Prix de Rome 1960-1968

Gilles BOIZARD - Jean-Claude HENRY - Christian MANEN - Pierre DURAND - Alain PETITGIRARD - Antoine TISNÉ - Yves CORNIÈRE - Michel DECOUST - Xavier DARASSE - Thérèse BRENET - Lucie ROBERT-DIESSEL - Monique CECCONI-BOTELLA - Michel MERLET - Michel RATEAU - Philippe DROGOZ - Alain LOUVIER - Édith LEJET - Alain ABBOTT

1960


Gilles BOIZARD (1933-1987)

Page de garde des Cinq pièces pour piano, révision et annotation de Gilles Boizard, Premier Grand Prix de Rome en 1960, membre des jurys au Conservatoire de Paris et directeur des concours de l'U.F.A.M. - Paris, Éditions Musicales Transatlantiques, 1965
coll. DHM )

Pianiste concertiste, professeur de solfège (chanteur) au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, membre des jurys dans cet établissement supérieur, directeur des Concours de l'Union Française des Artistes et Musiciens (U.F.A.M.), Gilles Boizard s'est principalement consacré à la pédagogie, ce qui transparaît également dans son corpus musical qu'il n'a pas eu le temps d'achever.

Né le 1er août 1933 à Juniville, un petit village des Ardennes, Gilles Boizard débute enfant l'étude du piano avant d'entrer au Conservatoire de Paris. Il y poursuit ses études de solfège, d'harmonie et surtout de piano avec Yves Nat, avant d'entamer l'apprentissage de la composition qui le mène au Concours du Prix de Rome. En 1959 il remporte un premier second Grand Prix et l'année suivante, le Grand Prix avec la Cantate du Printemps de Milosz. Après un séjour de trois années à la Villa Médicis (janvier 1961 à avril 1964), Gilles Boizard réintègre le Conservatoire de Paris, mais cette fois comme professeur de solfège (chanteur), et, quelques années plus tard est également nommé directeur des concours de l'U.F.A.M. Il poursuit parallèlement une carrière de pianiste et se produit lors de concerts et récitals en région parisienne.

Décédé à l'âge de 53 ans, le 5 mai 1987 à Paris XIVe, Gilles Boizard n'a pu terminer une oeuvre commencée dans les années soixante, qui consistait principalement dans ses débuts à des ouvrages pour un ou deux instruments et des pièces de concours. C'est ainsi qu'il a écrit pour piano : Berceuse en carillon (1965, Lemoine), Partita : Prélude, Aria, Interlude, Toccata (1965, Editions Musicales Transatlantiques), Offrande d'Automne (1966, Choudens), Par le sentier bleu (1968, Combre), Musette (1969, EMT) ; pour harpe : Deux Esquisses : A l'estompe, A la pointe sèche, annotées et doigtées par Gérard Devos (1969, Rideau rouge) ; pour accordéon de concert : Accordéondes (1973, EMT) ; et pour 2 instruments : pour contrebasse et piano : Ballade (Concours CNSMP 1977, Combre), pour basson et piano : Fantaisie (Concours CNSMP 1971, EMT), pour trombone basse et piano : Diptyque "Aux statues de Bomarzo" (Concours CNSMP 1967, EMT). Ses Deux Esquisses pour harpe ont été enregistrées en 1974 à Bruxelles (disque 33 tours, "La Harpe en France au 20e siècle", Alpha 218). Plus récemment, en 2000 et 2001 son Accordéondes faisait partie des oeuvres au choix imposées pour l'option musique, exécution instrumentale, par le Ministère de l'Education nationale au baccalauréat technologique techniques de la musique et de la danse.

On lui doit également des ouvrages pédagogiques : Onze Leçons de solfège, avec accompagnement de piano, pour les concours du Conservatoire national de musique : 1er volume : 7 Leçons sur 5 clés, 4 Leçons sur 7 clés - 2e volume : Mêmes Leçons sur 2 clés (1972, Lemoine), Onze Leçons de solfège, sans accompagnement de piano, 2 volumes (1972, Lemoine), et pour piano des révisions d'œuvres avec annotations (éditions de concours utilisées aux concours de l'UFAM) parues aux Editions Musicales Transatlantiques:

  • Cinq Pièces (1965) : Lied (op. 6) de Schuman, Musette (BWV Anh. 126) de Bach, Gigue "La Boiteuse" et Menuet "Le Lardon" (1er Livre de pièces de clavecin) de Rameau, Valse (KV 606 n°1) de Mozart.

  • Quatre pièces (1966) : Andante religioso de Le Couppey, Menuet (7e Suite, 3e Recueil) de Haendel, L'Indifférence (2e Livre de pièces de clavecin) de Rameau, Menuet (BWV 828 (6)) de Bach.

  • Cinq morceaux (1967) : Menuet (Pièces pour clavecin, 3e volume, n°7) d'Haendel, Choral (Album fûr die Jugend, op. 68) Schumann, Menuet (2e Suite française BWV 813) de Bach, Le remerciement de Couperin, La joyeuse-Rondeau (Pièces de clavecin) Rameau.

  • Six morceaux (1968) : Petite Pièce (Album für die Jugend, op. 68, n°5) de Schumann, Rigaudon (2e Livre des pièces de clavecin) de Rameau, Les Amours (1er Livre des pièces de clavecin) de Dandrieu, Bourrée (6e Suite française BWV 817) de Bach, Air de chasse (Album für die Jugend, op. 68, n°7) de Schumann, Prélude de Haendel.

  • Six Pièces (1969) : Musette de Gilles Boizard, Marche (BWV Anh. 122) de Bach, La Coquetterie (8e couplet des Folies françaises, ou les Dominos, 13e Ordre, 3e Livre de clavecin) de Couperin, Ecossaise (op. 33) de Schubert, Menuet (2e Livre des Pièces de clavecin) de Rameau, Valse (Albumblätter op. 124, n°15) de Schumann.

  • Cinq Pièces (1970) : Un poco adagio de Clementi, Sarabande (4e Suite du 2e Livre de clavecin) de Haendel, Le Timpanon de Dandrieu, La Belle Javotte (4ème Livre de pièces de clavecin, 24e ordre) Couperin, Menuet (Suite Française pour clavecin BWV 814) de Bach.

  • Six Pièces (1971) : oeuvres de Bach, Couperin, Haendel, Le Couppey, Schubert, Schuman.

Denis HAVARD de la MONTAGNE


Jean-Claude HENRY (1934- )

Jean-Claude Henry
( Coll. J.C. Henry  )

Né le 30 décembre 1934 à Paris, Jean-Claude Henry a effectué la plus grande partie de ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, auprès d’Henri Challan pour l’harmonie, de Noël Gallon pour le contrepoint et la fugue, de Rolande Falcinelli pour l’orgue et l'improvisation, d’Olivier Messiaen pour l’analyse et de Tony Aubin pour la composition. Après avoir remporté plusieurs premiers Prix : contrepoint en 1955, harmonie, fugue, orgue et improvisation l’année suivante, philosophie de la musique en 1959, il décroche un premier Second Grand Prix de Rome en 1960, avec un poème lyrique Cantate du Printemps, écrit sur un texte de Milosz. L'année suivante il épouse Fanou Cotron, pianiste et compositeur, second Grand Prix de Rome en 1959, qui lui donnera deux enfants.

Après un long service militaire qu’il termine comme sous-chef de musique, il décide de ne pas se représenter au Concours de Rome et devient le suppléant de Marcel Bitsch qui vient d’être nommé professeur de contrepoint et fugue au CNSM de Paris. En octobre 1963, il est nommé professeur de solfège dans ce même conservatoire, puis de contrepoint, cet art du mouvement, à partir d’octobre 1967. Il aura la chance, jusqu'à son départ en septembre 2000, d’enseigner l’écriture à un nombre important de remarquables musiciens qui par leurs dons, leur culture et la variété de leurs fortes personnalités, seront pour lui une source d’enrichissement musical et intellectuel incessant. Les analyses, chaque année plus nombreuses, qu’il réalise pour sa classe, un échange permanent entre enseignés et enseignant, le stimuleront dans sa carrière de professeur et le soutiendront dans un constant souci de renouvellement pédagogique.

Signature autographe de Jean-Claude Henry, en 1965
( collection D.H.M. )

Parallèlement à ses activités pédagogiques, Jean-Claude Henry donne un certain nombre de concerts d’orgue et écrit plusieurs pages pour cet instrument. C’est ainsi qu’à la demande de Gaston Litaize, pour la revue L’Organiste liturgique, il compose en 1961 Quatre pièces brèves sans pédale obligée : Pour un office funèbre, Pour un temps de pénitence, Pour un temps d’allégresse et Pour tous les temps ; à celle de Norbert Dufourcq, pour la revue Orgue et Liturgie : Prélude à l’Introït, Offertoire, Elévation, Communion et Postlude pour l’Office du Dimanche de Séxagésime qui seront publiés successivement dans cinq recueils entre 1961 et 1967 ; et en 1966, sur commande du Conservatoire de Paris un " morceau de concours " pour le concours d’orgue de 1967 : Chacone (éd. Leduc). Après un Mouvement pour saxhorn et piano (1972, éd. Leduc), il écrit une nouvelle œuvre pour orgue : Thalle (1973, éd. Leduc). Celle-ci, d’une écriture plus avancée esthétiquement sera à la fois vivement rejetée par certains organistes et vaillamment défendue par d’autres, au premier rang desquels il faut citer Loïc Mallié qui ne craindra pas d’inscrire cette composition au programme de plusieurs de ses concerts.

Rencontres avec Jean-Claude Henry, 2009

En tant qu’organiste, lauréat du Concours International d'orgue de Münich en 1959, Jean-Claude Henry est depuis 1957 titulaire de St-Nicolas-St-Marc de Ville-d’Avray, non loin de Versailles, où il à plaisir à jouer sur un orgue de 20 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier, construit par Abbey et réharmonisé par Pérou peu de temps avant son arrivée. En 1970 il succédait également à Raffi Ourgandjian à l’orgue Mutin de l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine et pouvait ainsi donner sa pleine mesure. Cet orgue important de 52 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier, construit dans une église qui est la plus importante paroisse de Neuilly, était alors utilisé pour de nombreux offices. En outre, fait assez exceptionnel pour être souligné ici, le clergé a toujours su s’entourer de musiciens de grande valeur : Henri Letocart, René Meugé, Xavier Darasse, Raffi Ourgandjian, Jean-Claude Henry, Loïc Mallié. A partir de 1975, à la suite du décès prématuré de son épouse Fanou Cotron, pris par des responsabilités familiales (ses deux enfants, ont alors 10 et 12 ans) il demandait à Loïc Mallié, organiste, compositeur et improvisateur de grand talent, de devenir cotitulaire de l’orgue1. Il continuait cependant de donner des concerts d'orgue et, après une période de silence de quelques années, reprenait le crayon.

Parmi toutes ses œuvres citons celles récemment écrites : Benthos, pour orgue (Lemoine), Toccata pour orgue (Lemoine), Voies Intérieures pour violoncelle et piano (Billaudot), Prélude pour orgue (Billaudot, collection Panoramas), Stances pour cinq cuivres (inédit), Iorti pour violon, violoncelle et piano (Notissimo/Leduc) pour une commande du Conservatoire de Paris pour le bicentenaire, Reflet froid pour hautbois et piano (inédit), Etiouse pour percussion solo (inédit), Souffles pour violon, alto, violoncelle, flûte, clarinette/clarinette-basse et piano (commande de l’Ensemble " Les temps Modernes ", Notissimo/Leduc), Traces pour piano (Lemoine, collection Ibanez), Anche, archet, marteaux... conte pour un trio pour saxophone ténor/soprano, violon et piano (Notissimo/Leduc), Trois Préludes... et une petite canzone pour orgue (La flûte de Sylphe, Hiver, Marimborg, Canzone), éditions musicales Rubin, Fontaines obscures pour violon et piano (Musicare, Conservatoire de Nîmes, non distribué), Six courtes études pour orgue avec ou sans pédale : 1) Secondes, 2) Sixtes (ces deux sans pédale), 3) Tierces et quartes, 4) Scherzetto, 5) Chants mêlés, 6) Perpetuum mobile (Editions IMD, diffusion Arpèges), Sinfonietta pour orgue, commande de l'Association des Amis de l'orgue de Saint-Cloud pour l'inauguration du grand orgue de l'église St-Clodoald (décembre 2006) reconstruit par Pascal Quoirin (inédit), Pages d'automne pour flûte et harpe (Alfonce production), Récit pour saxophone ténor ou alto solo (Combre) et Fontaines obscures II pour saxophone ténor et piano, créé le 13 janvier 2011.

En 1996, Jean-Claude Henry s’est remarié avec une de ses anciennes élèves, Rikako Watanabé, compositeur. Celle-ci, après avoir obtenu une Maîtrise ès arts de composition à l'Université de musique de Kunitachi à Tokyo, a suivi parallèlement l'enseignement des Conservatoires supérieurs de Lyon et de Paris et obtenu le « diplôme supérieur dans la discipline écriture » au CNSM de Lyon, ainsi que divers premiers prix à celui de Paris. Elle est l'auteur de plusieurs œuvres pour ensemble de percussions, pour orgue et pour différentes formations instrumentales, et en avril 2002 a été nommée sur concours professeur de formation musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

Fin musicien, pédagogue avisé et organiste talentueux, Jean-Claude Henry est aussi un homme chaleureux à l’écoute des autres. Les circonstances de la vie, ainsi que sa modestie, l’ont sans doute empêché de conquérir la célébrité, même si son œuvre d’une haute tenue est pleine de charme et si caractéristique de cette génération de musiciens de la fin du XXe siècle.

Denis HAVARD de la MONTAGNE

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1) Jean-Claude Henry quittera St-Pierre à la fin de l'année 1990, suivant de peu Jean Couret, le maître de chapelle, et Loïc Mallié qui, professeur au CNSM de Lyon, était nommé en janvier 1989, titulaire de l'orgue de l'église St-Pothin de Lyon. [ Retour ]



1961

Christian MANEN (1934-2020)

Christian Manen
( Coll. C. Manen )

Christian Manen se veut en marge de tout système, utilisant les richesses que peuvent lui apporter les uns ou les autres suivant sa fantaisie. Tonale, modale, polytonale, atonale, la musique n'a pas de limites et doit refuser de se laisser enfermer dans un seul système qui limite forcément et qui confère, selon lui, uniformité et monotonie au discours musical. Il aime la couleur que seule peut apporter une modulation et c'est la raison pour laquelle il ne veut pas voir dans la tonalité le langage du seul passé. Il considère que tout est présent, que tous les systèmes peuvent coexister avec la couleur qui leur est propre et qu'il y a encore beaucoup à faire et à trouver en se servant des matériaux traditionnels. "Seule la pauvreté de l'imagination fait considérer que tout a été dit ! Une seule condition doit être remplie : sans les trois éléments que sont la Mélodie, l'Harmonie et le Rythme, la Musique ne mérite pas de porter ce nom noble et sacré, elle reste simplement un bruit..." Ce n'est pas un avant-gardiste, il n'est ni d'hier ni de demain, il vit avec son temps, c'est un musicien d'aujourd'hui.1

Né le 3 juillet 1934 à Boulogne-sur-Seine, d'un père ami d'enfance de Claude Delvincourt2, Christian Manen a commencé ses études musicales à Nice et les a poursuivies au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris entre 1948 et 1961. Durant cette longue période, il connut trois directeurs successifs : Claude Delvincourt, Marcel Dupré et Raymond Loucheur ! Elève de Berthe Duru (solfège), Jules Gentil (piano), Félix Passerone (percussion), Marcel Dupré et Rolande Falcinelli (orgue et improvisation), Louis Fourestier (direction d’orchestre), Noël Gallon (contrepoint et fugue), Henri Challan (harmonie), Norbert Dufourcq (histoire de la musique) et de Tony Aubin (composition), il a obtenu dans cet établissement huit Premiers Prix ! En outre, l'Académie des Beaux-Arts lui décernait3 en 1961 le Premier Grand Prix de Rome de composition musicale pour sa cantate La Loreley. Après quarante mois passés à la Villa Médicis dans la Ville éternelle, de janvier 1962 à avril 1965, il entama, à son retour en France une carrière aux multiples facettes : professeur, administrateur, concertiste, chef d'orchestre, organiste et compositeur.

Professeur, il l'a été de 1954 à 1999 au Conservatoire de Musique et de Danse d'Asnières, non loin de Paris, et de 1965 à 1999, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Entre temps il a enseigné au Conservatoire Supérieur de Paris (C.N.R.) et dans diverses écoles et associations, dont l’Ecole supérieure de musique César-Franck, le solfège, l'harmonie, le contrepoint, la fugue, la composition, le piano, l'orgue ou la direction d'orchestre. Depuis 1985 il assure chaque été des cours dans le cadre de l'Académie Internationale d'Eté de Nice. Hors de nos frontières, il a été chargé de cours magistraux dans divers pays, notamment en Croatie et au Maroc. De très nombreux élèves ont bénéficié de l’enseignement de Christian Manen durant ses 45 ans d’activité dans ce domaine. Parmi ceux-ci on peut citer Thierry Escaich, Pascal Devoyon, Nicolas Bacri, Pascal Godart, Raphaël Sanchez, Rémi Guillard, Alexandre Tharaud et Cédric Tiberghien...

Administrateur, il a dirigé pendant 45 ans le Conservatoire d’Asnières-sur-Seine. Depuis 1966 il est également directeur du Concours International de Musique et d'Art Dramatique Léopold Bellan.

Concertiste, il l'est depuis longtemps avec les nombreux récitals qu'il a donnés tant en France qu'à l'étranger, en particulier en Italie.

Fac-similé d'un programme de concert
( Coll. D.H.M. )

Comme chef d'orchestre, Christian Manen a dirigé plusieurs orchestres en France et à l'étranger, notamment l'Orchestre National de Turquie à Istanbul. Il a aussi dirigé régulièrement jusqu'en 1999 l'Orchestre des Cadets d'Asnières qu'il avait fondé en 1970 et avec lequel il a donné 98 concerts à Paris, en province, ainsi qu’à travers toute l’Europe et les Etats-Unis d'Amérique.

Signature autographe de Christian Manen
( Coll. D.H.M. )

Organiste, après avoir obtenu un premier Prix d’orgue en 1961, dans la classe d’orgue du CNSM où il était entré en 1956, Christian Manen partagea longtemps les claviers des églises Sainte-Geneviève et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours d’Asnières et eut maintes occasions de se produire dans d’autres tribunes parisiennes : Ste-Trinité, St-Germain-l’Auxerrois, St-Charles-de-Monceau, St-Pierre-du-Gros-Caillou, St-Pierre-de-Neuilly et Notre-Dame-d’Espérance notamment. Il avait d’ailleurs rejoint dès 1960 les rangs de l’Union des Maîtres de Chapelle et Organistes, alors dirigée par Henri Büsser et au sein de laquelle il milita activement lorsque fut arrivée l’époque mal comprise de Vatican II, qui eut pour triste résultat de supprimer de nos églises tant de trésors musicaux liturgiques amassés depuis des siècles.

Compositeur enfin, Christian Manen a écrit jusqu'à ce jour près de 180 œuvres orchestrales, lyriques, de musique de chambre et pour presque tous les instruments (piano, violon, violoncelle, hautbois, clarinette, saxophone, basson, trompette, trombone, percussion, ondes Martenot et bien entendu orgue), ainsi que de nombreux ouvrages pédagogiques. Son dernier numéro d'opus est une Pavane et Saltarelle pour euphonium et piano. On ne peut que déplorer que seul le tiers environ de ses œuvres soit édité à ce jour.

Tous ces titres, toutes ces fonctions, toutes ces décorations (il est titulaire de nombreuses distinctions, dont la Médaille d'or de la Ville d'Asnières et la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris) et tous ces honneurs sont cependant peu de choses au regard de la valeur de l’homme, car Christian Manen est un homme d’honneur, courtois, obligeant et dévoué qui a toujours su se faire apprécier de tous, aussi bien de ses élèves que de ses collègues. Il n’a que des amis autour de lui et c’est bien normal, puisque c’est un gentleman musicien ! Il est actuellement Président honoraire du "Tournoi International de Musique", dont il est également le Président du Jury pour la composition musicale.

Le 24 octobre 2010 à Paris s'est éteinte son épouse Svetlana qu'il avait rencontrée lors de son séjour à la Villa Médicis. Peintre réaliste, née en 1934 de parents d'origine russe, ancienne élève de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts et de l'Ecole des Arts appliqués, elle s'inspirait souvent des œuvres musicales de son mari, tout comme celui-ci s'inspirait parfois de ses peintures pour ses compositions.

Christian Manen s'est éteint le 11 septembre 2020 dans sa quatre-vingt-septième année.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
(janvier 2011 - septembre 2020)

Catalogue général et catalogue des œuvres imprimées de Christian Manen.

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1) Nous remercions vivement le compositeur d'avoir bien voulu nous faire part de sa philosophie musicale et de nous avoir communiqué la plupart des matériaux nécessaires à la rédaction de cette notice. [ Retour ]

2) Ils avaient tous deux effectué leur Communion Solennelle dans la chapelle du collège Saint-Ignace, 14 rue de Madrid, Paris VIIIe, fondé par les Jésuites en 1874. Fermé en 1904, lors du vote de la loi interdisant l’enseignement aux congrégations religieuses et la mise sous séquestre de leurs biens, le Conservatoire national supérieur de musique en provenance de la rue Bergère s’installera dans ces locaux en 1911, et le collège rouvrira ses portes rue Franklin. [ Retour ]

3) Les 12 membres du jury étaient cette année-là : Henri Büsser, Marcel Dupré, Louis Aubert, Emmanuel Bondeville, Paul Paray, Georges Auric, Raymond Loucheur, Tony Aubin, Darius Milhaud, Olivier Messiaen, André Jolivet et Henri Dutilleux. [ Retour ]

Pierre DURAND (1935-1998)

Pierre Durand en 1996
Pierre Durand, 1996
( (coll. Bernadette Durand) )

Auteur principalement de pièces pédagogiques, Pierre Durand n’a jamais recherché la notoriété, préférant consacrer sa vie à enseigner aux autres sa passion pour l’art musical, en prenant garde de ne pas nier l’avenir, ni renier le passé, et en refusant de ne proscrire aucun système, sans forcer quiconque à tout aimer.

Né le 6 avril 1935 à Paris Ve, Pierre-Michel Durand effectue toutes ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique auprès de Vlado Perlemuter (piano), Pierre Revel (harmonie), Noël Gallon (contrepoint, fugue) et Tony Aubin (composition). En 1961, il se présente au Concours de Rome et remporte un Premier Second Prix avec la cantate La Loreley, écrite sur un poème de Guillaume Apollinaire. L’année suivante, il est pensionnaire de la Casa Velazquez de Madrid (33ème promotion artistique) et en 1969 obtient le Certificat d’Aptitude d’écriture musicale.

Pendant plus de trente années, Pierre Durand professe le solfège, matière ô combien ingrate, mais cependant indispensable et incontournable dans le cursus d’une formation musicale sérieuse. Il conservait sans doute toujours présente à l’esprit cette définition de la musique de Jean-Jacques Rousseau : " l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille ", car cet art , non naturel, émane de l’homme, au même titre d’ailleurs que tous les autres arts et obéit donc à certaines règles dont on ne peut s’affranchir… Longtemps enseignant dans des écoles de la Ville de Paris ainsi que dans certains lycées de l’Académie de Paris, il est également, entre 1971 et 1993, assistant d’une classe de solfège, puis conseiller de la bibliothèque des orchestres au CNSM. Parallèlement, à partir de 1980 il est Inspecteur de solfège et de déchiffrage (solfège et instruments) à l’Ecole Normale de Musique du boulevard Malesherbes, où il enseigne également le solfège dans les classes supérieures, et professeur d’écriture musicale au Conservatoire municipal Maurice Ravel (21, rue Albert-Bayet, Paris XIII). Durant plusieurs années, au cours des années 1990, il est chargé par Pierre Asselin de la rédaction des épreuves des concours d’écriture des conservatoires de la Ville de Paris.

Comme compositeur, Pierre Durand, parfois connu sous le nom de Durand-Audard, en dehors d’une page orchestrale intitulée Passacaille pour piano et orchestre (Billaudot), a surtout écrit de la musique pour piano ou de chambre, principalement sur commandes du CNSM ou de l’ENM. Pour le piano seul, on note chez Combre une Étude de concert (1983) et un Tempo giusto (1990), et chez Durand une Petite histoire et un Murmure. La catalogue de sa musique de chambre pour 2 instruments, excepté quelques pièces pour cordes : Rêverie pour violon et piano (Durand), deux Pièces brèves pour contrebasse à cordes et piano (Combre, 2000) et Tambourin de Printemps pour violoncelle et piano (Combre, 1983), concerne plus particulièrement les vents. C’est ainsi que l’on découvre des pages pour basson et piano : Sarments (Combre, 1995), flûte et piano : Tendre histoire (Combre, 1983), cor en fa et piano : Vers la forêt (Combre, 1990), cornet (trompette ut et si b) et piano : Variations (Combre, 1981), cornet en si b et piano : Moment musical (Leduc, 1969), hautbois et piano : Rêverie (Combre, 1987), saxophone alto ou ténor et piano : Saxo véloce (Combre, 1989), saxhorn basse (ou tuba en ut ou trombone basse) et piano : Dialogue (Leduc, 1970), Parcours (Rideau Rouge/Durand, 1975) et Tournevalse (Billaudot, 1978) …

On doit également à Pierre Durand des ouvrages pédagogiques, notamment 22 Leçons de lecture de rythme et d’indépendance pour piano ou claviers (Rideau Rouge/Durand, 1974) et quelques pages de musique de film, dont celle du court-métrage documentaire La Terre se repose, tourné en 1965 par le cinéaste Henri Théron.

Marié en 1969 à Paris avec Bernadette Hénon et père de deux enfants : Sébastien et Benoît, Pierre Durand est décédé le 31 août 1998, dans sa soixante-quatrième année, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE1

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1) Nous remercions vivement Mme Bernadette Durand d'avoir obligeamment mis à notre disposition la documentation nécessaire à la rédaction de cette esquisse biographique. [ Retour ]


1962

Alain PETITGIRARD (1940-2018)

Alain Kremski
Alain Kremski
(Photo X...) DR.

Alain Kremski, en réalité Alain Petitgirard, pianiste, percussionniste et compositeur, est né le 4 avril 1940 à Paris. Son père Serge Petitgirard, originaire de Lure (Haute-Saône), élève d’Alfred Cortot et d’Yves Nat, enseigne durant plusieurs décennies le piano à l’Ecole Normale de musique de Paris jusqu’à sa mort arrivée en 1990. Sa mère, Lina Kremska, également pianiste, travaille pour la maison de disques Deutsch Gramophon avant de devenir antiquaire. Il prendra plus tard le nom de sa mère pour pseudonyme. Mis au piano à l’âge de 3 ans, il entre une douzaine d’années plus tard au Conservatoire national supérieur de musique de Paris d’où il ressort 6 premiers prix en poche (accompagnement au piano, harmonie, contrepoint, fugue, composition, direction d’orchestre), après avoir notamment suivi la classe de composition de Darius Milhaud et celle de direction d’orchestre de Louis Fourestier. C’est au cours de ses études musicales qu’il reçoit le prix de la « William and Noma Copley Foundation » pour sa première œuvre pour orchestre composée à l’âge de 17 ans, par un jury formé de Stravinsky, Nadia Boulanger et A. Copland. En 1961, il se présente au Concours de Rome et obtient un deuxième second prix avec la cantate La Loreley, d’après Apollinaire, derrière Christian Manen et Pierre Durand. L’année suivante, il concourt à nouveau et cette fois, sa cantate Le Grand yacht Despair, paroles de Loys Masson, reçoit le premier Grand Prix. C’est au cours du traditionnel séjour à la Villa Médicis, de septembre 1963 à décembre 1966 qu’il se lie d’amitié avec le directeur, le peintre Balthus. En 1968, il remporte le Grand Prix musical de la Ville de Paris avec Hommage à Kandinsky, œuvre dédiée à Balthus et créée sous la conduite de Marius Constant. Olivier Messiaen écrit à ce propos : « […] Sa musique est entendue, admirablement orchestrée. Son évolution vers le dépouillement, la simplicité, vers un ascétisme presque oriental, est manifeste. C’est dans l’Hommage à Kandinsky que cette évolution atteint son point culminant. J’aime cette méditation si pure… » Puis, l’année suivante, il est récompensé par le Premier Prix du concours international de composition Prince Pierre de Monaco (catégorie œuvres symphoniques) avec Le Labyrinthe, pour grand orchestre. Il est aussi lauréat de la Fondation Lili Boulanger. En 2013, lui est décerné le Grand Prix de la Sacem pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci reflète sa passion pour la culture tibétaine et la recherche de sonorités nouvelles asiatiques. Dans ce domaine, on lui doit en effet Le Livre de la grande pureté pour instruments tibétains, Méditation pour instruments tibétains, Aor pour orgue, 2 joueurs de bols tibétains, cloches et gongs, Shambala pour piano et 5 joueurs d’instruments tibétains, Sur le chemin des nuages blancs pour piano, bols tibétains, gongs et orchestre à cordes, Chemins célestes pour 2 joueurs de bols tibétains, violon, orchestre à cordes et percussion. A partir de 1973 il constituait une collection unique en Europe : 150 cloches dont 72 anciennes d'Iran des XVIIe et XVIIIe siècles, des cloches de Chine, Afghanistan, Syrie, Grèce..., 13 gongs, l’ensemble suspendu sur un portique rectangulaire en bois (4 m de long et 2 m de haut). Notons encore, dans un autre genre et au sein de son répertoire : Exil, un ballet liturgique pour 30 violoncelles, 10 contrebasses et 2 percussions, créé en septembre 1973 à Vézelay, Les Révoltés, ballet pour 5 percussions, orchestre à cordes, 5 flûtes, 6 cours, 6 trompettes et 6 trombones, Paysage sacré pour chœur mixte, cordes, flûtes, 2 pianos, 3 percussions, carillon ou jeu de cloches, un Concerto pour piano et orchestre et des musiques  pour le cinéma ou la télévision, entre autres, pour le film de Jean-Claude Sée, Chant pour l’Apocalypse (1970), celui de Vladimir Forgency, Le Feu sacré (1970), pour le court-métrage de Dominique Delouche (1973), La Mort du jeune poète (1973) et pour le téléfilm de Jean Sagols, La Grande chasse (1980). Comme interprète au piano, il se spécialise dans un répertoire original et peu connu, notamment avec des œuvres de Clara Schumann, Friedrich Nietzsche, Boris Pasternak, Georges Gurdjieff et Thomas de Hartmann, ou des pièces rarement données et parfois transcrites, de Liszt, Schubert, Wagner, Dvorak, Mahler, Grieg… S’intéressant aussi aux arts plastiques, il enseigne un temps aux Beaux-Arts. Alain Kremski est décédé à Paris, le 28 décembre 2018 à l’âge de 78 ans. C’était le frère aîné du compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard, né en 1950, auquel il enseigna la composition.

 

D.H.M.

(notes provisoires)

Antoine TISNÉ (1932-1998)
( article dans la section des Obituaires )


1963

Yves Cornière
Yves Cornière
( coll. Jeanne Cornière ) DR
Yves CORNIÈRE (1934-2011)

Signature d'André Cornière,1959,
père du Prix de Rome
( Coll. D.H.M. )

Il existe certains musiciens que la modestie et les circonstances de la vie ont fait qu’ils se sont éloignés des chemins de la notoriété, même s’ils ont consacré toute : leur énergie à servir l’art pour lequel ils ont opté dès leur prime enfance. Yves Cornière fait partie de ceux-là ! Auteur d'une œuvre musicale d'une grande richesse, dans la lignée d'un Debussy et Fauré, celle-ci est méconnue et très peu jouée. C'est grâce à ses filles, Magdalena Cambier et la peintre et sculpteur Jeanne-Isabelle Cornière, qui défendent la mémoire de leur père et tentent de mieux faire connaître son oeuvre, que ses compositions nous sont à présent connues.

Né le 29 octobre 1934, ce sont ses parents qui lui inculquent les premiers éléments de musique. Sa mère, née Simone Tissier est pianiste et son père, André Cornière, également pianiste, ainsi que maître de chapelle et organiste de l’église Saint-Lambert de Vaugirard, dans le quinzième arrondissement parisien. Ancien élève de la maîtrise de la cathédrale de Rouen, celui-ci avait ensuite étudié au Conservatoire de Paris (contrepoint et fugue avec Georges Caussade, accompagnement avec Abel Estyle, harmonie avec Jules Mouquet, puis Paul Fauchet, 1er prix en 1928) avant de se perfectionner dans la classe de piano de Mme Bascourret à l'Ecole Normale de Musique (diplôme d’exécution 1932, licence de concert 1937). Il avait débuté sa carrière d'organiste comme titulaire des grandes-orgues de l'église Saint-Maclou de Rouen (1919 à 1923), avant de s'installer à Paris. La musicologue française naturalisée canadienne Irène Brisson, à l'époque où elle habitait dans la capitale, avait pris dans sa jeunesse quelques cours de théorie musicale auprès des leçons de piano auprès de Simone Tissier-Cornière... On sait qu'André Cornière se livrait aussi à la composition, mais son œuvre n'est pas connue, en dehors d'un Prélude pour violoncelle et piano offert en 1930 à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen.

Après avoir débuté à son tour l'étude du piano, Yves Cornière intègre en 1950 le Conservatoire National Supérieur de Musique, où il va fréquenter, entre autres classes, celles d'écriture de Jeanne Leleu (1er prix harmonie 1959) et de direction d'orchestre de Manuel Rosenthal (1er accessit 1963). Il suit également la classe de composition de Tony Aubin qui le mène au Concours de Rome et en 1963 il remporte le 1er Grand Prix avec le poème lyrique Les hommes sur la terre sur des paroles de Robert Desnos, devant Michel Decoust et Thérèse Brenet.
Yves Cornière à l’orgue
Yves Cornière à l’orgue
(  coll. Magdalena Cornière ) DR

Après avoir effectué le traditionnel séjour à la Villa Médicis du 28 janvier 1964 au 30 avril 1967, au cours duquel il perfectionne sa direction d'orchestre auprès de Franco Ferrara au Conservatoire Santa Cecilia de Rome, il séjourne durant deux années en Bulgarie et en Turquie où il enseigne l'harmonie au Conservatoire d'Ankara. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de sa future épouse d'origine bulgare et ayant passé son enfance en Turquie, Magdalena Tolèdo, mezzo-soprano et excellente pianiste amateure. De retour à Paris, il reprend son poste d’organiste dans la même église que son père qu’il avait dû abandonner lors de son séjour à Rome. En effet, dès le début des années soixante, alors qu’il étudiait au CNSM, il le suppléait déjà aux grandes orgues. Cette église avait été construite en 1854 et ce n'est qu'en 1899 qu'un grand-orgue fut construit par Louis Debierre. Cet instrument possède actuellement 31 jeux réels répartis sur 3 claviers et un pédalier. Florent Schmitt l'a notamment touché au début du XXe siècle, ainsi que Suzanne Chaisemartin un peu plus tard, avant d’être nommée à Saint-Augustin. Yves Cornière restera à Saint-Lambert jusqu'en octobre 1999, date à laquelle il prend sa retraite.

Dans les années 1990, il se consacre davantage à la composition et plus particulièrement à son imposante Suite Turquoise ou La Dissidence joyeuse (1992-2011) pour orchestre symphonique, écrite en souvenir de son séjour en Turquie. Cette œuvre composée de 6 mouvements (Ouverture, Andante, Menuet, Sicilienne, Nocturne élégiaque et Toccata) et dont il écrira également des versions pour piano seul, pour piano (ou orgue) et orchestre, ne sera jamais jouée de son vivant. A à ce jour (2016) elle ne l'a toujours pas été dans sa version symphonique. Seule, la version pour piano a été interprétée par François Henry le 29 mai 2015 au Lyceum Club Internazionale de Florence (Palazzo Giugni Fraschetti), lors d'un concert-hommage au compositeur.
Eglise Saint-Lambert-de-Vaugirard (Paris XVe) au début du XXe siècle.
( cliché LL )

L'oeuvre d'Yves Cornière comporte une trentaine d'opus, mais si celle-ci semble assez réduite, elle est par contre d'une grande valeur car elle émane d' « un fin connaisseur et expert de la technique musicale », comme le souligne si justement le professeur et pianiste italien Giuseppe Meini, qui ajoute par ailleurs qu' « il s'agit d'une musique sans aucun doute moderne, mais qui est toutefois fermement ancrée dans le classicisme et, plus généralement, dans la lignée des grands compositeurs de l'époque ancienne aux temps modernes. »

Son catalogue est composé de pages pour piano : Air de chasse, op. 1 (1941), Suite enfantine, op. 2 (1942-1945), Danse arabe (1944), Danse africaine (1947), Rapsodie hongroise (1949), Toccata, op. 6 (1960), Bagatelle néo-baroque (1974) ; de pièces de musique de chambre : Deux mouvements en trio pour violon, violoncelle et piano, op. 9 (1961-1962), Arioso pour trio à cordes ou à vents, ou orgue ou piano ; de morceaux faisant appel à la voix : L'Absence, op. 8, pour soprano et piano (1962), L'Ile, pour choeur et orchestre (1963, inachevé), Ciels, op. 13b, pour choeur mixte et orchestre (1963), Odelette, op. 11, mélodie pour voix de femme et orchestre sur un poème d'Henri Régnier (1963), Salomé, op. 17, id. (1965), Sur une image de la France Croisée, peinte par Romaine Brooks, op. 18, id., (1966), Ophélia (paroles de Rimbaud) pour 2 voix de femmes (1989) ; d'oeuvres concertantes : Scherzo symphonique pour piano et orchestre (1ére audition en 1964 à la R.A.I), Larghetto pour piano et orchestre de chambre (1986) ; de pages orchestrales : Trois Flores : 1 - Frédéric Chopin (Étude en fa majeur, Prélude en ré bémol, Étude en ut majeur, Nocturne en ut mineur, Étude en dièse mineur - Supplément : 3 Études en mi majeur, en mi mineur, en ut mineur), 2 - César Franck (Pastorale, Cantabile, Allegretto cantando, Troisième Choral), 3 - Claude Debussy (En bateau, Clair de Lune, Arabesque, La fille aux cheveux de lin, Ballet) (1989), Barcarolle fantasque (2007). On lui doit aussi des pièces religieuses, dont un Ave Maris stella, op. 16, pour choeur mixte a capella (1964) et la musique pour le documentaire Revivre écrite pour piano et quatuor à cordes, op. 15, (commande du ministère PTT, 1963).

Yves Cornière, décédé le 29 novembre 2011 à Paris, à l'âge de 77 ans, a été inhumé au cimetière de Triel-sur-Seine (Yvelines), à l'issue de ses obsèques célébrées le 2 décembre en l'église Saint-Léon (Paris 15e). Sa fille, Jeanne-Isabelle Cornière (Paris, 1974), peintre, sculpteur, docteur en Histoire de l’art, est installée à Florence (Italie) depuis 2003 où elle dirige de nos jours l’atelier d’art « Isabelle Art Studio » (www.painting-courses-florence.com et https://www.jeanne-isabelle-corniere.com). La danseuse et chorégraphe Anne Sendrez (née Cornière), qui fut mariée un temps au compositeur et pianiste Michel Sendrez, est une sœur d'Yves Cornière.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE
(mars 2001 – mise à jour : décembre 2019)



Documentation détaillée au format PDF

Samedi 21 décembre 2019 à 16h00

Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris
(Auditorium Landowki
)

14 rue de Madrid, Paris 8e

 

 

* Patrick LOISELEUR : Triptyque pour 2 pianos (Philippe Hattat et Orlando Bass).


* Nicolas MIASKOVSKY (1881-1950) : Sonate pour piano n° 2 (Sabine Weyer).


* Yves CORNIERE : Trio avec piano (François Henri, piano - Marie-Claudine Papadopoulos, violon - Marc-Antoine Novel, violoncelle).


* Nicolas BACRI : Of Time and Love, Cantate n° 8 sur trois sonnets de Shakespeare, n° 64, 63 et 65 (Marie-Laure Garnier, soprano et Mary Olivon, piano).


* Olivier GREIF : Chants de l'âme, fragments (Marie-Laure Garnier, soprano et Philippe Hattat, piano) - Petite Cantate de chambre (Marie-Laure Garnier, soprano, Philippe Hattat et Mary Olivon, piano).



Michel DECOUST (1936)

Michel Decoust (photo © Guy Vivien, tous droits réservés)
Michel Decoust
( photo © Guy Vivien, tous droits réservés ) DR

Repères biographiques

  • 19 novembre 1936 : naissance à Paris dans une famille de musiciens ; son père est facteur de piano et sa mère professeur de piano.

  • 1940 : à l'âge de 3 ans débute le piano.

  • 1949-1950 : à 13 ans entre au Conservatoire National de Musique de Paris, mais le quitte au bout d'une année pour se livrer à d'autres passions : l'architecture et le cinéma.

  • 1956 à 1965 : revient en 1956 à la musique et réintègre le Conservatoire où il remporte quatre 1er Prix : solfège spécialisé avec Yvonne Desportes, harmonie avec Georges Dandelot, analyse avec Olivier Messiaen, direction d'orchestre avec Louis Fourestier, et deux 2e Prix : contrepoint avec Yvonne Desportes et composition avec Darius Milhaud et Jean Rivier.

  • 1959 : remporte la 1ère mention au concours international des jeunes chefs d'orchestre de Besançon, Eugène Bigot présidant le jury.

  • 1962 : concourt pour le Grand Prix de Rome, mais son poème lyrique pour baryton, basse et orchestre Le grand yacht Despair, sur des paroles de Loys Masson, n'est pas récompensé.

  • 1963 : remporte le 1er second Grand Prix de Rome avec le poème lyrique Les Hommes sur la terre de Robert Desnos, pour ténor, baryton et orchestre.

  • 1964 : tente vainement une ultime fois le Concours de Rome avec le poème lyrique pour soprano, baryton et orchestre Les Rois-Mages d'André Frénaud.

  • 1964 : Ellips pour voix et piano. Horizon remarquable pour voix et orchestre.

  • 1964-1965 : suit les cours (Kurs für neue musik) de Karlheinz Stockhausen et Henri Pousseur à Cologne, et ceux de direction d'orchestre de Pierre Boulez à Bâle.

  • 1965 : Mobile pour percussions. Distorsion pour flûtes

  • 1967 : compose Polymorphie pour grand orchestre. Créée au Festival international d'art contemporain de Royan par l'Orchestre National dirigé par Maurice Leroux, cette « œuvre expérimentale avec sons atomisés », donnée dans la cathédrale de Royan, sera à l'origine d'un scandale esthétique. Les vingt groupes instrumentaux télécommandés électriquement étaient placés à 22 mètres de hauteur pour «  noyer dans le son »  les auditeurs.

  • 1967 : Interaction pour trio à cordes. Instants stabiles pour ensemble d'instruments.

  • 1967-1968 : professeur de composition aux Cours d'été de Dartington College (GB), où il rencontre la chanteuse Irène Jarsky qui y enseigne à la même époque (1968-1969).

  • 1967 à 1971 : à la demande de Marcel Landowski participe à la mise en place de l'Orchestre Philharmonique des Pays de la Loire.

  • 1967 à 1973 : durant cette période, explore la plupart des genres musicaux mais finira par revenir in fine à une conception plus classique, après avoir déclaré que l'expérience du sérialisme « compte parmi mes plus grands échecs ».

  • 1968 : Etats pour choeur. Solstice, musique électroacoustique (inachevé).

  • 1969 : épouse la soprano Irène Jarsky, née à Toulouse le 8 juillet 1939. 1er Prix de chant et d'art lyrique au Conservatoire de Paris (1964, 1965), interprète de la deuxième Ecole de Vienne et de la musique française du XXe siècle, elle sera successivement co-fondatrice du Conservatoire de Pantin qu'elle dirigera de 1976 à 1980, professeur au Conservatoire royal de Liège (1982-1985), au Conservatoire de Cergy-Pontoise (1984-1987), puis en 1990 chargée de cours permanents au CNRS de Bordeaux, avant d'être nommée l'année suivante Inspecteur principal à la Direction de la musique du Ministère de la Culture et détachée au CNR de Bordeaux jusqu'en 2006.

  • 1970 à 1972 : responsable des activités musicales de la Maison de la culture de Rennes, puis de celle de Nevers.

  • 1970 : Sun pour 12 cordes et alto solo.

  • 1971 : M.U.R. pour choeur. Aentre pour 3 cuivres et bande. C.H.9.A.M.J. pour vents, percussions, ondes Martenot, harpe, alto, vibraphone, marimba, contrebasse et guitare électrique. L'Enterreur, musique théâtrale pour contrebasse, piano, poste de radio.

  • 1972 : Si et si seulement pour orchestre et bandes à 8 pistes (création à Royan). Et/ou pour 1 à 44 pianistes. T'aï pour ensemble d'instruments et voix. 7.854.693.286 pour bande magnétique 8 pistes. 8.393.574.281 pour choeur. Actions pour 2 instrumentistes ou multiple de 2.

  • 1973 à 1976 : fonde avec Irène Jarsky et Martine Joste le Conservatoire municipal de musique de Pantin (Seine-Saint-Denis) qu'il dirige jusqu'en 1976.

  • 1973 : Et, ée ou é ée pour orchestre et choeur. Ion pour voix et bande.

  • 1972 -1974 : membre du Comité de lecture de l'ORTF.

  • 1974 : Inférence pour orchestre.

  • 1976 à 1978 : Président de la Société Internationale de Musique Contemporaine (SIMC).

  • 1976 à 1979 : responsable du département pédagogique de l'IRCAM.

  • 1976 : Iambe pour 12 instruments.

  • 1977 : Interphone pour bande à 2 pistes avec synthèse numérique par ordinateur. L'Application des lectrices aux champs pour orchestre et voix.

  • 1978 : Spectre pour orchestre d'harmonie.

  • 1979 à 1991 : Inspecteur général de l'enseignement musical au Ministère de la Culture.

  • 1979 à 1992 : Vice-Président de la Commission de la Musique Symphonique de la SACEM.

  • 1980 : Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.

  • 1980 : Traduit du silence pour clavecin, violoncelle, clarinette, clarinette basse et voix, sur un texte de Joël Bousquet. Pour 70 doigts, œuvre pédagogique pour 7 instrumentistes.

  • depuis 1981 : est sous contrat avec la maison d'édition Salabert. Auparavant, ses œuvres, dont une partie reste inédite, sont éditées chez Billaudot ou Durand.

  • 1982 : T.H.T. pour orchestre. Onde pour quintette de cuivres. Le Cygne pour flûte soprano ou flûte alto. Traits pour soprano et 5 instrumentistes sur un poème de Paul Eluard.

  • 1983 : met fin à sa carrière de chef d'orchestre pour se consacrer encore davantage à la composition, estimant que l'exigence de l'écriture est incompatible avec la direction.

  • 1983 : Sinfonietta pour 10 instrumentistes. Olos pour saxophone ténor et dispositif électronique de transformation.

  • 1984 : Folio 4, œuvre pédagogique pour quatuor de percussionnistes. Les Galeries de pierres pour alto solo. Xelis pour percussionniste soliste. Café-Théâtre, 11 chansons-mélodies pour soprano et piano sur des poèmes de Philippe Soupault.

  • 1985 : Eole pour quatuor de flûtes. Sonnet pour 12 instrumentistes. 7 ¼, œuvre pédagogique pour piano solo (4 pièces). Cantilène pour hautbois solo. Aubes incendiées pour récitante et 12 instrumentistes, texte de Philippe Bonzon. Quais, musique théâtrale pour soprano et harpe.

  • 1986 : Lierre pour cordes. Ombres portées, œuvre pédagogique pour 8 instrumentistes. Ouverture, musique théâtrale pour 5 instrumentistes. Figures II pour basson et contrebasse à cordes. Symétrie pour petite formation d'orchestre d'harmonie. 5 Mélodies (Bleus) pour soprano et piano, texte de Blaise Cendras. Sept Chansons érotiques pour soprano et piano, sur des poèmes de Michel Butor, l'abbé d'Attaignant, Clarisse Nicoïdski, Louise Labé, Pierre Louis, Maurice Rollinat et Paul Verlaine. Marbres pour bande magnétique 4 pistes.

  • 1987 : Chevalier de la Légion d'Honneur.

  • 1987 : Je, qui d'autre pour soprano, ténor, baryton et ensemble instrumental, texte de Philippe Bonzon. De la gravitation suspendue des mémoires pour orchestre. Hommage à Maurice Ravel pour orchestre. Les Fruits de la passion pour 10 instrumentistes.

  • 1988 : Grand Prix de la SACEM.

  • 1988 : 1 + 1 = 4 pour piano et percussion. Le Temps d'écrire pour piano.

  • 1989 : Synopsis pour orchestre. Dodici voci pour voix mixtes. Duo pour trois, 3 mélodies sur des poèmes extraits du « Fleuve caché » de Jean Tardieu. Ryôjin' hishô pour soprano et piano.

  • 1990 : Concerto pour violon et orchestre. Onyx pour orchestre. Travelling Ariane pour flûte et harpe.

  • 1991 : Officier de l'Ordre National du Mérite.

  • 1991 à 1994 : directeur général de l'enseignement spécialisé de la musique, de la danse et de l'art dramatique à Montpellier.

  • 1991 : 8 Mélodies en trio pour voix de basse, clarinette basse et piano, poèmes de Rimbaud, Rilke, Pétöfi, Milosz.

  • 1992 : Lignes pour clarinette et quatuor à cordes.

  • 1994 à 2001: en juillet 1994, réintègre la Direction de la musique au Ministère de la culture et reprend ses fonctions d'Inspecteur général jusqu'en 2001

  • 1995-1996 : Cent phrases pour éventail pour 6 voix et 13 instruments, d'après Paul Claudel.

  • 1995 : Octuor n° 1 pour 8 violoncelles.

  • 1996 : A jamais d'ombre pour quatuor à cordes et voix, sur un texte de Philippe Bonzon.

  • 1997 : A l'orée des ajours pour voix de soprano, clarinette et percussion, sur un texte de Philippe Bonzon. L'Accent grave et l'accent aigu pour voix d'enfants accompagnées d'un ensemble instrumental, sur des poésies de Jean Tardieu. Les Pas du temps pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe.

  • 1998 : Les Mains déliées pour récitant, soprano solo, choeur mixte et orchestre, sur des textes d'Azema-Aubry, Marie-Odile de la Cour et Victor Hugo (pour le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage).

  • 1999 : Cabaret X, 3 mélodies pour voix et piano : Reflets sur le lac de Garde (Jean Tardieu), Tango argentin (Jean-Marc Stricker), La Marchande de cons (Charles Collé).

  • depuis 2001 : Président du Centre de Formation supérieur des Enseignants de la Danse et de la Musique (CEFEDEM) de Lorraine.

  • 2001 : Cinq Sonnets de Louise Labbé pour voix parlée, mezzo-soprano, accordéon et violoncelle.

  • depuis 2003 : Président de la Fondation Francis et Mica Salabert, créée en 1981 dans le but de défendre le patrimoine musical français et universel ainsi que la création musicale.

  • 2003 : Quelques instants, musique à danser pour 35 musiciens.

  • 2004 : Cède son poste de Président du Conseil national de la musique à Jacques Charpentier.

  • 2005 : Âmes errantes 1, 2, 3 pour voix, piano et contrebasse, sur un poème de Bruno Edmond.

  • 2006 : Je détisse l'étrange pour quatuor (flûte, violon, alto, violoncelle).

  • 2007 : Messe Saint-Prève pour baryton, soprano, orgue positif, hautbois, cor, violoncelle et assemblée (création le 12 août au Prieuré de Pommiers-en-Forez). Concerto pour cor et orchestre.

  • 2010 : Et la lumière encore pour 2 voix solistes (soprano, baryton), choeur mixte et ensemble instrumental, sur des textes d'Ovide et Victor Hugo (pour les 700 ans de la cathédrale de Sées célébrés le 25 septembre).

  • 2012 : Camille, opéra en 3 actes, livret de Philippe Bonzon (création le 9 mai au CRR de Paris).

D.H.M. (octobre 2013)


1964

Pas de premier prix.

Xavier DARASSE (1934 - 1992)

Xavier Darasse
Xavier Darasse
( photo aimablement communiquée par Les Arts Renaissants, Toulouse )

Le 24 novembre 1992, à Toulouse sa ville natale, est décédé le directeur du Conservatoire de Paris, Xavier DARASSE, des suites d'un cancer. Né le 3 septembre 1934, il fut tout d'abord l'élève de sa mère organiste de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, puis de Maurice Duruflé (orgue) et d’Olivier Messiaen (composition) au Conservatoire de Paris et remportait un second Grand Prix de Rome en 1964, après avoir obtenu le ler Prix d'orgue en 1959.

Professeur d'orgue au conservatoire de Toulouse (1964), producteur d'émissions musicales à France-Musique (1962-1975), il menait une brillante carrière d'organiste qui fut, hélas, interrompue en 1976 après un grave accident au cours duquel il perdit l'usage d'un bras. Il se jetait tout entier dans l'enseignement et professait l'orgue au Conservatoire de Lyon (1985) avant de prendre la direction de celui de Paris en septembre 1991, où il succédait ainsi à Alain Louvier. Il avait été un temps organiste de l'église Saint-Pierre de Neuilly dans les années 1960. Curieux de toutes les musiques, il avait créé des œuvres contemporaines et joua un rôle important au sein de la commission de restauration des orgues. Il a beaucoup écrit pour l’orgue et travaillait ces derniers mois à un opéra Le Portrait de Dorian Gray, d'après un roman de Wilde. Homme de cœur et d'esprit, il laisse un vide dans le monde musical.

La ville de Toulouse, afin d'honorer sa mémoire, a donné son nom à une fontaine qui coule pour l'éternité.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE (notes provisoires)

Xavier Darasse faisait partie du jury et proposait les thèmes pour l'improvisation lors du concours d'orgue 1978 au CNSM de Paris.

 

Xavier Darasse
________________________________________biographie

Xavier Darasse naît, à Toulouse, le 3 septembre 1934, dans une famille de musiciens. Sa mère, Renée Darasse-Laroyenne, élève de Marcel Dupré, est organiste de la Cathédrale Saint-Etienne. Son père, Joseph Darasse, est organiste amateur, et son oncle, Monseigneur Louis Ollier, est Maître de Chapelle de la Cathédrale.

Il commence à 5 ans l’étude du piano, qu’il poursuivra, sur les conseils de Marcel Dupré, ami de la famille, jusqu’à 18 ans. Marguerite Long, l’ayant entendu, lui conseille d’entrer au Conservatoire et de se consacrer à la musique. Il s’inscrit au Conservatoire de Toulouse où il obtient les premiers prix de solfège, d’harmonie et de piano en 1950.

Agé de 16 ans, il se rend à Paris afin de continuer ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique. Il y suit la classe d’harmonie de Maurice Duruflé où il obtient u premier prix en 1954, puis l’année suivante les premiers prix de contrepoint et de fugue dans la classe de Simone Plé-Caussade. Après avoir suivi les cours de Rolande Falcinelli, il décroche, en 1959, les premiers prix d’orgue et d’improvisation. S’ajoutent à ces diplômes, en 1965, les premiers prix de composition et d’analyse musicale, dans les classes respectives de Jean Rivier et d’Olivier Messiaen.

Nommé titulaire des grandes-orgues de Saint-Pierre de Neuilly, en 1962, il est également producteur d’émissions sur France Musique, activité qu’il poursuivra jusqu’en 1975.

En 1963, la société des " Amis de l’Orgue " lui décerne un premier prix de virtuosité. Il est nommé professeur à Angers, et commence une carrière de concertiste qui le mènera dans le monde entier. Dans un souci d’ouverture, il se tourne vers le passé et étudie avec ferveur les traités des Maîtres anciens, tout en jouant des œuvres contemporaines qu’il présente en création dans les festivals " d’avant-garde ".

Il obtient, l’année suivante, en 1964, le Premier-Second Grand Prix de Rome.
En 1965, il se voit attribué le Prix Rameau. Il s’établit à Toulouse où il crée la classe d’orgue du Conservatoire National de Région.
En 1966, il obtient le Premier Prix d’exécution et improvisation des " Amis de l’Orgue ".
Dès 1967, et jusqu’en 1973, Xavier Darasse est Directeur Musical du Centre Culturel de Toulouse.

Le 30 octobre 1968, il est nommé par André Malraux, Membre de la 5ème section, " orgues historiques " de la Commission Supérieure des Monuments Historiques.

En 1969, l’Académie Charles-Cros lui décerne un grand prix du disque pour son enregistrement de la Messe du 3ème ton d’André Raison et des 5 fugues de Jean-Henri d’Anglebert. Cette même année, il compose " Espace ", ballet commandé par le festival " Messidor " de Toulouse pour célébrer le lancement de l’avion " Concorde ".

En 1970 , il compose son premier Organum.

Il participe dès lors à d’innombrables académies d’été, master-classes, jurys, tout en donnant de nombreux concerts, laissant partout l’image d’un homme sympathique et plein d’humour. Académies d’été à Saint-Maximin du Var (1971 et 1972), Saint-Hubert (Belgique 1973 et 1974), Saintes (1974 et 1975), Saint-Dié (1976), aux U.S.A. (1978), Internationale Studienwoche Sinzing en Allemagne (1981 – 1983), à Haarlem (Pays-Bas, 1982, 1984 et 1985), master-classes au Japon (1984 et 1985), au Luxembourg (1985), à Toulouse… 50 concerts au U.S.A. (1974 à 1976), concerts en Allemagne, en Autriche, au Canada, en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, etc… Membre de Jury à Bruges, Chartres, Paris, Nimègue, Haarlem, Nuremberg, Tokyo, Dublin... Il participe au Festival d’automne de Varsovie, festival des Flandres, Liège Anvers, Bruxelles, Nimègue, Haarlem, Loyola, Mahon (Espagne), Royan, Aix-en-provence, Avignon, Saint-Donnet, Bordeaux, Metz, Prades, Festival Estival de Paris, Festival de Musique Sacrée (Paris), Toulouse…).

8e concours Xavier Darasse

Le mercredi 6 octobre 1976, après un concert à la Cathédrale de Condom, Xavier Darasse s’endort au volant de son véhicule : son bras est sectionné dans l’accident. Malgré une greffe réussie, il ne pourra plus jouer de l’orgue. Il se tourne alors vers la composition, sans délaisser pour autant l’enseignement ; ainsi ; le catalogue de ses œuvres s’allonge d’une ou de deux pièces par an.

En 1980, l’Institut de France lui décerne le Prix de Musique de l’Académie des Beaux-Arts.
En 1981, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Il est nommé, en 1985, Professeur de la classe d’orgue du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon.
En 1989, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Il est nommé, en 1991, Directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
En 1992, il reçoit la Médaille d’Or de la Ville de Toulouse.
Il décède des suites d’un cancer, le 24 novembre 1992.

Les Arts Renaissants
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1965

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Thérèse Brenet
( photo Odile Haïm, 2002 )
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Thérèse BRENET (1935- )

Pages spécifiques :
Biographie et extraits sonores
Extraits des Mémoires de Thérèse Brenet
Fugues du concours de Rome (partitions et MIDI)
Catalogue des œuvres
Photos de la Villa Médicis par Adolfo Tomeucci

Lucie ROBERT-DIESSEL


1966

Monique CECCONI-BOTELLA (1936- )

Monic Cecconi qui met en musique en 1963, alors qu’elle est étudiante au Conservatoire de Paris, le poème Crépuscule (Un éléphant dans sa baignoire/Et les trois enfants dormant/Singulière singulière histoire/Histoire du soleil couchant) de Philippe Soupault (1949) peut-elle pour autant être considérée comme compositrice surréaliste ? Que signifierait ce qualificatif ? Le goût du réel, transfiguré, modelé par l’imaginaire. En ce sens on peut répondre oui et le choix qu’elle renouvelle l’année suivante d’associer sa plume à celle de l’écrivain – dont elle reste l’amie jusqu’à la mort du poète en 1990 – pour Chercher le silence (pour soprano, piano, violon et violoncelle), et Chansons de la folie douce (pour soprano, baryton et orchestre) le confirme.

Monic Cecconi-Botella à son piano jouant du Brahms, 2014
(photo X...) DR.

 

Née le 30 septembre 1936 à Courbevoie, en région parisienne, elle est destinée à effectuer des études dentaires, ses parents étant tous deux chirurgiens-dentistes, ainsi d’ailleurs que ses ancêtres paternels avec son bisaïeul Ludovic Cecconi, né en 1848 à Rome qui s’installe plus tard en région parisienne. Sa grand-mère paternelle, Jeanne Broutin (1906-1985) est, quant à elle, l’une des premières femmes chirurgiens-dentistes. Mais, la musique l’attire davantage et après avoir sérieusement travaillé le piano avec Yvonne Lefébure et sa répétitrice Germaine Mounier à l’Ecole Normale de Musique, elle rejoint en 1957 le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elève des classes d’harmonie de Maurice Duruflé (1958 à 1962), de contrepoint et fugue de Simone Plé-Caussade, elle suit également celle de Henri Dutilleux pour la composition, qu’elle travaille aussi avec son successeur Jean Rivier. Récompensée par des prix dans ces diverses disciplines entre 1960 et 1966, elle décroche le Premier Grand Prix de Rome de composition en 1966. Le texte proposé aux candidats, La Muse qui est la grâce, est la quatrième des Cinq Grandes Odes de Paul Claudel. Rendant compte du travail de la lauréate, Bernard Gavoty en souligne certains détails heureux : « La voix du soprano éclosant comme une fleur dans la nuit au sommet d’un crescendo et déroulant une longue vocalise était une trouvaille. »

 

Pendant trois ans à la Villa Médicis, où elle séjourne de janvier 1967 à avril 1970, elle se laisse imprégnée par le génie italien et l’émancipation esthétique qu’elle y gagne n’est pas étrangère au vœu libératoire du surréalisme ! Elle compose pendant cette période plusieurs œuvres qui sont créées à Rome : le Concerto pour piano et orchestre par le pianiste Claude Bonneton, Vocale pour soprano et 3 percussions, Imaginaires pour 6 percussions (Leduc) pour « Les Percussions de Strasbourg » et Mégarythmies (Billaudot) pour l’orchestre de la RAI. Ellipseis pour piano (1967) date aussi de cette époque (Delatour).

 

De retour en France elle ne cessera de poursuivre cette activité créatrice en la conjuguant à sa vie d’épouse (mariée durant son séjour à Rome en 1968 avec Roger Botella) et de mère (d’Antoine Botella) ainsi qu’à des fonctions de pédagogie et de prospective musicale. C’est associer l’imaginaire à l’action !

 

Au fil des œuvres qui apparaissent, se fixent peu à peu les traits dominants de sa personnalité musicale. D’abord s’affirme son goût pour l’expression vocale. A la voix elle va demander de toucher, de caresser, d’effrayer, de rire, de faire rire…. Si elle apprécie et respecte la nature des voix, écrivant pour tous les timbres et registres, y compris les voix d’enfants, elle en sollicite une matière dense. Elle la sculpte en larges mouvements avec des tracés solides et exigeants. Elle n’hésite pas devant les envolées fluides ni les articulations rugueuses. Les mots infléchissent sa sensibilité et forcent son écriture. Son style se nourrit de leur contact. Ils fécondent les intuitions dramatiques, source de son imaginaire.

 

Dans ses mélodies elle sait cultiver le charme ou l’ironie d’un texte en l’isolant clairement d’un soutien pianistique de consistance harmonique et rythmique acérée et ferme mais elle use le plus souvent de son pouvoir concrètement sonore autant que de sa signifiance pour l’intégrer à la globalité d’un matériau multiple. Les ensembles instrumentaux abondent en juxtapositions saisissantes, colorations contrastées qui laissent filtrer poésie, tragique ou humour et se mêlent parfois aux chuchotements et bruits d’une bande préenregistrée.

 

Son conte musical Il était une fois l’été (1976), « réflexion sur la mer, le soleil et l’éternité » entoure ainsi le soprano d’une enveloppe faite d’un ensemble instrumental et d’une bande magnétique, « usage sobre de moyens variés » apprécie Gérard Manoni, ajoutant : « L’œuvre est d’une belle densité et séduit par l’emploi personnel et en même temps logique de procédés que l’on n’utilise pas souvent avec ce goût et ce discernement. » Elle a été créée à Paris par Christiane Issartel (soliste) et l’Orchestre de l’Itinéraire, sous la direction de Boris de Vinogradow.

 

Dans la pièce de musique de chambre Instants pour mezzo colorature, clarinette et orchestre à cordes (1973), qui est une commande de Radio France, la voix s’enchevêtre intiment au buissonnement sonore, s’y enroule ou s’en échappe en fusée avant de s’infiltrer dans une polyphonie ondoyante. Cette page est créée en 1970, salle Gaveau à Paris, par Anne Bartelloni, Guy Deplus et l’Orchestre de chambre de l’ORTF sous la direction d’André Girard.

 

Les formations purement instrumentales, quant à elles, proposent souvent des palettes de timbres originales tels Silences pour quatuor d’anches (1972, Billaudot) ou Les oiseaux sont encore autorisés à voler, commande du Ministère de la culture (1982), qui ajoute un cor à cette formation. Elles permettent de jouer des rayonnements imprévus d’un éclat sonore ou d’une intrusion rythmique. La percussion intervient, en effet, souvent dans leurs agencements comme Alpha pour 6 guitares et 4 percussions (1971), nombre d’œuvres lui étant, d’ailleurs, entièrement consacrées comme Imaginaires (1968) pour 6 percussions et un danseur ad libitum (Leduc), qui façonne un espace visuel accordé au rythme du sonore.

 

Inhérent à la conception de toutes ces œuvres, c’est un sens dramatique puissant qui fertilise la pensée de Monic Cecconi. Il trouve, bien sûr, à s’épanouir tout à fait dans le genre de l’opéra qu’elle a cultivé très tôt. Sa première œuvre destinée à la scène, La Méprise (texte de Pierre Gripari) pour 2 voix et 7 instruments date de 1969 et quelques années plus tard est créé Prière d’insérer (1975). Adaptant à l’art théâtral la sûreté de son approche narrative, la perspicacité de sa perception plastique et l’inventivité de son langage, elle multiplie les productions dans ce domaine. Les circonstances la conduisent à s’adresser plusieurs fois avec une confiance généreuse aux enfants en tant qu’acteurs ou spectateurs : Le Gollum, micro-opéra pour enfants, sur un livret de Françoise Arquetout, est créé en 1987 en région parisienne et Opéraclown (grand chœur) pour enfants (Billaudot), sur un livret de René Pillot, le sera en 1993 dans la région Nord-Picardie. Coco et la Confiture, conte musical à l’intention des enfants de moins de trois ans, commande des éditions Gallimard, est publié en 2000.

 

Elle reçoit en 1988 une commande de Radio-France pour ce qu’elle appellera un opéra-conte et qu’elle prend grand plaisir à concrétiser : La Femme de l’ogre pour 4 solistes, chœur mixte, chœur d’enfants, orchestre de chambre (Billaudot), créé par l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, sous la direction de Boris de Vinogradow. La librettiste Pierrette Fleutiaux s’y est penchée sur la femme qui vit avec l’ogre et ses amis-ogres mais qui, devant la férocité de ces individus gardent « sensibilté et tendresse pour sauver le petit Poucet et ses frères. » Dans ce conte fantastique, insiste la compositrice, l’un des personnages toujours présents est la Forêt (mezzo-soprano).

 

Opéra fantastique aussi mais d’après Maeterlinck, Le Triangle de cristal voit le jour en 1994, sur un livret de Françoise Arquetout.

 

Monic Cecconi, tentée par toutes les expériences de pluralité artistique, a vu créée le 9 juin 1984, par l’Orchestre de chambre Aquitaine dirigé par Jacques Pernoo, la version télévisuelle (sur FR3) de son opéra en deux parties Noctuaile, pour 4 solistes, soprano lyrique, contre-ténor, mezzo-soprano, soprano, groupe vocal féminin, orchestre de chambre. Pour construire cet ouvrage, écrit sur un livret de René David qui met en cause l’arbitraire du pouvoir, elle a assemblé des éléments bruts tels que sons, bruits, phonèmes et des éléments musicaux élaborés avec une ingénieuse maîtrise. La presse, après la diffusion, en a souligné « le constant équilibre et l’harmonie parfaite » et, notant que « la mise en scène avait utilisé toutes les possibilités de la télévision, espéré voir dans cette réalisation lae naissance d’un nouveau langage lyrique ». Cette œuvre lui vaut un Grand Prix de l’Académie du Disque français et du Film musical (1984).

 

Que n’a-t-on renouvelé un tel spectacle !

 

Pour Monic Cecconi apparut, quelques années plus tard, l’espoir d’un objectif de spectacle qui allait remplir ses attentes : œuvrer pour une grande scène lyrique sur un sujet qui la mobilisait pleinement. En 1986 elle avait participé, avec son opéra en 4 actes Il signait… Vincent, pour 8 solistes, 1 rôle parlé, chœur mixte et quintette à vent, aux côtés d’autres compositeurs (Jacques Charpentier, Antoine Duhamel, Jean-Michel Damase, Janos Komives et Jean Prodromidès) à un « Hommage à Van Gogh » rendu à Auvers-sur-Oise. Dès ce moment-là elle eut « le sentiment de suivre la vie d’un héros d’opéra : un personnage tragique, mystérieux, en marge de la société de son époque, en lutte contre lui-même, mais aussi un être humain avec ses sentiments, ses désirs, ses déceptions, ses bonheurs, un être destiné à n’exister réellement qu’après sa mort ».

 

L’idée du personnage que pouvait représenter un tel génie multiple ne la quitta plus et s’incarna peu à peu comme le héros de cet « opéra-passion ». Jacques Unal conçut un livret d’après la correspondance avec Théo, qui joue d’ailleurs le rôle de protagoniste, impossible à confier à Vincent car, pour la compositrice, « il était bien prétentieux et impensable de faire apparaître sur scène un ténor-sosie de Van Gogh. » Le déroulement de l’œuvre suit une immense progression dramatique qui éclaire la dualité du personnage, homme ou génie, coupable ou victime ? heureux ou malheureux ? L’opéra évolue sur deux plans différents puisque c’est « un journaliste actuel qui enquête sur les raisons du suicide du peintre. Les quatre actes dessinent les grands épisodes de sa vie, plus précisément ses liens avec les quatre personnes qui ont joué un rôle très important pour lui (trois femmes qu’il a aimées et Gauguin) ». Le chœur intervient tantôt pour commenter, tantôt pour refléter les pensées de Vincent ou les sentiments de la foule et, dans la cohérence de l’action, l’orchestre (Théâtre de Tours, Annick Minc) dans lequel tous les instruments sont traités en soliste, passe des couleurs les plus sombres à des plages de violence de plus en plus rapprochées et « jusqu’au tournoiement aveuglant de soleils arlésiens dans les cris multiples d’oiseaux blessés ». Le critique qui relève cette image forte l’a notée lors de la création de l’œuvre au Grand Théâtre de Tours où elle a été montée en 1991 dans une mise en scène de Michel Jarry qui s’est senti exalté dans son travail par ce livret « fort » et cette partition « porteuse d’émotion, de tourment et de passion »

 

CNSMP, 1990-1991, classe d'analyse musicale de Monic Cecconi-Botella
(photo X...) DR.
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A l’époque où son opéra Il signait… Vincent remporte donc un grand succès, Monic Cecconi était déjà depuis quelques années professeur au CNSMP (1982 à 2003) où elle enseignait le solfège et l’analyse musicale à de jeunes instrumentistes qu’elle retrouve maintenant dans les orchestres et formations musicales de haut niveau. Certains participent à l’ensemble instrumental « Thème et Variations » qu’elle crée et dirige en 1995 et avec lequel elle donne de nombreux concerts en région parisienne.

 

En réalité son parcours professionnel a toujours été multiple et, parallèlement à la création, ancré dans la vie musicale active, et dévoué à la propagation de la musique, notamment la musique d’aujourd’hui, auprès de tous et particulièrement auprès des jeunes. Cette mission a été facilitée depuis 2001, quand elle fonde son propre orchestre destiné à intervenir en milieu scolaire, ainsi que D’ailleurs pour percussion, 2 ondes Martenot et guitare électrique, créé en 1973 par Tristan Murail, Françoise Pellie, Claude Pavy et Michel Gastaud aux « Semaines musicales d’Orléans ».

 

A son retour de Rome elle avait participé activement à la fondation en 1973 de l’ensemble musical « Itinéraire », partageant la ferveur du groupe avec Michaël Lévinas, Roger Tessier, Pierre-Yves Artaud, Geneviève Renon et plusieurs autres musiciens. Certaines de ses œuvres ont vu le jour à ce moment dont Imaginaires et Silences. Durant cette même décennie, elle est invitée à plusieurs reprises (1973 à 1975) à Munich par le chef d’orchestre Rudolf Kempe qui crée son œuvre Mosaïques pour percussion et petit orchestre de chambre.

 

Ensuite, en 1978, professeur d’écriture au CNR d’Aubervilliers, elle s’investit dans la quête que mènent les étudiants pour prouver leur propre langage dans cette période d’esthétique confuse. En 1980, elle compose pour carillon Comptine dont la première audition a lieu pendant les Fêtes du Pont-Neuf par Renaud Gagneux qui fut longtemps titulaire du carillon de la mairie du 1er arrondissement parisien, place du Louvre.

 

Quand en 1995 elle est nommée Conseiller artistique musical pour la Ville d’Enghien-les Bains où elle réside alors depuis deux ans, elle assume ses propres choix au cours de saisons spirituellement intitulées « Thermes et Variations » et avec un centre de la voix baptisé « A Portée de Voix » créé en 1998. Elle réinvente les concerts en plein air : « Nous allons essayer de faire participer le public. Chaque concert sera suivi d’une discussion avec les musiciens, autour d’un verre. » Sa mission de conseillère, elle la conçoit ainsi : « Ce désir de faire partager mon amour pour la musique et la joie de vivre que cet amour peut procurer, m’ont fait accepter avec enthousiasme ce rôle de conseiller artistique. Faire vivre ma famille en musique, rassembler toutes les personnes, les organismes concernés par l’action musicale, organiser des concerts variés, riches, avec des interprètes de haut niveau soucieux de faire partager leurs émotions musicales, voilà ce que j’ai cherché à réaliser cette année. Grâce à l’aide et aux encouragements d’une municipalité attentive, grâce au travail et à l’énergie d’un Centre Culturel très motivé, soutenue par le Conseil Général du Val-d’Oise, partenaire privilégié, j’ai pu établir un premier programme pour l’année 1995, programme placé sous le signe des jardins et de la convivialité. Je souhaite que le public et les interprètes puissent, à l’issue du concert, se rencontrer et dialoguer en toute liberté. » Son premier concert se déroulera le 12 avril 1995 avec le pianiste russe inconnu en France, Vladimir Souslov (Chopin, Scriabine).

 

En 2004, c’est un soprano qu’elle intègre au Concerto pour orgue, voix de soprano et orchestre à cordes qui est créé le 13 juin 2004 à l’église de Sannois (Val-d’Oise) par Walter Audoli, Eric Lebrun et Tomoko Takeushi, et en 2006 Géométrie, écrit pour l’ensemble « Soli Tutti », long poème destiné à douze voix solistes. Notons aussi son opéra miniature French suite créé en 2013 aux USA, à Pittsburgh.

 

Chez Monic Cecconi, toujours la voix est privilégiée, symbole d’humanisme et de lyrisme, médiatrice d’une pensée donnée ou reçue en partage, au-delà même de l’évidence du sens.

 

A sa retraite, elle s’installe dans l’un des plus beaux villages de France, Gordes, situé dans le parc naturel régional du Lubéron, où elle fonde et dirige l’Ensemble orchestral du Lubéron et, en novembre 2006, « Les Saisons de la voix » qu’elle préside toujours en 2023, organisant de nombreux concerts et des masterclass. Destinée à faire découvrir de nouveaux talents du chant en les aidant à se perfectionner et à progresser dans leur carrière, par des rencontres avec le public, cette association organise chaque année un « Concours international de la mélodie à Gordes » dont le 15éme s’est déroulé les 9 et 10 septembre 2023 avec la mezzo-soprano Karine Deshayes pour présidente du jury. Ses nouvelles activités ne l’empêchent pas cependant d’étoffer son corpus musical avec plusieurs nouvelles œuvres écrites : 4 mélodies, Bestiaire imaginaire (contre-ténor et piano) et Quand tu dors seul (2005), Une belle soirée d’été et Un tapis de Turquie (2012) et trois pièces pour violoncelle solo réunies sous le titre de Trois caprices (2010, Delatour).

 

Pierrette Germain-David (2007)

Denis Havard de la Montagne (2024)

(photo X...) DR.


Michel MERLET

Notice détaillée sur cette page spécifique.


1967

Michel Rateau
Michel Rateau à son piano, chez lui en Normandie, août 2010
( photo Philippe Rateau ) DR
Michel RATEAU (1938 -  )

Né le 4 septembre 1938 dans le quinzième arrondissement parisien, Michel Rateau a été initié très tôt à la musique. A l’age de 5 ans, à l’école Notre-Dame de France à Malakoff (Hauts-de-Seine) où il débute ses études scolaires, il commence l’étude du solfège et du piano avec la professeur de musique, Sœur Marie-Laurent Celle-ci remarque rapidement chez cet enfant des aptitudes et un goût pour la musique qu’elle va s'ingénier à développer. A cet âge il "compose" sa première œuvre dans la cuisine de ses parents, utilisant des objets et autres ustensiles à sa portée. Bien que devant changer d’établissements scolaires à plusieurs reprises, il continue de prendre des leçons de musique auprès de Sœur Marie-Laurent jusqu’à l’âge de 11 ans. Par la suite, jusqu’à sa quinzième année, il reçoit des cours particuliers de piano chez Jean Boguet dans son appartement du seizième arrondissement. Pianiste renommé et alors organiste à Dijon, on devra plus tard à ce dernier l'enregistrement de l'intégral de l'œuvre pour piano d'Albert Roussel. Puis, c'est avec Jacques Février et Melle Lejour, la répétitrice de Jean Doyen, qu'il poursuit ses études de piano.

Mais, très attiré par la composition, Michel Rateau entreprend d'apprendre sérieusement l'harmonie auprès de Maurice Duruflé, tout d'abord en cours particuliers, puis, à partir de 1959 dans sa classe d’harmonie préparatoire au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, à l’époque où Raymond Loucheur succède à Marcel Dupré à la tête de ce vénérable établissement. En novembre 1960, année au cours de laquelle il obtient également son CAPES d'Education musicale, il est admis dans celle d’harmonie supérieure de Jeanne Leleu, bientôt remplacée, durant sa maladie, par Roger Boutry. Son 1er prix d'harmonie obtenu en 1963, il rejoint alors la classe de composition de Jean Rivier, reprise en 1966, à sa retraite, par André Jolivet, et décroche un autre 1er prix en 1966. L'année suivante, il se présente au Concours de Rome et remporte le Grand Prix avec la scène lyrique Voyageur, où t’en vas-tu ?, écrite sur un poème du bengali Rabindranath Tagore (1861-1941, Prix Nobel de littérature en 1913). Cette cantate pour soprano, ténor, baryton et orchestre, d’une durée totale de 14’30, sera éditée par la suite par Billaudot.

Au cours de ses études au Conservatoire de Paris, Michel Rateau effectue son service militaire, de 1962 à 1964, dans la Musique du 93ème Régiment d’Infanterie, stationné à Paris, au Mont Valérien.

Pendant son séjour à Rome, à la Villa Médicis de janvier 1968 à avril 1971, il conçoit notamment un instrument de percussion constitué d’un portique de 2m. x 2m. sur lequel sont fixées des cloches (campana) de différentes tailles et matières (bois, métal), ainsi que des cymbales sur lesquelles on frappe avec des baguettes.

De retour à Paris en 1971, Michel Rateau s’intéresse plus particulièrement au son émis par les « choses » (une cage à oiseaux, des tubulures, des cuves ...) qu’il enregistre sur bande magnétique. C'est ainsi qu'il compose la musique du ballet La Course, monté au Théâtre National Populaire (TNP) de Paris et dansé par la compagnie de Joseph Russillo. A cette même époque, il donne un concert au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dans le cadre de l’A.R.C. (Animation Recherche Confrontation) de Maurice Fleuret, un proche de Boulez, alors directeur dudit Musée.

En 1976, Michel Rateau s’installe à Rouen et reprend sa carrière d’enseignant à l’IUFM de Rouen, ainsi qu'à l’Institut de musicologie de Rouen (de 1980 à 1989) et à l’Ecole Normale de Musique de Paris, où il professe l'harmonie et l’analyse de 1983 à 1990.

Parallèlement à ses fonctions d'enseignant, Michel Rateau ne cesse de composer. En 1982, il commence les Chants du temps pour orchestre qu’il achèvera en 1988. Cette oeuvre donnera lieu à un entretien avec Pierre Boulez. En 1984, Salle Gaveau à Paris, son Offrande lyrique pour violon et orchestre est donnée par l’Ensemble Orchestral de Paris placé sous la direction de Jean-Pierre Wallez, avec pour soliste Gaëtane Prouvost, et parmi les auditeurs : Olivier Messiaen et Henri Dutilleux. Cette œuvre sera reprise cette même année par l’Orchestre de Chambre de Rouen, dirigé par Jean-Pierre Berlingen. En 1991, pour le 25ème anniversaire de l’Université de Rouen en 1991 il écrit, à l'intention du Nouvel Ensemble Contemporain, A quatre pour flûte, clarinette, violon et piano, créé la même année.

C’est en 1992 que Michel Rateau commence Les Chants du temps pour piano, son "Journal Musical",  "une œuvre en cours d’inachèvement". Dans cette œuvre, "le compositeur opère un retour à une forme d’écriture assez épurée, très simple, fortement mélodique et contrapuntique, qui contraste radicalement avec les pièces plus avant-gardiste qu’il avait écrit dans les années 1960-1970." Il s’agit d’une composition modulable (15 volumes à ce jour), chaque volume comportant douze recueils et chaque recueil contenant douze ou treize pages de musique. Comme dans un recueil de poèmes, selon son humeur et ses préférences, le lecteur-interprète choisit les morceaux à lire ou jouer en liberté. Pour l'instant, seule une partie des Chants du temps (45 minutes environ) a été donnée en concert à l’Université de Strasbourg II en avril 2005, à l’occasion des Journées de l’Action Culturelle sur le thème de l’Oeuvre ultime. Mais, des fragments de cette œuvre sont couramment joués par le pianiste israélien Gilead Mishory, notamment en Allemagne et au Japon. De nos jours, Michel Rateau se consacre entièrement et presque uniquement à la poursuite de la composition de ses Chants du temps.

M.R. / D.H.M.  

Catalogue des œuvres

Copeaux de Lune pour deux pianos
Biennale de Paris, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1966 (éditions Billaudot)
durée : 11 minutes

Divertimento pour deux pianos
1er prix de composition du CNSM de Paris,1966
durée : 13 minutes 30 secondes

Voyageur où t’en vas-tu ?, cantate sur un poème de Rabîndranâth Tagore, pour soprano, ténor, baryton, basse et orchestre,
Orchestre de l’Opéra de Paris, Institut de France,1967
durée : 25 minutes

Divertimento Breve pour orchestre
Orchestre symphonique de la RAI (télévision), Rome,1968
durée : 5 minutes 30 secondes

Seuil pour ensemble de percussions
Les Percussions de la R.A.I. (télévision), Rome,1969
oeuvre retransmisse sur France Musique.
durée : 10 minutes 30 secondes

Concerto pour orchestre
Orchestre de la R.A.I. (télévision), Rome,1970
durée : 12 minutes

La Course, musique de ballet
représenté au Théâtre National Populaire de Paris (TNP) par la compagnie Joseph Russillo retransmis à la télévision, 1970
musique sur bande magnétique
durée : 26 minutes

Sonnant pour orchestre
commande de Radio France, 1971
durée : 12 minutes

Trois Musiques pour un citoyen pour orchestre
commande de Radio France, 1972 (éditions Billaudot)
transcription pour deux pianos
durée : 18 minutes

Matinale (3’30) pour flûte et piano
pièce instrumentale commandé par les éditions A. Leduc, 1972

Sonnant (3’10) pour trompette ut ou si bémol et piano
pièce instrumentale commandé par les éditions A. Leduc, 1972

Enfances (15’), Flûtes (7’20), Cloches (5’40), Tintamarresque et Farce (12’), Concerto pour guitare (25’), Couvercles (4’30), Pièces de voiture (5’30), Eléments de cuisine avec piano (6’30), La Bête (2’40), Temps-Monde (15’)
1973-1976
musique sur bande magnétique

Fiction pour cor et piano
morceau de concours pour le CNSMP
éditions Max Eschig,1974
durée : 5 minutes

Cage
, Tuiles, Outils de jardin, Tubulure, Mécaniques
musiques données en concert au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dans le cadre de l’A.R.C. dirigé par Maurice Fleuret, 1975
musique sur bande magnétique
durée : 45 minutes

Dialogue avec l’oiseau La pour flûte et piano
éditions Max Eschig,1975
morceau de concours pour le CNSMP
durée : 5 minutes

Comme Union pour quintette de cuivres
commande de l’Ensemble Ars Nova, direction Marius Constant, 1979
durée : 5 minutes

Lumen pour cordes
Orchestre de Chambre de Rouen, direction Jean-Claude Bernède, 1980
durée : 20 minutes

Offrande lyrique pour violon et orchestre
commande de l’Ensemble Orchestral de Paris, 1981
durée : 18 minutes

Nature morte à la contrebasse pour contrebasse et piano
éditions Salabert, 1981
morceau de concours pour le CNSMP
durée : 5 minutes

Chants du temps, en quatre livres pour orchestre
1982-1988
durée : 1 heure 50 minutes

Audite pour orchestre
1989
durée : 11 minutes

Intervalle pour cordes
1990
durée : 5 minutes 30 secondes

Ephphata pour orchestre
1990
durée 7 minutes

Musique Geste Mouvement pour deux pianos
1990
durée : 13 minutes 30 secondes

A quatre pour flûte, clarinette, violon et piano
créé par le Nouvel Ensemble Contemporain lors du 25ème anniversaire de l’Université de Rouen
1991
durée : 8 minutes, 30 secondes

Chants du temps pour cordes et instruments à vent
2007
durée : 40 minutes

Les Chants du Temps pour piano
"Oeuvre en cours d’inachèvement", commencée en 1992
durée totale en 2010 : environ 20 heures
16ème volume en cours

Philippe Drogoz
Philippe Drogoz, vers 1978
( photo X... ) DR
Philippe DROGOZ (1937-2023)

Longtemps professeur d’écriture, de composition et de contrebasse, et responsable de l’Atelier de recherches musicales du Conservatoire de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Philippe Drogoz, compte parmi ses anciens élèves bon nombre de musiciens reconnus : Thierry Escaich, Philippe Manoury, Lionel Polard, Frédéric Ligier, Quentin Martel, François Ribac, Denis Guilbert…, auxquels il a fait découvrir la musique contemporaine sous toutes ses formes, ainsi que le théâtre musical. Bien que compositeur et électroacousticien, il a toujours considéré que son métier principal est l’enseignement. Doté d’une personnalité indépendante, il a été également contrebassiste, comédien, animateur et s’est intéressé à tous les genres, notamment au théâtre musical, à la musique de films et à la musique électro-acoustique. Interrogé en 1978 par Jean-Paul Roussel [in Télérama – le Monde la musique, n° 2, juillet-aout 1978] sur son métier de compositeur, il déclarait : « Je ne crois pas que l’on devienne compositeur. Si l’on veut, tout le monde est compositeur. Les expériences que j’ai faites avec des enfants permettent de constater qu’il existe en chacun de nous un minimum d’idées musicales. Mais à partir de ce besoin de créer, il faut acquérir un ensemble de techniques, un métier, pour obtenir autre chose que des improvisations ou des exercices d’enfant doué. Le danger est double : au bout de l’apprentissage, on risque d’avoir perdu sa spontanéité ; mais, d’autre part, la créativité à l’état brut est un leurre. Je crois que le problème est le même pour n’importe quel artiste. Pour ma part, j’ai acquis une technique, un métier. » Ses recherches ont porté sur plusieurs sujets : la forme, les combinaisons de timbres instrumentaux et électroniques, ainsi que sur les relations compositeur-interprète. Quant à sa production, elle recouvre plusieurs genres : œuvres pour orchestre, musique de chambre, pages pour piano ou guitare, musiques de théâtre et de films, sans omettre des pièces faisant intervenir l’électronique.

C’est dans le Pas-de-Calais, à Berck-sur-Mer, le 21 janvier 1937, qu’est né Philippe Drogoz, mais c’est dans le Sud de la France, à l’Université de Toulouse, qu’il termine ses études de mathématiques (1955-58). Parallèlement, il travaille le piano, la contrebasse et l’harmonie au Conservatoire de cette ville et achève sa formation musicale au CNSM de Paris (1958-67). Après l’obtention des premiers prix de d’harmonie (1963), de contrebasse (1963), de fugue (1964), de contrepoint (1965), d’analyse dans la classe d’Olivier Messiaen (1967), ainsi qu’un second prix de composition dans celle de Jean Rivier puis d’André Jolivet (1963), il décroche un second Grand Prix de Rome en 1967 avec la scène lyrique Voyageur, où t’en vas-tu ?, écrite sur un poème du bengali Rabindranath Tagore. Entre 1963 et 1965, il travaille aussi la direction d’orchestre auprès de Sergiu Celibidache et Hermann Schercher à Sienne, Franco Ferrara à Venise, et à cette même époque fait partie de l’orchestre de chambre de Henri-Claude Fantapié : « Les Solistes de Paris », tenant le pupitre de contrebasse avec Gérard Granier, Pierre Levet et Pierre Allemand.

En 1968 et jusqu’en 1973, Philippe Drogoz travaille avec le Groupe d’Etude et de Réalisation Musicale (GERM). Fondé à Paris deux années auparavant par le compositeur et chef d’orchestre Suisse Pierre Mariétan, ce groupe, destiné à diffuser la musique nouvelle, réunit alors, entre autres musiciens, Jean-Yves Bosseur, Renaud Gagneux, Gérard Frémy, Antony Marchutz, Louis Roquin, Philippe Torrens, Bernadette Val et Philippe Drogoz. Au sein de cette formation, il expérimente la création collective : « Nous étions plusieurs musiciens à jouer d’instruments ‘ non nobles’, contrebasse, trompette, cor… et nous sommes parvenus à créer nous-mêmes notre musique. Plus d’intermédiaire entre le compositeur et l’interprète. Nous mettions en question une certaine structure de la société musicale… » En 1973, il crée avec la flûtiste et saxophoniste Eugénie Kuffler (une élève de Nadia Boulanger, Dutilleux et Alain Marion) l' "Ensemble musical 010", spécialisé dans le théâtre musical d’avant-garde. Trois années plus tard, au 30ème Festival d’Avignon, est donné leur spectacle Lady Piccolo et le violon fantôme pour piccolo, flûte, contrebasse et bandes magnétiques, un opéra-mythe en 3 actes d'après Claude Lévi-Straus. A leur actif, mentionnons deux autres musiques pour le théâtre : Yo ou l’Opéra solitaire pour une chanteuse-actrice et dispositif électroacoustique (1979) et le conte musical pour la Radio Mais où est donc passée Lady Piccolo (1976-1977).

Fin 1968, Philippe Drogoz avait rencontré l'écrivain Georges Pérec (1936-1982), magicien des mots, avec lequel il va se lier d'amitié. L'année suivante, ils vont notamment travailler à un projet d'opéra : L'Art effaré, qui va rester inachevé et "dont le livret aurait été bâti sur les syllabes do-ré-mi-la-si, la partition n'utilisant que les cinq notes correspondantes, en concordance avec les syllabes du texte." Puis s'installe une collaboration de plusieurs années au cours desquelles verront le jour, en 1970, le Petit Abécédaire illustré pour soprano et guitare (texte de Georges Pérec), donné à Avignon, au Cloître des Célestins, le 28 juillet 1973, avec Bernadette Val et Pierre Urban, et, en 1971, Tagstimmen (Voix du jour) pour 6 voix enregistrées et traitées en studio (pièce radiophonique de Georges Pérec). En 1974 Pérec confie au compositeur la bande-son de son film Un Homme qui dort (en collaboration avec Bernard Queysanne). A ses côtés, accompagné également d'Olivier Manoury, Philippe Drogoz participe (voix parlée) à l'enregistrement de 2 chansons de Bobby Lapointe : Le Quincailler et Grimace ratatinée en rime à grasse matinée (Polygram PY892) au Studio 115 de la Maison de la radio à Paris, dans l'émission de Jack Vidal "Allegro ma non troppo". Après la disparition de son ami Pérec, il lui rend hommage avec un texte intitulé "Georges Pérec et la musique", paru dans les Cahiers Georges Pérec (n° 1, octobre 1985), compose (avec André Litolf) la musique du film de Catherine Binet sur Georges Pérec : Te souviens-tu de Gaspard Winckler? (Institut National de l'Audiovisuel), diffusé en 1990 sur France 3, et participe à la Soirée Georges Pérec, donnée le 16 juin 1996 à la Bibliothèque Nationale de France par Jacques Neefs.

Pédagogue dans l'âme, entre 1969 et 1975 Philippe Drogoz enseigne l’harmonie au Conservatoire de Bobigny en région parisienne, et à partir de 1970, l’écriture, la composition et la contrebasse à l’Ecole Nationale de Musique de Montreuil-sous-Bois. En 1979, il effectue un stage de musique électronique à l’Université de San Jose (Californie), où il est professeur associé, avec Allen Strange et Morton Subotnik. A cette époque, avec Eugénie Kuffler ils donnent leurs dernières productions au Centre culturel de Bagnolet, devenu l’un des sièges de la musique contemporaine, grâce à Georges Aperghis, fondateur (1976) dans cette ville de l’Atelier de Théâtre et Musique (ATEM) consacré au théâtre musical. On doit également à Philippe Drogoz la création en 1989 du "Concours André Jolivet" à l'E.N.M. de Montreuil.

Au début des années 2000, il a pris sa retraite de l'enseignement.

En plus des œuvres déjà citées supra, Philippe Drogoz a composé bien d'autres œuvres : pour orchestre ou ensembles instrumentaux : Antinomies I pour 12 cordes (1967), Antinomies II pour orchestre (1969, Billaudot), Antinomies III pour ensemble instrumental (1969), Concerto en ré ou la Commedia del arco (1974, Edition du Mordant à Aulnay-sous-Bois), Eclatement 2 (Billaudot), Espaces pour orchestre et chœur (Visage à Cachan), Symphonie verte pour 15 instruments (1985) ; pour piano : Eclatement 1 (1968, Visage), Sympathie pour piano à 4 mains (1974, Visage) ; pour contrebasse : Rue de Madrid (morceau de concours du CNSMP, 1971, Boosey & Hawkes) ; pour guitare : Suite percutante : Chocs, Prélude, Rondo, Choral, Nocturne, Rasgueado (1965, Eschig), Prélude à la mise à mort pour guitare préparée (1973, Editions Musicales Transatlantiques), Sur les routes de fer, sur un texte de Pierre Reverdy 1992, Eschig), Voyage pour une guitare (1986, Editions Musicales Transatlantiques) ; de la musique de chambre : Juke-Box pour 8 guitares et percussion (1972, Visage), Petite histoire de la corde pincée pour 2 guitares (Visage), Triptyque pour petit ensemble instrumental (1975, Heugel) ; de la musique mixte pour instruments et électronique : Concerto grosso pour orchestre et 3 synthétiseurs (1985), Petit concert 85 pour 8 instruments et bande magnétique (Editions du Mordant), Rétro c'est rétro pour percussion et bande magnétique, La Vie et les amours d'une femme pour une chanteuse-actrice, piano et bande magnétique (1983), Rituels pour chœur, orchestre de chambre et bande magnétique (1990), Hommage à George Sand pour 7 pianos, synthétiseur et bande magnétique (1991) ; des pages pour la voix : Soleil pour orchestre et soprano (1968) ; et la musique de la pièce radiophonique Au château d'Argol de Julien Gracq (4 et 11 mars1971, France Culture, avec Pierre Vaneck et François Chaumette). On lui doit aussi des pièces pédagogiques, dont un Livre pour clarinette écrit en collaboration avec Antony Marchutz (1993, Salabert). Et, comme contrebassiste, sa participation, avec Régis Pasquier (violon et alto) et Philippe Muller (violoncelle) à l'enregistrement de la musique de Michèle Bokanowski pour la bande son du film fascinant L'Ange de Patrick Bokanowski (1982).

Les œuvres de Philippe Drogoz au disque sont rares : seulement Petite histoire de la corde pincée par Tristan Manoukian et Pierre Milan (SIMC 01), Prélude à la mise à mort par Rafaël Andia (ADDA 590019) et Suite percutante par le même guitariste (Musidisc 16030).

Denis Havard de la Montagne
(2010)

Note : Philippe Drogoz est décédé le 18 mai 2023 à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) à l’âge de 86 ans.


1968

Alain Louvier
( photo Denis Briquet )
Alain LOUVIER (1945- )

Issu d’un milieu scientifique, son père René est biologiste, et lui même formé aux mathématiques, Alain Louvier, passionné de botanique et d’entomologie, est assurément un compositeur dont l’œuvre est marquée, du moins dans la précision de l’écriture, par la rigueur de la méthode scientifique, et dans laquelle on retrouve parfois une recherche d’adéquation de l’algèbre ou de la géométrie avec l’espace sonore (Hommage à Gauss pour violon et orchestre, 1968, Leduc - Sigma de NP deux moins un pour violon et piano, 1974, Leduc - L’Isola dei Numeri, cycle de 6 pièces pour piano, en trois livres, Leduc). Ses recherches sur les micro-intervalles des instruments (Clavecin non tempéré pour clavecin ou épinette accordée en 1/3, 1/4 ou 1/6 de ton - Anneaux de Lumière pour 2 pianos accordés à 1/4 d’intervalle, 1983, Leduc), ainsi que sa technique personnelle d’attaque des claviers (Etudes pour Agresseurs, 1964-1983, Leduc) montrent également un esprit cartésien désireux de mettre au service de l’art la démarche scientifique. Tout cela ne l’empêche pas cependant de produire une musique subtile que l’on retrouve notamment dans ses pièces orchestrales, qui se situent incontestablement dans la tradition symphonique française. Sa science de l’orchestration se reconnaît à la première écoute, notamment dans son Canto di Natale pour plain-chant et 12 instruments (1976, Leduc) qui est à la fois un " Chant de Noël " et un " Chant de naissance " symbolisant la création  (conception, attente, naissance), ses Poèmes de Ronsard pour voix et orchestre de chambre (1985, Leduc) ou plus récemment ses Météores pour 2 pianos et orchestre (1998, commande de l’Orchestre national d’Ile-de-France, Editions Musicales Européennes) créées le 5 février 1999 par Isabelle et Florence Laffitte (pianos) et l’Orchestre national d’Ile-de-France placé sous la direction de Jacques Mercier.

Bien que sa famille soit originaire de Boulogne-Billancourt, Alain Louvier est né dans le quinzième arrondissement parisien le 13 septembre 1945. Titulaire d’un baccalauréat de mathématiques obtenu en 1961, puis étudiant en Mathématiques supérieures, il entre néanmoins au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dès 1955; il a tout juste 10 ans ! Ses longues études dans cet établissement auprès de Simone Petit (solfège), Henri Challan (harmonie), Marcel Bitsch (contrepoint et fugue), Henriette Puig-Roget (accompagnement au piano), Olivier Messiaen (analyse musicale), Norbert Dufourcq (histoire de la musique), Tony Aubin (composition), Robert Veyron-Lacroix (clavecin) et Manuel Rosenthal (direction d’orchestre) lui vaudront 9 premiers prix : solfège spécialisé (1956), harmonie (1962), contrepoint et fugue (1964), accompagnement au piano (1965), analyse (1966), composition (1966), histoire de la musique (1969), clavecin (1970) et direction d’orchestre (1970). Ses premières œuvres sont destinées au clavier : Thème et variations pour piano (1963, inédit), premier livre (1964) pour ses Etudes pour agresseurs (Leduc), Sonate pour deux pianos (1966, inédit).

En 1969 Alain Louvier était le dernier à obtenir un premier Grand Prix de Rome de composition musicale, avec la scène lyrique intitulée Folie et mort d’Ophélie, ce qui lui permettra, juste après avoir écrit son Chant des limbes (Leduc), d’aller séjourner à la Villa Médicis, en tant que pensionnaire de l’Académie de France à Rome, de septembre 1969 à octobre 1972. De cette période dans la Ville éternelle datent les pièces suivantes : Chant des limbes (1969, Leduc), Shima et Candrakâla pour 6 percussions (1970, Leduc), basées sur deux des rythmes hindous popularisés par Olivier Messiaen, 4 préludes pour cordes (1970, Leduc), Duel pour 2 à 5 percussions (1970, Leduc, commande du CNSMP), nécessitant une scène théâtrale les percussionnistes devant se déplacer sans cesse dans une gestuelle précisément notée, Houles pour ondes Martenot, piano et percussion (1970, Leduc), Promenade pour flûte en sol (1971, Leduc), Sept caractères d’après La Bruyère, essai de théâtre musical avec argument littéraire à la manière de La Bruyère, pour piano soliste et 13 instruments (1971, Leduc), In memoriam Jean-Pierre Guézec pour violoncelle seul (1971, Leduc), Neuf carrés pour quatre flûtes (1972 Leduc), qui utilisent toute la famille des flûtes traversières et sont prévus pour être accompagnés par la projection de diapositives montrant les schémas géométriques ayant permis leur élaboration, Cromagnon pour tuba (ou saxhorn basse en si bémol) et célesta (1972, Leduc, commande du CNSMP)

A son retour d’Italie Alain Louvier prenait la direction du CNR de Boulogne-Billancourt jusqu'en 1986. Il s’évertua durant ces années à rénover l’enseignement dispensé dans cette école, en introduisant notamment de nombreuses pièces commandées à des compositeurs contemporains et en renouvelant le répertoire mis à la disposition des étudiants. Lui-même y enseignait d’ailleurs la musique d’ensemble, la culture et l’analyse musicale. Concertiste-conférencier aux Jeunesses Musicales de France, il menait également à cette époque, parallèlement à ses activités pédagogiques, une carrière de chef d’orchestre. C’est ainsi que depuis 1972, Alain Louvier a dirigé l’Ensemble Ars Nova (fondé en 1963 et dirigé par Marius Constant), les orchestres des Concerts Colonne, des Concerts Lamoureux, du CNSM de Paris, le Philharmonique de Radio-France et celui des Pays de la Loire, l’Ensemble 2e 2m (fondé en 1971 à Champigny et dirigé par Paul Méfano) et l’ensemble L’Itinéraire (fondé en 1973 par un groupe de compositeurs et d’instrumentistes désireux d’interpréter de la musique contemporaine). Avec cette dernière formation, ainsi d’ailleurs qu’avec divers ensembles d’étudiants, Alain Louvier a joué et même parfois créé un nombre important d’ouvrages contemporains d’auteurs tels que Jolas, Eloy, Decoust, Bancquart, Jolivet, Barraqué, Guézec, Ligeti, Varèse, Messiaen.... C’est lui qui a donné en première audition en France en 1971 Trans pour orchestre de Karlheinz Stockhausen.

En octobre 1986 François Léotard, ministre de la Culture et de la Communication, nommait Alain Louvier directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, en remplacement de Marc Bleuse nommé à la Direction de la musique et de la danse. Durant son mandat à la tête de cette vénérable institution il dut assurer en 1990 le déménagement de la rue de Madrid à la Cité de la musique de la Villette. Il ne se contenta pas de changer de locaux mais fit en sorte de donner l’impulsion nécessaire à ce nouveau site du XXIe siècle pour " former et susciter l’esprit critique, la curiosité et le désir de création. " Il est en effet à l’origine de la création de nouveaux départements (pédagogie, métiers du son) qui illustrent parfaitement ce désir d’ouverture au monde. Alain Louvier s'attache en effet a étendre la pédagogie aux instruments et à développer les métiers du son avec la collaboration d'autres institutions. De même, la danse, trop longtemps négligée en raison notamment de locaux exigus, pouvait enfin retrouver la place qu’elle n’aurait jamais du perdre avec la création d’un département des Etudes chorégraphiques. C’est ainsi que le CNSM fut rebaptisé en 1990 Conservatoire National Supérieur de Mmusique et de Danse de Paris (CNSMDP), mais il ne faut pas oublier que dès 1989 Alain Louvier avait déjà créé un poste de professeur de danse contemporaine confié à Susan Alexander. En septembre 1991, il abandonne la direction de cet établissement, au profit de Xavier Darasse, et depuis cette époque y enseigne l’analyse musicale, tout en professant également l’orchestration au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris (CNR).

Ses nombreuses activités de compositeur, interprète et pédagogue lui ont valu plusieurs prix et distinctions : Prix Arthur Honegger de composition musicale (1975), Prix Paul Gilson de la Communauté des Radios de langue française (1981), Prix Georges Enesco délivré par la S.A.C.E.M. (1986), officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres et chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

Vice-président (1992) de la section française de la Société internationale de musique contemporaine, Alain Louvier est un compositeur fécond. Son catalogue comporte un grand nombre de numéros d’opus aussi bien de musique pour orchestre, vocale ou encore de chambre et instrumental. Principalement édité chez Leduc, on trouve néanmoins quelques pièces chez Choudens (Etude 38 pour 16 agresseurs apprivoisés), Salabert (Chant des aires pour flûte soliste et 24 flûtes, 1988), Combre (Concerto pour alto et orchestre, 1996), Lemoine (Triangle, sur le Triangle de Pascal, pour piano à 4 mains, 1997) et les Editions Musicales Européennes (Livre pour virginal, 1990-1993, Janus et Moebius pour 2 clarinettes, 1995, Clamavi pour violoncelle et percussion en hommage à Dominique Troncin, 1994, Missa de Angelis pour chœur mixte, 2 cors et percussion, 1995, Une cloche de feu rose dans les nuages pour piano solo et 11 voix, 1999). On doit également à Alain Louvier deux ouvrages didactiques : Musiques à chanter pour les classes de formation musicale, en collaboration avec J.-P. Holstein et P.Y. Level (9 volumes en 3 cycles, Leduc) et 50 Basses et chants d’accompagnement, exercices de style du XVIe au XXe siècle pour l’improvisation à vue sur le piano (Leduc), ainsi qu’un livre sur la musique L’Orchestre, écrit en collaboration avec Pierre-Albert Castanet (1978, Combre).

Alain Louvier a épousé la pianiste Marie-Cécile Milan.

Page de couverture et premières mesures du Livre 1 (niveaux débutant à moyen)
des Agrexandrins pour piano d'Alain Louvier (1981).
( Avec l'aimable autorisation des Editions Leduc. )

La liste des ouvrages d’Alain Louvier peut être utilement consultée dans les catalogues des Editions Leduc (175, rue St-Honoré, Paris) ainsi que sur les sites du Centre de Documentation de la Musique Contemporaine de Paris et des Éditions Musicales Européennes. En dehors des œuvres déjà citées ici, notons néanmoins les partitions suivantes toutes éditées chez Leduc : Chimère pour harpe (1973), 3 Gymnopédies automatiques pour piano (1975) dans le style des Gymnopédies de Satie, Agrexandrins, 19 pièces de difficulté progressive destinées à familiariser les élèves pianistes de tous niveaux avec les techniques gestuelles de la fin du XXe siècle, notamment celles utilisées dans les " Etudes pour Agresseurs " (3 Livres, 1981-1992, Leduc), Concerto pour orchestres (1982), Le jeu des 7 musiques pour quatuor de saxophones (1985) et Itinéraires d’outre-rêve pour piano solo et 17 instruments (1994)...

N’omettons pas enfin plusieurs autres pages inédites : Messe des Apôtres pour la célébration liturgique (1978), Casta Diva pour le spectacle de Maurice Béjart à l’I.R.C.A.M. (1980), Et Dieu créa l’enfant pour chœur d’enfants et sextuor à cordes (1981) sur un texte original de Paul Fournel, Atomes de Requiem pour chœur mixte et piano en seizièmes de ton, écrit à la mémoire de Jean-Etienne Marie (1990), Cantique de Saint-Jean (poème de Mallarmé) pour soprano et 15 instruments (1998) et S pour 2 claviers en ¼ de tons (1999) à la mémoire de Gérard Grisey.

Si certains ouvrages d’Alain Louvier ont été enregistrés sur disques vinyles (Etudes pour Agresseurs, Candrakâla et Shima, Canto di natale, Et Dieu créa l’enfant...) chez Philipps ou Erato, seuls quelques uns sont actuellement disponibles sur le marché en CD : Envols d’écailles pour flûte, alto et harpe (3D 3C88002), Chant des aires pour flûte solo et 24 flûtes (ADDA 581257), Chimère pour harpe (Quantum QM6919), intégrale de l’œuvre pour clavecin : Etudes pour Agresseurs (Livre 3 bis), Livre pour virginal et Le clavecin non tempéré (collection MFA, Musique du XXe siècle, Université de Rouen, CD UR 003), et enfin L'œuvre pour piano sortie récemment (2000) chez Saphir Production (2 CD).

Dernièrement, plusieurs des œuvres d’Alain Louvier ont été créées par l’Orchestre national d’Ile-de-France, le Quatuor Ludwig ou encore l’Ensemble Musicatreize, notamment Une cloche de feu rose dans les nuages le 24 octobre 2000 à Montpellier, par l'Ensemble Musicatreize, Paysages le 23 février 2001 à Montpellier par le Trio Controverse, et Nuit de feu, rumeur d'espace pour quintette (piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse) le 11 mars 2001 à la Bibliothèque Marmotan de Boulogne, par l'Ensemble Double-B.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE

Édith LEJET (1941- )

Edith Lejet, mai 2001
( photo Edith Lejet, avec son aimable autorisation )

En octobre 1992, lorsque Xavier Darasse, tout juste un mois avant sa mort, créait au CNSMP une nouvelle classe d’écriture, musique du XXème siècle, c’est à Edith Lejet qu'il en confiait la charge, poste qu’elle occupe toujours actuellement. Là, elle s’est spécialisée sur les esthétiques qui ne prennent pas appui sur l’harmonie fonctionnelle. Sa longue réflexion et son analyse pointue concernant les différents aspects de la pensée musicale lui valent d’être considérée comme un maître en la matière et c’est ainsi que notamment en 1999, elle a animé un workshop de composition à l’Université Gutenberg de Mayence en Allemagne. Ses activités de pédagogue stimulent assurément son énergie créatrice car c'est la composition qui représente la partie essentielle de sa vie. Elle déclare elle-même " ne se rattacher esthétiquement à aucun courant particulier, recherchant la concision, la meilleure qualité du matériau sélectionné pour construire, et la justesse des proportions. "

Née à Paris le 19 juillet 1941, après avoir obtenu un baccalauréat de mathématiques, Edith Lejet entreprend de longues études au Conservatoire de Paris, notamment auprès de Marcel Beaufils (esthétique) et de Jean Rivier et André Jolivet (composition), tout en suivant les classes d’harmonie, de contrepoint et de fugue. Elle est l’une des dernières candidates au Prix de Rome de composition en 1968, année où elle remporte un premier Second Grand Prix avec la cantate Folie et mort d’Ophélie. De nombreuses autres récompenses lui seront décernées par la suite au fil des années pour ses activités de compositeur : Prix de la Casa de Velazquez qui lui permet de séjourner à Madrid de 1968 à 1970, Prix de la Vocation, Prix Florence Gould de l’Académie des Beaux-Arts (1970), Prix de la Fondation Copley (Chicago), Prix Hervé Dugardin, délivré par la S.A.C.E.M. en 1976, et le Grand Prix de la Musique de chambre également attribué par la S.A.C.E.M. en 1979.

Signature autographe d'Edith Lejet
( Coll. D.H.M. )

En 1972, Raymond Gallois Montbrun, directeur du CNSM, l'accueille chaleureusement, suite à sa nomination officielle par le Secrétariat d'Etat à la Culture sur un poste de solfège-chanteurs et en 1987-1988, à la demande d'Alain Louvier, elle assure l’intérim de la classe d’instrumentation et orchestration de Marius Constant, avant d’être nommée professeur titulaire d’écriture musicale en octobre 1988.

En tant que compositeur, Edith Lejet est l’auteur d’un catalogue varié où tous les genres de musique se côtoient avec bonheur : musique pour orchestre, vocale et de chambre ou pour instrument solo et même quelques pièces de musique religieuse, parmi lesquelles un Ave Maria pour orgue et une Missa brevis pour chœurs et orgue. On relève cependant un goût certain pour le chant et la musique vocale. De nombreuses commandes lui ont été passées aussi bien par Radio-France (Monodrame, Espaces Nocturnes, Trois chants pour un Noël), le CNSM de Paris pour son 200e anniversaire (Almost a Song pour guitare et alto), le Conservatoire d’Aix-en-Provence (Deux poèmes de Rimbaud pour soprano, clarinette en Sib, saxophone-ténor, marimba et harpe), les Editions Lemoine (Fleurs d'opale pour piano) ou encore l’Etat (Mini-concerto pour guitare), que par des organismes étrangers, tel le Verdehr Trio de Michigan State University avec Echoes in the Valley pour violon, clarinette et piano. Ses nombreuses œuvres ont été créées ou interprétées par des ensembles tels que Ars Nova, 2e2m, le Nouvel Orchestre philharmonique de Radio-France, Musique Vivante, dans le cadre de festivals comme celui de Royan ou encore Les Journées musicales nordiques d’Oslo, ainsi que dans des séries de concerts tels que les Mardis de France-Musique, les Concerts-lectures de France-Musique.... France-Culture lui a consacré souvent des émissions et sa musique a été diffusée ou rediffusée sur de nombreuses stations de par le monde : Japon, Canada, Israël, Hollande, Belgique, Suisse, Norvège, Portugal, Yougoslavie...

Ses oeuvres sont éditées chez Amphion, Billaudot, Eschig, Fuzeau, Heugel, Lemoine, Salabert, et Transatlantiques.

Musicienne raffinée, Edith Lejet marque de son sceau la musique de notre temps par son indépendance et sa philosophie musicale qui lui est propre : il ne s’agit pas de rejeter tout système ancien ou actuel, mais au contraire de trouver en chacun d’eux ce qu’il y a de meilleur et de l’incorporer dans sa propre culture afin de disposer de matériaux de premiers choix pour créer.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE1

Des éléments complémentaires sur Edith Lejet (photographies, extraits sonores de ses oeuvres...) peuvent être obtenus en visitant son site http://www.edith-lejet.com/
Voir aussi une photo de classe de contrepoint et fugue au CNSM, avec Marcel Bitsch.

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1) Nous remercions vivement le compositeur d'avoir eu l'amabilité de nous communiquer les matériaux nécessaires à la rédaction de cette esquisse biographique. [ Retour ]

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CATALOGUE CHRONOLOGIQUE

(ŒUVRES PRINCIPALES)

* Cinq Pièces brèves pour piano, 1965
* Quatre mélodies sur le poème de Cante Jondo de Federico Garcia Lorca pour mezzo ou soprano et piano, 1965
* Musique pour trompette et quintette de cuivres (Billaudot), 1968
* Le Journal d’Anne Frank pour chœur de femmes et 8 instruments : flûte, clavecin, harpe, guitare électrique, alto, contrebasse, percussion (2 stands), commande de Radio-France (Billaudot), 1968-1970
* Monodrame pour violon et orchestre, commande de Radio-France (Billaudot), 1969
* Fresque pour 15 instruments, 1971
* Palette pour percussion, commande du Conservatoire de Boulogne-Billancourt (Heugel), 1973
* Quatuor de saxophones (commande du Quatuor Deffayet), 1974
* Hauteurs-lointains pour cordes, 1975
* Harmonie du soir pour douze cordes 4-3-2-2-1 (commande de l'Etat), 1975-1977
* Espaces nocturnes pour flûte, flûte en sol, clarinette, clarinette basse, percussion, harpe et contrebasse (Radio-France), 1977
* Concerto pour violoncelle et ensemble instrumental, (commande de l'Etat), 1978
* Trois figures du Zodiaque : Gémeaux, Lion, Balance, pour guitare (Amphion, Eschig, Transatlantiques), 1978, 1991, 1982
* Triptyque pour orgue, commande de Radio-France (Lemoine), 1979
* Métamorphoses pour harpe, commande de l'Etat (Transatlantiques), 1981
* Volubilis pour violoncelle, commande du CNSM de Paris (Amphion), 1981
* Petits Poèmes pour flûte, alto et harpe (commande de l'Etat), 1981
* Aube marine pour quatuor de saxophones, commande du Quatuor Contemporain (Lemoine), 1982
* Jade pour saxophone et percussion, commande de l'Etat (Salabert), 1983
* Couleurs et Contrastes pour guitare, commandes des Editions Transatlantiques (Transatlantiques), 1983
* L’Homme qui avait perdu sa voix pour 5 voix et 11 instrumentistes : flûte, clarinette, cor, trompette, percussion (4 stands), piano, violon, contrebasse, texte de René David (commande de Radio-France), 1984
* Trois petits Préludes pour saxophone et piano, commande de l'Etat (Lemoine), 1985
* Ave Maria pour orgue (Fuzeau), 1985
* Cérémonie pour un groupe de saxophonistes, entre 15 et 200, commande du Conservatoire de Boulogne-Billancourt (Lemoine), 1986
* Tourbillons pour clarinette et piano, commande des Editions Billaudot (Billaudot), 1986
* Les Rois-mages, oratorio pour 6 voix, chœurs et 11 instruments : flûte, clarinette, saxophone-baryton, trompette, percussion (1 stand), guitare, quintette à cordes, texte de Vincent Fournier, commande de l’Etat (Amphion), 1987-1989
* La Voix des Voiles pour guitare, commande du Festival de Sablé pour célébrer le poète Pierre Reverdy (Eschig), 1989
* Les Mille-Pattes, conte musical pour chœur d’enfants et instruments, texte de René David, commande du Ministère de la culture en relation avec le Ministère de l’Education nationale (Lemoine), 1989
Affiche du concert de la création * Sept Chants sacrés pour chœur et orgue, 1990
* Améthyste pour douze cordes 4-3-2-2-1 (commande de l’Ensemble Stringendo), 1990
* Trois Eaux-fortes pour piano, commande de l’Etat (Amphion), 1990-1992
* Soliloque pour cor, commande du Ministère de la Culture (Amphion), 1991
* Océan pathétique pour flûte, harpe et trio à cordes (hommage au peintre Maurice Denis), 1994
* Echoes in the Valley pour violon, clarinette et piano (commande du Verdehr Trio), 1995
* Trois chants pour un Noël pour chœur à voix égales et orgue (commande de Radio-France), 1995. Création le 22 décembre 2003, à 20 h 30 à Notre-Dame de Paris (concert de Noël gratuit), par la Maîtrise de Notre-Dame sous la direction de Lionel Sow.
* Almost a Song pour guitare et alto, commande du CNSM de Paris pour son bicentenaire, création à New-York en mars 1996 (Eschig), 1995
* Missa brevis pour chœurs et orgue, 1996
* Des fleurs en forme de diamants pour guitare solo et 7 instruments : flûte, clarinette, basson, marimba, alto, violoncelle, contrebasse (commande de l’Etat), 1997
* Fleurs d’Opale pour piano, commande des Editions Lemoine (Lemoine), 1997
* Psaume de joie pour chœur mixte à 4 voix, 2 stands de percussion et une contrebasse (commande de la Société des concerts de l’E.N.M.D. de Saint-Omer), 1998
* Deux poèmes de Rimbaud pour soprano, clarinette en Sib, saxophone-ténor, marimba et harpe (commande du Conservatoire d’Aix-en-Provence). Création à Aix-en-Provence le 1er février 2000 sous la direction de Michel Camatte, avec Laure Florentin , soprano.
* Diptyque pour orgue et cordes (commande de l’Ensemble Orchestral Stringendo dirigé par Jean Thorel et de l’organiste Hervé Désarbre, titulaire du Cavaillé-Coll du Val-de-Grâce). Créations le 3 mai 2003 en l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce à Paris Ve par Hervé Désarbre et l’Ensemble Orchestral Stringendo dirigé par Jean Thorel et le 3 janvier 2004, à 19 h en l'Eglise Notre-Dame du Val-de-Grâce (Paris), par Julien Bret et l'Ensemble Orchestral Stringendo sous la direction de Jean Thorel.
* L'Herbier de Colette pour soprano et piano. Cycle de 6 pièces (Rose, Jacinthe, Orchidée, Anémone, Glycine, Ellébore) dont les textes sont extraits de l'ouvrage "Pour un herbier" de Colette. Commande de l'Association "Colette en Corrèze" liée à l'arboretum de 5 hectares "Les Jardins de Colette" à Varetz (Corrèze). 1re  audition le 15 septembre 2006 au Château de Castel Novel à Varetz, par Sandrine Piau (soprano) et Christian Ivaldi (piano).

 

Alain ABBOTT (1938- )

Alain Abbott
( photo Bernard Collet, aimablement communiquée par M. A. Juan, professeur d'accordéon à l'E.N.M. de Tulle )

Avec ce musicien, l’un des tout derniers lauréats du Prix de Rome de composition musicale, nous entrons dans un domaine peu fréquenté par les mélomanes, puisqu’il s’agit de l’accordéon, autrement nommé " l’instrument du diable ". Et pourtant, c’est Alain Abbott qui a sorti cet instrument de son ghetto populaire pour le faire entrer au concert, grâce à son harmonéon. Au contraire de l’accordéon chromatique, dont le brevet avait été présenté en 1897 par Paolo Soprani, cet instrument à vent présente deux claviers identiques et rejette les accords tout faits (le clavier main gauche est le même à droite). Il a été inventé en 1952 par Pierre Monichon et c’est lors d’un premier récital mondial à Paris, qu’Alain Abbott, accompagné au piano par Jacqueline Medinger, fit découvrir, dans des œuvres de Bach (Sinfonie de la deuxième partita, Toccata et fugue en ré mineur, Fantaisie et fugue en sol mineur...), Fauré (Dolly), et Chostakovitch (Concertino), les immenses capacités techniques et sonores de cet instrument. Cela se passait le 7 mars 1959, dans la Salle Berlioz du Conservatoire (rue de Madrid). Guy de Lioncourt et René Allix, alors directeurs de l’Ecole supérieure de musique César-Franck, présentaient en personne cet harmonéon.

Annonce du 1er concert mondial d'harmonéon, le 7 mars 1959 à Paris.
( Le Guide du Concert, 27 février 1959 )

Né en 1938, Alain Abbott s’est très tôt intéressé à l’accordéon et en est devenu rapidement l’un des rares virtuoses. Ses études musicales menées au Conservatoire national supérieur de musique l’ont conduit jusqu'à l’obtention en 1968 d’un deuxième second Prix de Rome, avec la cantate Folie et mort d’Ophélie pour soprano, bayrton et orchestre, sur un texte de Shakespeare (Billaudot). C’était la dernière année avant la suppression de ce concours par Malraux.

S’il lutte depuis longtemps pour faire reconnaître l’accordéon comme un instrument classique à part entière pour lequel il a composé d’ailleurs une multitude d’œuvres, il n’a jamais délaissé les autres instruments plus conventionnels. Son catalogne varié renferme notamment des Covalences pour flûte et vibraphone (Billaudot), des Fusions pour contrebasse et piano (Editions musicales transatlantiques, 1974), un Hommage à Copernic : cinq inventions pour 2 ondes Martenot et percussion (E.F.M. Technisonor/Billaudot 1973), une curieuse pièce pour piano intitulée Le Cluster bien tempéré (Salabert, 1982), un Poème pour quatuor de saxophones (Billaudot, 1971), un Prélude n° 1 et un Prélude n° 2, pour flûte à bec ou hautbois et guitare ou clavier, violoncelle ad libitum (Heugel, 1973), 4 Minisuites pour flûte à bec ou flûte traversière et piano (Heugel, 1972), un Choral dans le style de Bach pour 5 instruments divers (Heugel), une œuvre symphonique : Les nombres invisibles (E.F.M./Billaudot) et même une page pour ondes Martenot solo : Proslambanomenos (Editions musicales transatlantiques, 1971)...

Mais, c’est assurément pour l’accordéon qu’Alain Abbott a le plus œuvré. C’est certainement grâce à son action, reprise et poursuivie par d’autres musiciens tels que Frédéric Guérouet, Myriam Bonnin, Christiane Bonnay, que l’accordéon fut enfin reconnu en France en 1986 par le Ministère de la Culture et est entré dans les écoles de musique. Lui-même d’ailleurs avait fondé dès 1970 l’Union pour la Promotion de l’Accordéon de Concert (UPAC) et depuis cette époque il enseigne à l’Université musicale de Paris, à l’Ecole normale de musique de Paris, ainsi qu’au Conservatoire Européen et au Lycée Michelet de Vanves (Hauts-de-Seine). Il faut reconnaître que bien des progrès ont été accomplies depuis quelques années en matière de facture instrumentale et surtout dans la formation des interprètes. L’accordéon classique a pu ainsi susciter davantage d’intérêt de la part du public, mais également et c’est là le plus important, de la part de compositeurs attirés par les nouvelles possibilités sonores d’un tel instrument, notamment Jacques Deneuville, Serge Lancen, Désiré Dondeyne, Claude Ballif, Bernard Cavanna, Tony Murail ou encore Jean Wiéner. Mais après tout ceux-ci ne font que de poursuivre l’action de leurs aînés qui dès 1883 avaient introduit l’accordéon dans leur orchestration ! C’est Tchaïkovski qui osa le premier l’utiliser dans sa Suite pour orchestre n° 2, en ut majeur. Viendront ensuite l’opéra Wozzeck d’Alban Berg (1917-1922), le Kammermusik n° 1 , op. 24/1, pour petit orchestre, de Paul Hindemith (1922), l’opéra Die Dreigroschenoper (LOpéra Quat’Sous) de Kurt Weill (1928), le ballet L’Age d’or op. 22, de Dimitri Chostakovitch (1930) et la cantate Octobre de Sergueï Prokofiev, écrite en 1937 pour le 20e anniversaire de la révolution russe, sur des textes de Marx, Lénine et Staline (pour 2 chœurs, musique militaire, accordéons et percussions)...

Pour son instrument de prédilection, Alain Abbott a bien évidemment composé de nombreuses pages : 8 Préludes pour 2 accordéons de concert (Leduc), Hommage à Ludwig (Billaudot), Les petites tableaux d’une exposition (id.), Toccata pour accordéon de concert (id .), Pour Fabrice, 12 pièces pouvant s’enchaîner (id.), Musique pour accordéon et orchestre à cordes (id.), 2e Esquisse pour accordéon et percussion (id.), Concertino romantique pour accordéon (ou piano) et orchestre (id.), Electrique II pour accordéon, vibraphone et guitare électrique (E.F.H./Billaudot)... Il a ainsi enrichi considérablement le répertoire, car ce compositeur se situe assurément dans cette école française de la fin du XXème siècle, caractérisée par la complexité de l’écriture, s’attachant à utiliser au maximum toute la palette sonore mise à sa disposition. Il s’est également beaucoup investi dans le domaine pédagogique, les méthodes d’accordéon classique n’étant pas légion à l’époque. Les jeunes accordéonistes en herbe lui sont ainsi redevables de nos jours de toute une littérature facilitant l’apprentissage de cet instrument si décrié, grâce à sa Méthode complète d’accordéon classique en 2 parties (Leduc, 1969, 2 volumes), pour laquelle Olivier Messiaen écrivait que son auteur " a donc pu établir une suite d’exercices logiquement gradués, basés sur la technique de l’accordéon et se servir de ses connaissances en harmonie pour guider l’élève vers une musique plus noble et des enchaînements d’accords plus complexes que ceux que nous entendions autrefois... ". Ils peuvent également se référer à ses nombreux autres ouvrages didactiques : 8 mini-lectures en recueil pour accordéon de concert (Combre, 1985), 8 mini-études en recueil pour accordéon de concert (Combre, 1988), Accord parfait pour accordéon de concert, préparatoire 1 (Combre 1983), Cinquante-quatre exercices de technique : le travail du rythme en accordéon (Leduc, 1970), Cours complet de lecture à vue à l’usage de l’accordéoniste, 1er Cahier : débutant préparatoire , 38 leçons de lecture servant également d’exercices techniques, 2ème Cahier : degré moyen-supérieur, 60 leçons de lecture servant également d’exercices techniques (Lemoine, 1969), D’un continent à l’autre pour accordéon de concert (Salabert, 1985), En rondes et blanches, 28 pièces d’initiation pour débutants, pour accordéon tous systèmes (Leduc, 1970), 54 Exercices de technique. Le travail du rythme (Leduc), 20 Etudes faciles d’après H. Bertini, pour 2 accordéons de concert (Lemoine, 1978). Alain Abbott est également l’auteur de plusieurs transcriptions : Œuvres classiques pour accordéon, transcription et doigtés (3 recueils), Lemoine, 1970 et 1971, Claude Debussy (1862-1918), transcriptions pour accordéon (Lemoine, 1987), Alexandre Scriabine (1872-1915), transcriptions pour accordéon (Lemoine, 1987)..., ainsi que le 5e Concerto pour orchestre à cordes et clavier de Michel Corrette (1709-1795), réalisation et cadence (Billaudot, 1992)...

Même s’il est encore assez rare de nos jours de pouvoir se rendre à un concert d’accordéon classique, on doit à Alain Abbott d’avoir donné ses lettres de noblesse au " piano à bretelles " de nos grands-mères.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE


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