Les orgues des collectivités et départements français d'Outre-Mer

Voir aussi: Documents complémentaires sur l’histoire des orgues des Antilles françaises
Voir aussi: Les organistes des Antilles au XIXème et au début du XXème siècles



En avant-propos, je tiens à remercier les différentes personnes qui m'ont apporté leur contribution, soit en mettant aimablement à ma disposition leurs archives personnelles ou professionnelles, soit en me livrant témoignages et anecdotes sur les différents instruments et la vie musicale des différents territoires. Je veux citer ici particulièrement Mademoiselle Anne Delvare, docteur en musicologie, le père Roger Tabard, archiviste de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit, le professeur Gérard Gabriel Marion, grand connaisseur des instruments de Martinique, Messieurs Antonyo Roul, organiste à Fort-de-France, Pierre Giroud, ancien organiste de la Cathédrale de Fort-de-France, Jean-Marc Cicchero, ancien facteur d'orgue, Sébastien Fohrer, facteur d'orgue installé en Guadeloupe, Nicolas Toussaint, facteur d'orgue à Nantes, Thierry Lemercier, facteur d'orgue à Teloché, dans la Sarthe, Christian Lutz, technicien conseil auprès des Monuments historiques et François Sabatier, directeur de la publication "L'Orgue", la revue de l' "Association des Amis de l'orgue", qui m'ont tous beaucoup aidé dans mes recherches ; mille mercis à eux. Je n'oublie pas Messieurs Pierre Kosake et Yves Berge, respectivement secrétaire de l'Association des Amis de l'orgue de la Cathédrale de Nouméa et organiste titulaire, la Soeur Marie-Laurence Leblanc de la Congrégation de Saint-Paul de Chartres en Guadeloupe ainsi que son neveu Jérôme Jean-Baptiste, et l'Abbé Christophe Barlier, de Papeete. Le Père Joseph Plug, M. Belair, organiste d'Iracoubo et le facteur Dominique Promonet m'ont également apporté de précieux renseignements. Dans cette étude, je me suis limité aux départements et collectivités actuellement (2013) attachés à la France métropolitaine. Il va de soi qu'un travail plus complet sur l'histoire des orgues des anciennes colonies françaises serait du plus grand intérêt. Espérons qu'il sera mené un jour. Les informations contenues dans cet article sont données sous toute réserve et je reste à l'écoute de lecteurs susceptibles d'apporter un complément ou un éventuel correctif.

Olivier Geoffroy

Saint-Pierre et Miquelon

Cathédrale Saint-Pierre

Le bâtiment a été construit entre 1905 et 1907, en remplacement d'une cathédrale antérieure, détruite par l'incendie du 2 novembre 1902.

L'orgue actuel date de 1935 et est dû à la maison canadienne Casavant de Saint-Hyacinthe. Le buffet est plus ancien et remonte à l'orgue Mutin qui avait été posé en 1908 (béni par M. l’abbé Bracq avant la grand-messe du 15 août) mais dont la transmission mécanique a dû assez vite donner des signes de faiblesse eu égard au climat particulier de Saint-Pierre (c'est la thèse que propose M. Jean-Marc Cicchero, facteur d'orgue, dans l'article qu'il a rédigé pour L'Orgue normand, n°14, publication de l'association "Connaissance de l'orgue", Le Havre, 2è semestre 1987). De plus, sa composition était assez limitée, avec un seul clavier et un pédalier en tirasse. L'inventaire de l'ensemble des travaux réalisés par les facteurs Cavaillé-Coll et Charles Mutin (Paris, 1923, p. 28) en fait mention comme suit : « Saint-Pierre-et-Miquelon : Cathédrale – Grand Orgue ».


Un article du journal L'Univers du 30 août 1908 évoque la bénédiction de l'instrument : 

 

« Nous avons naguère entendu, dans l'une des églises parisiennes où il prêchait, Mgr Légasse prononcer à peu près ces paroles : 

Je rêve un orgue puissant pour accompagner, dans notre lointain petit sanctuaire, les choeurs des pêcheurs et de leurs femmes. [...]

Le rêve de Mgr Légasse vient de se réaliser. Le jour de la fête de l'Assomption, à l'occasion de la fête des marins, les nouvelles orgues ont été inaugurées dans l'église de Saint-Pierre. Elles avaient été fournies par la maison si connue Cavaillé-Coll qui a dû envoyer dans l'archipel un monteur spécial ; grosse dépense pour le maigre budget du culte à Saint-Pierre-et-Miquelon ! Mais les orgues étaient si nécessaires ! »

Voici les caractéristiques techniques de ce premier instrument avec la composition de Mutin (citée dans l'ouvrage suivant : Jean HURE, L'Esthétique de l'orgue, Paris, Sénart, 1923, p. 129-130) :



Clavier manuel, ut à sol (56 notes) :
- Bourdon 16' basses (18 tuyaux)
- Bourdon 16' dessus (38 tuyaux)
- Diapason 8'
- Bourdon 8' basses (29 tuyaux)
- Flûte harmonique 8' dessus (27 tuyaux)
- Salicional 8'
- Gambe 8' basses (29 tuyaux)
- Viola 8' dessus (27 tuyaux)
- Unda Maris 8' (44 tuyaux)
- Octave 4'
- Grosse tierce 3 1/5' basses (29 tuyaux)
- Tierce 3 1/5' dessus (27 tuyaux)
- Nasard 2 2/3 basses (29 tuyaux)
- Quinte 2 2/3' dessus (27 tuyaux)
- Flageolet 2' basses (29 tuyaux)
- Octavin 2 dessus (27 tuyaux)

Pédalier (30 marches) : Sans jeu indépendant, en tirasse.
Forte, piano, expression (sauf diapason 8')
Saint-Pierre et Miquelon, cathédrale Saint-Pierre
(photos Jérôme Jean-Baptiste, août 2022) DR.

Jean Huré précise également à propos de cet instrument (op. cit., p. 130) :

« Ce petit orgue est avant tout une curiosité acoustique. On a l'impression qu'il possède des jeux d'anches de 16, 8 et 4 pieds.
Toutes les oeuvres anciennes écrites pour orgue à jeux coupés y sont exécutables, de même que les Concertos de Haendel et un grand nombre de pages de Jean-Sébastien Bach.
Les pédales de combinaison permettent de changer facilement les registres et de donner ainsi à l'auditeur l'illusion de plusieurs claviers 
».

Le périodique religieux local des années 1930 nous en apprend plus sur l'état de l'orgue avant sa reconstruction par Casavant.
(source : http://www.cheznoo.net/paroissecatholiqueSPM/orgue/) :

« Notre orgue a fini son temps ! Acquis d'occasion par Monseigneur Légasse après la reconstruction de l'église, il avait du plusieurs fois passer entre les mains des « facteurs ». Monseigneur Oster l'avait fait ausculter par deux ouvriers américains qui, par contrecoup, auscultèrent la bourse, à tel point qu'il eut des remords d'avoir essayé le raccommodage. Au temps de Monseigneur Heitz, son frère M. Camille examina attentivement pédalier et soufflerie, clavier et tuyaux et conclut à l'impossibilité de lui redonner longue vie : c'était l'usure de la vieillesse. Depuis, cahin-caha, il avait accompagné nos chants, manié (avec quelle douceur maternelle) par Mère Marie-des-Victoires. Il n'en peut plus et le clergé de Saint-Pierre envisage sa mise à la retraite définitive et son remplacement. Certes, la fabrique fera tout son possible pour payer un orgue convenable, quoique de dimensions plus modestes. Nous avons bien peu en caisse. Est-ce prudent d'engager l'avenir ? Abonnés, amis, si vous le pouvez, envoyez votre obole pour l'orgue de notre église. »
("L'orgue de notre église" in : Foyer paroissial, n° 134, 15 janvier-15 février 1935)


En 1935, il fut décidé de son remplacement et les facteurs Casavant se mirent à l'ouvrage en conservant le buffet Mutin. La transmission fut reconstruite en pneumatique et une nouvelle console indépendante fut installée (en dépit du clavier unique, la console d'origine était peut-être également indépendante, car il ne semble pas subsister de trace d'une console retournée ou latérale).

Les claviers manuels passèrent à 61 notes, la pédale à 32 marches, les sommiers neufs permirent d'augmenter le nombre de jeux, mais pour des raisons de difficultés d'accord et d'une fréquence réduite du passage de facteurs d'orgues dans la région, l'instrument ne fut pas pourvu en jeux d'anches.


Composition d'origine :

Grand-orgue : Montre 8', mélodie 8' (flûte), dulciane 8', prestant 4', doublette 2', mixture III rgs.
Récit expressif : Principal-violon 8', bourdon 8' (bois), viole de gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', hautbois-gambe 8'.
Pédale : Bourdon 16', flûte 8'.
Tirasses I et II en 8' et 4', acc. II/I en 16', 8' et 4', I/I en 16' et 4' et II/II en 16' et 4'.
Crescendo, 6 combinaisons ajustables, tremolo.
Octaves aiguës réelles jusqu'au sol 6. 49 tuyaux de façade en zinc, dorés par la suite par J.-M. Cicchero.

Lors d'un relevage, en 1986, Jean-Marc Cicchero a modifié la composition de la mixture qui comportait jusqu'alors une tierce par une succession de quintes et octaves, afin de donner plus de brillant à l'ensemble. En 1988, profitant d'un second voyage à Saint-Pierre, à la demande de Mgr François Maurer, le même facteur a remplacé un jeu gambé surnuméraire du récit (hautbois-gambe 8') par une sesquialtera II rgs (nasard recoupé dans le jeu Casavant et tierce neuve, fabriquée par le tuyautier Klein).

Il convient enfin de signaler qu'en mai 2007, le facteur Michel Jacques de la firme Casavant a effectué de nouveaux travaux d'entretien sur l'instrument (réglage de la mécanique et accord).

Ile de la Réunion

Eglise de Saint-Pierre (DR.)

Eglise de Saint-Pierre

 

L'orgue, posé à une date inconnue dans l'église de Saint-Pierre, avait été restauré en 1934 : 

« Paroisse de Saint-Pierre, le dimanche des Rameaux à 20 heures :

INAUGURATION DES  ORGUES : Programme du Concert spirituel organisé arec l’aimable concours de la Société Lyrique et Dramatique : 

1. Prélude d’orgue — de Battmann 

2. L’Hosanna — de A. Kling, par la Chorale des Filles 

3. Chant des Compiles — en faux-bourdon 

4. La Procession — de César Franck, chantée par Mme Hoarau Soulayre 

5. Fantaisie d’orgue — de Durand 

6. Allocution de circonstance par le Chanoine Delaporte, Curé de la Rivière St-Louis 

7. Chant des Rameaux — de Faure, par M. Feuillherade 

8. O Salutaris — de St-Yves Bax, par Mme Hoarau Soulayre 

9. Maria Mater Gratiae — de Prospère Guidi, par Al. Louis Hoarau 

10 Tantum ergo — de Lambillotte, par la Chorale 

11 Sortie d’orgue — de Battmann 

Les orgues seront tenues par monsieur Léonce Pévéret qui, après avoir brillamment réparé celles de la Cathédrale, vient de faire revivre les vieilles orgues de St-Pierre avec une rapidité digne d'éloges, une conscience professionnelle et une compétence indiscutée. 

Tout Saint-Pierre et les environs se réjouissent de ce régal de musique religieuse dont on est si peu gâté à la Réunion. »

(La Démocratie, Saint-Denis-de-La-Réunion, 23 mars 1934, p. 3)

Eglise de Saint-Paul (DR.)

 

Eglise de Saint-Paul

 

Y-a-t-il eu un orgue dans l'église de Saint-Paul ? En tout cas, l'on y songeait  :

 

« Enfin, à St-Paul encore, un incendie assez considérable a eu lieu à la cure. 

Un pavillon a été dévoré par les flammes. Le vicaire de la paroisse a eu la douleur de voir brûler une orgue à laquelle il travaillait depuis longtemps et, qu’il était sur le point d’achever. Il paraît que le bon Dieu n’a pas voulu de cette musique-là, puisque rien n’arrive sans sa permission ; ou bien peut-être a-t-il voulu éprouver le bon vicaire. Les dessins de l’Eternel sont impénétrables. »

(Le Petit Bourbonnais, 26 août 1884) 

 


Cathédrale de Saint-Denis

 

Cathédrale de Saint-Denis (DR.)

A la cathédrale de Saint-Denis, il y a bien eu un orgue, posé à la fin du XIXème siècle, au sujet duquel nous manquons de détails. C’est le cyclone qui s’abattit sur l’Île de La Réunion les 26 et 27 janvier 1948 qui a eu raison de cet instrument :

 

« La fête de Saint-Denis : Le grand orgue était tenu par M. Payet […] A la sortie, le grand orgue a joué une marche. »

(Le Nouvelliste de l’Ile de La Réunion, 10 octobre 1898, p.2)

 

« A la Cathédrale : Dimanche matin, à la cathédrale, Monseigneur de Beaumont a solennisé par une grand-messe pontificale la fête patronale de saint Denis, reportée du neuf octobre, qui cette année tombait un mardi. 

Dans la nef, somptueusement décorée, on remarquait une innovation : au fronton du grand-orgue, le blason Réunionnais, copie peinte par Mily Michel spécialement pour la Cathédrale. »

(Le Peuple, organe quotidien de l'Île de La Réunion, 15 octobre 1928) 

 

« Résurrection : Dimanche 9 Décembre à la Grand’Messe surprise de- plus agréables pour les Fidèles Paroissiens de la Cathédrale. Le grand orgue que tout le monde croyait irrémédiablement perdu se fit entendre au début et à la fin de la messe. 

L’orgue est en bon état de marche et peut donner satisfaction pour les Offices mais plusieurs jeux ne fonctionnant pas notamment certaines basses, les morceaux brillants ne peuvent être exécutés présentement. Mais les pièces nécessaires à la réparation définitive ont été commandées en France et on peut espérer que d’ici quelques mois le grand orgue ramènera dans les nefs de notre Cathédrale la douce gaieté d'antan ; d’ailleurs les essais de Dimanche dernier sous les doigts habiles de l’artiste que tout St-Denis connaît, Mlle L. Hoareau permettent les plus belles espérances. 

Il faut rendre hommage au Comité qui s’est chargé de cette délicate besogne, au Père Ozoux, le vénéré Pasteur, à M. Lacouture Chef de Musique et à M Léonce Giraud Négociant. Il faut louer le mérite du vaillant artiste qu’est M. Lallemand le luthier bien connu et qui s’est réellement révélé en menant à bonne fin les travaux de réparation de l’Orgue. »

(Le Peuple, organe quotidien de l'Île de La Réunion, 14 décembre 1928) 

 

« Nos grandes orgues, enfin ressuscitées, elles, élargissent leurs phrases de bienvenue. »

(Le Peuple, organe quotidien de l'Île de La Réunion, 6 avril 1934, p. 1)

 

« AVIS : M. Georges POUNOUSSAMY, luthier de l’Ile Maurice, après avoir réparé l’Orgue de la Cathédrale de St-Denis sur l’invitation de sa grandeur Monseigneur de Langavant, ayant encore quelques jours à passé [sic] ici avant son départ se tient à la disposition des personnes qui se sont adressées à lui pour réparer et accorder les pianos. 

S’adresser Rue de l’Eglise, place de la Cathédrale. »

(Le Peuple, organe quotidien de l'Île de La Réunion, 14 novembre 1935, p. 1)


Certaines sources laissent à penser que cet orgue aurait été construit par la manufacture Fermis (soit entre 1868 et 1880). Il était déjà en place en 1884, alors que son poids faisait courir un risque d'effondrement de la tribune : 

 

« Cathédrale 3,000. Dépense nécessaire pour consolider le plancher de la tribune qui a fléchi sous le poids considérable de l’orgue et du dôme. »

(Rapports et procès-verbaux des délibérations, Île de La Réunion, janvier 1884, p. 6)

 

 

Eglise de Saint-Louis (DR.)

Eglise de Saint-Louis

 

Un orgue se trouvait autrefois dans l'église de Saint-Louis (posé en 1934 et provenant de Saint-Denis) :

 

« Nouvelles de La Réunion - A St. Louis - La célébration de la fête patronale de St. Louis, cette année, a revêtu un éclat encore plus accentué que les précédentes, en raison de la présence de M. Léon Bénard, sénateur et bienfaiteur de St. Louis, et la bénédiction des orgues qui viennent de la chapelle des Frères de St Denis, qui ont été installées à l'Eglise de St. Louis. »

(La Dépêche de Madagascar, 19 septembre 1934)

 

Eglise Saint-Antoine de Padoue, Le Tampon

 

Un orgue du facteur belge Denys Delporte, acquis en mai 2012, a été posé dans cette église du 17ème kilomètre grâce à Jean-Marc Hoarau qui caressait ce projet depuis longtemps et a ainsi doté son église du premier instrument à tuyaux installé à La Réunion. Arrivé en pièces détachées sur l'île, il a été remonté par M. Hoarau que je remercie pour les informations qui concernent cet instrument. Plusieurs concerts ont déjà été donnés sur cet orgue, en tant que soliste ou en accompagnateur, entre autres par l'organiste Dominique Bréda et le hautboïste Jean-Philippe Mathieu.

 

C'est un orgue de type « Grand-Jeu », nom donné par le facteur à cet instrument qui mélange tradition et modernité avec l'emploi du numérique, et plus précisément du modèle « Etude » prévu pour des espaces pouvant accueillir jusqu'à une centaine de personnes. Son encombrement n'est pas plus important que celui d'un piano droit. Avec une transmission numérique avec électro-vannes, l'orgue compte moins de cent tuyaux mais, combinés aux timbres numériques d'un orgue électronique, leur rendu-sonore est très satisfaisant et ils permettent d'obtenir des 16', 8', 4', 2', 1', des quintes et des tierces.

 

Quelques harmoniums (à un ou deux claviers) tropicalisés sont également présents sur l'île de La Réunion, tel le Debain récemment restauré qui est placé dans la chapelle des Soeurs Dominicaines de Saint-Denis.

 

Chapelle de l'Immaculée-Conception, Saint-Denis

Orgue Walcker installé dans l'église de Vincendo
(photo Jérôme Jean-Baptiste, aout 2018) DR.

 

Un orgue Walcker, datant des années 1960, et qui attendait dans une église allemande désaffectée, une renaissance, a été posé durant le mois de mai 2017 dans cette chapelle à l'acoustique généreuse, grâce à la ténacité d'Armand Gunet et de ses amis acquis à la cause de l'orgue. Posé par la firme Ladach et joliment harmonisé afin de sonner au mieux dans l'édifice, il a été inauguré par Frédérique Gros, organiste de la cathédrale du Puy-en-Velay, et par Emmanuelle Campana, soprano et flûtiste, les 25, 27 et 28 mai 2017.

 

De traction mécanique, sa composition est la suivante :

Manuel (61 notes) : Bourdon 8', montre 4', flûte à cheminée 4', doublette 2', sesquialtera II rgs (sib2), plein-jeu III rgs.

Pédale (30 notes) : Soubasse 16'.

Tirasse clavier manuel.

 

Au cours du premier trimestre 2018, à peine un an installé dans cette chapelle, cet orgue Walcker a été déménagé dans l'église de Vincendo, située au sud de La Réunion. C'est le facteur Sébastien Fohrer avec une équipe de bénévoles qui s'est chargé de cette opération en avril 2018.

 

 

Quelques organistes de l'Île de La Réunion (fin du XIXème siècle, début du XXème) :

 

Eglise Notre-Dame-des-Neiges à Cilaos (DR.)

Plusieurs églises sont dotées d'orgues dès le XIXème siècle dans l'Île de La Réunion. Bien sûr, beaucoup de lieux de culte de dimensions modestes se content alors d'un harmonium (parfois à deux claviers et pédalier comme dans l'église de Cilaos – l'instrument provient sans doute du petit séminaire). Dans les périodiques locaux, on trouve donc la mention de certains organistes de l'île, sans précision toutefois concernant le genre d'instrument dont ils disposaient.

 

Saint-Denis, cathédrale :

« Jeudi matin, 30 du courant, la Messe de Requiem avec orchestre (quatuor) de Jomelli sera chantée à la cathédrale pour le repos de l'âme de M. Théry qui, jusqu'au jour de son décès, avait tenu la place d'organiste du choeur de cette église. »

(La Malle, 23 août 1860, p. 3)

 

« Pendant la messe, le grand orgue a été tenu par M. l'abbé Bénard. […] A l'Offertoire, un petit orgue tenu par Mlle N... dans la sacristie a joué une marche qui a été remarquée. »

(Le Nouveau Salazien, 7 janvier 1884)

 

« La messe solennelle a été dite par le clergé de la cathédrale : les chants sacrés alternaient avec la musique de la milice et l'orgue, admirablement tenu par M. l'abbé Bénard, 1er vicaire. »

(Le Nouveau Salazien, 3 août 1885)

 

« Le grand orgue était tenu par M. Payet. »

(Le Nouvelliste de l'Île de La Réunion, 10 octobre 1898)

 

« A l'orgue, d'excellentes chanteuses dirigées par Mlle Léonie Torite. »

(Le Nouvelliste de l'Île de La Réunion, 16 août 1898)

 

« Mlle Alice de Biarrotte, notre jeune et très distinguée musicienne, tient l'orgue pour accompagner un « Ave Maria » de Lambillotte qu'exécute avec un rare talent Mlle Lucie Lanelle. »

(La Patrie créole, 13 octobre 1903)

 

« Nous ne dirons rien de l'organiste Favier. On sait de quoi il est capable quand l'inspiration aux ailes de flammes descend sur son front d'artiste. »

(La Patrie créole, 19 mai 1915)

 

« AVIS : On demande une organiste sachant l'harmonium. Inutile de se présenter sans de bonnes références.

S'adresser au curé de la cathédrale. »

(Le Peuple, 17 avril 1925)

 

Remarqué notamment la beauté des chants liturgiques, la richesse aussi de la musique interprétée par une élite d'amateurs sous la direction habile de l'organiste Mlle Hoareau. »

(Le Peuple, 27 mars 1931)

 

« Echos de la cathédrale : Après le chant, la musique seule. La voix de l'orgue réveille les plus indifférents. Préludes et accompagnements sont de bon ton. L'organiste dont le talent se réveille de plus en plus accompagne discrètement, et quand vient son tour de chanter seule, les sons deviennent larges et pénétrants, doux et expirants. Elle sait tirer parti des bonnes ressources mises à sa disposition. »

(Le Peuple, 6 avril 1934)

 

Eglise Saint-Jacques à Saint-Denis (DR.)

Saint-Denis, église Saint-Jacques

« L’orgue était tenue par une jeune musicienne dont, chaque année, à pareil rendez -vous , il nous est donné de remarquer le sérieux talent ».

(Moniteur de l'Île Bourbon, 6 octobre 1866, p. 3)

 

« Avant la bénédiction, un « Ave Verum » exécuté par M.M. Bosquet, Nagés et Alizé, avec accompagnement de violon par M. Raincelot, de flûte par M. Gérard. Orgue par M. Virgile a été fort apprécié des fidèles. »

(Le Peuple, 31 juillet 1924)

 

« A l'orgue, comme toujours, cette autre artiste qu'est Mlle Lilia Hoarau. »

(Le Peuple, 29 mai 1934)

 

Saint-Denis, église Notre-Dame-de-la-Délivrance

« Grand'Messe en musique à 8 heures. L'orgue est toujours tenu par les soins de Mme Lagourgue. »

(La Patrie créole, 30 septembre 1901)

 

Saint-Denis, Pensionnat de Mlle Jallobert

« On a également remarqué l'accompagnement d'orgue par Mlle Letainturier de la Chapelle. »

(Le Nouveau Salazien, 6 septembre 1883)

 

Saint-Denis, Lycée Leconte de Lisle

« Mlles Chabrier, Hoarau, Durand et Blay, ont fait valoir, par le chœur qu’elles ont chanté avec tant d’entrain et de brio, le beau talent de Mme René Moreau, leur professeur, qui est aussi le professeur de musique de la chapelle du Lycée, et qui a tenu l’orgue et dirigé les chants, avec la rare compétence qu'on lui connaît. »

(La Patrie créole, 25 mai 1912)

 

« Mlle Stella Rieul, l'organiste du lycée, avait, avec son goût très sûr d'artiste, organisé la partie musicale de la cérémonie. »

(Le Peuple, 5 juillet 1924)

Eglise de Saint-Benoît (DR.)

 

Le Port

« Une grand'messe chantée par les membres de la chorale paroissiale, avec grande maîtrise, sous la direction du maître de chapelle Liestal et avec le concours de la talentueuse organiste Mlle B. M. »

(Le Peuple, 18 juin 1931)

 

Saint-André

« Un solo de flûte avec accompagnement d'orgue par le Docteur Pignolet dont nous connaissons la valeur musicale. »

(La Patrie créole, 16 octobre 1913)

 

Saint-Benoît

« Il convient de féliciter et de louer de façon toute spéciale l'organiste distinguée, Mlle Barlatier, dont le talent apprécié a puissamment secondé le talent de nos exquises artistes improvisées. »

(La Patrie créole, 28 décembre 1902)

 

Saint-Louis

« L'orgue étant tenu par l'artiste bien connue pour son talent qu'est Mme Herland. »

(Le Peuple, 8 septembre 1937)

 

Saint-Pierre

« M. Peverelly, le brillant organiste, qui a tenu l'orgue avec son brio ordinaire. »

(La Patrie créole, 26 novembre 1902)

 

« L'orgue fut tenu avec maestria par Mme Vve Camille Horeau-Desruisseaux. »

(Le Peuple, 10 octobre 1910)

 

Polynésie française

Tahiti, cathédrale Notre-Dame de l'Immaculée-Conception de Papeete

Un orgue de la manufacture Mutin-Cavaillé-Coll a été posé en 1922 à la Cathédrale de Papeete (terminée en 1875). La mention suivante figure dans l'inventaire des travaux Cavaillé-Coll et Mutin de 1923 (op. cit, p. 28)  : « Tahiti : Papeete, Cathédrale - Grand Orgue ».

 

Il est arrivé de Franceviales Marquises par le vapeur « Ville de Tamatave » le 29 septembre et monté en quinze jours par les bonnes volontés locales qui suivirent les instructions écrites envoyées par le facteur en même temps que l'instrument. Cet orgue, qui devait compter au plus une dizaine de jeux, a été béni le 15 octobre 1922 par le R.P. Gustave Nouviale, prêtre de la Cathédrale :

 

« Aujourd'hui, 15 octobre, moi soussigné, par délégation de Monseigneur Athanase Hermel, vicaire apostolique de Tahiti, ai béni avant la grand'messe les orgues de la Cathédrale, reçues par le vapeur Ville de Tamatave, le 29 septembre. Gustave Nouviale. »

 

Le 22 novembre, cette même année, pour la Sainte-Cécile, l'inauguration était présidée par Mgr Athanase Hermel. Aux claviers se tenait le frère Calixte Dorval, organiste du lieu. Le journal paroissial « Le Semeur » de janvier 1923 fait la relation de cet événement :

 

« Rarement la fête de la noble patricienne de Rome, l'illustre martyre, l'aimable sainte que les fervents de l'harmonie ont choisie pour patronne, avait revêtu le caractère solennel de cette année. 

A la messe de 8 heures, nombreuse assistance composée surtout des enfants de nos écoles. Mais le clou de la fête devait avoir lieu le soir à 20 heures. Un grand concert de musique religieuse avait été préparé par les soins dévoués et l'intelligente initiative du R.P. Gustave Nouviale, premier vicaire à la Cathédrale et du frère Calixte Dorval, notre organiste. D'ailleurs, il s'agissait de l'inauguration des orgues nouvellement reçues de France et enfin mises tout à fait au point. »

 

Quelques précisions sont apportées ici :

« Pour la circonstance, vingt autres instruments sont venus se grouper autour de lui […] Et devant une assistance considérable, ce brillant orchestre a donné un concert de musique religieuse […] Mgr Hermel a prononcé une très intéressante allocution de circonstance. »

(Annales des Sacré-Coeur, 1923, p. 75)

 

Cathédrale de Papeete, orgue Mutin/Cavaillé-Coll, croquis réalisé par Marc Boulagnon au vu de la description de Petero Winchester
DR

Voici la présentation de l'instrument extraite du Semeur Tahitien (op. cit.) :

 

« L'orgue que nous inaugurions tout en fêtant la Saint-Cécile a été acheté avec les dons généreux de nos paroissiens et l'aide de quelques bienfaiteurs d'Europe. C'est le monument que nous nous étions promis d'élever en souvenir du triomphe de nos armées en 1918, et un hommage de reconnaissance offert à Notre-Dame-des-Victoires, patronne de la paroisse de Papeete.

Instrument plutôt modeste, mais proportionné à nos ressources et aux dimensions de notre église. Les connaisseurs se sont déclarés enchantés de notre orgue, le trouvant très bien et très suffisant. Nous ajouterons une petite remarque : notre orgue a une qualité trop oubliée et cependant qualité unique et inappréciable, c'est qu'il est à Tahiti, à Papeete, dans notre église.

Certes, on pourrait rêver plus grand, plus riche, plus... que sais-je encore ? Ami qui rêvez, passez-nous seulement la bagatelle de 100 000 francs, immédiatement nous commanderons.

L'orgue que nous avons fait construire n'est pas un instrument ordinaire fabriqué en série. Il a été conçu et établi spécialement pour notre église et notre pays. Ceux qui s'occupent de musique savent quelle vie courte ont en notre climat tropical harmoniums et pianos... Tahiti est funeste aux poitrines faibles, il fallait donc à notre orgue des poumons solides, des muscles de fer et une ossature à l'épreuve du climat et des insectes destructeurs. D'où nécessité de se restreindre sur ce qui était pure ornementation ou fioritures superflues pour penser davantage à la solidité, à la résistance, à la durée. »

 

Des croquis de l'instrument ont pu être réalisés grâce aux témoignages de paroissiens. Si l'on se réfère aux buffets Mutin conçus pour des instruments de taille semblable et compte tenu de la sobriété de la décoration dont il est fait mention dans le paragraphe précédent, le buffet devait comporter deux plates-faces latérales dotées de trois tuyaux chacune et d'un panneau central constitué par des tuyaux ou plus simplement par les jalousies de la boîte expressive. 

 

L'instrument lui-même n'a pas connu une longévité considérable et a rapidement souffert du climat et des intempéries. En effet, en 1927, une inondation survenue après un orage a causé de premiers dégâts à l'orgue qui n'a, par la suite, jamais retrouvé sa vigueur originelle, car seules quelques réparations indispensables, mais insuffisantes, sont réalisées entre 1928 et 1937 avec du matériel envoyé de Métropole par la Manufacture Jacquot, de Rambervilliers (Vosges), comme relaté à la fin de ce chapitre.

 

Entre 1960 et 1968, des travaux à la Cathédrale occasionnèrent son démontage et l'on put constater que les termites avaient fait leur oeuvre et que les pompes ainsi que le réservoir étaient hors d'usage, les peaux étant à refaire entièrement. La tuyauterie de métal fut entreposée dans une salle paroissiale et l'éternel vandalisme et l'inconséquence des enfants de la Mission ont entraîné sa dispersion et sa disparition.

 

Quant au buffet, il n'en reste pas de trace car on s'en est tout bonnement débarrassé en en brûlant les vestiges dans le jardin du presbytère. 

 

Quelle était la composition de cet orgue ? Si la correspondance échangée avec la manufacture de Rambervillers évoque « les claviers », il faut reconnaître que cette appellation au pluriel peut tout aussi bien désigner dans l'esprit de l'auteur la console dans son entier qu'une répartition des jeux sur un manuel et pédalier ou deux manuels et pédalier. De plus, les 72 boursettes commandées en 1936 n'ont pu servir à remplacer - intégralement du moins - celles de deux plans sonores distincts. A l'heure actuelle, le mystère reste entier quant au nombre de claviers manuels dont disposait l'instrument.

 

Quoi qu'il en soit, en extrapolant un peu, à partir de ce que l'on sait sur les orgues Mutin de cette dimension et de cette époque, on peut envisager deux hypothèses :

 

Hypothèse 1 (un clavier manuel et pédalier, certains jeux probablement coupés en basses et dessus) :

 

Manuel (56 notes) : Bourdon 16', principal 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', octave 4', (quinte 2 2/3'), trompette 8'.

Pédale (30 notes) : Accrochée.

Appel jeux de combinaison.

 

Hypothèse 2 (deux claviers et pédalier) :

 

Grand-orgue expressif (56 notes) : Bourdon 16' (B et D ?), principal 8', flûte harmonique 8', prestant 4'.

Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', (flûte douce 4'), basson 8'.

Pédale (30 marches) : Sans jeu propre ou soubasse 16' en emprunt.

Acc. II/I (en 16' et 8' ?), tirasses I/P et II/P, appel basson.

Avant l'arrivée de l'orgue Mutin, plusieurs harmoniums se sont succédé dans la cathédrale de Papeete, commandés par la Mission catholique (notamment en 1877 et 1879). Leur durée de vie était très courte, ainsi que le précise Mgr Hermel. On en trouve une référence dans un article du Messager de Tahiti :

" Funérailles du contre-amiral Landolfe commandant en chef la division navale du Pacifique.
[...] La messe militaire est dite par l'aumônier de la division. L'harmonium de la cathédrale et la musique du bâtiment amiral ajoutent encore à l'éclat de la solennité."
(25 octobre 1883, p. 281)

Par ce même périodique local, on apprend le montant des honoraires à verser à l'organiste de la cathédrale de Papeete requis pour les offices ou les convois : 10 francs. (n° du 22 septembre 1876, p. 163).

 

Grâce à l'obstination de l'organiste Marc Boulagnon, un orgue numérique a été posé sur la tribune de la Cathédrale de Papeete en 2006. Cela constitue déjà un réel progrès et peut-être qu'un jour, des tuyaux résonneront à nouveau sous les doigts d'un organiste à Tahiti.

Transcription de la correspondance entre la paroisse cathédrale de Papeete et la Manufacture Jacquot, de Rambervillers : Lettres manuscrites ou tapées à la machine à écrire dont des copies nous ont aimablement été communiquées par Marilys Moury (étudiante en master d’histoire). On en trouve trace dans les archives paroissiales à Papeete ainsi que dans le fonds Jacquot déposé aux Archives Départementales des Vosges à Epinal. Cette correspondance ne mentionne pas la composition de l'orgue (en dehors d'un bourdon 16') et il est à parier que la notice de montage ainsi que les éléments techniques étaient conservés à la tribune qui fut inondée, nous rendant dans l'impossibilité de connaître certains détails au sujet de l'aspect visuel de ce modeste instrument de deux claviers (au pluriel dans une des lettres). Toutefois, comme l'une évoque « les soupapes qui commandent les grands tuyaux de jeux de fond », on peut, en toute hypothèse, déduire que l'orgue comptait probablement aussi un ou deux jeux d'anches.

 

« Papeete (Tahiti) le 18 septembre 1927

A Monsieur Gustave Masure, à Paris.

Monsieur,

Un jour de grand orage, les tribunes de notre cathédrale furent inondées et notre Orgue assez sérieusement atteint. Nous avons pu réparer sur place la plupart des dégâts. Toutefois, plusieurs tuyaux basses en bois du Bourdon de 16 défient tous nos efforts. N'ayant pas de spécialiste sous la main, nous ne pouvons arriver à faire parler ces tuyaux. Nous ne voyons donc d'autre moyen pratique que de les remplacer. Ne pourriez-vous pas nous fournir cette première octave (1er UT à SI inclus) basses-bois de ce Bourdon de 16 ? Ces tuyaux sont de modèle et de fabrication ordinaire, sans aucune particularité. Cet orgue a été construit en 1921 par la Maison Cavaillé-Coll. Il est accordé au diapason normal de 870 vibrations à la seconde, à la température de 15° C.

A combien nous reviendrait la fabrication de ces 12 tuyaux ?

Bien entendu, nous prenons tous les frais de construction d'emballage et d'expédition à notre charge.

En attendant l'honneur de vous lire, veuillez agréer, Monsieur, mes meilleurs souhaits et salutations.

Gustave Nouviale

Vicaire de la cathédrale à Papeete (Tahiti)

Établissement français de l'Océanie.

 

PS : Ci joint, veuillez trouver 5f pour frais de correspondance. »

 

« Papeete (Tahiti), le 14 septembre 1928

A Monsieur Th. Jacquot

Facteur d'orgues à RAMBERVILLERS (Vosges)

Monsieur,

Nous avons bien reçu vos douze tuyaux de Bourdon de 16 que vous avez expédiés par la Compagnie Fécampoise de Navigation. La caisse nous est parvenue en bon état aussi bien que son contenu. Nous vous en remercions vivement.

Nous avons déjà mis en place une partie de ces tuyaux mais ce n'est pas sans difficulté et avec peu de succès. Pour que le tuyau n'octavie pas, nous sommes obligés de réduire très considérablement son débit ; malheureusement alors, le son devient très faible, on pourrait dire absolument insuffisant. Vos bourdons sont certainement d'excellente fabrication, mais il nous manque à nous-mêmes le tour de main nécessaire pour les mettre bien en marche.

De plus, comme vous, nous ignorons absolument la pression donnée par M. Mutin, le constructeur de notre Orgue, à la soufflerie --- et, enfin, il nous est impossible d'arriver aux soupapes, l'instrument ayant été construit en bloc compact pour être expédié tout monté, au moins pour ce qui regarde les sommiers, la soufflerie et les claviers. Nous allons toutefois essayer de parvenir à vérifier ces soupapes.

Tous les renseignements que vous pourriez nous fournir à l'occasion nous seront d'un grand secours et nous vous en remercions.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de nos sentiments respectueux et nos meilleures salutations.

Gustave Nouviale

Vicaire de la Cathédrale

Papeete (Tahiti) Océanie. »

 

« 11 octobre 1928

Monsieur l'abbé Nouviale,

Vicaire de la Cathédrale de Papeete

TAHITI

Je m'empresse de répondre à votre honorée lettre du 14 septembre reçue ce jour, au sujet des tuyaux de Bourdon que nous vous avons expédiés et qui vous causent de l'ennui pour les faire parler.

Nous les avons harmonisés pour une pression relativement faible (90 mm de colonne d'eau). Ce que vous voulez bien nous décrire nous indique que la pression de la soufflerie de votre orgue est très supérieure à cette pression de 90, puisque c'est seulement après avoir affaibli très fortement les tuyaux qu'il est possible de leur faire donner un son, mais alors cette sonorité devient trop faible.

Il n'y a pas à toucher aux soupapes. Elles donnent bien le vent nécessaire puisqu'il y en a trop ! Les tuyaux quintent ou octavient parce que la hauteur de la bouche est insuffisante, ou que la lumière est trop fine ou encore que le tampon ne joint pas bien. Je m'explique : avec un dessin oh combien mauvais mais je compte sur toute votre indulgence :

 

La hauteur des bouches, de A à B est proportionnée. Elle est ordinairement du 1/3 de la largeur B C. Quand la pression est forte, on arrive à monter cette bouche de ½ de B C. Sans monter du premier coup à ½, essayez par 2 m/m pour les gros.

La lumière, ou petit rectangle par lequel arrive l'air en A est sans doute aussi trop mince. Il y a lieu d'approfondir un peu cette lumière en limant, non pas la lèvre qui se dévisse, mais le bloc, aussi à plat que possible.

En revissant la lèvre, avoir bien soin qu'elle soit un peu en retrait de la face du bloc D afin que l'air soit projeté quelque peu à l'extérieur.

Quant à ce que le tampon (ou fermeture mobile de l'extrémité supérieure du tuyau) ne joigne pas bien, il y aurait lieu de doubler la garniture de feutre et d'enduire l'intérieur du tuyau de graisse afin que la jointure se fasse très bien.

Pour cette mise au point, il faut le faire doucement, ne pas allez trop loin. Nous espérons, Monsieur l'Abbé, que vous arriverez à vos fins et nous le souhaitons de tout cœur, ainsi que la lettre qui nous l'apprendra.

Oserais-je vous demander de mettre dans cette lettre, quelques timbres oblitérés de Tahiti ou d'autres parties du monde, ce qui comblerait d'aise ma bonne sœur qui a été déjà si heureuse de ceux que nous avez bien voulu lui envoyer.

Nous vous prions d'agréer, monsieur l'Abbé, l'expression de nos sentiments respectueusement dévoués.

UT : profondeur 190 millimètres, largeur 150 millimètres, pied de 4 centimètres. »

 

« De Tahiti, Océanie française, 4 octobre 1936

Monsieur,

L'orgue de la cathédrale de Papeete qui a été construit par la maison Mutin-Cavaillé-Coll de Paris vers 1921 a besoin de réparations.

Les petites soupapes qui commandent les grands tuyaux des jeux de fond ont besoin d'être remplacées.

Ont besoin également d'être changées les pochettes de basane, situées à l'intérieur du sommier de l'orgue.

Veuillez, monsieur, avoir la bonté de m'indiquer

1- le prix de vingt-deux nouvelles soupapes et celui de six douzaines de pochettes,

2- le prix de la matière nécessaire pour effectuer ces réparations dans le cas où je voudrais le faire moi-même.

Excusez-moi, monsieur, si le mot propre me manque ; le dessin qui accompagne la lettre vous fera mieux comprendre.

Veuillez agréer, monsieur, mes salutations empressées.

Frère Henri.

Papeete, Océanie française »

 

« 27 octobre 1936

Frère Henri

Cathédrale de Papeete

Océanie française,

Frère Henri,

Votre lettre datée du 4 courant nous arrive ce jour. Nous y répondons de suite :

Nous connaissons (de loin) cet orgue puisque en 1928 nous avons envoyé des tuyaux de bois pour remplacer ceux qui avaient été détériorés par accident.

Les 22 soufflets faits selon le modèle coûteraient aujourd'hui 552 frs.

Les 72 boursettes 676 frs.

Au total 1228 frs y compris la colle spéciale dont nous vous donnerons la façon de la faire au moment du collage. Ce prix est celui du matériel pris à la maison et emballé.

Oserions-nous vous demander, dans votre réponse, de joindre quelques timbres de votre beau pays. Nous vous en remercions par avance.

Veuillez agréer, Frère Henri, l'expression de nos meilleurs et dévoués sentiments. »

 

« 6 mars 1937

Frère Jean Morvain,

Mission catholique – Papeete – Tahiti.

Nous avons l'honneur de vous accuser réception de votre lettre datée du 22 janvier qui nous est arrivée il y a une quinzaine de jours.

Vous voulez bien nous demander différents prix de nos instruments et accessoires.

 

I HARMONIUMS – Dont vous trouverez ci-joint la liste avec les conditions de prix. Ceux-ci sont nets, étant déjà réduits, quoique l'emballage plein nécessaire pour le transport soit d'un prix plus élevé, nous vous le laissons au même que l'emballage claire-voie.

 

II VENTILATEURS ELECTRIQUES – Se font pour tous courants : continu et alternatif. Prix selon l'importance de l'orgue dont vous voudrez bien nous donner le nom des registres et des pédales de combinaisons. Nous pouvons vous fournir toutes les pièces nécessaires, c'est à dire : le groupe aéro-moteur tournant à 1400 tours minute, composé de la dynamo en court-circuit actionnant, campé sur le même axe, un ventilateur silencieux, muni de sa sourdine, et dont la buse de sortie doit être orientée du côté le plus pratique selon les tracés ci-joint, dont il manque : C1 et D1 – le démarreur ou interrupteur – les porte-vent reliant la sortie du ventilateur avec le soufflet – une boîte de réglage du vent qui permet de se servir du système actuel en cas d'interruption du courant et aussi au soufflet de régler lui-même l'air nécessaire aux jeux en action.

Les prix vont, pour toutes ces pièces de 2800 à 4800 frs.

Un croquis côté de l'emplacement nous est nécessaire pour vous envoyer les pièces prêtes à poser à peu de choses près.

 

III ORGUES : nous faisons en série des orgues électriques qui sont actuellement ce qui se fait de mieux fini, de pratique, de beauté de sonorité et de précision de mécanismes. Ces orgues, dénommés « unit-organ » ont obtenu, à la Foire de Paris 1932, un beau succès. Joués par de grands organistes de Paris, ces MM. ont été unanimes à reconnaître qu'elles sont seules au monde d'aussi parfaites. L'attaque et la répétition des notes sont plus rapides que celles du piano. Vous en verrez ci-joint la carte, avec au dos la nomenclature de registres et des combinaisons. Ces orgues sont munies de combinaisons ajustables qui permettent de préparer les jeux à l'avance et que, au moyen de boutons placés entre les claviers, on appelle par une simple pression 1-2-3 et 4 fois. Vous avez le contrôle des appels par les registres qui s'abaissent lorsque le jeu est appelé et relevés lorsque le jeu est enlevé. C'est le modèle série que nous pouvons fournir, emballé, rendu, gare Rambervillers, à 65 500 frs, avec le groupe moteur électrique, ventilateur-génératrice pour fournir le courant continu à 12 volts.

En dehors de ces orgues, nous pouvons fournir tout orgue électrique de n'importe quelle puissance soit elle compliquée ou simple.

 

IV ORGUES SERIE MECANIQUE – En dehors des orgues électriques ci-dessus, nous faisons des orgues série avec système mécanique ordinaire, dont vous verrez aussi modèle sur carte jointe avec tarif correspondant, à un ou à 2 claviers manuels, avec ou sans pédalier. Le buffet est plus simple qu'indiqué car il est possible de mettre devant les lames de l'expression, une rangée de tuyaux qui donnent meilleure allure.

Aux prix indiqués, est à ajouter 1350 frs pour l'emballage.

Nous souhaitons, bien cher Frère, que ces explications puissent vous aider dans vos recherches. Nous restons à votre service pour compléter ces renseignements, si nécessaire.

Nous vous prions d'agréer l'expression de nos sentiments respectueusement dévoués.

 

PS : Nous avons adressé en 1928 une série de tuyaux de Bourdon 16 au R.P. Gustave Nouviale, missionnaire à Papeete. Veuillez, s'il est là, nous rappeler à son bon souvenir.

D'un autre côté, si possible, toutefois sans vous déranger, nous vous serions bien reconnaissants s'il vous est possible de nous envoyer une quantité de timbres oblitérés de Tahiti et environs, pour compléter des collections pour mes 3 enfants. Nous vous en remercions bien sincèrement à l'avance et nous vous en tiendrions certainement compte dans notre fourniture éventuelle. »

 

« Papeete, le 27 mai 1937

Le Frère Henri, Cathédrale Papeete à

Monsieur Th. Jacquot et Fils, Rambervillers, (Vosges)

Monsieur,

Votre colis de soufflets et boursettes est arrivé dans de bonnes conditions.

Je vous envoie pour solder cet envoi, un mandat de MILLE DEUX CENT VINGT HUIT FRANCS (1228 frs), que vous trouverez ci-joint.

Veuillez agréer, cher Monsieur, mes sentiments très distingués.

Frère Henri. »

 

« 5 juillet 1937

Frère Henri,

Cathédrale de Papeete (Océanie française) ;

Frère Henri,

Nous vous avons adressé le 27 février 1937 la commande que vous avez bien voulu nous faire pour remédier au mauvais état de l'orgue de la Cathédrale, soit :

22 soufflets de tirage de notes de basses.

72 boursettes pour les sommiers.

Nous espérons que vous avez bien reçu ce colis, que vous avez pu, sans trop de mal, mettre ces articles en place et que vous en avez toute satisfaction.

Nous vous demandons aujourd'hui que vous vouliez bien nous solder ces fournitures. Nous vous avons fait la facture qui est de 1228 frs. Cette somme, quoique peu importante, est pourtant attendue impatiemment, nous sommes en effet, vous le savez, écrasés d'impôts, le gouvernement précédent ayant assez peu compté sur la possibilité de dépenser énormément sans rentrées en rapport. Que nous réserve ce nouveau qui, s'il doit remettre le tout à flot, va nous en servir d'autres encore !

Que le Bon Dieu ne laisse pas périr cette chère France qui a été autrefois si fidèle à ses lois !

Veuillez agréer, Frère Henri, l'expression de nos sentiment respectueusement dévoués. »


Cathédrale de Papeete
(in Annales de la Propagation de la foi, 1901, p. 59) DR.
Intérieur de la cathédrale de Papeete lorsque l'orgue Mutin était placé dans la tribune. De nos jours, cette église n'est plus constituée que d'une large nef, sans les piliers que l'on voit ici et qui ont été supprimées vers 1968.
(CP, coll. O. Geoffroy) DR.

Quelques organistes de la cathédrale de Papeete :

 

Certaines informations relatives aux organistes de la cathédrale de Papeete ont été trouvées sur le site internet de la paroisse (www.cathedraledepapeete.com). Des éléments complémentaires m'ont été communiqués par les Frères de l'Instruction Chrétienne de Ploërmel que je remercie vivement et notamment le frère Louis Balanant, archiviste de la congrégation.

 

L'orgue Mutin n'a jamais été doté d'un ventilateur électrique et ce sont les élèves de l'école des Frères qui étaient « embauchés » comme souffleurs, activité assez pénible, semble-t-il, d'après les témoignages. La mécanique de cet orgue qui a fonctionné par intermittence durant une petite trentaine d'années n'était pas bien réglée et pour actionner les notes en tirasses, l'organiste était obligé d'appuyer fort sur les pédales. L'orgue était placé sur la tribune, assez étroite et peu profonde.

 

La nouvelle tribune, bien plus vaste, a été construite à la fin des années 1960 lorsque les piliers séparant la nef centrale et les travées latérales ont été supprimés.

 

Les prénoms indiqués entre parenthèses sont les prénoms de baptême des frères.

 

Avant l'arrivée de l'orgue Mutin (harmonium)

 

Le frère Aloys Haltrichter (Henry-Frédéric). Né en 1831 en Allemagne, il est arrivé à Tahiti en 1860 et y fera tout son apostolat avant d'y mourir le 27 novembre 1884.

 

Sur l'orgue Mutin (ou - après sa démolition - sur un harmonium ou un orgue électronique)

 

Le frère Calixte-Marie Dorval (Jean) est né le 28 avril 1879 à Gouézec (Finistère). Il entre au noviciat des Frères de Ploërmel le 19 mars 1885. Arrive à Tahiti comme professeur en 1919 et est le premier titulaire de l'orgue Mutin qu'il inaugure. Il quitte Papeete en 1925 et meurt le 22 mars 1950 à Ploërmel (Morbihan).

 

Le R.P. Gustave Nouviale (Gabriel). Ce religieux de la Congrégation de Picpus est né le 17 mars 1879 à Fracinet-Lavegeac (Aveyron). Ordonné prêtre en 1904, il arrive à Tahiti le 7 décembre de cette même année. Nommé vicaire à la cathédrale de Papeete en 1918, il le reste durant une quinzaine d'années et en est l'organiste occasionnel. Affecté ensuite dans d'autres îles polynésiennes, il meurt à Papeete le 11 avril 1945.

 

Le frère Henri-René Toutous (Jean-Marie) est né le 7 novembre 1902 à Châteauneuf-du-Faou (Finistère). Il entre au noviciat des Frères de Ploërmel le 14 février 1921. Arrivé à Papeete le 6 novembre 1932, il y est aussitôt nommé titulaire de l'orgue Mutin. La revue « Chronique » de la congrégation le mentionne à l'occasion d'une cérémonie en 1934. Il quitte Tahiti en 1987 et meurt le 14 mai 1988 à Josselin (Morbihan).

 

Le R.P Jean-François Morvan (Jean-Marie) appartenait à la congrégation de Picpus. Il est né le 30 janvier 1908 au Cloître-Pleyben (Finistère). Ordonné prêtre en 1931, il est nommé à Tahiti où il arrive le 18 décembre 1932. Il connaît différentes affectations, à Moorea, aux Tuamotu, construit l'église d'Hikueru et quitte la Polynésie en 1973. Il meurt le 8 février 1985 à Champcueil (Essonne).

 

La sœur Gérard Morales de la congrégation de Saint-Joseph-de-Cluny est née le 4 septembre 1902 à Santiago du Chili (fille d'Emilio Morales-Bontes et d'Anita Alfaro-Gonzalez). Entrée au noviciat en 1924, elle prononce ses premiers vœux en 1926. Après des affectations au Chili, en Espagne et en France, elle est envoyée à Tahiti en 1933 où elle enseigne la musique et l'espagnol. A Papeete, elle accompagne souvent les célébrations à la cathédrale sur l'orgue, l'harmonium et l'orgue électronique. La sœur Gérard est décédée le 11 mai 1982 à Papeete où son corps repose.

 


Wallis

Un orgue a été offert à la reine Amélia de Wallis à la fin du XIXème siècle. On ignore ce qu'il est advenu de l'instrument mais deux ouvrages en font mention :

  "Le 11 août 1875, le commandant de la Vire jette l’ancre à Mata’Utu et bientôt récupère quelques objets ouvrés en cuivre. Pour les objets réunis à terre, il les embarque après avoir dû obtenir 1 ’ intervention royale pour la restitution de plusieurs d ’ entre eux. En revanche, il apporte à la reine Amélia un orgue et ferme les yeux sur la vente de cuivre de récupération arraché à l ’épave par le capitaine Watson."

(Frédéric Angleviel, Les Missions à Wallis et Futuna au XIXème siècle, Bordeaux, 1994, p. 155)

"En 1876, un nouveau rapport de visite du Vire signale la remise en cadeau par la France d'un orgue à la reine Amélia. Très satisfaite, celle-ci a fêté l'équipage en donnant un spectacle nocturne de chants et danses pour la première fois depuis un an, mais l'évêque n'a pas caché son mécontentement devant les relents païens de cette soirée." (Jean-Claude Roux, Wallis et Futuna, espaces et temps recomposés, Bordeaux, 1995, p. 76)


Nouvelle-Calédonie

I) Cathédrale Saint-Joseph (Nouméa)
Nouméa, cathédrale Saint-Joseph
Nouméa, cathédrale Saint-Joseph
( carte postale ancienne, coll. O. Geoffroy ) DR

Dans cette Cathédrale construite entre 1887 et 1897 un orgue de 11 jeux fut commandé par le père Jean de Fenoyl, curé, à Mutin-Cavaillé-Coll en 1907. L'inventaire de 1923 (op. cit., p. 28) le mentionne ainsi : « Nouvelle-Calédonie : Nouméa, Cathédrale – Grand orgue ». Les caisses contenant la partie instrumentale débarquèrent à Nouméa le 31 janvier 1909 et l'orgue fut monté puis inauguré le 28 avril de la même année.

En voici la composition originelle :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16' (basses et dessus), montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4'.
Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte douce 4', quinte 2 2/3', octavin 2', trompette 8'.
Pédale (30 marches) : pas de jeu indépendant.
Acc. II/I en 16' et 8', tirasses I et II, appel et renvoi combinaisons (par boutons tournants), tremolo.

Le numéro d'avril 2017 de la revue OHTA news (p. 22 sq) de l'Organ Historical Trust of Australia donne un relevé des lettres envoyées par C. Mutin au père Jean de Fenoyl, à propos de la construction de l'orgue.

 

Ces lettres étaient adressées à :

« Monsieur l’Abbé Jean de Fenoyl,

Curé de la Cathédrale de Nouméa

Chez Madame la Marquise de Fenoyl.

SAINTE-FOY l’ARGENTIERE – RHONE »

 

Celle du 18 novembre 1907 donne la composition définitive de l'orgue qui est celle indiquée sur cette page (avec une précision, toutefois : le bourdon 16' compte 13 notes dans les basses et 43 notes dans les dessus, afin de palier l'absence de jeu réel à la pédale).

Mutin indique qu'il donnera le maximum de puissance aux jeux afin de remplir le volume de l'édifice, que, compte-tenu du climat, les palettes d'ivoire seront vissées aux touches, que les peaux des réservoirs seront solidement collées et que la manufacture utilisera les bois les plus résistants aux insectes. De même, les éléments en fer seront traités contre la rouille et les éléments en bois recevront un traitement spécial. Toutes les pièces seront étiquetées et numérotées et un plan détaillé accompagnera l'expédition afin que le montage sur place puisse être effectué par n'importe quel artisan.

Le père de Fenoyl, s'étant ravisé, aurait souhaité un buffet en deux parties mais la mécanique, déjà montée, n'autorisait aucun changement de dernière minute. De plus, cela aurait modifié les dimensions du buffet et aurait gâché l'effet de l'instrument sur le plan de l'élévation.

Le coût de l'instrument est fixé à 15 000 francs (éléments décoratifs, emballage des caisses et instructions de montage compris). Refaire le buffet en deux parties aurait coûté 2000 francs de plus.

Les détails techniques sont précisés dans cette lettre (éléments de soufflerie dans la partie basse du buffet, claviers en chêne, touches recouvertes d'ivoire et d'ébène, pédalier en chêne avec feintes recouvertes de bois des îles, tuyaux de bois en pin du Nord avec bouches en chêne).

 

La lettre du 30 novembre 1907 précise que le buffet sera de style gothique, en une partie avec les claviers sur le côté et cachera la rosace car il est impossible de réduire la hauteur du buffet en son milieu.

 

La lettre du 3 décembre 1907 indique que le buffet donnera l'impression d'un orgue de 20 jeux.

 

La lettre du 10 décembre 1907 donne les indications pour le paiement de l'instrument (habituellement, un tiers à la commande, un tiers au début des travaux, un tiers à l'inauguration). Les lettres suivantes (6 janvier 1908, 17 mars 1908, 20 août 1908) accusent réception des premiers versements de 5 000 francs.

 

Le père de Fenoyl souhaitait voir l'orgue en construction dans les ateliers parisiens et s'est donc rendu en métropole en avril 1908. Un voilier susceptible de transporter les caisses de l'instrument démonté devant partir pour le 15 mai de cette année, Mutin fait savoir dans sa lettre du 15 février 1908 que les 4/5 de son personnel est occupé à réaliser les accords dans différentes églises en vue de la fête de Pâques, mais que tout serait fait pour tenir les délais.

 

Finalement, c'est par une lettre du 9 juin 1908 que Mutin apprend au père de Fenoyl que l'orgue est pratiquement terminé, quelques réglages devant encore être effectués. Il estime que la construction sera véritablement achevée pour la fin juillet.

 

Par sa lettre du 20 août 1908, Charles Mutin se dit navré d'apprendre que le bateau (L'Alice) ne parte pas avant le mois d'octobre, indique qu'il va prendre contact avec la Société du Nickel et demande le paiement du solde de la facture. C'est par la lettre du 9 septembre 1908 que l'on apprend que le bateau doit appareiller le 5 octobre.

 

Le 25 septembre 1908, le maire du 15ème arrondissement de Paris se porte garant du contenu des six caisses contenant l'orgue démonté.

 

Et le 10 mai 1909, Mutin fait savoir qu'il est heureux d'apprendre que l'orgue est arrivé en bon état, que le montage est en cours et donne son avis au sujet de l'installation d'un moteur pour la soufflerie de l'instrument.

 

Enfin, dans sa lettre du 29 septembre 1909, Mutin donne quelques précisions pour régler le problème de cornements de quelques notes du bourdon 16' dont les basses (ainsi que celles de la flûte et du cor de nuit) sont sur moteurs pneumatiques.


On trouve quelques mentions de l'instrument et de sa construction dans divers ouvrages ou notices :

 

« Au matin du dimanche 19 septembre 1946, lorsque, mitre en tête et crosse en main, précédé de son clergé, salué par la clique des clairons indigènes de la tribu de Poya, l'évêque Bresson fera son entrée dans la cathédrale de Nouméa, littéralement envahie par la foule des fidèles et pleine à craquer — il y aura quelques indigènes suspendus aux tuyaux de l'orgue. »

(Patrick O'Reilly, Pèlerin du ciel, Paris, Alsatia, 1952, p. 169)

 

« Jean de Fenoyl naquit à Sainte-Foy l'Argentière (Rhône) le 1er août 1869. […] Vicaire, puis curé de la cathédrale de Nouméa en 1903, il fit installer, en 1909, les stalles du choeur, puis les orgues comportant onze jeux de 604 tuyaux, qu'il finança de ses propres deniers. »

(Marie-Thérèse Faure-Bourdoncle, Georges Kling, Les rues de Nouméa, Nouméa, 1988, p. 126)

 

Le Père Henri Boileau (1874-1966), curé de la cathédrale de Nouméa dans sa Notice historique sur la cathédrale décrit plus précisément l’instrument :

 

« L'orgue

Le R.P. Pionnier, bâtisseur de notre Cathédrale et ses successeurs avaient rêvé d’un orgue qui remplirait de ses sons puissants le grand vaisseau de l’église. Mais la dépense était trop forte pour leur maigre budget.

Le vieil harmonium avait son histoire. Il était le troisième depuis l’existence de l’église. Le premier instrument, quelconque, dut être remplacé par un plus grand vers 1869. Mais en 1890, quand on fut installé dans la Cathédrale actuelle, le besoin se fit sentir d’un instrument plus complet encore. Une loterie permit de se procurer l’harmonium que ceux du commencement de ce siècle dernier ont connu et qui est actuellement à Lifou.

Tant qu’il fut neuf et touché par les doigts habiles des frères, du frère Philomène surtout, il fit bonne figure et ses jeux nombreux et variés facilitaient l’illusion. Mais lorsqu’il eut vieilli, quand même l’artiste, pour lui donner plus de sonorité ouvrait les portes du buffet du haut, on le sentait poussif et on prévoyait qu’il faudrait bientôt remplacer cet instrument qui avait fait son temps.

Puis le P. de Fenoyl partit pour la France en mai 1907 pour raison de santé, mais il nourrissait dans son cœur le secret dessein de profiter de son voyage pour trouver l’argent nécessaire à l’acquisition d’un orgue qui pût suffire aux besoins de la Cathédrale.

Effectivement, les dons particuliers des bienfaiteurs, d’une part ; le produit des nombreuses conférences avec projection qu’il fit en plusieurs villes de France, d’autre part ; et l’appoint de sa fortune personnelle lui permirent de commander à la maison Cavaillé-Coll, l’un des plus renommés facteurs d’orgues, l’instrument que nous possédons et qui de son temps a coûté 15.000 francs. En 1950, les jeux d’orgue à tuyaux avaient augmenté de 4 à 5.000 % ! De nos jours, il faudrait compter 30.000.000 francs !

La Société le Nickel acceptant de transporter gratuitement l’orgue sur l’un de ses voiliers, le 31 janvier 1909, l’Alice en déposait les nombreuses caisses sur le quai de Nouméa.

 

La tribune

Avant d’installer l’orgue, il fallait lui donner une tribune solide et spacieuse, ce qui était loin d’être le cas de la tribune alors existante.

Cette tribune, bâtie en même temps que l’église, n’avait que 6 m de long sur 2,50 m de large. Elle était soutenue par de puissantes consoles de bois ouvré. Mais peu à peu un affaissement se produisit, qui obligea en 1898 à supporter l’avant de la tribune par deux minces colonnettes de chêne gomme, lesquelles taillées en pans octogonaux ne déparaient en rien la perspective de la tribune.

En même temps que l’orgue, le P. de Fenoyl avait commandé en France une charpente de fer, pour la nouvelle tribune, charpente qui fut elle aussi transportée par l’Alice.

L’ancienne tribune démolie, la nouvelle fut reconstruite par un habile entrepreneur, M. Julienne. Tout est en fer à T, boulonné et scellé. En avant, la pièce principale, qui va d’un mur à l’autre est scellée à ses deux extrémités et repose sur deux robustes colonnes de tamanou. Ces colonnes viennent d’un seul arbre, donné par Mme Pauty (décédée en avril 1923) qui, au prix de mille difficultés, l’apporta avec son attelage à bœufs, du pied du Mont Mou à Païta.

Contre cette pièce principale sont boulonnés une trentaine de fers à T plus petits, dont l’autre extrémité, scellée dans le mur, supporte le parquet de la tribune.

Et ainsi fut préparée dès le commencement de mars 1909, une belle et vaste tribune de 12 m de long sur 5 m de large et 5 m d’élévation au-dessus du sol de l’église. Une balustrade d’acacia la termine. On y avait rajouté un magnifique travail de sculpture, un aigle porte livre, qui sert de pupitre pour les chantres. Cet aigle, sculpté dans le Kohu, vient de la chapelle d’Uro, de l’île des Pins. Il sert de nos jours de lutrin à l’animateur.

Pendant la dernière guerre, la tribune se trouvait tellement chargée de soldats américains que le P. Boileau, pour plus de sécurité, voulut réaliser un projet longtemps désiré : ajouter deux colonnes. M. Maurice Lafleur fit don de deux troncs de tamanou, provenant de la baie du Sud. Les Américains voulurent bien prendre les deux arbres qui n’avaient pas belle apparence. Quelque temps après, ils les rapportaient, transformés en magnifiques colonnes, enveloppées avec soin comme une chose précieuse : « Nous ne savions pas, dirent-ils, que c’était du si beau bois ! »
Le montage fut fait par la maison Russ et Sanuy. Et la tribune put désormais être remplie d’une foule pressée sans aucune crainte pour sa solidité.

 

Le montage de l'orgue

Disposant d’une solide et vaste tribune, on pouvait maintenant monter l’orgue, c’est-à-dire se débrouiller au milieu de l’amas de caisses apportées par l’Alice. En Europe, un monteur accompagne toujours le nouvel orgue, mais comment faire venir un monteur à 18.000 km de la France ? Heureusement, le P. de Fenoyl avait vu, en France, l’orgue tout monté. Chaque pièce ayant été numérotée, il put, grâce aux indications que le facteur lui avait données, faire office de monteur d’orgue.

 

L'inauguration de l'orgue

Le 28 avril 1909, à 20h30, la cérémonie commence devant une église absolument comble. Après le chant, sans accompagnement, d’un cantique, Mgr Chanrion entouré de tout le clergé de Nouméa et des environs, suivi de Messieurs les Membres du Comité de l’Église s’avance dans la nef, jusqu’au milieu de l’église, et de là, procède à la bénédiction de l’orgue.

Après le chant des Oraisons, l’orgue, tous jeux dehors, fit retentir la grande marche religieuse, en usage à Sydney, où elle marque toujours l’entrée solennelle du Cardinal.

Et puis, pendant la fin du cantique accompagné avec maestria par l’orgue, le R.P. Pionnier, le véritable bâtisseur de la Cathédrale, montait en chaire pour célébrer le complément de son œuvre Après avoir remercié les généreux donateurs, le R.P. Pionnier a exposé dans un langage très élevé toute la théorie et toute l’histoire de la musique religieuse. Reprenant les idées de St Augustin, qui fut un ami passionné de l’art musical, il a montré comment l’harmonie des chants est par elle-même un hommage à l’ordre infini de la création et de la Providence ; quelles relations profondes unissent les choses du culte divin à celle de la musique, le seul de tous les arts qui doit survivre à l’existence terrestre et garder encore sa raison d’être dans la vie de l’au-delà… mais cet art, pour convenir à nos réunions chrétiennes et ne pas sonner faux dans nos temples, doit éviter toute compromission profane et sensuelle.

Aussi a-t-il été créé cette forme austère, qu’on appelle le plain-chant et qui ne traduit des sentiments humains que les plus nobles et les plus purs. Les Palestrina, Mozart, Beethoven, Gounod et tant d’autres, qui s’intitulaient pieusement des « maîtres de chapelle » ont su respecter dans leurs œuvres cette belle tradition chrétienne. Voilà pourquoi, après la cloche qui parle la première, c’est la voix de l’orgue qui convient le mieux à la sainteté de nos cérémonies.

Orgue et cloches mêleront désormais leurs chants sur nos berceaux et nos cercueils ; elles suivront les fidèles à toutes les grandes étapes de leur vie : le baptême, la première communion, le mariage et la mort. 

 

Description de l'orgue

L’orgue de la Cathédrale sort des ateliers de Cavaillé-Coll. Il était de onze jeux, et avait deux claviers et un pédalier, qui ne possède pas de jeux propres, mais qui peut servir spécialement à jouer les basses des claviers. Ces jeux sont : prestant, flûte harmonique, flûte douce, voix céleste, bourdon, montre, gambe, quinte, octavin, cor de nuit et trompettes.

Il avait huit pédales de combinaison et d’accouplement, 604 tuyaux de bois et métal dont un bourdon de 16 pieds. Sans doute notre orgue aurait pu être plus complet, mais tel qu’il est, il contribue grandement à la beauté des offices religieux.

La tuyauterie de l’orgue est cachée par la montre et le buffet. La montre est constituée par la série de gros tuyaux visibles ; le buffet est un beau meuble de chêne verni. De style ogival, comme notre Cathédrale, il s’harmonise parfaitement avec l’ensemble de l’église. Le seul inconvénient qu’il comporte, c’est qu’il masque complètement la rosace de la façade. Sans être une verrière de prix, cette rosace a sa valeur et puis, elle donnait beaucoup de lumière à l’église. Malheureusement, il n’était pas possible de placer l’orgue à la tribune sans la cacher, et quoiqu’à regret, il a fallu s’y résoudre. Le soufflet de l’orgue a subi de nombreuses transformations. En 1937, un ventilateur électrique a été monté. Depuis 1955 une soufflerie électrique permet de remplir d’air le sommier.

De nos jours, l’orgue compte 17 jeux et un peu moins de 1.000 tuyaux.

Depuis qu’il existe, l’orgue a été tenu par de généreuses jeunes filles que nous ne saurions trop remercier de leur dévouement. À Nouméa, il y a beaucoup de musiciens et de musiciennes amateurs, mais il y en a bien peu qui poussent le dévouement jusqu’à s’astreindre à un service régulier. La liste serait longue à citer.

Plus près de nous, on peut citer Melles Juliette Bernard, Paula Vergès, Marie-Antoinette Tristani, Michèle Audrain. Depuis 1951, M. Yves Berges est titulaire de l’orgue ; M. Roger Boisne est son suppléant.

Il est intéressant de noter que l’allocution prononcée à l’issue de la bénédiction de l’orgue l’a été par M. Jean-Baptiste Fourcassie, président du Comité Paroissial et arrière-grand-père de M. Berges. »

(source : www.cathedralenoumea.com/Cathedrale/VisiteOrgue.php avec l’aimable autorisation de Serge Chaubet, président de l’association « La Cathédrale, notre patrimoine ».)

 

« 1909 28 Avril : Inauguration des orgues de la cathédrale de Nouméa. »

(Contribution à l'histoire du pays Kanak, Nouméa, éd. IKS, 1983, p. 47)

Jacques Bertrand, de la société Gonzalez intervint à la fin des années 1950 pour remédier à des problèmes de mécanique causés par un montage réalisé en 1909 par des non spécialistes, simplement appuyés par les indications de la maison Mutin. Un ventilateur électrique fut installé à cette occasion.

Une Association des Amis de l'orgue de la Cathédrale de Nouméa fut créée en 1976 et, dès lors, l'entretien de l'instrument prit une autre tournure et fut plus régulier. En effet, un an plus tard, Jacques Bertrand revint pour une nouvelle intervention et la programmation de travaux à venir. Ceux-ci se réalisèrent en 1981 avec l'installation de trois jeux indépendants au pédalier, en partie grâce à l'emploi des tuyaux du bourdon 16' du grand-orgue, jeu dédoublé en 8' et 4' à la pédale tout en étant conservé au clavier. Au grand-orgue toujours, une fourniture de III rgs fut posée, donnant plus de brillant à l'instrument. Dans le même temps, un jeu de tierce 1 3/5' fut ajouté au récit (le sommier est commun aux deux claviers manuels).

En 1992, les qualités exceptionnelles de sa facture valurent à l'instrument d'être classé au Patrimoine historique de la Province Sud.

En 1994, un jeu de basson 16' compléta le pédalier, posé par Jacques Bertrand. Un an plus tard, un nouveau ventilateur Meidinger remplaça le précédent et l'octavin 2' du récit fut recoupé en doublette 2'. En 1997, l'accouplement à l'octave grave, difficilement jouable car très dur fut supprimé et en 1999, Jean-Marc Cicchero intervint une nouvelle fois sur l'orgue pour résoudre des problèmes d'étanchéité.

Le climat n'étant pas particulièrement favorable à l'orgue, son état se dégrada rapidement et une restauration complète en fut décidée. C'est la manufacture italienne des frères Marin qui en fut chargée. L'orgue partit pour l'Europe en caisses et fut remonté après réhabilitation de tous ses composants. L'inauguration eut lieu le mercredi 23 mai 2012 à 20h, par un récital donné par Mauro Cossu avec des pièces de François Couperin (extraits de la Messe pour les Couvents), J.-S. Bach (un choral et le Prélude et fugue en mi b majeur), Wesley, Bossi, Hollins, Dubois (Toccata), Yon et Widor (Toccata de la Cinquième Symphonie).


Orgue de la cathédrale Saint-Joseph de Nouméa Orgue de la cathédrale Saint-Joseph de Nouméa
Orgue de la cathédrale Saint-Joseph de Nouméa
( photos Jérôme Jean-Baptiste, avec son aimable autorisation  ) DR

Composition actuelle :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4', fourniture III rgs.
Récit expressif (56 notes) : Cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte douce 4', quinte 2 2/3', doublette 2', Tierce 1 3/5', trompette 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', bourdon 8', flûte 4', basson 16'.
Acc. II/I, tirasses I et II, appel et renvoi combinaisons (par boutons tournants), trémolo.

Blog de l'Association des Amis de l'orgue de la Cathédrale de Nouméa : http://orguemutincavaillecollnoumea.blogspot.fr/)


II) Eglise du Vœu (Nouméa)

Cette église, érigée en 1953, a été embellie en 1982 par l'achat d'un orgue de série Gonzalez, monté par une équipe encadrée par Jacques Bertrand.


Nouméa, église du Vœu - Photo Jean-Marc Cicchero
Nouméa, église du Voeu - Photo Jérôme Jean-Baptiste
Nouméa, église du Vœu
( photo Jean-Marc Cicchero ) DR
( photo Jérôme Jean-Baptiste ) DR

Composition actuelle :

Grand-orgue (56 notes) : Flûte à fuseau 8', prestant 4', doublette 2', plein-jeu III rgs, cromorne 8'.
Récit expressif (56 notes) : Bourdon 8', principal 4', nasard 2 2/3', quarte 2', tierce 1 3/5', cymbale II rgs, trompette 8.
Pédale (32 marches) : Soubasse 16, bourdon 8, flûte 4 (par dédoublements).
Acc. II/I, tir. I et II.

III) Temple (Nouméa)


Nouméa, temple protestant - Photo Camille Moreau, avec l’aimable autorisation de Pierre Guéniot
Nouméa, temple protestant - Photo Jérôme Jean-Baptiste, avec son aimable autorisation
Nouméa, temple protestant
( Photo Camille Moreau, avec l’aimable autorisation de Pierre Guéniot ) DR
Nouméa, temple protestant
( photo Jérôme Jean-Baptiste, avec son aimable autorisation ) DR

Bâtiment inauguré en 1893. Le Vieux Temple Protestant du Boulevard Vauban possède un orgue du facteur Davidson qui remonterait à 1872 (antérieur, donc, au temple lui-même ; il provenait sans doute d'un autre lieu de culte, peut-être d'Australie, et fut posé sur la tribune du temple de Nouméa en 1901).

Composition actuelle :

Clavier manuel (56 notes) : Open diapason 8', stopped diapason 8', dulciana 8', principal 4', rohrflöte 4', fifteenth 2'.
Pédale (25 marches) : Double diapason 16', bourdon 16'.
Tirasse permanente, appel et renvoi, expression.
Cet instrument et les autres orgues de Nouméa ont bénéficié d'un entretien par J.-M. Cicchero en 1999. Jacques Bertrand (société Gonzalez) est également intervenu sur les instruments des églises et temple durant chacun des séjours qu'il a effectués en Nouvelle-Calédonie.

IV) Nouméa, orgue privé

Un orgue de salon à deux claviers et pédalier d'un jeu (bourdon 8'), doté d'une traction mécanique, a été construit en 1969 par la firme Michel Merklin et Kühn pour une résidence privée.


Guyane

On peut trouver de nombreuses informations sur les orgues de Guyane ainsi que des photos en se rendant sur le site internet de l'école d'orgue très dynamique de ce département, dont voici l'adresse : http://ecole.orgue.guyane.free.fr/

Grand-orgue de la cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne
Grand-orgue de la cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne
( photo Jérôme Jean-Baptiste, 2015 ) DR

I) Cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne (grand orgue)

La Cathédrale, construite de 1825 à 1833, abrite un magnifique et récent instrument à tuyaux, commandé en 2003 et installé par tranches à partir de 2008. C'est le père Joseph Plug, responsable de la musique sacrée en Guyane et promoteur de l'école d'orgue qui compte plusieurs dizaines d'élèves, qui fut instigateur du projet caressé depuis longtemps. En effet, à la fin des années 1980, le dynamisme de ce prêtre avait gagné de nombreux mélomanes et alors qu'un instrument de taille importante commençait à être installé, une tempête pénétra par la toiture de la Cathédrale, endommageant gravement l'instrument. Le facteur déposa le bilan peu après et les choses en restèrent là pendant dix ans. Heureusement, peu à peu, le désir de voir la tribune ornée d'un orgue regagna les esprits, tant et si bien qu'un nouveau facteur, Dominique Lalmand, fut pressenti, que les travaux s'engagèrent et que le 14 juin 2008, Jean-Pierre Legay venait inaugurer le nouvel instrument (source : revue Orgues nouvelles, n°1, juin 2008, p. 45)).

Composition actuelle :

I Grand-orgue (56 notes) : Montre 8' (basses et dessus), bourdon 8', prestant 4' (B et D), quinte 2 2/3' (B et D), doublette 2', cornet V rgs, plein-jeu V rgs, chamade 4/8' (B et D).
II Grand-Chœur (56 notes) : Bourdon 16', flûte ouverte 8', principal 4', tierce 3 1/5', grand cornet V rgs, plein-jeu VI rgs, trompette 8', clairon 4'.
III Récit expressif (56 notes) : Bourdon 8', flûte traversière 8', gambe 8', unda-maris 8', flûte octaviante 4', octavin 2', sifflet 1', trompette harmonique 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.
IV Positif (56 notes) : Bourdon 8', prestant 4', flûte 4', nazard 2 2/3', quarte 2', tierce 1 3/5', larigot 1 1/3', plein-jeu V rgs, cromorne 8'.
Pédale : Flûte 16', flûte 8', quinte 5 1/3', prestant 4', bombarde 16', trompette 8'.
Acc. II/I, III/I, IV/I, III/II, IV/II, tirasses I, II, III, IV, tremblant IV, tremblant doux I et II, trémolo III.

II) Cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne (orgue de chœur)

Il s'agit d'un orgue polyphone Debierre transformé et augmenté. Les tirants sont situés au-dessus du clavier manuel.

Composition actuelle :

Clavier manuel (56 notes) : Bourdon 16' (basse probablement en 5 1/3'), principal 8', bourdon 8', prestant 4', nazard 2 2/3', plein-jeu, trompette 8'.
Pédale : Soubasse 16', bourdon 8', douçaine 16'.


St-Joseph d'Iracoubo
Orgue de l’église Saint-Joseph d’Iracoubo
(avec l’aimable autorisation d’Annick Cotel) DR.

III) Eglise Saint-Joseph d'Iracoubo

Cette magnifique église, construite entre 1887 et 1893 a été décorée par un ancien bagnard. C'est un harmonium qui accompagnait depuis longtemps les cérémonies religieuses et l’organiste, M. Belair, désirait doter l'édifice d'un orgue à tuyaux. L'occasion se présenta ainsi : un organiste amateur de facture, Dominique Delepierre avait conçu un petit instrument pour son usage personnel et souhaitait s'en débarrasser à l'occasion de son déménagement. Il le proposa à la Guyane où un appel aux élus locaux et mécènes fut lancé avec succès. L'orgue quitta la Métropole pour Iracoubo où il fut remonté par le facteur Dominique Promonet qui avait, d'ailleurs, participé à l'harmonisation des tuyaux. L'instrument a été béni et inauguré le 11 novembre 2002. Il est doté de deux claviers et d'un pédalier et son buffet est tout à fait dans le ton du bâtiment. Les jeux se tirent par des palettes à course latérale situées de part et d'autre des claviers (à gauche pour les jeux du clavier supérieur et à droite pour ceux du clavier inférieur). Cet orgue est entretenu régulièrement par le facteur Dominique Lalmand.

Composition actuelle :

Grand-orgue : Flûte 8', prestant 4', doublette 2'.
Positif : Bourdon 8', petite flûte 4', larigot 1 1/3'.
Pédale : sans jeu indépendant, en tirasse.
Acc. II/I


IV) Eglise Saint-Michel de Matoury

Cette église a récemment été dotée d'un orgue par le facteur Pascal Quoirin avec un buffet doré à la feuille d'or. C'est le 63è instrument construit par la manufacture. Les dessins du buffet et de la tribune ont été réalisés par Pascal Quoirin et la mécanique a été conçue par Laurent Mesme. Ce bel instrument comporte 1776 tuyaux et pèse près de 10 tonnes.

Composition actuelle :

Positif (56 notes) : Bourdon 8', salicional 8', prestant 4', flûte 4', nazard 2 2/3', flûte 2', tierce 1 3/5', plein-jeu, cromorne 8'.
Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', traverso 8', prestant 4', flûte 4', doublette 2', cornet V rgs, plein-jeu V rgs, trompette 8', voix humaine 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', flûte 8', octave 4', basson 16', trompette 8'.
Acc. I/II, tirasses I et II, tremblants I et II.


V) Eglise Notre-Dame-de-Lourdes de Balata

Cette église devenue paroissiale en juin 2009 possède un orgue récent de deux claviers et pédalier.

Composition actuelle :

Grand-orgue (56 notes) : Principal 8', montre 4', tierce 1 3/5'.
Positif (56 notes) : Bourdon 8', flûte à biberon 4', doublette 2', larigot 1 1/3', régale 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', basse 8'.
Tirasses I et II, acc. I/II et II/I
Les accouplements se font par pédales à accrocher.
L'instrument a été révisé en 2006 par le facteur Dominique Lalmand.


VI) Ecole d'orgue de Guyane (orgue d'étude) 

Ce lieu d'étude possède un orgue du facteur Pascal Quoirin (2003).

Composition actuelle :

Manuel 1 (56 notes) : Montre 8', dulcian 8' (sorte de cromorne de petite taille)
Manuel 2 (56 notes) : Bourdon 8', flûte 4'.
Pédale (32 marches) : sans jeu indépendant.
Acc. I/II, tirasses I et II, tremblant doux.
Son buffet mesure 2m55 de haut et 2m42 de large et son poids est d'environ 750 kg.

« D'autres petits instruments d'étude à deux claviers-pédalier et un ou deux jeux servent également pour la formation des organistes de Guyane. »



Orgue disparu

Il convient de signaler qu'un orgue Merklin-Schütze avait été installé dans la cathédrale de Cayenne en 1861. Au fil des ans, cet instrument aujourd'hui disparu avait fait l'objet de transformations et d'augmentations.

La tribune, en bois à l'origine, donnait des signes de faiblesses à la fin des années 1960 et fut remplacée par une tribune en béton. A cette occasion, l'orgue Merklin fut démonté et ses éléments furent déposés dans la crypte située sous le choeur de la cathédrale. On en perdit la trace peu de temps après. Un orgue polyphone Debierre (peut-être le dernier construit par la manufacture, vers 1968-69) remplaça cet orgue Merklin sur la nouvelle tribune de la cathédrale. Lorsque la construction d'un grand orgue fut amorcée à partir de 1989, ce polyphone prit le chemin de Matoury, où le père Plug était alors curé, puis fut expédié en métropole au moment de la construction de l'orgue Quoirin dans l'église Saint-Michel. Il ne s'agit pas du polyphone placé dans le choeur de la cathédrale qui, lui, provient de Tours, acheté par le père Plug. Une des dernières organistes de l'orgue Merklin fut Soeur Paul.

Voici un témoignage évoquant l'orgue en question :

  "La cathédrale était pleine de monde, à déborder sur la place, à la messe de Pâques : l'orgue et les chants s'en donnaient à toute volée. Je dois même mentionner une effroyable cacophonie dur au mélange de l'orgue et des chants avec une fanfare jouant des danses, des marches et des pas redoublées ; pour comble, je reconnus, sinon les mêmes musiciens, du moins les mêmes airs que la veille au bal créole. Autour de moi, on paraissait ravi d'entendre un pareil charivari. Il paraît que des sons comme des goûts, on ne discute pas. Chacun a sa manière d'honorer Dieu, et peut-être notre grande musique religieuse paraîtrait-elle fade aux oreilles créoles ! Elle demande une étude, d'ailleurs. L'idée qu'on se fait de Dieu dépend de la science qu'on possède ; on ne peut en imposer une plutôt qu'une autre.
Les Frères des Ecoles chrétiennes sont très populaires à Cayenne : c'est leur fanfare qui jouait à la grand' messe et nous gratifiait de ses airs intempestifs."

(Albert Bordeaux, La Guyane inconnue, Paris, Plon, 1914, p. 207.)


Martinique

L'histoire complexe de l'orgue à La Martinique - notamment celle des instruments qui se sont succédé dans la Cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France –, et qui comporte encore plusieurs incertitudes, a été patiemment retracée par le professeur Gérard Gabriel Marion dans une étude non publiée intitulée « La Martinique et ses orgues tropicaux ».

I) Cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France

L'ancienne Cathédrale a connu plusieurs instruments. Un orgue de Daublaine-Callinet fut posé vers 1845, peut-être remplacé autour de 1862 par un orgue Merklin (Malou Haine et Nicolas Meeùs, sous la direction de, Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du 9è siècle à nos jours, éd. Pierre Mardaga, Liège, 1986, p. 294). On sait, en effet, que Merklin a effectué un certain nombre de travaux et construit des instruments destinés à La Martinique entre 1843, année où il s'établit à son compte et 1870, mais le détail en est encore confus.

Pour ce qui concerne les orgues de chœur de cette ancienne Cathédrale, un premier instrument fut installé par un facteur inconnu vers 1855. Il aurait coûté 12 000 francs. C'est peut-être un orgue Merklin qui lui succéda dans les années 1870.

Revenons aux grandes orgues. En 1881, Cavaillé-Coll construisit un orgue de 32 jeux et trois claviers (opus 535) comprenant 12 jeux au grand-orgue, 8 au positif, 8 au récit et 4 à la pédale. A l'occasion de la bénédiction de cet instrument le 19 mars 1882, l'abbé Zéphirin Gosse (1829-1887), vicaire général, fit un discours publié l'année suivante (Discours prononcé en l'église-cathédrale de Fort-de-France le 19 mars 1882 pour la bénédiction des nouvelles orgues, Paris, Librairie catholique, 1883). La facture de l'instrument proprement dit s'élevait à 67 000 francs, à 80 000 francs en comptant les accessoires, le transport et le montage dont 25 000 offerts par le clergé local et les paroissiens, selon l'abbé Gosse.

« C'est une douce joie pour vous, Messieurs de l'administration fabricienne, qui avez su par une industrieuse économie, par une sage gestion des affaires financières paroissiales, faire face à une dépense si considérable sans augmenter les charges des fidèles.
C'est une récompense et une joie pour vous, mes Frères, riches ou pauvres, qui avez contribué, les uns par une humble obole, les autres par une abondante générosité, à la réalisation d'une oeuvre monumentale, - magnifique couronnement de ce temple qui avait déjà sa beauté intérieure, ses voix extérieures et retentissantes et à qui il ne manque plus aucun genre de perfection, - d'une oeuvre artistique, désormais la gloire de votre cité, la gloire aussi de la colonie et du diocèse de la Martinique.
La bénédiction donnée il y a un instant à ce nouvel orgue l'a placé parmi les choses sacrées du temple et lui a confié une mission spéciale. »
(p. 7)

C'est aussi par son discours que l'on apprend que l'orgue bénéficiait d'une machine Barker, d'une ou deux boîtes expressives, de pédales de combinaisons, de jeux ondulants, d'accouplements à l'octave et peut-être d'un jeu de 32 pieds (ce qui semble sujet à caution, la pédale ne comptant que quatre jeux) :

« Les orgues de M. Cavalier-Coll [sic] ont des appareils expressifs qui enlèvent à l'orgue sa rigidité et lui donnent quelque chose de l'inflexion de la voix naturelle ou des instruments maniés par l'archet et aussi des jeux ondulants.
Tous ces perfectionnements sont dans l'orgue de Fort-de-France ; il en est un qui est là appliqué pour la première fois. Les accouplements obliques qui n'avaient lieu que pour les claviers déjà accouplés y sont possibles pour chaque clavier en particulier. Cet orgue a 32 jeux, 2 200 tuyaux ; les plus forts ont seize pieds et le principal étant bouché a une tonalité de 32 pieds. » (p. 31)

La

cathédrale de Fort-de-France au début du XXe

siècle
La cathédrale de Fort-de-France au début du XXe siècle avec l'orgue Henri Didier (à gauche avant l'entrée du chœur) qui se trouve aujourd'hui dans l'église du Morne Rouge
( coll. O. Geoffroy ) DR

Ce Cavaillé-Coll figure dans le catalogue Mutin (op. cit., p. 28) sous l'appellation suivante : « Martinique : Fort-de-France, paroisse - 1er Grand Orgue ».

Il était tenu par Charles Pornain, précédemment organiste à la Cathédrale de Saint-Pierre.

La composition de cet instrument a été retrouvée par Jesse Eschbach qui nous l'a aimablement communiquée. La voici :

Grand-Orgue (56 notes) : Jeux de Fonds : Bourdon 16’, Montre 8’, Bourdon 8’, Salicional 8’, Gambe 8’, Prestant 4’, Jeux de Combinaison : Doublette 2’, Plein-Jeu III rgs, Cornet II-V rgs, Basson 16’, Trompette 8’, Clairon 4’.

Positif (56 notes) : Flûte Harmonique 8’, Bourdon 8’, Gambe 8’, Flûte Douce 4’, Flageolet 2’, Cornet III rgs, Basson 8’, Clarinette 8’.

Récit expressif (56 notes) : Flûte Traversière 8’, Viole de Gambe 8’, Voix Céleste 8’, Flûte Octaviante 4’, Octavin 2’, Trompette 8’, Basson et Hautbois 8’, Voix Humaine 8’.

Pédale (30 notes) : Jeux de fonds : Flûte 16’, Flûte 8’ , Jeux de combinaison : Bombarde 16’, Trompette 8’.

Le 22 juin 1890, la Cathédrale fut endommagée par le grand incendie de Fort-de-France qui détruisit aussi l'orgue Cavaillé-Coll. L'orgue de chœur ne subsista pas non plus. Une toiture provisoire fut rapidement posée ainsi qu'un orgue de chœur de 4 jeux du facteur Henri Didier :

« La Maison Didier, d'Epinal, construisit un petit orgue exprès pour l'église provisoire. Il était de quatre jeux complets, et d'une valeur de 40 000 francs, mais M. Didier le céda pour 18 000 francs afin de contribuer au relèvement de la paroisse. » (Solange Contour, Fort-de-France au début du siècle, Paris, L'Harmattan, 1994, 224 p., p. 139)

Un an plus tard, la Cathédrale était dévastée par un cyclone. La toiture de l'édifice fut emportée et le petit orgue Didier disparut.

La Cathédrale actuelle fut reconstruite entre 1891 et 1895. Plusieurs instruments s'y succédèrent : un orgue Henri Didier posé avant l'entrée du chœur à gauche fut utilisé jusqu'en 1922 puis remonté à l'église du Morne Rouge où il se trouve toujours. En effet, c'est en 1922 qu'un orgue Mutin prit place en tribune. Cet instrument d'un coût de 80 000 francs fut inauguré le 21 mai par Griffit, organiste de Port-d'Espagne (Trinidad) avec les oeuvres suivantes : Un Offertoire de J.-B. Montford, la Prière à Notre-Dame de la Suite gothique de L. Boëlmann et une transcription du chœur final du Messie de Haendel. En juillet 1926, une tornade arracha le toit de la Cathédrale et l'orgue subit une inondation. Il ne retrouva sa voix que le 26 décembre 1927. Dans un article publié dans la revue L'Orgue, le père Robert Huré (1914-1989), spiritain et organiste lui-même, évoquait brièvement l'histoire de cet instrument (L'Orgue, n° 57, Paris, Floury, 1950 / IV, p. 115-120).


Un enregistrement de la Chorale de la cathédrale de Fort-de-France, sous la direction du Père Robert Huré, avec à l'orgue Liliane Mélan
DR.
La cathédrale de Fort-de-France avec l'orgue Haerpfer de 1936
que l'on aperçoit sur la tribune latérale de gauche.
(coll. O. Geoffroy) DR.
L'orgue Mutin se trouve aujourd'hui dans l'église des Terres-Sainville où il a été transféré en 1936, car cette année-là, c'est un nouvel instrument de Frédéric Haerpfer, comptant 51 jeux et 3518 tuyaux sur trois claviers et pédalier qui fut placé sur une tribune latérale et inauguré le 8 octobre par E. Demont, organiste à Pointe-à-Pitre dans des oeuvres de Bach, Franck, Gigout et Widor. Dans l'article précité, le père Huré en indique la composition :

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte ouverte 8', salicional 8', prestant 4', flûte pastorale 4', octavin 2', quinte 2 2/3', fourniture IV-VI rgs, basson 16', trompette 8', clairon 4'.

Positif (56 notes au clavier, 68 au sommier) : Quintaton 16', diapason 8', cor de chamois 8', salicional 8', flûte douce 8', unda maris 8', flûte octaviante 4', flûte pointue 4', doublette 2', quinte conique 2 2/3', cornet IV rgs, basson-hautbois 8', cromorne 8'.

Récit expressif (56 notes au clavier, 68 au sommier) : Principal d'amour 8', cor de nuit 8', quintaton 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', octave 4', flûte douce 4', nasard 2 2/3', flûte champêtre 2', tierce 1 3/5', cymbale III rgs, voix humaine 8', chalumeau 4'.

Pédale (32 marches) : Contrebasse 16', soubasse 16', bourdon 16', quinte-basse 10 2/3, octavebasse 8', violon 8', choralbasse 4', sifflûte 2', cornet V rgs, bombarde 16', trompette 8', clairon 4'.

Tir. I, II et III, acc. Pos/GO en 16, 8 et 4, Réc/GO en 16, 8 et 4, Réc/Pos, Pos. en 16 et 4, Réc. en 16 et 4, combinaisons fixes (p, mf, f et ff), tutti sans anches, tutti avec anches, trois combinaisons libres, crescendo général.


Bien que l'on manque d'informations précises au sujet des orgues de la cathédrale avant les années 1930 – c'est malheureusement à cette époque que les archives paroissiales ont brûlé -, on connaît néanmoins les raisons qui ont conduit au transfert et au remplacement de l'orgue Mutin. D'une part, l'instrument placé en tribune sous le clocher était ébranlé et fragilisé par la sonnerie des cloches et, d'autre part, des études avaient montré que l'acoustique était plus favorable au déploiement des sons depuis les tribunes latérales que depuis la tribune située au revers du portail principal. Plutôt que de déplacer l'orgue Mutin, à la composition relativement modeste pour un grand édifice (cf. notice consacrée à l'orgue des Terres-Sainville), il a été jugé préférable de le transférer à l'église Saint-Antoine et de construire pour la cathédrale un orgue plus important dont la partie instrumentale fut posée dans la tribune latérale de gauche tandis que la console était installée en face dans la tribune latérale de droite. Le père spiritain Julien Le Léal (1882-1934) a été l'un des premiers organistes de l'orgue Mutin. Professeur au collège de Fort-de-France à partir de 1912, il était retourné en France en 1920 avant de faire un second séjour dans les Antilles, notamment en Guadeloupe. D'après les archives de la Congrégation spiritaine :

Le Révérend Père Baumann, maître de chapelle et organiste à la cathédrale de Fort-de-France, 1935
(Le Monde colonial illustré, janvier 1936) DR.

« C'est avec joie qu'il reprit ensuite sa place à la Martinique, professeur au collège et organiste à la cathédrale. Il avait toujours tenu les orgues, à Chevilly d'abord, puis à la Trinitad et en Haïti. A Fort-de-France, son talent était unanimement reconnu et admiré. Quand il était à l'orgue, il était réellement transformé : pâle, décharné, les yeux brillants, ses grands cheveux en désordre, c'était le type classique de l'artiste. Il sortait de là exténué, mais il y revenait sans cesse. Il déclarait que c'est là qu'il goûtait les meilleures joies de sa vie. » [http://spiritains.forums.free.fr/defunts/lelealj.htm]

Il quitta Fort-de-France en 1930 et, pour raisons de santé (il a souffert toute sa vie de l'estomac et de malaises nerveux), revint en France l'année suivante afin de se reposer et de se soigner. Il mourut le 8 juin 1934 à l'âge de 52 ans et n'aura donc jamais eu la chance de connaître l'imposant orgue Haerpfer de 1936 qu'il aurait sans doute appelé de ses voeux.

Concernant la bénédiction de cet instrument, voici un extrait de La Dame de Balata d'Alice Delpech (Paris, L'Harmattan, 1990, pp. 295-296) :

« Le 6 octobre [...] L'arrivée prochaine du gouverneur Alberti s'annonçait délicate car pleine d'embûches.
Mais les Foyalais, très pieux, laissèrent ces pronostics de côté pour fêter l'inauguration solennelle des orgues de la cathédrale Saint-Louis.
Dès quinze heures trente, hommes, femmes, enfants affluèrent des différentes rues vers la cathédrale. Chacun espérait trouver une place suffisamment tôt pour ne rien perdre du spectacle. La cérémonie devait se dérouler en trois phases.
D'abord le concert d'orgue, sous l'impulsion de M. Demont, organiste de Saint-Pierre et Paul de Pointe-à-Pitre.
Puis le discours de M. le chanoine Auber sur le thème : le chant au service de l'église des Hébreux à nos jours.
Enfin, les chants par la chorale de l'Ouvroir sous la direction du Révérend Père Baumann. Sous ces mains habiles, les anciennes orgues remplirent l'église d'allégresse.
Dehors, la foule s'écarta pour livrer passage à l'important cortège, ayant à sa tête l'évêque revêtu de la « Cappa magna ».
Il était cinq heures et demie précises.
Sur le trône se tenait Monseigneur Lequiem, assisté de Monseigneur Boyer, administrateur du diocèse de la Guadeloupe et de Monseigneur Second, vicaire général du diocèse. […]
Les nouvelles orgues reçurent la bénédiction épiscopale et le concert commença.
Pour les connaisseurs et les profanes, l'éblouissement jaillissait de la beauté poignante de cette musique sacrée dans ces lieux si appropriés.
Et c'est presque dans l'envoûtement que les oeuvres de Haendel, de Bach et de Franck résonnèrent.
Monsieur Demont, organiste aveugle de grand talent, dont l'âme guidait les mains, faisait passer sur l'assistance un souffle d'intense émotion. […]
Il était évident que l'acquisition de ces orgues dotait l'île d'un présent royal.
L'inauguration solennelle des grandes orgues resterait la plus belle fête religieuse et artistique de 1936 […]. »

Si l'on en juge par les accessoires dont l'orgue disposait et les pratiques de la Maison Haerpfer à cette époque, sa transmission était très probablement électro-pneumatique. Cet instrument tomba malheureusement de la tribune lors du séisme du 19 mars 1953. Les tuyaux éparpillés sur le sol furent emportés par des riverains et seule la console, ultime relique de l'instrument, subsista durant quelques années à l'extrémité d'une tribune latérale avant de disparaître à son tour.

Fort-de-France,

cathédrale Saint-Louis
Fort-de-France, cathédrale Saint-Louis
( photo Pierre Giroud  ) DR

A partir de 1964, un instrument de Roethinger (opus 346 ?) fut placé dans le chœur où il demeura jusqu'en 1976. Cette année-là, avec l'accord du père Huré, la Maison Laval-Thivolle effectua son transfert dans l'église Notre-Dame de Bellevue et installa dans le chœur de la Cathédrale l'orgue qui s'y trouve aujourd'hui encore et qui est constitué de l'avant du buffet Cavaillé-Coll de l'ancien orgue de la Cathédrale de Pointe-à-Pitre avec une partie instrumentale hétérogène. Quelques jeux du récit seraient encore de Cavaillé-Coll, d'autres proviendraient d'Algérie, peut-être de l'ancien orgue de 25 jeux de la Cathédrale Saint-Philippe d'Alger construit en 1928-29 par Michel-Merklin et Kühn et dont une partie de la tuyauterie démontée vers 1962 par Alain Sals a justement été vendue à Laval-Thivolle, d'après le site internet http://orgue.algerie.free.fr. L'étude de la tuyauterie semble accréditer cette thèse. A l'époque, le père Huré s'est exprimé à propos de cet instrument dans un article paru dans l'Hebdomadaire chrétien de la Martinique (Robert Huré, « L'orgue de la cathédrale », Aujourd'hui dimanche, n° 721, 17 octobre, p. 1 et 3).

Les sommiers actuels sont à registres, de Laval-Thivolle. La traction est électrique pour les notes et les jeux, de même type que pour l'orgue de Gourbeyre, en Guadeloupe. Sous l'impulsion de Pierre Giroud, organiste, une restauration de l'instrument fut réalisée par Jean-Louis Laval en 1990 (remplacement du ventilateur sous-dimensionné jusqu'alors, nettoyage complet de l'orgue, réfection de toutes les chapes, modification du buffet avec percement des joues latérales afin de permettre un meilleur déploiement du son, déplacement de la console à l'avant du buffet, tournée vers la nef, et réharmonisation de l'ensemble des jeux). L'inauguration de ces travaux eut lieu le vendredi 21 septembre 1990, avec Pierre Giroud aux claviers dans des oeuvres de J.-S. Bach, Frescobaldi, Couperin, Marchand, Liszt, Jehan Alain. Le concert s'est conclu par des improvisations. Georges Delvallée joua l'instrument à Noël 1991 ainsi que Suzanne Chaisemartin en octobre (concert annulé par le clergé pour cause de tempête tropicale). En 1992, l'orgue sonnait sous les doigts de Pierre Giroud lors d'un concert avec la Maîtrise des Hauts-de-Seine placée sous la direction de Pierre Bardon.


Pierre

Giroud à l'orgue de la cathédrale Saint-Louis de

Fort-de-France
Pierre Giroud à l'orgue de la cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France au début des années 1990. La console est alors placée devant l'orgue, tournée vers la nef
( photo Pierre Giroud ) DR
En 1997, la console fut de nouveau déplacée sur le côté de l'instrument et les contacts à aiguilles de la console Laukhuff (trois claviers et pédalier) furent réparés par la Maison Casavant qui, à cette occasion, réharmonisa les jeux. Cet instrument a malheureusement été victime de vols répétés dans sa tuyauterie.

Composition actuelle :

Grand-Orgue : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', prestant 4', flûte 4', quinte 2 2/3', doublette 2', fourniture V rgs, trompette 8', clairon 4'.

Positif : Principal 8', flûte à cheminée 8', principal 4', flûte 4', quinte 2 2/3', flûte 2', tierce 1 3/5', cornet V rgs (appel collectif du jeu de tierce), cymbale III rgs, cromorne 8'.

Récit expressif : Diapason 8', cor de nuit 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', nazard 2 2/3', flûte 2', plein-jeu IV rgs, trompette 8', basson-hautbois 8'.

Pédale : Soubasse 16', principal 16' (bouché), basse 8', principal 4', Bombarde 16', trompette 8', clairon 4'.

Tir. I, II et III, acc. II/I, III/I en 16, 8 et 4, II/II en 16 et 4, III/III en 16 et 4, appels anches I, II, III et Péd, appels mixtures I, II et III, combinaisons fixes (pp, p, mf, f, ff et tutti), crescendo, tremblant récit, triple registration.


II) Eglise Notre-Dame (Coeur Immaculé de Marie) de Bellevue, Fort-de-France


Le

Père Robert Huré (1914-1989)
Le Père Robert Huré (1914-1989), prêtre et organiste, à la console de l'ancien orgue de la Cathédrale de Fort-de-France, avant le déplacement en 1976 de cet instrument dans l'église Notre-Dame de Bellevue
( photo X…, coll. Pierre Giroud ) DR
Fort-de-France,

Notre-Dame de Bellevue
Fort-de-France, Notre-Dame de Bellevue
( photo Sébastien Fohrer ) DR.

Cette église, érigée en 1946, est dotée d'un orgue Roethinger, à l'origine construit en 1964 pour la Cathédrale de Fort-de-France, finalement jugé trop petit pour sa destination initiale puis transféré à Bellevue par Laval-Thivolle. Un orgue était présent dans le chœur de l'église sous la forme d'un gros positif et Laval-Thivolle a ajouté une console de trois claviers permettant de jouer à la fois l'orgue de tribune et l'orgue de chœur. En 1999, l'orgue de chœur a été démonté et remisé et la console de trois claviers à la transmission problématique fut détruite.

Les sommiers sont de facture traditionnelle, à gravures, la traction des notes est électrique (électro-pneumatique pour les 12 premières notes) et le tirage de jeux est électrique (de Laval-Thivolle, remplaçant un système électro-pneumatique). L'instrument devrait prochainement être restauré.

Composition actuelle :

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4', doublette 2', cornet V rgs, fourniture VI rgs, trompette 8', clairon 4'.

Positif de poitrine expressif (56 notes) : Bourdon 8', salicional 8' (à partir de c), voix céleste 8', flûte à cheminée 4', nazard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5' (manquante), cymbale III rgs, basson-hautbois 8', cromorne 8'.

Pédale (30 marches) : Soubasse 16', flûte 8', flûte 4', bombarde 16', trompette 8'.


Le positif de cinq jeux ajouté à l'orgue peu après son transfert dans l'église de Bellevue, jouable à partir d'une console totalisatrice qui permettait également de faire jouer l'orgue de tribune a été démonté à la fin des années 1990 et transféré dans l'église de Sainte-Marie (Martinique). Sa composition était la suivante :

Clavier manuel (56 notes) ; Bourdon 8', prestant 4', nazard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5'

La tierce provenait sans doute du récit expressif de l'orgue Roethinger et elle ne semble pas avoir repris sa place originelle après le déménagement du positif de chœur.

III) Eglise Saint-Antoine de Padoue des Terres-Sainville, Fort-de-France

 

L'église Saint-Antoine construite au milieu des années 1920 abrite un orgue Mutin-Cavaillé-Coll de 1922, posé en tribune. Destiné à l'origine à la Cathédrale de Fort-de-France, il y resta jusqu'en 1936 avant d'être transféré par le frère Alban assisté d’une équipe locale dans l'église des Terres-Sainville. Il s'agit probablement de l'instrument qui figure dans l'inventaire Cavaillé-Coll-Mutin (op. cit., p. 28) sous la dénomination : « Martinique : Fort-de-France, Cathédrale Saint-Louis - Grand Orgue ».

 

Par deux fois dans des articles consacrés aux orgues successifs de la cathédrale de Fort-de-France, le père Huré attribuait 26 jeux à l'instrument, mais un relevé effectué en 1977 par Jean-Louis Laval mentionnait 14 jeux réels.

 

Les jeux sont donnés dans l'ordre des chapes au sommier à double laye placé en boîte expressive (source : archives Laval-Thivolle, information aimablement communiquée par le facteur Thierry Lemercier) :

 

Jeux réels (deux claviers, Grand-Orgue et Récit, de 56 notes) : Montre 8', prestant 4', flûte harmonique 8', violoncelle 8', bourdon 16', bourdon 8', flûte octaviante 4', doublette 2', plein-jeu III rgs, basson 16' (basses acoustiques), trompette harmonique 8', clairon harmonique 4'.

 

Sommier de pédale (30 notes) : Contrebasse 16', bombarde 16'.

 

La pédale compte, en plus des deux jeux de 16' cités, l'emprunt de plusieurs jeux du grand-orgue (soubasse 16', flûte ouverte 8', bourdon 8', violoncelle 8').

 

A l'exception de la montre et des deux jeux réels de pédale, tous les jeux sont dans la boîte expressive.

           

Eric Brottier, ingénieur des arts et métiers, technicien-conseil pour le Ministère de la culture a effectué un inventaire complet de l'instrument au mois de décembre 2018. Nous lui empruntons le descriptif technique qui suit. Celui-ci confirme le relevé de 1977 avec toutefois une affectation plus précise des jeux :

 

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', Montre 8', flûte harmonique 8', violoncelle 8', prestant 4'.

 

Récit (56 notes) : Bourdon 8', flûte octaviante 4', doublette 2', plein-jeu III rgs, basson 16', trompette 8', clairon 4'.

 

Pédale (30 notes) : Contrebasse 16', soubasse 16', flûte ouverte 8', bourdon 8', violoncelle 8', bombarde 16'.

 

Orgue Mutin-Cavaillé-Coll de l’église Saint-Antoine des Terres-Sainville à Fort-de-France
( photos Jérôme Jean-Baptiste ) DR

La console comporte également les deux tirasses et un accouplement du récit au grand-orgue ainsi qu'un accouplement à l'octave grave du récit sur le grand-orgue. Cinq autres cuillers ont disparu avec le nom de leur affectation, de sorte qu'il est difficile de savoir quels étaient les autres accessoires. Les porcelaines Mutin d'origine sont conservées (lettres noires pour les fonds, rouges pour les anches, cerclages bleus pour les manuels, rouges pour la pédale. La porcelaine de flûte octaviante est cerclée de mauve et celle de trompette - qui avait sans doute disparu - a été refaite avec lettres gothiques, peut-être par Roethinger).

 

Après son transfert de la cathédrale de Fort-de-France, l'orgue a été relevé par les établissements Roethinger en 1952 et par Laval-Thivolle en 1977-78. Lors de l'un de ces relevages, la machine Barker a été supprimée et la mécanique a été revue à l'intérieur du buffet. De plus, la soufflerie a été transformée et deux réservoirs à table flottante ont remplacé les deux réservoirs à plis parallèles superposés d'origine. Des porte-vent en Westaflex et PVC ont pris la place de porte-vent en bois. Les pompes à bras ont disparu et l'alimentation en air était assurée par une turbine Meidinger.

 

Actuellement, le tirage de jeux est mécanique avec renvois par sabres et équerres en fer, le tirage des notes des claviers manuels et de la pédale empruntée est mécanique (en console avec vergettes en sapin et, à l'intérieur, avec vergettes à fils et serre-câbles). L'abrégé du second clavier est horizontal et placé sous le sommier. Les deux jeux réels de pédale sont placés de part et d'autre du buffet art déco sur des sommiers électro-pneumatiques, ce qui conduit M. Brottier à penser qu'ils ont été ajoutés a posteriori. La machine Barker et le bloc d'accouplements sont conservés dans les combles du clocher et il serait possible de les restaurer ou de les refaire à l'identique, le cas échéant.

 

Cet orgue ne fonctionne plus depuis de nombreuses années et son état est très mauvais (ensemble empoussiéré, pavillons de bombarde démontés, tuyaux d'anches du récit en partie échangés, alimentation hors-service, mécanique déréglée) mais, par chance, d'une manière générale, la tuyauterie conservée semble quasiment complète. Son intérêt patrimonial le destinerait à une restauration en règle et, de toute urgence, à quelques mesures de sauvegarde.

 

Fort-de-France,

chapelle des Sœurs de Saint-Paul de Chartres
Fort-de-France, chapelle des Sœurs de Saint-Paul de Chartres
( photo Sébastien Fohrer ) DR


IV) Chapelle des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, Didier, Fort-de-France

Dans cette chapelle de communauté religieuse, un petit orgue de deux claviers du facteur Haerpfer a été posé vers 1991-92. Il n'y a pas de tuyaux apparents en façade du sobre buffet qui contient la partie instrumentale mais des jalousies d'expression qui se manœuvrent à l'aide d'un levier de bois situé à la gauche de l'organiste.

Composition actuelle :

Grand-Orgue : Flûte conique 8', quarte 2', régale 8'.
Positif (56 notes) : Bourdon 8', flûte à cheminée 4'.
Pédalier (30 marches) : sans jeu propre.
Acc. II/I, tir. I et II.


V) Chapelle du Centre Emma Ventura de Fort-de-France
(orgue récemment disparu)

Cet ancien hospice pour personnes âgées existe depuis 1924. Les bâtiments ont été reconstruits en 1974 mais la chapelle de 1928, dédiée au Christ-Roi, est restée en l'état et son acoustique privilégiée en fait un lieu apprécié pour les concerts. Un orgue-coffre a été livré par Haerpfer vers 1995. Le cyclone Dean qui est passé en 2007 sur la Martinique a endommagé la toiture de la chapelle et l'orgue qui se trouvait déjà dans un état moyen a malheureusement du être jeté.
Clavier manuel : Bourdon 8', flûte 4’.


VI) Eglise de La Sainte-Trinité, Trinité

Orgue Adam de l’église de la Sainte-Trinité de Trinité
( photo Jérôme Jean-Baptiste ) DR.

L'église a été entièrement rebâtie en 1816-1817. Le petit orgue mécanique du facteur Paul Adam, de Lingolsheim, construit dans les années 1960, est actuellement entretenu par Nicolas Toussaint.

Composition actuelle :

Clavier manuel (56 notes) : Bourdon 8', principal 4', flûte 4', nazard 2 2/3, doublette 2', dessus de tierce 1 3/5', larigot 1 1/3'.
Pédalier (30 marches) : Soubasse 16', bourdon 8'.
Tirasse. Tous les jeux sont coupés en basse et dessus. Tirants à course latérale.

L'orgue Adam, acheté d'occasion et posé à la fin des années 1970 par Laval-Thivolle, a succédé à un orgue de l'abbé Tronchet, doté d'une console indépendante et d'une soufflerie qui ne fut jamais électrifiée. Cet instrument de 1924 a été anéanti par le cyclone Edith du 25 septembre 1963. L'abbé Rennard s'était exprimé à son sujet en ces termes dans une monographie consacrée à la ville de Trinité :

« La sonnerie est parfaite et de belles orgues rehaussent les diverses cérémonies. [...] Installation de grandes orgues à l'église de la paroisse. [...] L'orgue a 12 jeux, 2 claviers, un pédalier et a coûté 35 000 frcs. [...] Construites à Nogent-le-Rotrou, sous la surveillance de l'abbé Yvon, elles furent montées à la Trinité par ses soins et bénites le 16 mars 1924 par Mgr Lequien, au cours d'une cérémonie qui avait attiré une foule considérable venue de tous les points de l'île. » (J. Rennard, Trinité, monographie, imp. Grandchamp, Annemasse, 1938, p. 61-62)

L'abbé Joseph Yvon a desservi la paroisse de Trinité jusqu'en 1933.


VII) Eglise Notre-Dame-de-la-Délivrande au Morne Rouge

Une première église en bois fut achevée en 1868. Henri Didier y avait posé un orgue en 1886. Une expertise en avait été faite par plusieurs organistes français de renom (MM. Romary Grosjean, de la Cathédrale de Saint-Dié, Justin, de la Cathédrale de Béziers, Bernard, de Saint-Christophe de Neufchâteau et Camille Martin, de Charmes) dans les ateliers de Moyenmoutier avant le départ de l'orgue pour La Martinique. La bénédiction et l'inauguration de cet instrument le 10 août 1886 avaient été l'occasion d'un discours de l'abbé Edmond Simonet publié trois ans plus tard (imp. Gontier-Kienné, Neufchâteau, 1889). La cérémonie était présidée par Mgr Carméné, évêque de la Martinique et c'est l'abbé Cudennec, vicaire général et curé de la Cathédrale de Saint-Pierre qui célébrait la messe. L'organiste de Fort-de-France, Charles Pornain, était aux claviers et eut l'occasion de réjouir l'assistance en jouant des oeuvres d'Alexandre Guilmant, de Charles-Marie Widor, de Camille Saint-Saëns et de Théodore Salomé.


« Mais, là où il montra un talent remarquable, ce fut à l'offertoire, pendant lequel il fit entendre, avec des variations d'une infinie richesse, le cantique populaire si connu et si chanté à la Martinique : Reine des cieux, jette les yeux sur ce béni sanctuaire, dont l'exécution, habilement interprétée, émut bien des assistants jusqu'aux larmes » (op. cit., p. 2)

Voici la composition de cet orgue Didier :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', salicional 8', prestant 4', trompette 8', clairon 4'.
Récit expressif (56 notes) : Bourdon 8', cor de chamois 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.
Pédale (25 marches) : Soubasse 16', octavebasse 8'.
Acc. II/I en 16 et 8, tirasses I et II, appel fonds I, anches I et anches II, trémolo récit.

L'abbé Simonet donnait les précisions suivantes (op. cit., p. 13) :

« Cet instrument est établi à deux claviers disposés en console « récit expressif et grand-orgue », ayant chacun leur sommier à double laye ; il est muni, de plus, d'une pédale indépendante.
Commandé expressément pour résister à l'humidité si pernicieuse du Morne Rouge, où aucun instrument ne peut durer (dans un espace de moins de quinze ans, six harmoniums importants, achetés successivement pour le Morne Rouge, ont été mis en débris après fort peu d'usage, sous l'influence terrible de la grande humidité qui y règne), cet orgue a été exécuté avec les soins les plus minutieux. La soufflerie a tous ses plis rivés intérieurement et extérieurement par des bandes de cuivres ; toutes les pièces de bois employées ont été vernies et sont adhérentes les unes aux autres par un collage spécial, lubrifié ensuite au moyen d'un vernis de résine ; de plus toutes les pièces collées sont vissées par le moyen de vis en cuivre. Tous les ferrements de l'orgue et du buffet sont galvanisés. Le buffet, en chêne massif de choix, est fort gracieux et encadre parfaitement l'instrument : il est l'oeuvre de M. Eugène Vallin, architecte à Nancy. »

L'abbé signalait également à propos de cet orgue une cabale dont aurait été victime et dont se serait sorti avec les honneurs Henri Didier grâce à l'expertise de l'instrument et aux louanges apportées au travail du facteur (op. cit, p. 13) :

« Cette mesure de prudence avait été prise à la suite d'une manoeuvre intéressée mais déloyale ayant eu pour but de déprécier l'oeuvre de M. Henri Didier qui, insinuait-on, n'y aurait employé que des matériaux de mauvais choix et en devait manquer complètement l'harmonie et les timbres. La journée du 17 septembre a été la réponse éloquente de M. Didier et sa plus belle revanche. »

Cela ne fit pourtant pas taire les mauvaises langues et la jalousie se manifesta quelques années plus tard, nécessitant une nouvelle mise au point (op. cit., p. 14) :

« Au moment de mettre sous presse (février 1889), il arrive à la Martinique une lettre des Vosges annonçant qu'une personnalité intéressée, mais peu charitable, y avait fait courir le bruit que cet orgue du Morne-Rouge n'avait pu résister à l'influence du climat, par défaut de construction, et qu'il était devenu hors d'usage, après moins de trois ans de service. C'est alors que les R.R. Pères gardiens du pèlerinage, émus de pareille injustice, ont adressé à M. Henri Didier l'attestation suivante, qui trouve tout naturellement sa place ici :

« Nous, soussignés, Missionnaires desservant le Pèlerinage de Notre-Dame-de-la-Délivrande, Martinique, certifions à qui il appartiendra, que le grand orgue de tribune fourni par M. Henri Didier, facteur d'orgues à Moyenmoutier (Vosges) et reçu avec les plus grands éloges le 10 août 1886 par un jury composé d'hommes les plus compétents […] s'est fort bien conservé et maintenu en excellent état malgré les influences climatiques si désastreuses (humidité intense et chaude) du Morne-Rouge, qui n'ont en rien altéré le perfection irréprochable et douce du mécanisme et que l'harmonie délicieuse de cet instrument, qui rappelle à s'y méprendre l'harmonie des instruments de la maison Cavalier-Coll [sic] de Paris, dont nous avons un spécimen dans le splendide orgue de Fort-de-France, s'est admirablement maintenue sans la moindre altération ?

Les soussignés profitent de la circonstance pour adresser de nouveau leurs plus sincères félicitations au si consciencieux et si sympathique facteur qui se recommande à tous les vrais amis de l'art par l'habileté dont il a fait preuve dans tous les instruments qu'il a construits ou réparés depuis trois ans à la Martinique, aussi bien que par la bonne qualité de ses matériaux et la modicité de ses prix.

Fait double au Morne-Rouge (Martinique), près le sanctuaire de N.-D. de la Délivrande, le 18 février 1889. »

L'église et l'orgue furent détruits par un cyclone en 1891. En 1897, la reconstruction de l'édifice était achevée mais, endommagé par l'éruption de 1902, il dut à nouveau être rebâti entre 1907 et 1912.


Morne-Rouge,

Notre-Dame-de-la-Délivrande
Console

de l'orgue de Notre-Dame-de-la-Délivrande, Morne-Rouge
Morne-Rouge, Notre-Dame-de-la-Délivrande
( photo Sébastien Fohrer ) DR
Console de l'orgue de Notre-Dame-de-la-Délivrande, Morne-Rouge
( photo Sébastien Fohrer ) DR

Par la suite, peu après 1936, un autre orgue d'Henri Didier provenant de la Cathédrale de Fort-de-France y a été installé par le frère Alban et son équipe. Le buffet porte encore des marques de chauffe (stigmates d'un incendie ?). Cet orgue a ensuite été transformé par la Maison Laval-Thivolle avec la pose d'une peinture grise industrielle sur la façade et le remplacement de la soufflerie par un réservoir à charge flottante. La restauration de cet instrument par Sébastien Fohrer en 2010 a nécessité de nombreuses heures de travail. Le facteur en a profité pour repolir la façade et remplacer le placage des claviers. La boîte expressive et certains panneaux ont du être refaits entièrement car le bois de l'instrument avait été détruit à 40 % par les termites. La tribune elle-même était rongée et le plancher a du être reconstruit. Le pédalier moderne installé plusieurs années après les travaux de Laval-Thivolle et adapté avec plus ou moins de bonheur à la console pourtant déjà bien endommagée a été retiré et l'ancien pédalier de Didier retrouvé par Sébastien Fohrer dans le grenier de l'église a repris sa place.

Composition actuelle :

Grand-Orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', cor de nuit 8', prestant 4'.
Récit (56 notes) : gambe 8', voix céleste 8', octavin 2', trompette 8'.
Pédale (30 marches) : sans jeu propre.
Tirasses I et II, acc. Récit/GO.

Tous les jeux sont placés dans la boîte expressive à l'exception de la montre 8. Les basses du bourdon 16' sont sur moteurs pneumatiques. Un tirant « sonnette » figure à la console pour le souffleur. La trompette 8', très corrodée, a été déposée dans le clocher par un facteur anonyme. Elle devrait fort heureusement être prochainement remplacée par un jeu similaire.

Orgues disparus

Tous les orgues installés dans les églises de la ville de Saint-Pierre ont été détruits avec les édifices qui les contenaient lors de l'éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902.

Dans l'ancienne Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Saint-Pierre agrandie en 1855, appelée tout d'abord Notre-Dame-du-Bon-Port puis surnommée par la suite « église du Mouillage », un orgue était présent avant 1852. Cette année-là, en effet, l'organiste Jules Pornain (né en 1821) avait pris contact avec Aristide Cavaillé-Coll en vue de faire construire un instrument d'une trentaine de jeux sur trois claviers (grand-orgue, positif, récit) et pédalier, contenu dans un buffet en chêne avec horloge et monté sur une tribune en harmonie avec l'orgue et qui restait à établir. La fabrique ne donna toutefois pas suite au devis du facteur.

La correspondance de Cavaillé-Coll, en partie conservée à la Bibliothèque nationale, donne quelques détails sur l'instrument projeté (source : BNF, Manufacture de grandes orgues Cavaillé-Coll, Copies de lettres. Identifiant : ark:/12148/btv1b84515578, p. 57v sq.) :

« A M. Jules Pornain, organiste de la paroisse du Fort à Saint-Pierre, Martinique, le 6 novembre 1852.

M., J'ai l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous avez bien voulu m'écrire le 27 septembre expiré pour m'informer du projet de la fabrique de la Cathédrale de votre ville relatif à l'établissement d'un orgue convenable pour son église et de la mission qu'il vous a donnée d'entrer en arrangement avec un habile facteur. […]
Je me suis renfermé autant que possible dans la composition des jeux que vous avez vous-même projetée sauf quelques légères modifications que je crois utiles au bon effet de l'orgue ; ainsi j'ai cru devoir donner un peu plus d'importance au clavier de récit et y transporter le jeu de voix humaine que vous aviez placé au grand-orgue. J'ai cru devoir aussi augmenter le plein-jeu du grand-orgue pour le mettre en rapport avec le jeux de fonds.
J'estime cet instrument composé de 30 jeux à 30 000 fr. […]
Quant à la reprise de l'ancien orgue ou à son emploi dans la construction du nouvel instrument, je ne pense pas que cet arrangement fût avantageux pour la fabrique. Il serait mieux de trouver à placer cet instrument tel qu'il est dans le pays.
[...] »

L'ancien orgue dont on ne connaît pas les caractéristiques a peut-être été transféré dans un autre lieu de culte. En tout cas, il fut remplacé par un orgue construit en quelques mois à Paris en 1859 à la demande de Mgr Martin. C'est un instrument de Cavaillé-Coll (opus 557) qui prit sa place en 1882. Livré le 21 juin, il comportait trois claviers et 29 jeux (12 au grand-orgue, 8 au positif, 5 au récit, 4 au pédalier) et figure dans l'inventaire Mutin-Cavaillé-Coll (op. cit., p. 28) : « Martinique : Saint-Pierre, Cathédrale - Grand Orgue ».

C'est cet instrument que tenait l'abbé Edmond Simonet qui avait fait venir le facteur Henri Didier en Martinique et dont fait état U. Moerens dans son livre Pèlerinage funèbre aux ruines de Saint-Pierre (Lille, Desclée, 1903, p. 16) :
« Il me semble entendre encore les chants triomphants de l'orgue de la cathédrale, et à mes yeux délicieusement hypnotisés réapparaît dans tout son éclat l'Assomption de Notre-Dame qui décorait la voûte du sanctuaire. »

Anéantie avec son orgue, la Cathédrale fut rebâtie en 1923-1924 avec un certain nombre de caractéristiques architecturales proches de celles de l'ancien bâtiment. A cette époque, un gros harmonium doté d'une façade néo-gothique en bois fut posé sur la tribune pour accompagner les cérémonies. Cet instrument a été endommagé par les termites et ne fonctionne plus depuis longtemps.

Au Séminaire-collège de Saint-Pierre, il y avait un orgue Cavaillé-Coll (opus 664) de 6 jeux et demi sur un clavier, acheté pour 10 000 francs et livré le 23 juillet 1893 et mentionné dans le catalogue Mutin de 1923 (op. cit., p. 28) : « Martinique : Saint-Pierre, Séminaire Collège - Grand Orgue ».

Le professeur Marion a relevé qu'avant 1875, un orgue était mentionné comme servant à la maîtrise de la Cathédrale de Saint-Pierre. S'agissait-il d'un orgue de chœur ou d'un premier orgue destiné au Séminaire-collège et remplacé par la suite par le petit Cavaillé-Coll ?

Dans l'église Saint-Etienne de Saint-Pierre (dite « église du Centre »), un orgue Didier avait été installé avant 1888.

A Saint-Pierre, toujours, dans l'église du Fort, un orgue avait été posé avant 1888.

L'église de la ville de Saint-Joseph abritait un instrument d'Henri Didier. Peut-être s'agissait-il d'un second orgue posé dans l'église du Morne-Rouge en remplacement de celui qui fut détruit par le cyclone de 1891 et qui aurait été installé à Saint-Joseph peu après l'éruption de 1902. En effet, celle-ci avait occasionné le déplacement de la population du Morne-Rouge et la dispersion du mobilier de son église » (cf. J. RENNARD, La Martinique, historique des paroisses, Des origines à la Séparation, Thonon-les-Bains, 1951, p. 321). Le cyclone qui s'est abattu le 8 août 1903 et qui endommagea l'église de Saint-Joseph a probablement dû avoir raison de lui.

A l'église Saint-Laurent du Lamentin, un orgue de facteur inconnu était, semble-t-il, présent en 1861. En 1873, la présence d'un harmonium est signalée et cet instrument aurait été remplacé en 1888 par un orgue Henri Didier aujourd'hui disparu.

Selon le professeur Marion, un orgue aurait été posé en 1858 dans l'église Saint-Etienne du Marin. Une tribune, aujourd'hui disparue, avait été construite en 1844 pour le recevoir. Actuellement, il n'en reste plus rien.

Un orgue Didier a été posé en 1888 à l'église Notre-Dame de la Consolation en Martinique alors que le Révérend Père Vanhaeck, futur supérieur du Séminaire-Collège de Saint-Pierre, en était le curé. Cet instrument a été béni le 29 août et à cette occasion, Mgr J. Riou, vicaire général de La Martinique, prononça un discours ensuite publié (Rennes, imp. Alph. Le Roy, 1888). Il y évoquait brièvement d'autres instruments de Martinique :

« La Martinique a été nommée à juste raison la perle des Antilles. Nous n'avons rien à envier aux colonies voisines ; j'irai plus loin : nous n'avons rien à envier à la mère patrie. N'avons-nous pas nos orgues du Mouillage, du Fort, du Centre, du Morne-Rouge, du Lamentin, sans oublier ce bijou de l'art moderne qui a fait l'admiration des artistes de la métropole, et qui fait la gloire, non seulement de votre cathédrale de Fort-de-France, mais encore de votre diocèse et de toutes les Antilles ? » (p. 5)

Deux orgues semblent avoir été fabriqués par le facteur Auguste Commaille pour La Martinique, d'après le professeur Marion. Mais où ont-ils été installés ? Ils ont en tout cas vraisemblablement disparu.

Le facteur Henri Didier (1861-1918) a construit une dizaine d'orgues pour La Martinique. Malheureusement, de tous ces instruments, bien peu sont parvenus jusqu'à nous. Les affectations successives de plusieurs d'entre eux sont connues mais à quelles églises les autres étaient-ils destinés ?

Il y a peut-être eu un orgue dans l'église Saint-Hyacinthe du Lorrain. En effet, lors de la pose de l'orgue Haerpfer de 1936 sur la tribune de la cathédrale de Fort-de-France, un article du journal "La Paix" annonçait la construction par le frère Alban de trois orgues à partir de l'orgue de choeur Didier et de l'orgue Mutin de cette même cathédrale, l'un destiné à l'église du Morne-Rouge (l'ancien orgue de choeur y fut effectivement transféré), l'autre à l'église des Terres-Sainville (l'orgue Mutin y fut posé avant la Seconde Guerre mondiale) et le troisième à l'église du Lorrain. Le frère Alban aurait-il prélevé sur l'orgue Mutin des éléments aujourd'hui disparus (sommier et tuyauterie du récit d'un orgue qui comptait peut-être effectivement 26 jeux) ? Quoi qu'il en soit, le tremblement de terre de 1946 a lourdement affecté le lieu de culte du Lorrain et l'église a fait l'objet de plusieurs travaux de gros oeuvre en l'espace de plusieurs décennies. L'hypothétique orgue du frère Alban n'a probablement pas connu une grande longévité.



Projets non réalisés

L'installation d'un orgue à tuyaux était projetée au début des années 1990 pour l'église Sainte-Thérèse de Fort-de-France inaugurée en 1938. Pierre Giroud, organiste à la cathédrale, a pris contact avec quelques facteurs d'orgue dans ce sens, mais le projet n'a jamais abouti car l'église a subi de lourds dommages à la suite du passage d'un cyclone sur les Antilles, catastrophe naturelle malheureusement trop fréquente dans cette région du globe.

Voici la composition proposée peu avant 1940 par la manufacture Haerpfer pour la construction d'un orgue destiné à l'église Notre-Dame-de-la-Délivrande de Morne-Rouge :

Grand-Orgue (56 notes) : Montre 8', flûte ouverte 8', bourdon 8', prestant 4', doublette 2', mixture III rgs, trompette 8'.
Récit expressif (56 notes au clavier, 68 au sommier) : Quintaton 16', cor de nuit 8', salicional 8', [voix céleste 8' oubliée ?], flûte octaviante 4', nazard 2 2/3', octavin 2', tierce 1 3/5', basson-hautbois 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', violoncelle 8'.
Tir. I et II, Acc. II/I en 16, 8 et 4, combinaisons : Piano, Mezzo-Forte, Forte, Tutti, crescendo.
Console en chêne, couvercle roulant. Transmission pneumatique tubulaire ou électro-pneumatique.

Cette demande de devis n'a finalement pas abouti. Elle suscite toutefois quelques interrogations et peut signifier que l'orgue Didier de huit jeux provenant de la cathédrale de Fort-de-France n'était peut-être pas encore posé à cette époque. Mais il est également possible que la paroisse ait eu le désir d'être dotée d'un instrument plus important pour cette église de pèlerinage.


Les Abymes, Saint-Michel du Raizet
Les Abymes, Saint-Michel du Raizet
( photo Joël Gustave Dit Duflo ) DR

Guadeloupe

Je remercie le facteur Sébastien Fohrer pour les nombreuses informations aimablement communiquées à propos des orgues des Antilles.

I) Eglise Saint-Michel du Raizet, Les Abymes

Dans cette église construite à partir de 1959, un orgue a été installé en 1980 par le facteur Christian Guerrier.

Composition actuelle (source : Jeunesse et orgues, n° 58, 1984) :

Grand-orgue (56 notes) : Flûte 8', montre 4', doublette 2', fourniture II rgs.
Positif (56 notes) : Bourdon 8', flûte à cheminée 4', larigot 1 1/3'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16'.
Acc. II/I, tirasses I et II.

La doublette 2' et la fourniture du grand-orgue sont toutes deux commandées par le même tirant à deux positions. La soubasse de pédale a été ajoutée par Christian Guerrier lui-même et placée par postages sous le podium. L'orgue a été relevé par Sébastien Fohrer en 2010.


II) Eglise Saint-Dominique du Baillif

Dans cette paroisse, après avoir envisagé et rapidement abandonné l'idée de la construction d'un orgue neuf, l'on a finalement porté son choix sur un instrument d'occasion dont seule la partie instrumentale serait réemployée, car le climat aurait trop vite eu raison d'un buffet réalisé pour une hygrométrie occidentale.

Sébastien Fohrer a repris un instrument de Walker (1968), a construit un nouveau buffet en acajou de Guadeloupe et une mécanique de pédale neuve et l'orgue de 22 jeux et près de 1300 tuyaux a pu sonner dans son nouvel élément à la fin de l'année 2006 (remise des clefs le 2 décembre).

La traction des notes est mécanique avec sommiers à coulisses et le tirage de jeux est électro-mécanique.

Composition actuelle :

Grand-orgue (56 notes) : Principal 8', gemshorn 8', prestant 4', flûte 2', sesquialtera II rgs, fourniture IV-V rgs (1 1/3'), trompette 8'.
Récit expressif (56 notes) : Spitzbourdon 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte à cheminée 4', principal 2', tierce 1 3/5', larigot 1 1/3', plein-jeu III rgs (1'), cromorne 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', principal 8', choralbasse 4', hintersatz III rgs (2'), fagott 16', trompette 4'.
Acc. II/I, tirasses I et II, tremblant doux II, 3 combinaisons libres.

Saint-Dominique du Baillif
( photo Sébastien Fohrer ) DR
Chapelle Saint-Robert de Baillif : l'orgue
Chapelle Saint-Robert de Baillif : orgue
( photo Sébastien Fohrer ) DR

III) Chapelle Saint-Robert de Baillif


Un orgue de 15 jeux et 750 tuyaux vient d'être construit par la Manufacture d'orgues Fohrer. Il est placé dans un buffet Dalstein-Haerpfer datant de 1895 (opus 114), provenant de la salle de la Fraternité de Mulhouse et revendu en 2004 par l'Eglise réformée. L'orgue lui-même était déjà en partie démonté depuis les années 1970 et ne servait plus.

Voici la composition d'origine de cet orgue à traction pneumatique et à console indépendante :

Clavier manuel (54 notes) : Bourdon 16', principal 8', bourdon 8', salicional 8', flûte octaviante 4', octave 2'.
Pédale (27 marches) : Soubasse 16'.
Deux combinaisons fixes (piano, forte).
La tuyauterie Dalstein a en partie disparu ou a trouvé un nouvel emploi dans d'autres instruments alsaciens.

Pour le nouvel orgue de Saint-Robert, Sébastien Fohrer a reconstruit l'ensemble de la partie instrumentale en adaptant les techniques de facture aux conditions climatiques. Il a ainsi fabriqué de nouveaux sommiers avec des gravures placées à l'avant, de sorte qu'en cas d'emprunt ou de décollement, on peut accéder aisément aux parties endommagées. De plus, afin d'éviter que les barrages ne se fendent à cause de l'humidité, c'est la bakélite qui a été employée La mécanique est en aluminium et en laiton, les vergettes sont en bois du Nord et les rouleaux d'abrégés en cuivre. La remise des clefs a eu lieu au début du mois de décembre 2013.


Chapelle Saint-Robert de Baillif : console de l'orgue
Chapelle Saint-Robert de Baillif : console de l'orgue
( photo Sébastien Fohrer ) DR

Composition actuelle :

Grand-Orgue (56 notes) : Montre 8', salicional 8', prestant 4', doublette 2', fourniture IV-V rgs, basson-hautbois 8'.
Positif 56 notes) : Bourdon 8', flûte à cheminée 4', nazard 2 2/3', flûte à fuseau 2', tierce 1 3/5', sifflet 1', vox humana 8'.

Pédale (30 marches) : Soubasse 16', bourdon 8' et basson 16' ajouté en 2021 par le facteur Sébastien Fohrer.
Acc. Pos/GO, tir. I et II.


Basse-Terre, orgue polyphone de la cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe
Basse-Terre, orgue polyphone de la cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe
( photo Joël Gustave Dit Duflo )

IV) Cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe de Basse-Terre

Dans ce bel édifice de 1736, un petit polyphone Debierre-Gloton avait été posé en 1921. Endommagé par un cyclone, cet instrument est reparti pour la Métropole où il a été réparé puis transféré vers 1940 dans l'église de Taupont (Morbihan).

Aujourd'hui, c'est un polyphone Debierre plus important qui accompagne la liturgie à Notre-Dame de Guadeloupe. Le ventilateur électrique qui remontait aux années 1930 a été remplacé en 2002. Sébastien Fohrer a restauré cet instrument en 2009-2010. Il l'a déplacé de la tribune vers le transept de l'édifice, a renouvelé les peaux usagées des soufflets polyphones et ressoudé les oreilles des tuyaux. Il a également fabriqué un podium qui supporte l'orgue et renferme aussi le ventilateur afin d'en améliorer l'isolation phonique.

Composition actuelle :

Clavier manuel : Bourdon 16' basse et dessus (5 1/3 dans la basse), bourdon 8' basse et dessus, flûte harmonique 8' dessus, violoncelle 8' basse et dessus, voix céleste 8', octave 4' basse et dessus, trompette 8' (siphonnée pour un gain de place).

L'instrument, placé à gauche dans le chœur, dispose, de plus, d'une combinaison libre par boutons tournants, comme c'est souvent le cas dans les polyphones Debierre, et d'un accouplement à l'octave aiguë actionné par une tirette placée sous le clavier transpositeur.

Plus récemment, un autre orgue de trois claviers et 29 jeux (26 réels), à traction mécanique pour les notes et le tirage de jeux, a été posé sur la tribune au début de l'été 2018. C'est la manufacture de Bertrand Cattiaux, sélectionnée par un jury composé de musiciens reconnus, de l'équipe presbytérale et de membres de la Direction des Affaires Culturelles, qui a construit cet instrument entièrement neuf. La conception d'ensemble revient à Bertrand Cattiaux, le buffet a été dessiné par Laurent Anen, le dessin technique est de la main d'Helmuth Eckhardt et l'harmonisation est due à Bertrand Cattiaux, Virgile Bardin et Itaru Sekiguchi. La façade qui cache le tout (sauf la console) est assez originale. Elle présente une structure métallique sur laquelle sont sertis des lamelles de bois (lattis d'acajou pays réalisé par un artisan local) ainsi que quelques tuyaux de principal dont la visée est décorative. La console est en fenêtre avec des claviers aux naturelles blanches et aux feintes noires. L'appel des jeux s'effectue à l'aide de tirants placés de part et d'autre des claviers et au fronton de la console. Les pommeaux sont de céramique émaillée et leur design sort de l'imagination de l'artiste Emma Pommier.

Cathédrale de Basse-Terre, orgue en tribune Bertrand-Cattiaux : buffet et console
( photos 2019 aimablement communiquées par Eric Brottier, Ingénieur des arts et métiers, technicien-conseil pour le Ministère de la Culture, expert-organier de la ville de Paris ) DR.
Voici la composition définitive et actuelle de ce nouvel instrument :

Grand-orgue (58 notes) : Bourdon 16', montre 8', flûte harmonique 8', prestant 4', flûte conique 4', mixture (8'-16') IV + I rgs, cornet V rgs, trompette 8'.
Positif (58 notes) : Bourdon 8', flûte 4', nazard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5', plein-jeu II rgs, clarinette 8'.
Récit expressif (58 notes) : Bourdon harmonique 8', salicional 8', unda-maris 8', flûte octaviante 4', octavin 2', basson 16', trompette 8', basson-hautbois 8'.
Pédale (32 notes) : Soubasse 16', principal 8', bourdon 8', octave 4', basson 16', basson 8'.
Acc. II/I, III/I, tir. I, II et III en 8', III en 4', tremblant II, tremolo III.

La bénédiction de l'instrument par Mgr Riocreux le 14 décembre et son inauguration par Philippe Lefebvre, organiste de Notre-Dame de Paris, le 15 décembre 2018 ne sont qu'un prélude à d'ambitieux projets de mise en valeur de l'édifice et de l'orgue par une programmation musicale annuelle de qualité, avec la participation des deux organistes titulaires, Jean-Michel Lesdel et Joël Gustave-dit-Duflo.


Basse-Terre,

Notre-Dame-du-Mont-Carmel
Basse-Terre, Notre-Dame-du-Mont-Carmel
( photo Sébastien Fohrer ) DR

V) Eglise Notre-Dame-du-Mont-Carmel de Basse-Terre

En 1949, sous l'impulsion du père Manuel Morales, l'église a été agrandie et transformée. L'orgue a été construit en 1959 (selon un devis de 1954) par le facteur Roethinger dont ce fut l'opus 325. La manufacture Gonzalez avait également postulé ainsi que la Maison Laval-Thivolle qui avait rédigé un devis en 1957.

Composition actuelle (source : Jeunesse et orgues, n° 58, 1984) :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', flûte conique 8', prestant 4', doublette 2', cornet V rgs, fourniture VI rgs, trompette 8', clairon 4'.
Récit expressif (56 notes) : Diapason 8', bourdon 8', voix céleste 8', flûte 4', nazard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5', cymbale V rgs, cromorne 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', flûte douce 8', flûte 4', bombarde 16', trompette 8'.
Acc. II/I, tirasses I et II, trémolo II, appels anches, mixtures, combinaison libre, tutti, crescendo.

Cet instrument à transmission électrique a été une première fois relevé par Laval-Thivolle dans les années 1980 puis par Christian Guerrier en 1995 et entièrement démonté, restauré et réharmonisé en 2009 par Sébastien Fohrer qui a augmenté la pression (75 mm) car le rendu sonore était trop faible. De plus, des claires-voies ont été ajoutées pour la protection sismique.

Ne quittons pas la commune de Basse-Terre sans mentionner l'existence d'un orgue privé : un petit positif d'un jeu (flûte 4') construit par Sébastien Fohrer pour un résident.




Eglise

Saint-Michel de Draguignan au début du XXe siècle : on

aperçoit, au fond du chœur, l'orgue Merklin qui sera

transféré plus tard à Gourbeyre
Eglise Saint-Michel de Draguignan au début du XXe siècle : on aperçoit, au fond du chœur, l'orgue Merklin qui sera transféré plus tard à Gourbeyre
( coll. O. Geoffroy ) DR

VI) Eglise Saint-Charles Borromée de Gourbeyre

Cette église bâtie à la fin des années 1950 possède un orgue Merklin construit en 1886-1887 pour l'église Saint-Michel de Draguignan où il était placé au fond du chœur, derrière le maître-autel qu'il dominait. Ce fut l'un des premiers instruments à traction électro-pneumatique réalisés par cette manufacture et le compositeur Henri Mulet (1878-1967) le joua entre les années 1940 et 1958.

Gourbeyre, orgue Merklin de l’église Saint-Borromée
Gourbeyre, orgue Merklin de l’église Saint-Borromée
( photo Joël Gustave Dit Duflo ) DR


Voici un extrait du procès-verbal de réception de l'instrument inauguré le 14 août 1887 dressé par les experts mandatés par le Conseil de fabrique (cité dans l'article de Pierre-Marie GUERITEY « Introduction à l'étude des transmissions électro-pneumatiques dans l'orgue au XIXè siècle », in : L'orgue, n° 213, 1990 p. 43) :

« Nous soussignés : Messerer, organiste de l'église de Saint-Charles à Marseille, représentant le Conseil de fabrique de l'église paroissiale de Draguignan, d'une part et José Protti, organiste de l'église Saint-Vincent-de-Paul, représentant les facteurs d'orgues MM. Merklin et Cie, d'autre part ; Déclarons, après un examen très détaillé de l'orgue établi dans le chœur de cette église par lesdits facteurs, que cet instrument est entièrement conforme au devis en date du 15 août 1886, accepté par le Conseil de fabrique.
En outre, nous nous faisons un devoir de constater l'excellence du système électro-pneumatique très heureusement appliqué à cet orgue, qui donne aux claviers et aux registres, malgré leur éloignement du corps de l'instrument, une douceur et une précision parfaites.
Nous avons également apprécié très favorablement les boutons électriques qui appellent les registres par groupe, ce qui permet de faciles et nombreuses combinaisons à l'exécutant.
Enfin, nous devons ajouter que le timbre de chacun des jeux de cet orgue est sympathique, d'une harmonie et d'une égalité parfaites, et que, dans leur ensemble, ces jeux quoique peu nombreux produisent une sonorité d'une ampleur et d'une puissance très remarquables.
En conséquence, cet orgue nous paraît faire le plus grand honneur aux facteurs et digne en tous points d'être reçu par le Conseil de fabrique.
Fait à Draguignan, le 14 août 1887.
ont signé : MM. Messerer, José Protti, Laugier, président du Conseil de fabrique. »


En 1979, cette paroisse métropolitaine s'est séparée de son orgue, remplacé par un autre instrument du facteur Laval-Thivolle qui a très certainement effectué le transfert de l'orgue Merklin vers Gourbeyre. En tout cas ce facteur a effectué plusieurs modifications sur celui-ci.

Aujourd'hui, l'instrument compte encore douze jeux Merklin. A l'issue des travaux de Laval-Thivolle, l'ensemble était jouable à partir de deux consoles mais la console du chœur a été détruite par les termites et n'est de ce fait plus opérante. La traction électrique d'origine a été remplacée par du matériel Laukhuff et la soufflerie a également été transformée par Laval-Thivolle.

A titre d'information, voici la composition que l'on pouvait trouver à la console du chœur aujourd'hui disparue (source : Jeunesse et orgues, n° 58, 1984) :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', prestant 4', plein jeu IV rgs, trompette 8'.
Récit (56 notes) : Bourdon 8', voix céleste 8', flûte 4', doublette 2', sesquialtera II rgs.
Pédale (30 marches) : sans jeu indépendant.
Acc. II/I, tirasses I et II, tutti.

Composition actuelle :

Console de tribune :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8', prestant 4', flûte octaviante 4', plein jeu IV rgs, trompette 8', clairon 4'.
Récit expressif (56 notes) : Bourdon 8', flûte harmonique 8', gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', quinte 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5', basson-hautbois 8'.
Pédale (27 marches) : Soubasse 16', octavebasse 8', bourdon 8'.
Acc. II/I, tirasses I et II, appel des jeux, appel anches I, trémolo.

Les jeux de bourdon 8', flûte harmonique 8', viole de gambe 8' et flûte octaviante 4' du Grand-Orgue sont empruntés au récit et les jeux de pédale sont tous les trois également empruntés aux manuels grâce à un système de gravures alternées (mais des jeux de ce plan sonore étaient peut-être réels à l'origine). Le plein-jeu IV rgs du Grand-Orgue (posé sur le toit de l'orgue), le nazard 2 2/3' et la tierce 1 3/5' du récit ont été ajoutés en 1967 par la maison Dunand, sur des sommiers électriques complémentaires. La soufflerie d'origine a longtemps été préservée, mais attaquée par les termites, il a été nécessaire de la remplacer par une soufflerie moderne (deux réservoirs à bacs, liaison par porte-vent en westaflex). La console indépendante est placée à droite de l'orgue, perpendiculairement à l'autel.

Le buffet est en chêne avec des panneaux arrière en sapin. L'instrument lui-même repose sur une semelle de béton afin de l'isoler et de le surélever sur la tribune qui l'accueille. La façade comporte 41 tuyaux d'étain. Il est à signaler que la partie instrumentale et le buffet ont fait l'objet d'une inscription à l'Inventaire des Monuments historiques dans un arrêté datant de novembre 2003. Des travaux de restauration de cet instrument de 940 tuyaux, un des rares instruments symphoniques des Antilles que cette paroisse doit au père Niau, ancien curé, ont été réalisés par la Manufacture nantaise de Nicolas Toussaint. A la suite de ceux-ci, l'orgue a été béni le 1er février 2014 par Mgr Riocreux, bénédiction suivie d'un concert donné par Jean-Michel Lesdel avec des oeuvres de Brahms, Duruflé et Widor.


VII) Eglise Saint-Jean-Baptiste, Le Moule

Cette église du XVIIè siècle renferme actuellement un orgue Mutin-Cavaillé-Coll dont la provenance est inconnue et qui aurait été posé dans les années 1970. Cet instrument aurait remplacé un orgue Roethinger (opus 170) inauguré en avril 1938 et obtenu dans le cadre des travaux d'embellissements commandés par le curé, le père Durand. Un premier instrument du facteur Abbey aurait précédé les deux orgues précités (source : Jean Vatus, Une famille de facteurs d'orgues versaillais : les Abbey, Les Amis de l'orgue de Versailles, 1999, p. 156).



Le Moule, orgue Mutin de l’église Saint-Jean-Baptiste
Le Moule, orgue Mutin de l’église Saint-Jean-Baptiste
Le Moule, orgue Mutin de l’église Saint-Jean-Baptiste
( photos Joël Gustave Dit Duflo )


Lors de son transfert à l'église Saint-Jean-Baptiste, l'orgue Mutin a été transformé et a reçu un nouveau buffet (boîte en contreplaqué et facade de tuyaux en zinc). A l'origine, le récit devait comporter une gambe 8' et une voix céleste 8' mais la composition a été remaniée dans une direction plus néo-classique. Par la suite, l'orgue a souffert du passage de nombreux bricoleurs.

Heureusement, certaines interventions ont été positives. La manufacture Guerrier a effectué un relevage de l'instrument à la suite de l'ouragan de 1992 et a ajouté deux jeux en 2002. Sébastien Fohrer, employé chez Guerrier à cette époque, a participé à ce chantier. Enfin, en 2012, cet orgue qui mériterait une restauration approfondie a été soigneusement nettoyé par Sébastien Fohrer, ce qui a permis sa conservation.

La traction des notes est mécanique sauf pour la pédale pour laquelle la transmission est électro-pneumatique. Les tirants sont alignés au-dessus du deuxième clavier.

Composition actuelle :

Grand-orgue (61 notes) : Montre 8', flûte [harmonique] 8', prestant 4', doublette 2', fourniture III rgs (tuyaux postés avec tubes en plastique), trompette [acoustique] 8' (corps en 4', provenant du récit).
Récit expressif (61 notes) : Cor de nuit 8', flûte octave 4', flageolet 2', sesquialtera II rgs, plein-jeu IV rgs (1 1/3'), basson-hautbois 8' (de Guerrier sur la chape de l'ancienne trompette).
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', basse 8', basse 4' (dédoublements), basson 16' (de Guerrier sur sommier électrique indépendant).
Acc. II/I, tirasses I et II.


VIII) Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Pointe-à-Pitre

L'histoire des orgues successifs de la Cathédrale de Pointe-à-Pitre se confond avec celle du lieu qui les abrita et qui connut plusieurs restaurations et aménagements à la suite de différents sinistres. Un premier instrument aurait été posé dès 1830, mais il n'en demeure pas de traces car le tremblement de terre de 1843 l'a intégralement détruit.



Pointe-à-Pitre, orgue actuel de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul
Pointe-à-Pitre, orgue actuel de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul
Pointe-à-Pitre, orgue actuel de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul
( photos Joël Gustave Dit Duflo )

Lui succède un grand orgue de tribune posé par Cavaillé-Coll en octobre 1856. En voici la composition (source : ESCHBACH Jesse, Aristide Cavaillé-Coll, répertoire des compositions connues d'orgues (1838-1898), Verlag Peter Ewers, 2003, p. 630-631) :

Grand-orgue (54 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', flûte harmonique 8', prestant 4', dulciane 4', quinte 3', doublette 2', trompette 8', clairon 4'.
Récit expressif (42 notes) : Flûte traversière 8', viole de gambe 8', voix céleste 8', flûte octaviante 4', octavin 2', trompette 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.
Acc. II/I, appels basses/dessus/ensemble anches I, anches II, trémolo II.

Le devis de départ prévoyait un récit de 37 notes seulement et composé de six jeux. En définitive, cinq notes supplémentaires, une voix céleste 8' et une trompette 8' furent ajoutées à ce clavier, ainsi qu'un appel d'anches. C'est l'ouvrier de Cavaillé-Coll Jean-Baptiste Henry qui fut chargé du montage de l'instrument conçu tout spécialement pour résister au climat de Pointe-à-Pitre, avec l'emploi exclusif du chêne (pour le buffet seulement) et de l'acajou et des tuyaux de métal pour les basses de jeux de huit pieds habituellement réalisées en bois.

Il est fait mention de l'orgue Cavaillé-Coll dans l'inventaire Mutin de 1923 (op. cit., p. 28) : « Guadeloupe : Pointe-à-Pitre, paroisse - Grand Orgue ».

Transcription de la correspondance du facteur Aristide Cavaillé-Coll au sujet de la construction de l'orgue de la Cathédrale de Pointe-à-Pitre (au format PDF).

Cet orgue a été relevé et a bénéficié d'additions par son facteur en 1881 et 1885 avant d'être augmenté une seconde fois par Henri Didier vers 1888 (Source : Répertoire de sites Manufacture de Grandes Orgues Cavaillé-Coll, BNF, ark:/12148/btv1b100746834).

Très endommagé par le cyclone du 12 septembre 1928, c'est la Manufacture Haerpfer qui est chargée d'en effectuer la reconstruction en 1934, en réutilisant très probablement des éléments antérieurs. Voici la proposition de composition retrouvée dans les archives Haerpfer, registre n° 7 (information aimablement communiquée par Christian Lutz) :

1 - Première console (en tribune) :

Grand-Orgue (56 notes) : Quintaton 16', montre 8', flûte ouverte 8', cor de chamois 8', prestant 4', flûte douce 4', doublette 2', [cornettino II rgs barré sur le devis], fourniture IV-V-VI rgs, trompette 8'.
Positif (56 notes) : Flûte à cheminée 8', quintaton 8', principal 4', flûte à cheminée 4', flageolet 2', tierce 1 3/5', larigot 1 1/3, cornet III-IV rgs, cymbale [semble ajoutée sur le devis], cromorne 8'.
Récit expressif (56 notes au clavier, 68 au sommier) : Bourdon 16', principal d'amour 8', cor de nuit 8', salicional 8', octave 4', flûte traversière 4', nazard 2 2/3', flûte champètre 2', cymbale III rgs, voix humaine 8', chalumeau 4'.
Pédale (32 marches) : Contrebasse 16', soubasse 16', bourdon 16', octavebasse 8', flûte à cheminée 8', choralbasse 4', sifflûte 2', cornet III rgs (5 1/3', 4', 3 1/5'), bombarde 16', trompette 8'.

A cette composition s'ajoutait une flûte douce 8' posée sur un sommier spécial et jouable à partir de chacun des trois claviers.

Acc. III/I, II/I, III/II en 8, III/I en 16 et 4, II et III en 16 et 4, tir. I, II et III, 3 combinaisons libres, 4 combinaisons fixes, crescendo, trémolos, tutti anches.
Transmissions électro-pneumatiques.

2 - Seconde console à un clavier et pédalier placée dans le chœur (devis supplémentaire) :

14 jeux dont 11 du récit et 3 de la pédale :
Clavier manuel expressif (56 notes) : Principal d'amour 8', cor de nuit 8', salicional 8', unda-maris 8', octave 4', flûte traversière 4', nazard 2 2/3', flûte champètre 2', cymbale III rgs, basson-hautbois 8', voix humaine 8'.
Pédale (32 marches) : Soubasse 16', violon 8', choralbasse 4'.
Tirasse, octave grave et aiguë, combinaisons fixes, combinaisons libres, trémolo.

D'après ce devis, l'unda-maris 8' et le basson-hautbois 8' ne seraient jouables qu'à partir de la console du chœur mais la mention de ces jeux sur la console principale a peut-être été oubliée.

Haerpfer signale que 15 jeux seraient neufs, les autres étant probablement récupérés sur l'ancien orgue (et donc encore en partie de Cavaillé-Coll et de Didier ?). Jeux neufs : principal d'amour 8', cor de nuit 8', octave 4', nazard 2 2/3', flûte champêtre 2', cymbale III rgs, tierce 1 3/5', larigot 1 1/3', cornet IV rgs, flûte douce 4', octavin (doublette ?) 2', fourniture IV rgs, choralbasse 4', sifflûte 2', cornet III rgs. »

La bénédiction de l'instrument de 2926 tuyaux a eu lieu le 8 novembre 1934 sous la présidence de Mgr Genoud et de Mgr le Hunsec, supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit pendant les vêpres, à 18 heures. M. Demont était à l'orgue et durant le concert a joué le Choral 34 de J.-S. Bach, le Cortège de Nonnes de Guillou et le Troisième Choral en la de C. Franck. A la sortie c'est la Pièce héroïque de C. Franck qui a été exécutée.

Plus tard, en 1953, c'est Roethinger qui intervient dans l'instrument, les travaux étant inaugurés le dimanche 1er mars par un concert du Père Huré, de Fort-de-France (cf. Max Didon, Histoire religieuse de la Guadeloupe au XXè siècle, 1911-1970, Paris, L'Harmattan, 2014, p. 139) et c'est en 1977-1981 que la Maison Laval-Thivolle installe un nouvel orgue à traction mécanique commandé par le père Gillot et inauguré par Pierre Cochereau. Les éventuels éléments conservés de Cavaillé-Coll et Didier disparaissent au profit d'éléments neufs ou d'occasion relativement récente, tandis que le buffet historique, toutefois privé de ses deux angelots conservés par le père Gillot, prend le bateau pour l'île voisine et est remonté dans le chœur de la cathédrale de Fort-de-France pour contenir le nouvel orgue également construit par Laval-Thivolle. Un nouveau buffet d'esthétique sensiblement différente est alors posé sur la tribune de la cathédrale de Pointe-à-Pitre.

Composition actuelle (source : Jeunesse et orgues, n° 58, 1984) :

Grand-orgue (56 notes) : Bourdon 16', montre 8', bourdon 8', prestant 4', flûte à cheminée 4', quinte 2 2/3', doublette 2', cornet V rgs, fourniture IV rgs, cymbale III rgs, trompette 8', clairon 4'.
Positif (56 notes) : Flûte à cheminée 8', principal 4', flûte 4', nasard 2 2/3', quarte 2', tierce 1 3/5', septième 1 1/7', plein-jeu IV rgs, cromorne 8'.
Récit expressif (56 notes) : Diapason 8', cor de nuit 8', unda maris 8', flûte conique 4', spitzflöte 2', mixture IV rgs, cymbale III rgs, trompette 8', basson-hautbois 8', voix humaine 8'.
Pédale (32 marches) : Principal 16', soubasse 16', flûte 8', principal 4', posaune 16', trompette 8', clairon 4'.
Acc. III/I, III/II, II/I, tirasses I, II et III, trémolo II, trémolo III.
Le facteur Guerrier a effectué quelques réparations sur cet orgue en 2002.

Vieux-Habitants,
église Saint-Joseph
Vieux-Habitants, église Saint-Joseph
( photo Sébastien Fohrer ) DR


IX) Eglise Saint-Joseph de Vieux-Habitants

C'est en 2012 que cette église a vu arriver un orgue de 21 jeux (1680 tuyaux) répartis sur deux claviers et un pédalier qui a été entièrement reconstruit par Sébastien Fohrer et avait connu quelques pérégrinations avant de sonner dans l'église Saint-Joseph. Il provenait d'un village de l'Oise où il avait été construit par un organiste passionné de facture d'orgue à partir de matériaux récupérés dans un instrument de la ville d'Amiens et de sommiers et quelques jeux neufs de Lauhkuff. Le buffet en avait été réalisé en 1995 par un menuisier sur des plans établis par l'organiste-constructeur. Arrivé en Guadeloupe en 2007, il avait été stocké jusqu'en 2010. Il pèse 5,5 tonnes et son buffet mesure 7,60 m de haut. Ont été réalisés ou réaménagés sur place par l'équipe de Sébastien Fohrer : la mécanique de tirage de notes (en bois), le tirage de jeux, la charpente, la console en fenêtre, les claviers, le pédalier, une partie du buffet, les soufflets, les porte-vent, l'harmonisation ainsi que six jeux neufs.

Composition actuelle :

Grand-Orgue (56 notes) : Montre 8', bourdon 8', prestant 4', nazard 2 2/3', doublette 2', tierce 1 3/5', fourniture V-VI rgs, trompette 8'.
Positif de poitrine (56 notes) : Bourdon 8' (en bois), flûte à cheminée 4', quarte de nazard 2', larigot 1 1/3', tierce 1 3/5', fourniture IV rgs, cromorne 8'.
Pédale (30 marches) : Soubasse 16', flûte majeure 8' (ouverte, en bois), prestant 4', principal 2', bombarde 16', cor 4'.
Acc. pos/GO, tirasses I et II, rossignol (baptisé « sikrié », du nom d'un oiseau des Antilles).


Orgues disparus

D'après l'inventaire des réalisations Cavaillé-Coll et Mutin de 1923 (op. cit., p. 28), un orgue Mutin-Cavaillé-Coll semble avoir été posé dans une autre église de Guadeloupe : « Guadeloupe : Notre-Dame - Grand Orgue ». Il n'y a pas de confusion possible avec le Cavaillé-Coll de 1856 de la Cathédrale de Pointe-à-Pitre. Peut-être s'agit-il de l'orgue Mutin actuellement placé dans l'église du Moule et à laquelle on sait qu'il n'était pas destiné à l'origine. Il resterait, dans ce cas, à savoir quelle était son affectation première.

Un orgue de chœur aurait été posé par Merklin vers 1862 dans la Cathédrale de Pointe-à-Pitre (Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du 9è siècle à nos jours, op.cit., p. 294). Il n'en subsiste rien.

Il semble qu'il y ait eu un orgue dans l'église de Capesterre-Belle-Eau, mais cet instrument a disparu.

Lors de la tempête tropicale d'août 1958, l'orgue de l'église de Capesterre de Marie-Galante serait tombé de la tribune.

Un orgue Didier a été installé au XIXè siècle dans l'église de la Sainte-Trinité du Lamentin. Mais cet instrument a probablement été détruit par le cyclone de 1928. Il n'en subsiste aucune trace et l'édifice reconstruit par l'architecte Ali Tur à partir de 1931 ne dispose actuellement pas d'un orgue à tuyaux.



Projet non réalisé


Pour l'église Saint-André de Morne-à-l'Eau, reconstruite à partir de 1930 sur les plans de l'architecte Ali Tur à la suite du cyclone dévastateur du 12 septembre 1928, Haerpfer a réalisé un devis d'orgue mais la paroisse n'a pas donné suite à ce projet. A titre indicatif, voici la composition proposée par la manufacture de Moselle :


Grand-Orgue (56 notes) : Montre 8', bourdon 8', flûte de concert (8' ou 4' ?), cornettino III rgs.

Récit expressif (56 notes au clavier, 68 au sommier) : Flûte harmonique 8', salicional 8', voix céleste 8', flûte 4', nazard 2 2/3', trompette 8'.
Pédale (30 marches) : soubasse 16'.
Tir. I et II, Acc. II/I en 16, 8 et 4, combinaisons fixes : Piano, Forte, Tutti.
Sommiers à pistons.


Olivier Geoffroy
(mars 2019, mises à jour : février 2020, décembre 2020,
avril 2021, décembre 2021, janvier/février 2022, 11 mars et 20 juin 2022,
7 juillet 2022, 29 octobre 2022, février, avril, août 2023, février 2024, avril 2024.)

 


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