Le Panthéon des musiciens

D'avril 1992 à mai 1993

J. JANNETEAU - Jean HUBEAU - Émile BEAUME - Henry LEGAY - Geraint EVANS - Maurice LEROUX - Maurice OHANA - Severino GAZZELONI - Xavier DARASSE - Louis AMADE - Pierre WISSMER - Ina SOUEZ - Nathan MILSTEIN - Roland DOUATTE - Nikita MAGALOFF - Simone DARRIEULAT - Alexander SCHNEIDER - Jeanne MARGUILLARD - Geneviève de LA SALLE - Denis LAUNAY - Lucette DESCAVES - Marian ANDERSON - André ASSELIN - Mieczyslaw HORSZOWSKI

Le chanoine J. JEANNETEAU s'est éteint peu avant le Vendredi Saint (17 avril 1992). Sa sépulture s'est déroulée sous la direction de Dom Lefeuvre, maître de chapelle de l'Abbaye de Kergonan. La culture scientifique de cet homme de cœur était aussi poussée que sa culture musicale. N'était-il pas fondateur de l'Ecole d'Electronique à l'Université catholique de l'ouest d'Angers, où il fut professeur de mathématiques supérieures et en même temps directeur de l'Institut de Musique Sacrée où il enseignait le chant grégorien. Ami de Dom Joseph Gajard (décédé en 1972) qui avait été maître de chœur de l'Abbaye de Solesmes de 1914 à 1971 et avait succédé à Dom Moquereau, il eut maintes fois l'occasion de fréquenter cette célèbre abbaye héritière de la pensée de Dom Guéranger, le rénovateur de l'ordre bénédictin.

L'Université catholique d'Angers fit célébrer une messe au cours de laquelle on put entendre un programme musical fort bien choisi : du grégorien (Requiem, Alleluia, Sanctus, Agnus Dei, Ubi caritas, In paradisum), le Kyrie de la Messe en sol de Mozart, le célèbre "Pie Jesus" extrait du Requiem de Fauré, et des chants populaires : "C'est toi Seigneur le pain rompu", "Lumière des hommes". Comme l'avait souhaité le Chanoine Jeannetau la fin de cette messe se terminait à l'orgue par le "De profundis" de J.S. Bach.

C'est une grande perte pour la musique grégorienne.

(photo J. Sarrat/Erato) DR.

Jean HUBEAU est né le 22 juin 1917 à Paris XXe, fils de Marius Hubeau, industriel parisien, et de Andrée Foussadier. Pianiste et pédagogue, grand spécialiste de la musique de chambre, il est rentré à l'âge de 9 ans au Conservatoire de Paris afin d'y étudier le piano et la composition (classes de Jean et Noël Gallon, Paul Dukas et Lazare-Lévy). Premier prix de piano et d’harmonie en 1930 à 13 ans, d’accompagnement l’année suivante, de fugue et de composition à 16 ans, il décroche en 1934, à 17 ans, le premier Second Grand Prix de Rome avec sa cantate La Légende de Roukmani, puis se perfectionne à Vienne dans la classe de direction d’orchestre de Félix Weingartner. En 1942 il est nommé directeur du Conservatoire de Versailles, succédant là à Claude Delvincourt parti prendre la tête de celui de Paris, et à partir de 1957 jusqu’en 1982 enseigne la musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Remarquable pianiste ayant joué avec diverses formations de musique de chambre, il laisse des œuvres instrumentales (Variations pour piano, une Sonate pour violon et piano, une autre pour trompette chromatique et piano, des Concertos pour piano, pour violon, ou encore pour violoncelle), vocales (des mélodies, poèmes chantés, chansons…) et de la musique théâtrale dont 3 ballets : Trois Fables de la Fontaine, la Fiancée du diable, Un Cœur de diamant ou l’Infante. Il a enregistré chez Erato les intégrales de la musique de chambre de Fauré et de Schumann avec le Quatuor Via Nova… Marié en 1944 à Gisèle Robin, Jean Hubeau est mort le 19 août 1992 à Paris XVIIIe dans sa soixante-seizième année. Sa sœur, Germaine Hubeau (1892-1966) exerça également une carrière musicale comme artiste lyrique (contralto).

D.H.M.
Autre article dans la section des Prix de Rome

Emile BAUME, pianiste concertiste, est décédé le 4 juillet 1992 à Paris, à l'âge de 89 ans. Ses obsèques religieuses ont été célébrées le 15 juillet dans l'église de Carqueiranne (Var). Il a été inhumé dans le cimetière de cette ville.

En septembre 1992 a disparu le ténor Henry LEGAY à l'âge de 72 ans. Devenu l'un des meilleurs ténors français de l'après-guerre, cet ancien ajusteur-outilleur qui jouait de la guitare dans les cabarets avait étudié au Conservatoire d'où il sortit en 1947 avec un premier prix! Curieusement il avait débuté avec Bourvil dans Le Maharadja, à l'Alhambra. Ensuite, en 1950, on le vit à La Monnaie de Bruxelles, puis il rentra à l'Opéra-Comique deux ans plus tard où il tint tous les grands rôles. Il se produisait également à l'opéra (Les Indes Galantes, la Traviata, l’Enlèvement au sérail, Faust) ainsi qu'en Suisse et Belgique.

Le 19 septembre 1992, à Aberystwyth (Pays de Galles), est décédé le baryton gallois Sir Geraint EVANS d'une crise cardiaque à l'âge de 70 ans. Né le 16 février 1922 à Pontypridd (Galles du Sud), il étudia le chant à Cardiff, puis après la guerre devint l'élève de Theo Hermann à Hambourg, de Fernando Carpi à Genève et de Walter Hyde à Londres. Il débuta au Covent Garden en 1948. C'est avec le rôle de Figaro (1949) que sa carrière débuta vraiment (Scala de Milan, Opéra de Vienne) mais c'est surtout dans Falstaff, avec lequel il débuta au Met en 1964, qu'il acquit la célébrité en se produisant dans le monde entier. On le vit au Palais Garnier de Paris en 1975 dans Don Giovanni.

C'est le 19 octobre 1992 à Avignon que s'est éteint le compositeur et chef d'orchestre Maurice LEROUX. La cérémonie religieuse a été célébrée dans l'église Saint-Augustin (Paris) le 23 octobre à 10h30, suivie de l'inhumation au cimetière du Père-Lachaise. Marié, il était père de Jean-Philippe, Patrice et Frédéric.

Né le 6 février 1923 à Paris, élève du CNSM, notamment de Messiaen (harmonie) et de Fourestier (direction d’orchestre) il est également l'élève de René Leibowitz qui l'initie au dodécaphonisme. Plus tard il évoluera à la technique sérielle généralisée. Directeur de l'orchestre national de 1960 à 1968, il a été aussi conseiller musical à l'Opéra, puis inspecteur général de la musique jusqu'en 1988. Son style qualifié "d'impressionnisme sériel", influencé par Jolivet, Messiaen, Varèse, Bartok et Webern ne l'empêche pas d'aimer et de défendre la musique plus classique: il est ainsi l'un des premiers à faire connaître les Vêpres de la Vierge, de Monteverdi. Il a écrit de la musique instrumentale : des sonates, pièces dodécaphoniques pour le piano..., ainsi que vocale et théâtrale (trois Psaumes a capella; un ballet : Le Petit Prince...). Comme musicologue on lui doit une Introduction à la musique contemporaine (1947), un ouvrage sur Claudio Monteverdi (1951), un autre sur La Musique (1979) et un Boris Godounov de Moussorgski (1980). Egalement attiré par la musique de cinéma il a écrit plus d'une vingtaine de partitions pour des films depuis 1946 pour Boucquey, Rohmer, Lamorisse, Astruc, Truffaut, Godard, Cavalier....

"Le paysan andalou" Maurice OHANA, comme il aimait se dire lui même, est décédé le 13 novembre 1992, dans sa 79ème année. Pianiste et compositeur français d'origine espagnole, il était né le 12 juin 1914 à Casablanca. Architecte de formation, il étudia sur le tard la composition auprès de Daniel-Lesur à la Schola-Cantorum. Il avait cependant déjà une formation de pianiste effectuée avec Lazare-Lévy, qu’il perfectionnera davantage au cours des années 1944-46 auprès d’Afredo Casella à Rome.

Après avoir fait la guerre dans l'armée britannique, il se fixait en France et contribuait, en 1947, à la formation du groupe "Zodiaque" dont le but essentiel était la défense de la liberté d'expression. Son style marqué par un caractère hispanique ne l'a pas empêché d'évoluer vers une musique plus universelle pour le mener dans la lignée d'un Debussy. Ayant la mode en horreur, il travaillait dans la solitude, aux frontières du sacré et du profane. Dès 1950 il s'imposait par son chef d’œuvre Llanto por Ignacio Sanchez Mejias, pour baryton, récitant, chœur de femmes et ensemble instrumental. Plus tard il écrira notamment l’opéra de chambre Syllabaire pour Phèdre (1967), la cantate Autodafé (1972) et un Office des Oracles (1972). Il a laissé en outre bien d'autres musiques dont la plupart est disponible chez Erato.

Severino GAZZELONI, "le Rampal Italien", comme l'a surnommé la presse, est mort le 21 novembre 1992, d'une tumeur au cerveau. Né le 5 janvier 1919 à Roccasecca Frosinone, il commença l'étude de la flûte dès l'âge de 7 ans et rejoignit le Conservatoire Sainte-Cécile de Rome. Flûte solo à l'orchestre symphonique de la RAI pendant trente ans, tout en jouant le répertoire classique il créa de multiples œuvres de ses contemporains. Heureux possesseur d'une flûte en or il se disait d’elle "plus jaloux que de mes femmes, car c'est mon sang, mon son, ma vie même." En tant que professeur de flûte, il a formé de nombreux disciples un peu partout en Europe (Darmstadt, Darlington, Cologne, Helsinski, Sienne et Rome). Il était aussi à l’aise dans une page de Bach que dans un morceau de jazz et prenait autant de plaisir à les interpréter !

Le 24 novembre 1992, à Toulouse sa ville natale, est décédé le directeur du Conservatoire de Paris, Xavier DARASSE, des suites d'un cancer. Né le 3 septembre 1934, il fut tout d'abord l'élève de sa mère organiste de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, puis de Maurice Duruflé (orgue) et d’Olivier Messiaen (composition) au Conservatoire de Paris et remportait un second Grand Prix de Rome en 1964, après avoir obtenu le ler Prix d'orgue en 1959.

Professeur d'orgue au conservatoire de Toulouse (1964), producteur d'émissions musicales à France-Musique (1962-1975), il menait une brillante carrière d'organiste qui fut, hélas, interrompue en 1976 après un grave accident au cours duquel il perdit l'usage d'un bras. Il se jetait tout entier dans l'enseignement et professait l'orgue au Conservatoire de Lyon (1985) avant de prendre la direction de celui de Paris en septembre 1991, où il succédait ainsi à Alain Louvier. Il avait été un temps organiste de l'église Saint-Pierre de Neuilly dans les années 1960. Curieux de toutes les musiques, il avait créé des œuvres contemporaines et joua un rôle important au sein de la commission de restauration des orgues. Il a beaucoup écrit pour l’orgue et travaillait ces derniers mois à un opéra Le Portrait de Dorian Gray, d'après un roman de Wilde. Homme de cœur et d'esprit, il laisse un vide dans le monde musical.

Bien que cela ne soit pas notre domaine, signalons cependant ici la mort, survenue le 4 octobre 1992, du haut fonctionnaire et poète-chansonnier Louis AMADE, à l'âge de 77 ans. Sous-préfet en 1940, préfet en 1958, il était également poète et mena une carrière double durant laquelle il écrivit les paroles de plus de deux cents chansons, des romans, des contes et des recueils de poèmes. Qui ne connaît en effet ces chansons de Gilbert Bécaud : Quand il est mort le poète, ou encore l'Important c'est la rose? Curieux personnage que ce préfet-poète ou poète-préfet !

Pierre WISSMER, compositeur français d'origine suisse, s'est éteint le 3 novembre 1992 à Valcros (Var). Né à Genève le 30 octobre 1915, il fit ses études au Conservatoire de sa ville natale, puis à celui de Paris avec Roger-Ducasse, Daniel-Lesur et Charles Münch, avant d'enseigner à son tour la composition au Conservatoire de Genève et à la Schola Cantorum de Paris. Il assurera d’ailleurs la direction de cette dernière durant un temps. Il était également chef du service de musique de chambre à la Radio de Genève et directeur adjoint des programmes de Radio Luxembourg. Il laisse un vaste catalogue, notamment neuf Symphonies, trois opéras, dont Capitaine Bruno (1952) et Léonidas (1958), des ballets, de la musique de chambre, des mélodies et de la musique de film.

La soprano américaine, Ina SOUEZ, célèbre en Europe au cours des années trente, est décédée en Californie à l'âge de 89 ans au début du mois de décembre 1992. C'est elle qui avait inauguré le Festival de Glyndebourne dirigé avant-guerre par Adolf Busch, en chantant dans le Cosi fan tutte et le Don Giovanni de Mozart.

Le célèbre violoniste russe naturalisé américain Nathan MILSTEIN surnommé "l'Archet du cœur et de la raison" par Jacques Doucelin dans Le Figaro du 23 décembre 1992, est mort le 21 décembre en son domicile londonien, peu avant son quatre-vingt-huitième anniversaire. Né le 31 décembre 1904 à Odessa, il commença l'étude du violon dès l'âge de 4 ans avec Piotr Stoljarski, qui fut également le professeur de David Oïstrakh. A 10 ans il jouait le Concerto de Glazounov sous la direction du compositeur lui-même ! A Saint-Pétersbourg il se perfectionnait auprès du maître Léopold Auer, un disciple du grand Joachim. En 1923, il entreprit sa première tournée en Union Soviétique en compagnie de son ami Vladimir Horowitz. Deux années plus tard il se fixait à Paris et en profitait pour parachever sa culture auprès d'Eugène Ysaye, fondateur de l'école de violon franco-belge. Enfin, en 1929, il s'installait aux Etats-Unis et prenait la nationalité américaine en 1942. Violoniste virtuose, considéré comme un "monstre sacré" dans son pays, il savait faire un savant équilibre entre la technique et le sentiment musical, sur son Stradivarius de 1716 connu sous le nom de "ex-Goldmann" et baptisé "Marie-Thérèse" (prénom de son épouse et de sa fille). Avec lui disparaît l'un des plus grands violonistes de ces dernières décennies qui avait su faire la synthèse entre les diverses écoles russe et franco-belge!

Quelques jours auparavant mourait à Tours, à l'âge de 70 ans, le chef d'orchestre français Roland DOUATTE, directeur musical du Festival du Marais et fondateur du Collegium musicum de Paris. Jouant du violon et se disant autodidacte, il avait fondé son propre orchestre de chambre en 1952, le Collegium musicum de Paris. C'est lui qui sortit de l'ombre Les Quatre Saisons de Vivaldi, des pièces de Telemann et La Musique pour les soupers du Roi de Delalande. C'est en 1967 qu'il s'intéressa au Festival du Marais, mais la mode des baroqueux le fit un peu oublier du public !

Le 26 décembre 1992 à Genève, l'illustre musicien suisse d'origine russe, Nikita MAGALOFF est mort des suites d'une longue maladie. Une semaine après Nathan Milstein, une autre grande figure de la diaspora russe en exil disparaissait aussi! Sa famille avait fui la Révolution bolchevique en 1918 pour se réfugier d'abord en Finlande, puis à Paris. Là, il rentra au Conservatoire et devint élève d'Isidore Philipp. Il obtint son Premier Prix à l'âge de 17 ans et les félicitations de Ravel. Dans la capitale il reçut également des leçons de Prokofiev alors réfugié à Paris. Entre les deux guerres il fit de nombreuses tournées tant en France qu'en Europe, se faisant applaudir par un public enthousiaste tant sa virtuosité était éblouissante. Son modèle resta sans cesse Rachmaninov, qu'il avait connu lorsque sa famille habitait Saint-Pétersbourg et qui avait supervisé ses premiers essais de compositeur et de pianiste. Aimant jouer Liszt, Scriabine et Prokofiev, c'est cependant dans Chopin qu'il se fit connaître en France. Il a d'ailleurs enregistré chez Philips, dans les années soixante une intégrale Chopin qui vient de ressortir en un coffret de douze disques compacts. En 1949 il avait succédé à Dinu Lipatti comme titulaire de la classe de virtuosité au Conservatoire de Genève, où il s'était installé dès 1939 en prenant la nationalité suisse. C'est là qu'il épousa la fille du célèbre violoniste Joseph Szigetti. Pierre-Petit a dit de lui: "Comme sa gentillesse était à l'image de son talent, il ne laisse que des amis qui, tous, savent qu'un homme comme lui est par essence irremplaçable."

Le 28 janvier 1993, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, ont été célébrées les obsèques de Mme Simone DARRIEULAT née DRUILHE, Premier prix de piano du Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Le violoniste Alexander SCHNEIDER est décédé au début du mois de février 1993 d'une crise cardiaque à New-York. Egalement chef d'orchestre, cet américain de 84 ans avait tout d'abord été second violon du Quatuor de Budapest avant la guerre. Pour son dernier concert à New-York, en décembre 1992, il avait dirigé un orchestre de jeunes de 15 à 22 ans. Rappelons que, d'origine russe, il avait fait ses études musicales au Conservatoire de Vilna, sa ville natale, avant d'aller étudier à Francfort (avec Rebner), puis à Berlin (avec Carl Flesch).

L'organiste Jeanne MARGUILLARD, ancienne élève de piano à Paris d'Isidor Philip et d'Yves Nat, et d'orgue de Vierne, Dupré ainsi que de Duruflé et Henri Potiron, soliste à Radio-France, s'est éteinte à Besançon le 27 février 1993. Née en 1916, après avoir été suppléante de Vierne à Notre-Dame de Paris dans les années 1935, elle était nommée à Sainte-Madeleine de Besançon où elle exerça durant plus de 50 ans. Elle était également titulaire à l'église St-Joseph de Besançon. Professeur d'orgue, elle eut notamment pour élèves Maurice Moerlen (Strasbourg), Yves Cuénot (Auxonne) et Michel Chapuis.

Denise Launay en 1930 (DR.)
Photo dans la classe de Dupré

Geneviève de LA SALLE, organiste et professeur d'orgue, nous a quittés le 2 mars 1993, à l'âge de 88 ans. Sans doute doyenne des organistes françaises, elle avait été l’élève de Vierne, Sergent et Bonnet à la Schola Cantorum de Paris où elle avait étudié de 1920 à 1930. Organiste de l'église Saint-Médard, du début des années trente à 1954, puis de Saint-Charles-de-Monceau, de novembre 1954 à mai 1955, elle a été par la suite durant près de 20 ans organiste de l'église Saint-Louis de Fontainebleau (1956 à 1974). C'était aussi une pédagogue exceptionnelle qui avait longtemps enseigné à l'école de musique César-Franck où elle eut notamment pour élève André Isoir, actuel cotitulaire de l'orgue de Saint-Germain-des-Prés et professeur au CNR de Boulogne-sur-Seine... C'est sous la direction de Geneviève de La Salle qu'en 1958 avait été transformé et restauré par la maison Ruche (Lyon) l'orgue de l'église Saint-Louis de Fontainebleau. Son activité dans le domaine artistique ne fut pas des moindres et l'on peut dire que sa disparition laisse un grand vide dans le monde musical.

Le 13 mars 1993 à Paris nous a quittés Denise LAUNAY, conservateur à la Bibliothèque Nationale de Paris à partir de 1939, et organiste durant plus de 35 ans de l'église Notre-Dame de Lorette, dans le neuvième arrondissement parisien. Née le 7 octobre 1906 à paris, ancienne élève d’histoire de la musique d’André Pirro et de Paul-Marie Masson à la Sorbonne, et de Marcel Dupré, André Marchal et Noëlie Pierront pour l'orgue, elle était une musicologue réputée. Elle est notamment l’auteur d’un Essai d’un commentaire de Titelouze par lui-même (24 pages), publié en 1965 dans le volume V de la revue " Recherches " et surtout d’un ouvrage qui fait autorité, intitulé La musique religieuse en France, du Concile de Trente à 1804. Elle a également restitué des psaumes parus dans une Anthologie du Psaume français polyphonique (1610-1663) aux Editions Ouvrières (Paris, 1974-1976).

Lucette Descaves
Lucette Descaves, ca.1970
(Photo X...) DR.

Dans le programme ci-contre, figurent ses élèves Geneviève Joy-Dutilleux, Françoise Petit, Christiane et Michel Legrand.
22 et 25 juin 1943, Paris, salle Gaveau, auditions de quelques élèves de piano de Lucette Descaves, professeur au Conservatoire de Paris
(cliquez pour consulter le programme complet en format PDF)
(coll. privée) DR.

Lucette DESCAVES, pianiste et pédagogue française s'est éteinte en avril 1993 à l'âge de 87 ans. Ancienne élève, puis assistante de Marguerite Long et d'Yves Nat, elle enseignait depuis 1941 au Conservatoire de Paris. Elle a formé toute une génération de pianistes : Brigitte Engerer, Jean-Yves Thibaudet, Jean-Claude Pennetier, Georges Pludermacher... Elle menait également une carrière de soliste et joua notamment avec Münch, Cluytens, Dervaux et Fourestier.

A la même époque, le 8 avril 1993 à Portltand (Oregon) est morte la célèbre contralto américaine Marian ANDERSON. Née le 27 février 1897 à Philadelphie, elle étudia le chant avec Giuseppe Boghetti et remporta en 1925 un Premier prix au concours organisé par la Philharmonie de New-York au Lewisohn Stadium. Dès lors elle se produisit dans tous les Etats-Unis et fit ses débuts en Europe à Berlin quelques années plus tard (1930). Ce fut la première chanteuse noire à être engagée par le Metropolitan Opera de New-York en 1955. Toscanini disait que c'était la voix du siècle. Sa voix qui s’étendait sur deux octaves interprétait admirablement le Lied schubertien. Elle a publié en 1956 son autobiographie sous le titre de My Lord, What a Morning.
Davantage d'informations sur le site de la "Société historique Marian Anderson"

André Asselin
André Asselin, vers 1958
(coll. Eliane Didier-Muzzolini) DR.

Le 6 mai 1993 à Malakoff (hauts-de-Seine), est décédé à l’âge de 98 ans André ASSELIN. Violoniste concertiste, ancien professeur au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, il était né à Paris le 24 avril 1895, d'un père employé de commerce et d'une mère (née Marie-Cécile François) professeur de musique. Entré au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1911, élève de violon de Henri Berthelier et Lucien Capet, 1er prix 1917, il sera violon solo des Concerts Lamoureux et des Concerts du Conservatoire dès le début des années vingt. « Violoniste magnifique », suivant le mot de Paul Ladmirault, il s'est très tôt consacré à l'enseignement, tout d'abord, depuis le début des années trente, comme répétiteur de Jules Boucherit dans sa classe du CNSMP, avant d'être titulaire d'une classe (1942), poste qu'il occupe durant plusieurs décennies. En 1946, il est également nommé professeur de violon au Conservatoire de Fontainebleau qui vient de rouvrir ses portes sous la direction de Robert Casadesus, aux côtés de Nadia Boulanger (Harmonie), Paul Bazelaire (violoncelle), René Le Roy (flûte) et Pierre Bernac (chant). On lui doit ainsi la formation de plusieurs générations de violonistes talentueux, parmi lesquels on peut citer Denise Soriano, Jacques Dejean, Gérard Poulet, Jean Estournet et Marie-Claude Cachot. Sa discographie comporte notamment l'enregistrement en 1940, avec Lucette Descaves, de la Sonate en mi bémol pour piano et violon, K 481, de Mozart (2 disques 78 t., Gramophone W 1573 et 1574), en 1943, avec Lucien Wurmser (piano) et Paul Bazelaire, des Phantasiestücke, op. 88, de Schumann (3 disques 78 t., Odéon 188926 à 28), en 1947, avec les mêmes, du 3ème Trio en sol pour piano, violon et violoncelle, op. 110, du même auteur (3 disques 78 t., Odéon 123858 à 60), et en 1952, avec Paul Bazelaire, de la Passacaille pour violon et violoncelle de Haendel (disque 78 t., Odéon 188971). Officier de la Légion d'honneur et Croix de guerre 1914-1918, ses obsèques ont été célébrées à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), suivies de son inhumation dans le cimetière de cette ville.

Le pianiste américain d'origine polonaise Mieczyslaw HORSZOWSKI s'est éteint le 23 mai 1993 à New-York, à l'âge de cent ans. Né à Lvov le 23 juin 1892, il devint célèbre à 9 ans en jouant le célèbre Concerto pour piano n° 1, en ut majeur, de Beethoven avec l’Orchestre philharmonique de Varsovie. Sa notoriété ne cessera de croître au fil des ans. Ses compositeurs préférés étaient Mozart et Beethoven. Vivant aux Etats-Unis depuis 1940, il enseignait au Curtis Institute de Philadelplie. Peter Sekin, Cécile Licad et Seymour Lipkin ont été notamment un temps ses élèves. En 1981, alors âgé de 89 ans, il épousait la pianiste italienne Bice Costa, qu’il connaissait déjà depuis plus d’un quart de siècle et continua sa carrière de pianiste bien au-delà de ses quatre-vingt dix ans !

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE


 


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