriger une maison bien tenue, réputée pour son climat de confiance et de discipline. Les Nancéiens le connaissent bien et lui sont très attachés, notamment tous ses anciens élèves qui se rappellent avec émotion les délicieux et savants cours de géographie et de (petite) histoire. Mais sa nouvelle tâche est écrasante, « la plus importante, aux dires de l’Evêque de Nancy, pour l'avenir de notre diocèse, avec celle du Supérieur de l’Asnée », c’est-à-dire du Grand Séminaire. Aussi, tous nos vœux accompagnent M. l’abbé Köll dans sa nouvelle et haute fonction, — M. DOLE »

(L'Est républicain, 1er septembre 1954, p. 3)

 

« KALTNECKER (Mgr M.).

Le petit Séminaire de Pont-à-Mousson. 1817-1906. Histoire et souvenirs.

Préface de Mgr Émile Pirolley.

Nancy, Imp. G. Thomas, 1958. In-8°, 136 p., phot. h. t.

Mgr Kaltnecker est bien connu pour ses compositions musicales qui illustrent maintes cérémonies religieuses. Mais cette fois Mgr Kaltnecker a quitté la plume du compositeur, pour prendre celle de l'historien, non pas l'historien minutieux, mais, comme le note Mgr Pirolley dans sa préface, plutôt le chroniqueur qui rassemble « les anecdotes où se manifestent... une mentalité, un style de vie, où resurgissent... des visages, des carrières ». Et c'est ainsi que nous voyons, au cours des chapitres, défiler en de vivants portraits, les professeurs et les élèves illustres du Petit Séminaire. Mais Mgr Kaltnecker n'en a pas moins fait réellement œuvre d'historien en évoquant les conséquences de la Révolution de 1830, l'expulsion de 1906, ou les péripéties de la guerre de 1870. Voilà qui comble une lacune en effet, on a bien quelquefois parlé de l'abbaye Sainte-Marie-Majeure de Pont-à-Mousson, le couvent de Prémontrés où s'installa le Petit Séminaire en 1817, on retrouve sur ce sujet quelques articles dispersés, l'un de Germain de Maidy dans les Mémoires de la Société d'archéologie lorraine de 1895 et deux de E. Martin et A. Hallays dans la Semaine religieuse de Nancy respectivement en 1907 et 1908. Mais pour ce qui concerne le XIXe siècle, l'ouvrage de Mgr Kaltnecker est tout à fait nouveau et il faut l'en féliciter chaudement. »

(Le Pays lorrain, A39, n°1, 1958, p 66)

 

« Mgr. KALTNECKER. — C'est une double perte que la mort de Mgr. Maurice Kaltnecker, perte sur le plan religieux et sur le plan musical. Il était né le 13 août 1884 aux Roises (Meuse) et fut ordonné prêtre le 4 août 1907 après avoir fait ses études au Petit et au Grand Séminaire de Nancy. Il fut nommé professeur au Petit Séminaire dès octobre 1907. Le 14 juillet 1942, toujours à son poste à Bosserville, il devint supérieur, fonction qu'il ne quitta que le 29 août 1954 à Renémont. A côté de cette longue carrière d'enseignant il fut un grand musicien d’église ; élève de Ropartz, il restaura le chant grégorien dans le diocèse et composa lui-même de nombreux chants religieux ; en août 1954, il était nommé président de la commission diocésaine de Musique Sacrée. Le 8 janvier 1932, il devenait chapelain d'honneur de la cathédrale, chanoine honoraire le 27 décembre 1935 ; puis le 28 juin 1951, un bref de Rome lui décernait la dignité de prélat de la Maison de Sa Sainteté. Enfin Mgr Kaltnecker avait fait une carrière littéraire : membre de l'Académie de Stanislas, il avait écrit « Histoire et souvenirs. Le petit Séminaire de Pont-à-Mousson de 1817 à 1907 » et préparait un autre ouvrage pour la période de 1907 à 1951. »

(Le Pays lorrain, A40, n°1, 1959, p 78)

 

« Kaltnecker (Monseigneur Maurice). (13 août 1884-8 janvier 1959). Prélat de Sa Sainteté, vicaire général honoraire. Associé correspondant résidant à Nancy, le 19 novembre 1954. Membre titulaire le 6 juillet 1956.

* Deux lorrains au service de la musique sacrée, discours de réception à la séance solennelle et publique du 21 mai 1958, Mémoires 1957-1960, p. 81-94 Evoqué dans la réponse du président, ibidem p. 107-109.

* Le chant grégorien, sa restauration en France et à Nancy, communication du 4 mai 1956, np.

* Evoqué dans les rapports du secrétaire annuel, Mémoires 1953-1955, p. 161 et 1955-1957, p. 267-268.

* Décès évoqué dans le rapport annuel, Mémoires 1957-1960, p. 154.

* Eloge funèbre par le président Richard, Mémoires 1957-1960, p. 221-223. Photographie p. 222.

* Evoqué encore dans le discours de réception du docteur Tarte, Mémoires 1961-1962, p. 131-154. »

(Tables de l'Académie de Stanislas)

 

Olivier Geoffroy

(septembre 2020, mise à jour : mai 2023)


La Commission de Musique Sacrée de Nancy
à travers La Semaine religieuse (1955-1958)

 

La semaine religieuse
Entête de La Semaine religieuse du diocèse de Nancy et de Toul avec les armes de Mgr Lallier
( coll. O Geoffroy )

Le bulletin d’informations du diocèse de Nancy et de Toul [Nancy, Vagner] présentait les différentes activités de la Commission instituée par Mgr Marc Lallier et en particulier la fête annuelle des chorales paroissiales réunies pour un concert à la salle Poirel.

Avec à sa tête Mgr Maurice Kaltnecker (1884-1959), cette commission ne manquait pas de travail. Ainsi, à la suite de la réunion de janvier 1955 :

" Monseigneur le président exprime le souhait que la Commission ne se contente pas de délibérer mais qu’elle passe à l’action.

" Il l’informe donc qu’il a signalé à MM. Les Curés de Nancy et de la banlieue l’ouverture, dès le 5 février, de cours de chant grégorien et d’accompagnement. Le cours supérieur de chant (professeur : M. l’abbé Mary) aura lieu le samedi à 15 heures, salle des catéchismes de la Cathédrale, entrée 1, rue Montesquieu. Le cours préparatoire (même professeur) aura lieu le samedi à 17 heures au même local. Le cours d’accompagnement du plain-chant et du cantique populaire (professeur : Mgr Kaltnecker) aura lieu le samedi à 16 heures. [...]

" On décide d’organiser une journée des chorales à quatre vois mixtes, le dimanche 3 juillet. [...] On entrevoit une grand-messe à la Cathédrale et, l’après-midi, un concert donné par les chorales à la salle Poirel. [...]

Kaltnecker : Messe du Sacré-Coeur
Premières mesures de la Messe en l'honneur du Sacré-Cœur de N. S. Jésus-Christ, à 4 voix mixtes, de Mgr Kaltnecker, dédiée à l'abbé Jean Mary, maître de chapelle de la cathédrale de Nancy, Nancy, SAEM, 1957
( coll. O. Geoffroy )

" L’unité de doctrine est indispensable entre le membres de la Commission ; M. l’abbé Mary a commencé et continuera l’exposé des principes rythmiques selon la méthode de Solesmes enseignés à l’Institut grégorien de Paris. M. le chanoine Roussel, à la réunion du 10 février parlera de la méthode Ward. " [p. 72]

Le chanoine Alexandre Roussel (1890-1961) était maître de chapelle à la Cathédrale de Nancy et directeur de l’Ecole Presbytérale :

" Pendant cinq lustres, M. Roussel accomplit une rude et belle besogne [...] inculquant solidement à ses clergeons les rudiments du français, du grec et du latin, les récréant avec des vocalises et des exercices de solfège, car M. Roussel, ignorant le repos hebdomadaire, assurait le dimanche, avec sa psallette, renforcée aux fêtes par le Grand Séminaire, la partie musicale des offices capitulaires. " [Semaine religieuse, 1951, p. 410]

Pour ce qui concerne les propositions, les résultats ne tardent pas à venir :

" Mgr le Président annonce à ses collègues que quarante-cinq chorales à quatre voix mixtes ont donné signe de vie. [...] Une dizaine de jeunes gens suivent le cours d’accompagnement ; douze assistent à la classe supérieure de chant grégorien ; plus de cinquante fréquentent le cours du premier degré. 

" En fin de séance, M. le chanoine Roussel expose brièvement les principes de la méthode Ward. [...] Précisons qu’elle s’adresse aux enfants de six à dix ans et que là où elle est sérieusement appliquée, elle produit des merveilles. [...] En bref, petits garçons et fillettes s’instruisent en s’amusant : c’est la musique par la joie. " [10 avril 1955, p. 215]

Les chorales sont priées de travailler quelques pièces en attendant la répétition générale : Messe grégorienne n° IX, Peuple Chrétien (M. Kaltnecker, extrait de la Cantate au Saint-Sacrement) et Pâques (C. Magin).

On apprend que l’abbé Kirchhoffer du diocèse de Strasbourg a été invité le 24 mai 1955 à présenter l’organisation " caecilienne " et la tradition musicale religieuse d’Alsace.

Enfin, la fête des chorale du 3 juillet 1955 donne lieu à des échos chaleureux :

" Pendant la messe, l’imposant Cavaillé-Coll de notre Cathédrale, aux ordres de l’organiste titulaire, M. P. Cortellezzi, nous fit entendre au prélude de Bach, une fugue de Dupré et un final de Vierne, qui encadrèrent somptueusement le chant sacré. [...]

" La salle Poirel connut, dans l’après-midi, une audition musicale à laquelle certes elle n’est point habituée. [...] Quatre cents voix, après une quart d’heure de répétition, exécutèrent sans bavure – tant le travail préliminaire avait été soigné – deux hymnes grandioses, dont l’une au moins présentait de sérieuses difficultés. " [7 avril 1957, p. 205]

Ensuite, différents groupes se succédèrent avec un répertoire éclectique incluant des pages du Messie de Haendel. Forts de ce succès, c’est durant plusieurs années que ces rassemblements de chorales se déroulèrent.

En 1957 pour la journée du 2 juin le programme commun comprenait : " L’Introït Viri Galilae grégorien, Ecce Sacerdos magnus (Mgr Kaltnecker) et le cantique Saintes Orgues (C. Caspar) ". [citation de l’abbé Pierre Matte dans le numéro du 16 juin 1957, p. 379] Comme les deux précédentes, ce fut une réussite, bien qu’ayant lieu "  à une époque où l’on est parfois tenté de se contenter de cantiques-minutes, où certains souhaiteraient, de façon excessive, éliminer le latin de la liturgie. [...] Des chorales autrefois prospères ont disparu complètement, des maîtres de chapelle et des organistes en viennent parfois à douter de leur utilité dans l’Eglise. La fête des chorales rend confiance à ceux qui seraient tentés de se décourager."

Le 1er juin 1958, le grand chœur donna l’Introït de la Pentecôte Spiritus Domini, le chant des chorales Gloire au Seigneur (de Mgr Kaltnecker, déjà exécuté en 1956) et le Psaume 150 de César Franck.

Entre temps, le 20 avril, ce sont deux cent cinquante jeunes chanteurs issus des manécanteries régionales de Nancy, Epinal et Metz qui se rassemblèrent également à la salle Poirel :

"  Chaque chorale exécuta des œuvres séduisantes des XVIè et XVIIè siècles et aussi de la musque française moderne. Le folklore étranger ne fut pas oublié. [...] Le matin, à la Cathédrale, on avait goûté la Missa brevis de Palestrina, l’Exultate justi et des extraits au grand-orgue d’une symphonie de Vierne brillamment exécutée... On est gâté à Nancy. " [27 avril 1958, pp. 328-329]

Entre les pièces vocales de la journée des chorales de juin, Pierre Cortellezzi joua le deuxième mouvement du concerto en sol mineur de Haendel et le Carillon en si bémol de Vierne.

Enfin, du 1er au 18 septembre 1958, une session Ward fut organisée et suivie par 35 participants.

Après le décès de Mgr Kaltnecker en janvier 1959, la Commission perdit en influence et cessa progressivement ses activités.

Olivier Geoffroy

Notes sur quelques serviteurs de la Musique sacrée.

 

Quelques mots à propos de Geneviève Trotot (1919-2009)

nièce de Mgr Kaltnecker et musicienne

 

 

Née le 15 octobre 1919 à Jarville-la-Malgrange (Meurthe-et-Moselle), Geneviève Trotot (dite « Ginette ») s'est découvert très tôt une passion pour la musique. Son père dirige une entreprise de serrurerie-métallerie et c'est au conservatoire de Nancy, dans les classes de piano, solfège, chant, opéra, art dramatique, qu'elle étudie. Elle y obtient les premiers prix dans toutes ces disciplines et après son baccalauréat (à l'époque, en deux parties), débute une carrière de chanteuse lyrique (soprano). Elle se produit dès 1944, à Radio-Lorraine. Actrice au Théâtre de la Passion de Nancy (rôle de Claudia, femme de Pilate), elle chante également à l'ensemble Interscholae et donne des cours particuliers de piano. Très liée à Mgr Kaltnecker, qui était son oncle et son parrain, elle l'accompagne durant ses congés estivaux chez des confrères maîtres de chapelle dans le Sud de la France.

 

En 1962, le père Paul Hertzog, directeur du collège-lycée La Malgrange, à Jarville, fait appel à son talent et l'engage comme professeur d'éducation musicale. Elle enseignera dans cet établissement jusqu'à sa retraite, en 1982 et y laisse le souvenir d'un professeur passionné, sévère voire intransigeant mais aussi dynamique.

 

Geneviève Trotot est morte le 26 octobre 2009 à Vandoeuvre-lès-Nancy, après un court séjour à l'hôpital. Elle était toujours domiciliée dans la maison de ses parents, rue de la République, à Jarville.

Olivier Geoffroy

(décembre 2020)

coll. O. Geoffroy (DR.)


Geneviève Trotot, les concours de conservatoire

 

« Concours du conservatoire – Chant - 2ème division :

Mlle Trotot, soprano, chante le classique avec souplesse et nuance, avec facilité ; belle interprétation musicale et soutenue de l'air du « Roi d'Ys ». […]

Le palmarès : Première mention : Mlle Geneviève Trotot (Carbelly). »

(L'Est républicain, 23 juin 1938)

 

« Concours du conservatoire - Opéra et opéra-comique :

Mlles Grisvard et Trotot ont abordé la scène de Margared et Rozenn, du « Roi d'Ys » Mlle Grisvard est bien servie par un timbre chaud de mezzo ; sa voix étendue devrait cependant surveiller l'articulation dans le récit rapide. L'organe frais et pur de Mlle Trotot eut du charme et de la tendresse ; elle a chanté avec expression le grand air de cette scène. […]

Le jury était composé de MM. Alfred Bachelet, le docteur Zuber, Kronberg, Lorrain, René d'Avril et Elbel. A minuit, il apportait le jugement suivant : [...] 1er accessit : Mlle Geneviève Trotot. »

(L'Est républicain, 24 juin 1939, p. 5)

 

« Diction - Première division :

Mlle Trotot, une bonne lecture, des qualités de voix et de diction claire dans la fable de La Fontaine.

Au jury : MM. Alfred Bachelet, Elbel, Raux, Thirion, Kronberg, René d'Avril et Maurice Jacquet. […]

Le palmarès : Première division :

2ème accessit : Mlle Geneviève Trotot. […]

Solfège (chanteuses), cours Mlle Lagarde

Première mention : Mlle Trotot Geneviève »

(L'Est républicain, 25 juin 1939, p. 5)

 

« Concours du conservatoire – Chant :

Première division : Mlle Trotot, une belle voix de soprano, de grandes qualités de timbre avec un médium placé, un aigu brillant. De très agréables nuances dans les « Noces de Figaro », et une interprétation très expressive de l'air du Miroir de Thaïs.

Au jury : MM. Alfred Bachelet ; Delaunay ; Sadler, docteur Zuber, Adrien, Thirion et Mandleur. A 20 h. 15, il rapportait le jugement que voici : […]

Premier accessit : Mlle Geneviève Trotot (Carbelly). »

(L'Est républicain, 27 juin 1939, p. 5)

 

« Mlle GenevièveTrotot a fait preuve de brio et de verve dans « On ne badine pas avec l'amour ». […]

Comédie : 2ème accessit : Mlle Geneviève Trotot. »

(L'Est républicain, 29 juin 1939, p. 5)

 

« Conservatoire de Musique - Résultats des examens d'admission aux concours :

Chant, Classe de M. Carbelly :

1ère division : Trotot Geneviève

Diction :

1ère division : Trotot Geneviève. »

(L'Est républicain, 17 mai 1940, p. 3)

 

« La Diction, la Comédie et la Tragedie :

La diction le matin, la comédie et la tragédie l'après-midi de jeudi, ont donné lieu, pour les élèves de l'excellent professeur Fleurant, à des concours intéressants.

Diction :

Première division :  2ème prix à l'unanimité : Trotot Geneviève. »

(L 'Echo de Nancy, 25 juillet 1941, p. 3)

 

« La diction :

La classe de diction et de déclamation, ainsi que celles de comédie et tragédie, sont confiées à M. Louis Fleurant, qui a formé de nombreux élèves, dont plusieurs ont connu de flatteurs succès, soit sur des scènes importantes, soit dans des tournées où l'on était heureux de les retrouver. […]

Mlle Geneviève Trotot, qui a fait de grands progrès depuis l'an dernier et n'a pas mal lu - un peu vite pourtant. […]

Palmarès :

Diction, Première division :

2ème prix à l'unanimité : Mlle Trotot Geneviève. »

(L 'Echo de Nancy, 27 juillet 1941, p. 4)

 

« Mlle Geneviève Trotot (C) est une des élèves qui me semble le plus nettement en progrès. Elle a chanté un de ces airs des anciens opéras qui ne sont que traits et appogiatures : « l'air de la Norma de Bellini ». Et je dois dire que cela était bien modulé avec la conception italienne de la voix instrument ; en l'espèce, un soprano étendu. Du goût dans une bleuette charmante de Pierné : « Les trois oiseaux ». Est montée, comme on le verra, d'un degré dans l'échelle des récompenses. De deux m'eût paru encore plus naturel.

Résultats du concours de chant :

2ème prix à l'unanimité : Mlle Trotot Geneviève. »

(L 'Echo de Nancy, 31 juillet 1941, p. 4)

 

« Opéra – Opéra-comique :

A des qualités de chanteuses auxquelles, par ailleurs nous avons déjà rendu hommage, Mlle Trotot joignait une intelligence scénique non méprisable. Et cela l'a aidée à porter à son exacte mesure, l'air « Sur la mer calmée » de Madame Butterfly qui parait souvent si absurde quand il est détaché du théâtre. […]

Résultats des concours d’opéra et d'opéra-comique :

2ème prix d'opéra : Mlle Trotot Geneviève, à l'unanimité. »

(L 'Echo de Nancy, 3 août 1941, p. 3)

 

« Concours de chant - Première division :

Premier prix : Trotot Geneviève. »

(L 'Echo de Nancy, 26 juin 1942, p. 2)

 

« Le chant :

Il y avait 23 concurrents ou concurrentes. Le Jury a décerné trois premiers prix, trois seconds prix, dix premiers accessits et cinq seconds accessits.

L'émission soignée, de fines vocalises et de la souplesse dans une voix normalement posée ont valu à Mlle Trotot (classe Carbelly), chantant un air du « Pré aux Clercs », la première récompense, première nommée. »

(L 'Echo de Nancy, 29 juin 1942, p. 2)

 

« Comédie :

Premier prix à l'unanimité : Trotot Geneviève. »

(L 'Echo de Nancy, 6 juillet 1942, p. 2)

Collecte : Olivier Geoffroy

(novembre 2022)


 


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