Thomas Martin KURAS

Tom Kuras
Tom Kuras
( photo Jack Kausch )
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Le 26 juillet 1997 à Birmingham (Michigan, USA) s'éteignait dans la discrétion, à l'âge de 46 ans, Thomas Kuras, artiste complet, éminent érudit et homme généreux. Il nous plaît de rendre ici un hommage public à ce musicien accompli, organiste virtuose, pianiste, claveciniste, forte-pianiste, mais encore chef de chœur, chanteur, musicologue, compositeur et pédagogue, sans oublier le linguiste distingué qu'il était, parlant en plus de l'anglais (sa langue natale), l'italien, l'allemand, le hollandais et le français, ainsi que le grec et le latin classiques! En tant qu'interprète il se produisait avec son ensemble "Chamberworks" et donnait de nombreux récitals de clavecin ou d'orgue aux programmes ambitieux, parmi lesquels figuraient notamment plusieurs intégrales d'œuvres pour orgue (Jean-Sébastien Bach, Pachelbel, Buxtehude, Brahms, Widor, Vierne), de nombreuses pages de Duruflé et Franck, et les Concertos de Haendel... Lors d’un concert où il tenait la partie de clavecin du redoutable Cinquième Concerto Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach un critique n'hésita pas à écrire que c'était un "musicien exceptionnel ... [et] impressionnant". Parmi les nombreuses œuvres qu’il fit redécouvrir au public, notons la Passion selon Saint Luc de Telemann dont il donna la première américaine le 16 avril 1976. Cet artiste était aussi un improvisateur talentueux et un virtuose des claviers. La revue américaine "The Diapason" (novembre 1995), relatant un jour un concert pour l’Organ Historical Society Convention, au cours duquel il interprétait notamment des pages de Bossi, Dubois ainsi que son Postlude sur "Vigiles et Sancte", mentionnait qu'il avait joué "une saisissante improvisation sur, non un seul, mais les trois thèmes qu’on lui avait soumis [qui] fit crouler la salle…"

Né le 21 décembre 1950 à Detroit (Michigan, USA) de souche polonaise, Thomas Martin Kuras, dernier enfant d'une fratrie de quatre, a une enfance difficile. Il souffre de l'absence du père et sa mère, débordée par de nombreuses charges, a peu de temps à lui consacrer. C'est un adolescent timide, de santé fragile, dont on ne s'occupe guère. Plus tard, sa sœur Rosemary l'aidera beaucoup se révélant alors une bienfaitrice des arts. Sa mémoire extraordinaire va cependant l'aider à entreprendre très tôt des études musicales en autodidacte. Il commence par apprendre le piano, puis prend des leçons auprès de l’organiste de l’église catholique Epiphany de Detroit, attenante à l'école primaire qu'il fréquente alors. C'est ainsi qu'en 1962, à l’âge de 12 ans, il est nommé organiste de l’église Saint-Alphonsus de Dearborn (Michigan), poste qu'il va occuper durant 8 années et qui l’aidera à payer ses études scolaires au Lycée de l'University of Detroit High School. C'est dans cet établissement qu'il apprend le grec et le latin, et d'où il ressort en 1968 ses diplômes en poche.

Église St-Alphonsus
Orgue de l'église St-Alphonsus
Eglise Saint-Alphonsus et son orgue, Dearborn (banlieue de Detroit)
( photos Nadine Deleury )
Palestrina Institute, Detroit, en 1941
L'Institut Palestrina à Detroit, en 1940
( photo X..., DR. )

Parallèlement à ses études générales, Thomas Kuras effectue de 1963 à 1968 un cursus musical au "Palestrina Institute" de Detroit. Fermé à la fin des années 1960, cet établissement avait été fondé en décembre 1940 par René Becker et son fils Francis, alsaciens d'origine, et dépendait de l’Archevêché de Detroit. On établit à l'époque un programme d’enseignement de la musique sacrée destiné à la formation des futurs musiciens d’église et la promotion de la musique religieuse, en accord avec le motu proprio de Pie X. Appelé tout d'abord "The Palestrina Foundation of Detroit", il accueillait les garçons de 13 à 18 ans auxquels étaient enseignés l’orgue, le piano, le chant, la théorie, le solfège, l’harmonie, la composition et le contrepoint, ainsi que la liturgie, l’histoire de la musique en général et plus particulièrement religieuse, sans omettre la direction chorale. Dans cette école Thomas Kuras suit notamment les cours de l'organiste belge Lode Van Dessel1, envers lequel il garda toute sa vie une profonde reconnaissance. Ce sera d'ailleurs le seul maître dont il se plaira à reconnaître l'influence, d'autant qu'il lui fit aussi un office de père et de mentor.

En 1968 une fois ses études terminées à l'Institut Palestrina, Thomas Kuras entre à l'Université de Detroit (Wayne State University) pour obtenir un diplôme officiel et non, comme on pourrait le penser, pour parfaire ses études musicales car au dire de tous, le niveau de l’éducation musicale reçue audit Institut était bien au-dessus de celui offert à l’université! Ceci ajouté à son talent naturel rendait ses rapports difficiles avec ses professeurs. On raconte à ce propos que lors d'un cours de contrepoint l'enseignant avait donné un exercice à écrire pour la classe suivante, mais que Thomas Kuras l'avait rendu, non sans une satisfaction à peine dissimulée!, dès la fin du cours…, situation qui mit dans l'embarras ledit professeur ! C'est ainsi qu'il abandonne l’université à la fin de la première année mais ceci ne l'empêche nullement de devenir peu après le plus jeune membre de la célèbre "American Guild of Organists" (AGO). Tout d’abord reçu comme Associate après avoir réussi l’examen en juin 1970, il devient ensuite Fellow en juin 1971. Il était alors, à l'âge de 20 ans, le plus jeune à avoir réussi les épreuves de cette guilde. Cette année-là (1971) celles-ci s’étalaient sur deux jours et débutaient par un récital de 40 minutes d’un programme choisi parmi les trois proposés (il obtint le maximum de points). Les épreuves suivantes consistaient en un déchiffrage d’une pièce d’orgue et d’un extrait de symphonie, suivi d’une réalisation de basse continue d’une cantate de Bach, de deux transpositions d’un choral de Bach et enfin d'une improvisation sur deux thèmes donnés. Quant aux épreuves écrites, il s'agissait de compléter en trois heures et demi de temps une œuvre en contrepoint, d'écrire une fugue à 4 voix sur un sujet donné, et d'orchestrer un passage de symphonie pour certains instruments désignés. Suivait une dernière épreuve de même durée avec dictées musicales, finition d’un extrait d’un Quatuor de Reger dont on donnait quelques mesures, puis seulement la partie de premier violon, écriture d’une pièce pour orgue sur une mélodie donnée et enfin des essais sur trois sujets concernant l’écriture et l’histoire de la musique. Les épreuves dans lesquelles il excella plus particulièrement furent l’écriture de la fugue, les dictées, le quatuor et les essais.

Parallèlement à ses études entreprises en 1968 à l'Université, Thomas Kuras est nommé la même année titulaire de l'orgue de la Blessed Sacrament Cathedral de Detroit, poste qu'il occupe durant 5 ans, avant d'être recruté comme organiste, cantor, directeur musical et chef de chœur de l’église Saint-Joseph de Detroit2 dans des circonstances qu'il convient de rappeler : le 18 mars 1973, une grande messe était organisée pour la fête de Saint Joseph au cours de laquelle devait être interprétée une messe de Mozart. L'orgue de cette église catholique, construit en 1873 par la Maison J.H & C.S. Odell (le 2ème plus important du Michigan à cette époque, électrifié en 1915), ne pouvait être utilisé étant en cours de reconstruction complète par le facteur William M. Worden. Un orgue électronique Baldwin servait provisoirement pour accompagner les offices. L'organiste titulaire, bloqué par une tempête de neige, ne put parvenir à l'église et l'on fit appel au dernier moment à Thomas Kuras. Celui-ci, malgré toute sa bonne volonté n'arriva qu'après le Kyrie, et bien qu'il n'appréciait guère de toucher un orgue électronique se mit aux claviers avec comme unique partition la basse chiffrée de la partie vocale. Toute la partie d'orgue de la messe de Mozart était entre les mains de l'organiste titulaire enneigé! Thomas impressionna tant les fidèles et les autorités religieuses par son talent qu'il fut engagé peu après comme nouveau titulaire à partir du 1er janvier 1974! Entre temps, la réfection de l'orgue étant terminée, le nouvel instrument fut inauguré le 25 novembre 1973 par Marie-Claire Alain. Quant à Thomas Kuras, il restera titulaire de Saint-Joseph de Detroit durant 23 ans jusqu'à son décès.

Église St-Jospeh, Detroit
Orgue de l'église St-Joseph, Detroit
Eglise Saint-Joseph, Detroit (photo Nadine Deleury)
et son orgue William M. Worden, 1973, 30 jeux répartis sur 2 claviers et pédalier (photo William M. Worden)

Dans cette église Thomas Kuras eut une intense activité portant très haut le niveau musical. C'est ainsi qu'il fonde en 1982 l'ensemble choral et instrumental "Philomusica" destiné à assurer la musique des cérémonies dominicales, tout en se produisant également en concerts dans toute la région ainsi qu’en Ontario (Canada). Son répertoire couvre une vaste période s'étendant du baroque au 20ème siècle, sans omettre des œuvres de son fondateur et directeur musical. Mais cette formation de grande valeur disparut à la mort de son responsable en 1997. Cependant lui a survécu, puisqu'elle se produit encore de nos jours, la chorale "Saint Joseph Cappella" qu'il avait également mise en place en 1985 pour les parties musicales des cérémonies religieuses de moindre importance. Pour certains offices religieux cet ensemble renforcé prend le nom de Saint-Joseph Academy of Music.

Durant ces années 1980, Thomas Kuras crée également (1987) les "Chamberworks", saisons de concerts au cours desquels se produit son ensemble de chambre du même nom dont il assure lui-même la direction. Constitué en permanence d’un instrument à clavier, de deux violons et d'un violoncelle auxquels s'adjoignent d'autres instruments en fonction des oeuvres interprétées, cette formation interprète plus particulièrement des oeuvres de musique baroque que son chef recherche soigneusement et met à disposition des musiciens, allant jusqu'à graver lui-même les partitions sur ordinateur pour en faciliter la lecture. Il tient aussi à présenter lui-même les concerts en commentant habilement les oeuvres jouées afin de mieux renseigner le public. Son érudition, l'immense bibliothèque de livres et de partitions qu'il détient chez lui, ainsi que sa collection impressionnante de disques qui reflètent ses goûts éclectiques tant dans le domaine littéraire que musical, lui permettent d'écrire des textes parfaitement documentés et de grand intérêt.

Passionné par toutes formes de musique Thomas Kuras se rend chaque été, entre 1984 et 1996, au "Wildacres Flute and Chamber Music Symposium" de Little Switzerland dans les montagnes de la Caroline du Nord, qui réunit des flûtistes baroques et modernes. Il y débute comme accompagnateur de la classe du flûtiste baroque de l'anglais Stephen Preston, avant de devenir rapidement claveciniste en résidence et d'y enseigner à son tour l’improvisation, l’accompagnement et les éditions de musique baroque. En outre, pour les traditionnels concerts de clôture, il lui arrive parfois d'écrire des oeuvres spécifiques, comme par exemple cette curieuse et amusante Chocolate Cantata pour quatuor de flûtes, clin d'œil malicieux au Cantor et à sa Cantate du café ! C’était d'ailleurs les seules vacances, si l'on peut dire!, qu’il s’offrait chaque année, attendant avec beaucoup d'impatience ces séjours à la campagne!

Thomas Kuras (debout) et James J. Hamman, organiste et facteur d'orgues à La Nouvelle Orléans
Thomas Kuras (debout) et James J. Hamman, organiste et facteur d'orgues à La Nouvelle Orléans, à la console de St-Joseph, Detroit, vers 1979
( coll. William M. Worden )

Outre ces périodes estivales, les activités de pédagogue de Thomas Kuras ne s'arrêtent pas là! Professeur de français à l’école Waldorf de Detroit où il s'occupe également de la chorale et de l'organisation de concerts (dans les années 1980), il donne aussi des leçons particulières, d'orgue, de piano, de clavecin et de forte-piano, ainsi que de théorie, de composition, de basse continue et enfin de chant, car, autre don que la nature lui avait donné!, il possédait une belle voix de baryton léger avec une étonnante tessiture qu'il utilisait généralement en chantant comme contre-ténor ! Ces leçons se déroulent bien souvent chez lui, où il détient plusieurs instruments à claviers : un orgue de facture allemande (3 jeux), acheté à un monastère du Kentucky, deux clavecins, véritables copies d'instruments anciens : l'un italien par le facteur David Sutherland d'Ann Arbor (Michigan) et l'autre flamand par le facteur John Lyon d'East-Detroit (Michigan), un piano-forte fabriqué également par John Lyon, et un piano droit.

Bon nombre de ses anciens élèves ont conservé de lui un souvenir impérissable et lui doivent beaucoup dans l'apprentissage de la musique. Les nombreux témoignages recueillis mentionnent notamment qu'"il était un pédagogue accompli pour ceux qui voulaient apprendre", que ses " leçons duraient parfois deux heures,[car] il était le seul qui ne regardait pas sa montre", ou encore que "désintéressé, affectueux, extravagant, Tom Kuras m’enseigna l’univers sans limite de mes capacités à étreindre, apprécier et partager la musique comme auditeur, interprète et chef d’orchestre", où qu'"il fut un interprète et un pédagogue inspiré et ajouté à cela sa vaste connaissance musicale et son incroyable amour de la musique, il faisait vivre la musique et aidait ses musiciens et élèves à en faire autant.  J’ai chanté avec Philomusica et la chorale de Saint-Joseph parce que je savais que ça me donnerait l’occasion d’apprendre davantage sur la technique vocale, le style, le phrasé et l’interprétation." Et un autre d'ajouter :" Il était l’un des meilleurs, et même le meilleur chef de chœur sous la direction duquel j’ai jamais chanté. J’ai plus appris avec lui sur le chant qu’avec aucun de mes professeurs quand j’étais à l’université."

Et un autre encore, Wayne Wyrembelski, maintenant organiste et chef de choeur de la cathédrale Sainte-Mary à Gaylord, Michigan : "Ce fut un privilège d'étudier l'harmonie, le contrepoint et l'orgue avec Thomas Kuras. J'ai commencé mes études avec lui quand il était organiste à la cathédrale Blessed Sacrements de Detroit et ai continué quand il est devenu l'organiste de l'église Saint-Joseph. Dès le début, je fus fasciné par ses connaissances musicales, sa technique du clavier, ses vastes collections de partitions et enregistrements, et sa prodigieuse mémoire. Ses intégrales des oeuvres de Bach, Widor et Franck furent une véritable inspiration. Je n'oublierai jamais la musique qu'il écrivit pour notre mariage, les quelques pièces qu'il dédicaça à ma famille et les cadeaux à mes enfants. Je place les années passées à étudier avec lui, ainsi que notre profonde amitié, parmi mes souvenirs les plus chers." 

Membre de jurys de plusieurs concours musicaux, Thomas Kuras est dans ce domaine particulièrement attentif. Le témoignage qui suit, émanant d'un professeur de piano, résume parfaitement son état d'esprit : " Il était formidable avec les enfants. Il jugea mes élèves de piano pendant de nombreuses années. Quelqu’étaient leurs niveaux, ses remarques étaient toujours appropriées, dans un langage que les élèves pouvaient comprendre et dites avec humour. Une chose qui n’a jamais cessé de me surprendre c’est le fait qu’il se souvenait de mes élèves et de ce qu’ils avaient joué l’année précédente. Tout ce qu’il me suffisait de faire c’était lui donner le nom du morceau et il pouvait se souvenir exactement de la façon dont l’élève avait joué. " Bien que passionné, très exigeant et intraitable sur le respect de la musique, il ne dédaigne pas pour autant l'humour, adorant raconter des histoires drôles. Un de ses amis musiciens, le facteur d'orgues William M. Worden, se souvient : " Il avait des capacités intellectuelles et un talent bien au-dessus de ce que je n’ai jamais rencontré… Il savait les dons qu’il possédait… et les traitait comme des nouveaux jouets avec délice. Il en était content et reconnaissant. De temps en temps il vous lançait un regard du coin de l’œil quand il avait joué quelque chose de peu habituel et vous délivrait un petit sourire espiègle comme pour dire : je n’y suis pour rien ! Et c’était vrai, ce qui représentait un effort pour nous lui venait aussi facilement de la sorte pour lui! "

Parallèlement à ses nombreuses activités Thomas Kuras se livre aussi à la composition. La plupart de ses oeuvres est d'essence religieuse. On lui doit en effet des chorals, préludes et hymnes pour les offices catholiques, ainsi que des pages de musique pour orgue. Parmi celles-ci, sa Partita on the hymn tune "Austria" a été éditée en 1977 par le Detroit Chapter de l'American Guild of Organists, puis révisée par le compositeur en 1987 avant d'être rééditée en 1998 par St. Joseph's Press de Detroit. Elle est composée de 6 parties : Chorale, Pastorale, Chorale orné, Trio, Arioso, Fugue. Egalement publié par les mêmes éditions (en 1997) un recueil intitulé Christmas Carol preludes comportant 10 pièces : 1 – Joy to the world (little Toccata on "Antioch"), 2 – Berceuse on "Silent Night" (con doppio pedale), 3 – Pastorale on "Adeste Fideles" (Trio in the style of a French Noël), 4 – Cantilena on "O Little town of Bethlehem", 5 – Pastorale on two Christmas Carols "In dulci jubilo" and "Angels we have heard on high", 6 – Hark! The Herald Angels sing (Canonic organ chorale inspired by "Gottes Sohn ist kommen" BWV 600, from the Orgelbüchlein), 7 – Ostinato on a old english Carol "Kingsfold", 8 – Trio on "It came upon the midgnight clear", 9 – Pastorale on the First Noël, 10 – Trio on "Kings of Orient". Mentionnons encore pour orgue en cours de publication : Five Chorale préludes for organ on the hymn tune "Lauda Anima" et pour voix, un motet How far it to Bethlehem pour 4 voix mixtes (SATB) sans accompagnement (St. Joseph's Press). Et parmi ses oeuvres de musique de chambre, notons plus spécialement un arrangement pour 3, 4 ou 5 flûtes de la Suite en ut majeur pour "horloge mécanique" de Joseph Haydn (1995, ALRY Publications) et une édition de la Sonate en mi mineur pour flûte et basse continue RV 50 de Vivaldi (id.).

Concernant sa discographie, elle est encore peu importante à cette heure et consiste en 3 enregistrements :

- un coffret de 4 CD's intitulé "Historic Organs of Michigan", produit par l'Organ Historical Society de Richmond (OHS 95), dans lequel plusieurs organistes interprètent des oeuvres diverses, parmi lesquels Thomas Kuras à son orgue de Saint-Joseph de Detroit qui joue la Marche des Rois Mages de Théodore Dubois, la Marche pour orgue en mi bémol de Lefébure-Wély, le Tema varioto extrait des 12 Méditations pour orgue op. 167, n° 9, de Joseph Rheinberger, une pièce anonyme "Father, we thank You", et deux de ses oeuvres : la Berceuse on O Sanctissima et le Choral orné (extrait de sa Partita on the hymn tune "Austria") qui est un hommage à Charles Tournemire et plus particulièrement de sa Suite évocatrice, op. 74),

- un CD "Once upon a time, songs of love from across the ages" par le groupe Musicke's Pleasure de Phil Micheal, contenant notamment la chanson A poet to his beloved sur un poème de Yeats, musique de Thomas Kuras (St. Joseph Musical Society, Detroit),

- un CD "Everywhere Christmas tonight" par les mêmes chanteurs interprétant, entre autres oeuvres, deux pages de Thomas Kuras dont une version de Silent night

Tombe et monument funéraire de Tom Kuras
Monument funéraire de Tom Kuras, Mount Elliot Cemetery, Detroit
( photo Nadine Deleury )

Thomas M. Kuras est mort d'un cancer le 26 juillet 1997 à Birmingham (Michigan). Sur son monument funéraire au Mount Elliot Cemetery de Detroit ont été gravées une phrase extraite de l'oraison prononcée par William M. Worden  lors de la cérémonie religieuse des obsèques : He wore all of music as a seamless garment [and he wore it with inestimable distinction] et la musique de l'In Paradisum  deducant te Angeli (Que les Anges te conduisent au paradis) en notation grégorienne. Cette prière, que Fauré puis Duruflé ont si bien mise en musique dans leur admirable Requiem, était autrefois chantée au moment de la mise au tombeau. Thomas Kuras chantait lui-même fréquemment à la fin des messes de funérailles qu'il jouait celle de Duruflé, musicien pour lequel il avait une grande admiration, dans un arrangement de son crû pour voix solo.

Une grande partie (musique pour orchestre et musique vocale) de son importante collection de partitions a été donnée après sa mort à l'Université d'Oakland. Une autre partie (musique de chambre, musique pour clavier, musique chorale, opéras) et de nombreux ouvrages de sa bibliothèque ont rejoint le département de la musique de l'Université de La Nouvelle-Orléans (Tulane University) dévastée, avec une grande partie de la ville de La Nouvelle Orleans, par l'ouragan Katrina. Les partitions de Martin Kuras ont aidé à la reconstruction de sa bibliothèque musicale. Quant à nous, nous conservons précieusement l'un des ouvrages de sa bibliothèque que nous a si aimablement offert sa sœur Mme Rosemary Burgoyne : Les Musiciens célèbres depuis le seizième siècle jusqu'à nos jours par Félix Clément, édition de 1873 (Paris, Librairie Hachette, Gr. in-8°, XII-660 pages, 44 portraits gravés à l'eau-forte). Thomas Kuras avait en effet une grande admiration pour les auteurs français, ainsi qu'en témoignent les nombreux livres de sa bibliothèque écrits dans la langue de Molière. Dans sa préface Félix Clément affirme que la musique est une émanation de l'âme et que l'œuvre reflète l'homme. Un siècle plus tard, ses allégations se confirment encore avec Thomas Kuras, chez lequel à l'évidence l'œuvre magnifique démontre la noblesse de son âme.

Denis Havard de la Montagne
avec la collaboration de Nadine Deleury
(janvier 2006)

Fichiers au format Lecteur Windows Media Les fragments des oeuvres présentées sont extraits d'un récital donné par Thomas Kuras à l'orgue de l'église Saint-Joseph de Detroit lors du congrès de la "Organ Historical Society". Nous remercions le directeur de cette Société, M. Ed Kelly (auteur de l'enregistrement) et Mme Rosemary Burgoyne (soeur de l'auteur-interprète) de nous avoir aimablement autorisé à mettre en ligne ces extraits, sans oublier M. William M. Worden.

Arioso (extrait de la Partita on the hymn tune "Austria")
Fugue (extrait de la Partita on the hymn tune "Austria")
Berceuse sur "O Sanctissima"

Lode Van Dessel
Lode Van Dessel
( coll. Peter Van Dessel )
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1) Né en 1909, non loin de Malines (Belgique), décédé le 7 juillet 1993 en Belgique, ancien élève de Jules Van Nuffel, Flor Peeters et Marius de Jong à l'Institut Lemmens de Malines, Lode Van Dessel débuta sa carrière d'organiste en 1928 à l'orgue de l'église Saint-Pierre de Turnhout, enseignant parallèlement au Conservatoire de cette ville le solfège, le piano et la direction d'orchestre. En juin 1947, Lode Van Dessel émigra aux U.S.A. où il toucha durant deux années l'orgue de l'église Saint-Thomas d'Ann Arbor (Michigan) avant d'être nommé titulaire de l'instrument de Saint-Aloysius de Detroit, poste qu'il occupa jusqu'à sa retraite et son retour en Belgique en 1971. En juin 1953, il avait obtenu un Master de musique à la Wayne State University de Detroit avec sa thèse sur "L'influence des compositeurs français au XIXe siècle sur la musique de l'Eglise catholique". Au Paslestrina Institute, il enseigna l'orgue, le piano, l'harmonie et le contrepoint. C'est là que Thomas Kuras le rencontra. (renseignements communiqués par Peter Van Dessel). Retour ]

2) Située dans le centre-ville de Detroit, cette église construite en 1869 par l'architecte allemand F.G. Himpler, est répertoriée parmi les Sites Historiques d'importance nationale. Elle rappelle la cathédrale de Freiburg ou celle de Ulm. Elle desservait à ses débuts la population catholique allemande. Les messes y étaient célébrées dans la langue de Goethe et de nos jours on continue cette coutume, à raison d' un office dominical par mois. [ Retour ]


 


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