Le Panthéon des musiciens

De juin 1993 à octobre 1994

Boris CHRISTOFF - Arleen AUGER - Christiane COLLENEY - Catherine COLLARD - Lucia POPP - Tatiana NIKOLAIEVA - Jean-Claude HARTEMANN - Adrien LEGROS - Robert DELESTRE - Lys GAUTY - Henriette BOSCHOT - Georges CZIFFRA - Tiana LEMNITZ - Witold LUTOSLAWSKI - Henri MOUTON - Olivier ALAIN - Pierre VOLINSKY - Jean-Joël BARBIER - Jacques BERTHIER - Raymond GALLOIS MONTBRUN - Louis de FROMENT - Artur BALSAM - Irène JAUMILLOT - Nikolai KARETNIKOV - Xavier DEPRAZ

Boris CHRISTOFF, basse bulgare interprète légendaire de Moussorgski, est mort à Rome le 28 juin 1993. Né le 18 mai 1914 à Plovdiv (Bulgarie), il avait un physique prédestiné pour interpréter Boris Godounov. Certains le comparait même à Chaliapine. Il marqua également de son empreinte le rôle de Méphisto du Faust de Gounod, ainsi que celui de Philippe II du don Carlo de Verdi, Rocco de Fidelio de Beethoven et Gurnemanz du Parsifal de Wagner. C’était le beau-frère du bayton Tito Gobbi.

Soprano colorature avec une technique raffinée Arleen AUGER s'est éteinte en juin 1993 des suites d'un cancer du cerveau à Amsterdam. Née à Los Angeles le 13 septembre 1939 elle se fit rapidement connaître notamment lors d'une tournée de concerts avec l'orchestre Philharmonique de Los Angeles. A l'opéra de Vienne, au Metropolitan Opera de New-York, ainsi qu'à ceux de Hambourg, Munich, Salzbourg elle se faisait acclamer dans la Reine de la Nuit (La Flûte enchantée) de Mozart qu'elle incarnait divinement. Sa dernière apparition à Paris fut dans l'Alcina de Haëndel, au Châtelet.

Dans la pleine force de l'âge, à 44 ans, Christiane COLLENEY nous a quittés le 5 août 1993. Elève de l'Ecole Normale de Musique de Paris, Prix Lili Boulanger en 1976, professeur au conservatoire de Mérignac (Bordeaux) elle avait fondé et dirigé durant plusieurs années l'Association Jeunesse et Orgue dont la revue était des plus intéressantes. Sa composition Cités intérieures pour soprano et grand orchestre fut créée en 1972 en Bulgarie lors du ler Festival de Musique Française. Auteur d'ouvrages sur Jeanne Demessieux et Marcel Dupré, Christiane Colleney était également une habile organiste et toucha longtemps les claviers de l'orgue de l'église St-Ferdinand de Bordeaux.

L'une des grandes mezzos d'aujourd'hui, Tatiana TROYANOS est morte le 21 août 1993 à New-York, à l’âge de 54 ans, des suites d'un cancer. Née le 9 décembre 1939 à New-York, formée à la célèbre Juilliard School, elle débuta en 1963 au New-York City Opera et poursuivit sa carrière à l’Opéra de Hambourg et à celui de Paris. Ses grands rôles furent Chérubin des Noces de Figaro, Octavian du Chevalier à la Rose, Sextus de la Clémence de Titus, sans oublier Didon de Purcell, Popée de Monteverdi et même les Diables de Loudun de Penderecki qu'elle créa en 1969 à Hambourg.

Avec la disparition de Catherine COLLARD, survenue dans le courant du mois d’octobre 1993, s'en est allée une de nos plus grandes pianistes françaises. Née à Paris le 11 août 1947, élève du CNSM de Paris où elle obtint un 1er Prix de piano et un ler Prix de musique de chambre en 1964 et en 1966, sa virtuosité lui valut rapidement un palmarès impressionnant de prix : ler Prix du concours Claude Debussy (1969), du Concours international Olivier Messiaen la même année, Prix de la Fondation de la vocation (1970), lauréate des concours Viotti, Casella et Busoni. Concertiste renommée elle enseignait également au Conservatoire de Saint-Maur dans la région parisienne.

Le 11 septembre 1993, le chef d’orchestre autrichien naturalisé américain Erich LEINSDORF est décédé à l'âge de 81 ans. Au cours de sa longue et brillante carrière il a notamment succédé en 1962 à Charles Münch à la tête de l'orchestre de Boston. Il fit ses débuts de chef d’orchestre en 1937, au Métropolitan Opera de New-York, avec la Walkyrie. Par la suite directeur musical du New York City Poera (1956) et de l’Orchestre symphonique de Boston (1962), il s’attachait à défendre ardemment le répertoire germanique ainsi que celui d'Europe centrale, créant par exemple des pages de Martinu. Il avait épousé la violoniste Vera Graf. Erich Leinsdorf a écrit son autobiographie Cadenza : A Musical Career en 1976, ainsi qu'un autre ouvrage intitulé L'Avocat du compositeur (1981).

Le 16 novembre 1993 à Munich, c'est la célèbre soprano slovaque naturalisée autrichienne Lucia POPP qui disparaissait des suites d'un cancer, à l'âge de 54 ans. Née le 12 novembre 1939 à Uhorska Ves, épouse du chef d'orchestre Georg FISCHER, elle avait débuté en 1963 à l'Opéra de Vienne dans la Reine de la Nuit, rôle qu’elle reprendra en février 1967 pour ses débuts au Metropolitan Opera de New York. Son irrésistible ascension qui la mènera vers les sommets de la gloire se poursuivra avec l'interprétation d'autres rôles de Mozart, notamment Constance (l’Enlèvement au sérail) et Suzanne (Les Noces de Figaro). Incarnant le grand art viennois on pouvait l’applaudir au Palais Garnier en 1973 dans la production légendaire des Noces de Figaro de Strehler. Elle triomphait également dans le monde entier avec Le Chevalier à la rose , Arabella, Daphné (R.Strauss) et la Clémence de Titus (Mozart), ainsi qu’au Festival de Salzbourg où elle se produisait avec Böhm et Karajan.

Le 22 novembre 1993 à San Francisco, une autre grande pianiste soviétique Tatiana NIKOLAIEVA est décédée, à l'âge de 69 ans. Née à Bezhitz, le 4 mai 1924, elle fit ses études musicales à Moscou auprès d'A. Goldenweiser et de E. Golubev avant de commencer à se produire en Russie et à Prague. Mondialement connue, elle devint en 1959 professeur au Conservatoire de Moscou, sans dédaigner toutefois la composition. On lui doit en effet des œuvres vocales, de la musique de chambre et de piano. Possédant un répertoire de plus de cinquante concertos, elle a notamment créé les 24 Préludes et fugues de Chostakovitch en 1952.

Fauché par une crise cardiaque le chef d'orchestre français ancien directeur de la musique à l'Opéra-Comique Jean-Claude HARTEMANN s'est éteint à la fin du mois de novembre 1993. Né le 18 décembre 1929 à Vezet (Haute-Saône) il fut lauréat du Concours international des chefs d'orchestre de Besançon, puis s'illustra à la tête de théâtres lyriques de province (Dijon, Metz, Angoulême) avant d'être nonmmé à Paris. Grand défenseur du chant français, fondateur des Solistes de France (ensemble à cordes), professeur à la Schola-Cantorum, il a créé de nombreuses œuvres de Frank Martin, Jacques Bondon, Joseph Kosma, Michel Cirey... Il dirigeait, depuis 1991, le Festival Musica de Nyons.

Adrien Legros, vers 1955
Adrien Legros, vers 1955
DR

Les habitués de l'opéra se souviennent certainement du baryton-basse Adrien LEGROS ? Celui-ci est mort au début du mois de décembre 1993 à l'âge de 90 ans, à Aix-en-Provence, sa ville natale. En 60 ans de carrière il avait chanté dans plus de 4000 représentations lyriques interprétant notamment les rôles de Mephisto, Scarpia, Basile et Escamillo.

La Cathédrale de Rouen
La cathédrale de Rouen
(cl. Michel Baron, 1990)

La disparition du chanoine Robert DELESTRE, survenue à la fin de l'année 1993, a laissé un grand vide auprès des anciens de la Maîtrise Saint-Evode de Rouen. Né en 1901 près de Rouen , il eut pour premiers professeurs Henri Beaucamp, Emmanuel Bondeville et André Haumesseur avant d'entrer à la Schola-Cantorum, puis au CNSM de Paris. Là il fut l'élève de Jean et Noël Gallon, de Paul Dukas et de Marcel Dupré. Durant plus de 40 ans, à compter de 1931 il accomplira une tâche importante à la tête de la Maîtrise Saint-Evode et également comme maître de chapelle de la cathédrale de Rouen. C’était l'oncle du pianiste Jean-Marie DELESTRE.

Nous n'avons pas pour habitude de parler de variétés dans nos colonnes, mais pour une fois nous n'hésitons pas à rendre hommage à une légende du music-hall des années trente et quarante, en la personne de Lys GAUTY, disparue à l'âge de 93 ans au début de l’année 1994. L'inoubliable interprète du Chaland qui passe et de la chanson A Paris, dans chaque faubourg du film Quatorze juillet de René Clair était née Alice GAUTHIER le 2 février 1900 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Après une formation classique, elle débutait dans un cabaret de la rue d'Antin ) Paris(chez Fyscher) où Georges Van Parys l’accompagnait au piano.

Mariée à Gaston GROENER, qui s'occupera de sa carrière, elle ira de succès en succès : Le Bistrot du port, La Friture, La Complainte de la Seine... Après la guerre elle s'était retirée à Monte-Carlo et est morte non loin, dans sa maison du Cap d'Ail. Qui ne se souvient pas de ses longues robes de scène blanches et de ses yeux dont on disait qu'ils étaient les plus beaux du music-hall?

Henriette BOSCHOT, la fille d'Adolphe BOSCHOT (1871-1955) célèbre musicographe et critique musical, secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts (1937), est morte en son domicile parisien le 2 janvier 1994. Chevalier des Arts et des Lettres, elle avait été longtemps bibliothécaire de l'Opéra avant de devenir conservateur du Musée Hector Berlioz où elle œuvrait inlassablement pour défendre la mémoire de cet illustre musicien.

A l'âge de 72 ans Georges CZIFFRA s'est éteint le samedi 15 janvier 1994 dans une clinique parisienne, à Morsang-sur-Orge, des suites d'une ultime crise cardiaque. Hongrois d'origine tzigane, né à Budapest le 5 septembre 1921, naturalisé français en 1968, il fut tout d'abord élève de son père, également pianiste, et donnait son premier concert dans un cirque à l'âge de 5 ans. Quatre ans plus tard il commençait ses études musicales à l'Académie Franz Liszt de Budapest. Prisonnier de guerre en 1941 il ne reprendra ses études qu'en 1947 et sera même obligé, afin gagner sa vie, de jouer du piano dans des bars de Budapest. A nouveau emprisonné en 1950 jusque 1953 pour des raisons politiques, il remportait en 1955 le Prix Franz Liszt, puis quelques années plus tard s'installait à Paris où très rapidement il gagnait une large audience : on se souvient de sa prestigieuse interprétation du ler Concerto de Liszt lors de son premier concert le 2 décembre 1956 au Châtelet. Ce virtuose du piano a beaucoup enregistré. Sa technique de très haut niveau et sa vitalité font de lui un génial interprète de Liszt qu'il a marqué de son empreinte. Une santé fragile l'obligeait à se retirer dans les années 1970 et il s’installait à Senlis. Là, il fit restaurer la chapelle Saint-Frambourg pour la transformer en Auditorium Franz Liszt, qui est à présent le siège de la Fondation Cziffra. Auparavant, en 1966, il avait été à l'origine du Festival de la Chaise-Dieu. Il eut encore à surmonter une terrible épreuve : en 1981, il perdit son fils unique, le chef d'orchestre Gÿorgy Cziffra junior, brûlé vif après être tombé dans sa cheminée...

Tiana LEMNITZ, la célèbre soprano allemande, s’en est allée le 5 février 1994 à Berlin. Elle allait avoir 97 ans ! Née à Metz, alors sous occupation allemande, le 26 octobre 1897, elle fit l'essentiel de sa carrière à Berlin et à Salzbourg où elle fut très célèbre dans les années 1930 à 1950 pour ses interprétations du rôle de Pamina dans la Flûte enchantée de Mozart, d'Octavian dans le Chevalier à la Rose de Richard Strauss, et de quelques autres grands rôles wagnériens. En 1957 elle se retirait de la scène. Comédienne de grand talent Tiana Lemnitz a marqué l'histoire de l'opéra allemand au XXème siècle.

Le 7 février 1994 à Varsovie a disparu "un humaniste dans l'Europe déchirée", le musicien polonais Witold LUTOSLAWSKI. Mort dans sa ville natale, Varsovie, des suites d'un cancer à l'âge de 81 ans, il était devenu, après la disparition de Szymanowski en 1937, le chef de file des compositeurs polonais en reprenant, notamment, la tradition francophile de Chopin et en fondant, après la guerre, le festival de musique contemporaine L'Automne à Varsovie. Auteur, entre autres œuvres, d'un Quatuor à cordes (1964), d'un Concerto pour orchestre (1954), d'une Musique funèbre à la mémoire de Bela Bartok (1958), d'un célèbre Concerto pour violoncelle créé en 1980 par Mstislav Rostropovitch et de quatre symphonies dont la dernière fut donnée en première audition à Paris le 8 décembre dernier, Lutoslawski laisse le souvenir d'un compositeur de grand talent et d’un musicien polonais dans la lignée des Paderewski, Szymanowski et Tansman.

Dans le courant du mois de février 1994 on a appris le décès du musicien Henri MOUTON, violon solo de l'orchestre de Paris, chevalier des Arts et des Lettres qui a été inhumé le 9 février dans le cimetière de Bordeaux.

Le château et l'église de Saint-Germain-en-Laye
Le château et l'église de Saint-Germain-en-Laye
(photo Michel Baron, juin 1999)

Olivier ALAIN, le frère de Jehan et de Marie-Claire, nous a quittés le 28 février 1994 à Paris, à l'âge de 75 ans. Pianiste, critique musical, musicologue reconnu, inspecteur général de la musique au Ministère de la culture, il avait été élève de Tony Aubin et d'Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, avant d'être nommé directeur du Conservatoire de St-Germain-en-Laye (1950-64) et directeur de l'Ecole supérieure de musique César-Franck (1961-72) où il enseignait la composition et l'analyse musicale. Il était également critique musical au Figaro, aux Nouvelles Littéraires et à La Croix.
L'orgue de l'église Saint-Germain-en-Laye
L'orgue de l'église de Saint-Germain-en-Laye
(photo Michel Baron, juin 1999)
  C'est lui qui avait fondé, en octobre 1976, le Conservatoire National de Région de Paris qu'il dirigea d'ailleurs durant une dizaine d'années. Olivier ALAIN, après avoir suppléé son père à l'orgue de l'église de St-Germain en Laye dès l’âge de 11 ans en 1929, fut aussi durant plusieurs années maître de chapelle de la Chapelle des Dominicains (Paris 8°).

On lui doit quelques pièces pour orgue, dont une Suite (1951) et des Microludes (1981), ainsi qu’une Suite française pour trompette et orgue (1964), une pièce intitulée MNEAI pour hautbois et orgue (1973), un oratorio Chant funèbre sur les morts en montagne (1950) et des motets. Sa sœur Marie-Claire Alain lui a consacré une fort belle notice nécrologique dans le numéro 233 (1995/1) de la revue L’Orgue.

L'orgue de la famille Alain

Le 28 mars 1994 a vu la disparition de Pierre VOLINSKY, directeur général de l'Orchestre de Paris, mort brutalement à son domicile parisien à l’âge de 62 ans. Ancien directeur des programmes musicaux de Radio-France (1975), après avoir mené une brillante carrière de pianiste qui l'avait conduit un peu partout dans le monde, il avait été appelé par Daniel Barenboïm au poste de directeur général de l'Orchestre de Paris en 1987 et fut le premier directeur général de l'opéra Bastille en 1987 et 1988.

Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 31 mai au ler juin 1994 à Paris mourait le pianiste Jean-Joël BARBIER âgé de 74 ans. Né à Belfort le 25 mars 1920 il reçut une formation pianistique auprès de Blanche Selva et Lazare Levy qui fut interrompue par la guerre. Ayant reçu également une formation littéraire (licence de lettres grec-latin) il s'orienta quelque temps vers l'écriture de romans avant de publier un Dictionnaire des musiciens français en 1961. Collaborateur de La Revue musicale il se produisait comme pianiste, particulièrement au service de la musique française jouant essentiellement Debussy, Chabrier ou encore Déodat de Séverac, et plus tard Erik Satie qu'il interprétait remarquablement. Il grava l'intégrale de l’œuvre pour piano seul (1971-72) qui fut couronnée par un Grand Prix du disque. Il a également dirigé le Conservatoire de musique de Charenton.

Jacques BERTHIER, musicien d'église, compositeur de notre temps ayant consacré sa vie au service de la musique religieuse, nous a quittés discrètement dans la nuit du 27 au 28 juin 1994. Gendre de Guy de Lioncourt dont il avait épousé la fille Germaine, fils de Paul Berthier fondateur des Petits Chanteurs de la Croix de Bois, apparenté par sa belle-famille à Vincent d'Indy, bercé par la musique dès sa plus tendre enfance, Jacques Berthier né le 27 juin 1923 à Auxerre fréquenta l’Ecole supérieure de musique César Franck à Paris où il eut pour professeur Edouard Souberbielle et René Malherbe. Il succéda ensuite en 1953 à son père aux claviers du grand orgue de la cathédrale d'Auxerre. En 1960 il s'installait à Paris et devient titulaire de l'orgue de l'église Saint-Ignace (église des Pères Jésuites de la rue de Sèvres) où il exercera durant plus de 30 années. Collaborateur du Père Gélineau et des Frères de Taizé, il a écrit de nombreuses œuvres religieuses et plus récemment une Cantate en forme de croix (1990) et une Cantate à Sainte-Cécile sur des textes de Daniel Hameline... C'est une figure de la musique religieuse qui vient de disparaître et sans aucun doute son œuvre lui survivra durant encore de longues années. Jacques Berthier était l'oncle de la chanteuse France Gall, fille de Cécile Berthier et du célèbre parolier Robert Gall, auquel on doit notamment La Mama d'Aznavour et plusieurs autres succés de sa fille, notamment le fameux Sacré Charlemagne (1964).

Raymond Gallois Montbrun, Grand Prix de Rome en 1944
( photo X..., in Le Guide du Concert, 9.1.1959 )
Premier Grand Prix de Rome en 1944, ancien directeur du Conservatoire de Versailles puis de celui de Paris, membre de l'Institut, commandeur des Arts et des Lettres, violoniste de grand talent, Raymond GALLOIS MONTBRUN est mort le 13 août 1994 à la veille de ses 76 ans. Né à Saïgon le 15 août 1918, élève de Firmin Touche, de Jean et Noël Gallon et de Henri Büsser au CNSM de Paris, il obtint les 1er prix de violon, d'harmonie, de contrepoint et fugue et de composition. Il mena tout d'abord une carrière internationale de musicien de chambre avant de se consacrer à la pédagogie. Sa cantate Louise de la miséricorde lui valut le Premier Grand Prix de Rome. Comme compositeur, ses œuvres élégantes et raffinées, écrites dans un style plutôt néoclassique se répartissent en sonates, études et pièces diverses pour plusieurs instruments, symphonies et poèmes symphoniques; et mélodies. Il était également le président du comité directeur du Concours international Marguerite Long - Jacques Thibaud.

Le 19 août 1994 à Cannes, c'est un autre grand musicien français en la personne du chef d’orchestre Louis de FROMENT qui a disparu à l'âge de 72 ans. Né à Toulouse le 5 décembre 1921 il avait commencé ses études musicales au conservatoire de cette ville avant de les poursuivre au CNSM de Paris avec Louis Fourestier, Eugène Bigot et André Cluytens où il obtenait en 1948 un 1er Prix de direction d'orchestre. Directeur musical des Casinos de Cannes et Deauville, puis de celui de Vichy, il devint également chef permanent de l'Orchestre de chambre de la Radio à Nice, puis de l'Orchestre Symphonique de RadioTélé-Luxembourg. On lui doit de nombreux enregistrements de qualité dont le Poème de l'amour et de la mer d'Ernest Chausson dans les années 1950 à Londres. Très modeste il s'effaçait entièrement derrière sa mission de serviteur de la musique.

Le 1er septembre 1994 à New York, c'est le grand musicien de chambre, le pianiste américain d'origine polonaise Artur BALSAM qui est mort à l'âge de 88 ans. Né à Lodz le 8 février 1906, tout comme Artur Rubinstein, après avoir effectué des études musicales à Berlin, il consacra la plus grande partie de sa carrière à la musique de chambre en se produisant notamment avec Yehudi Menuhin, Nathan Milstein, Mstislav Rostropovitch ou encore Zino Francescatti. En 1933, à l’avénément du régime nazi il s’était installé aux Etats-Unis. Comme soliste, ses goûts penchaient plutôt pour des sonates de Haydn, Mozart et Hummel. Il a enregistré près de 250 œuvres et a enseigné dans les principales institutions américaines dont la célèbre Université de Boston et l'Eastman School of Music de Rochester.

Le 7 octobre 1994 est décédé, à l'âge de 56 ans, la cantatrice de l'Opéra de Paris Irène JAUMILLOT. Grand prix "Osiris", Grand Prix du Disque lyrique, président de l'Association des retraités et pensionnés de l'Opéra et de l'Opéra-Comique, professeur de chant et d'art lyrique, Irène Jaumillot a également enregistré des disques, notamment avec le ténor français Tony Poncet.

Dans le courant du mois d’octobre 1994 c'est le compositeur russe dissident Nikolai KARETNIKOV qui mourait d'une crise cardiaque à Moscou, à l'âge de 64 ans. On connaît mal son œuvre censurée durant vingt ans dans son pays. Cependant Le Petit Zaches, créé à Hanovre en 1971 et Till l'Espiègle, créé en 1993 en Allemagne, ainsi que ses Symphonies ont pu traverser les frontières pour se faire applaudir en Europe.

Enfin , et là les médias sont d'autant plus impardonnables d'avoir passé sous silence cette disparition s'agissant d'une de nos meilleures basses françaises, Xavier DEPRAZ s'est éteint dans le courant du mois d'octobre 1994. Ses obsèques ont été célébrées le 20 de ce mois en l'église de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs dans l'Isère, où il s'était retiré. Né le 22 avril 1926 à Albert (Somme), il était entré en 1947 au Conservatoire de Paris dans les classes de Francell (chant), Musy (scène) et René Simon (théâtre). Paru sur scène dans Le Rire de Nil Halerius de Landowski, puis dans l'opérette Les Pieds Nickelés, il obtint rapidement un vif succès qui le conduisait à l'Opéra . C’est ainsi qu’il triompha dans des rôles de Rigoletto, Falstaff, Les Maîtres Chanteurs, le Dialogue des Carmélites. A l’Opéra-comique il interpréta notamment, avec le même succès, Le Château de Barbe-Bleue, et Le dernier Sauvage, ainsi qu'à la Radio où il reprit l'Oedipe d'Enesco en 1965. Sa carrière le conduira sur de nombreuses scènes de théâtre françaises (Bordeaux, Marseille Monte-Carlo), mais également étrangères (Festival de Glyndebourne...). Doté d’une magnifique voix homogène et étendue c'était également un acteur élégant qui plaisait à un nombreux public. Parmi son abondante discographie citons l'Enfance du Christ (Berlioz), l'Education manquée (Chabrier), Faust (Gounod), l'Ange de feu (Prokofiev)... mais également le Requiem de Duruflé et celui de Gilles....

 


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