Rapide revue de presse sur quelques orgues de théâtres, salles de concert et cinémas parisiens


 

 

Théâtre Pigalle :

 

« C'est aujourd'hui la Société Anonyme Cavaillé-Coll et cette organisation s'est chargée de cet admirable instrument dont nous aurons bientôt l'occasion de déguster les effluves qui paraissent toujours célestes. L'orgue du Théâtre Pigalle est un orgue de 40 jeux électro-pneumatique. Le jeu est une famille de tuyaux et chaque jeu représente un instrument. L'orgue de 40 jeux correspond donc à un orchestre de quarante exécutants. Il y a près de 3.000 tuyaux, trois claviers manuels dégressifs et un pédalier. Il y a de par le monde exactement 1.330 orgues Cavaillé-Coll, c'est un record qu'aucune maison similaire ne battra jamais. »

(Comoedia, 30 juin 1929, p. 2)

 

« Inauguration des Grandes Orgues, salle du Théâtre Pigalle.

À l'occasion de l’inauguration, des nouvelles orgues, salle du Théâtre Pigalle, un intéressant récital nous fut offert samedi dernier. On sait combien prodigieuses sont les ressources de cet instrument incomparable ; variété des timbres, étendue des jeux, dépassant de beau coup, à l’aigu comme au grave, celle de tous les instruments de l’orchestre. Sans oublier leurs multiples combinaisons, d’où le plus heureux mélange de tons de cette merveilleuse palette.

C'est ainsi que les archaïques accents des jeux de flûtes, voix célestes. etc. passant par les jeux de fonds, atteignent, au moyen de l’adjonction des jeux d’anches et de « crescendos » habilement ménagés, à une magnificence sonore, étincelante, comme un pontife resplendissant dans la gloire de ses vêtements sacrés.

L'orgue de la Salle Pigalle compte trois claviers, cinquante-sept jeux, comprenant trois mille tuyaux. Soixante mille mètres de fil mettent en action six mille contacts électriques.

Pour cette inauguration, on avait fait appel au talent éprouvé de M. Marcel Dupré, le parfait virtuose, dont j’eus maintes fois l’occasion de louer les hautes qualités : le style, la virtuosité, la technique remarquable, qui lui permettent de souligner ses interprétations d’un rythme clair et constant, sans oublier d’en dégager la poésie et la grandeur.

Après une impeccable exécution du Prélude et fugue en sol majeur, de J.S. Bach, du Scherzo de la 4ème Symphonie, de Widor, du Troisième Concerto, de Haëndel, nous eûmes la première audition de la Ballade en la mineur, de Marcel Dupré, avec une importante partie de piano, supérieurement jouée par Mlle Marguerite Dupré.

Qu’il me soit permis de préférer l’exécutant au compositeur. Ce dernier, évidemment, écrit par conviction, avec toute sa foi, mais malgré quelques jolis détails, la netteté des idées, le plan sont quelque peu compromis par le strawinskysme de leurs développements, sans cependant s’engager à fond dans la voie de l’incompréhensible.

Le Finale en si bémol, de César Franck, qui fait partie des chefs-d’œuvre aux immortelles beautés, clôturait ce beau récital, aux applaudissements unanimes d’un brillant auditoire. »

(L'Ordre, 17 octobre 1932, p. 4)

 

« Marcel Dupré et sa charmante fille Marguerite Dupré nous donneront la primeur de la « Ballade pour piano et orgue » qui leur valut récemment à Paris, à l'occasion de l'inauguration de l'orgue du Théâtre Pigalle, une ovation considérable. »

(Le Sud : Journal républicain du matin, 8 février 1933, np)

 

« L'orgue du Théâtre Pigalle est une horreur qui a été vendue pour une bouchée de pain à une église. »

(Combat, 24 janvier 1964, np)

 

Cinéma Gaumont :

 

« Val-de-Marne - Nogent-sur-Marne - Des éléments, bien précieux pourtant, que la Ville de Paris n'a pas voulu ou n'a pas su conserver ont été rassemblés ici : le pavillon Baltard, l'orgue du cinéma Gaumont [...] »

(Sites et Monuments, n° 121, avril 1988, p. 63)

[NDLR Musimem : Cet orgue du Cinéma Gaumont-Palace à Paris (démoli en 1972), a été installé en 1976 par le facteur d’orgues Bernard Dargassies dans le Pavillon Baltard de Nogent.]

 

Salle Gaveau :

 

« L'orgue de la salle Gaveau subit, sous la direction du célèbre facteur, M. Gonzalez des travaux de rénovation qui vont être achevés. »

(L'Art musical, 3 janvier 1936, p. 195)

 

« L’orgue de la salle Gaveau a été vendu par Marcel Gaveau qui ne voulait plus l’entretenir. »

(Combat, 24 janvier 1964, np)

voir http://www.musimem.com/orgues_Cavaille-Coll_Paris.htm

 

Salle Rameau :

 

« L'inauguration du grand orgue a été faite par M. Guilmant dont on connaît le grand talent. L'instrument n'a pas toutes les qualités d'un orgue de concert ; pour employer les termes techniques, il manque un peu de rondeur dans les jeux de fond, de finesse dans les jeux de détail, et ses grandes anches sont embouchées comme pour un orgue d'église où un grand volume de sonorité est nécessaire.

M. Guilmant a tiré le meilleur parti possible de l'orgue de la Salle Rameau, mais M. Fleuret, à qui il fut confié plusieurs fois, parvint rarement à le rendre agréable pour l'oreille des auditeurs. »

(Bulletin français de la Société Internationale de Musique, janvier 1909, p. 489)

 

Trocadéro :

 

« Aux détails que nous avons donnés sur l'orgue de la salle-du palais du Trocadéro, ajoutons-en quelques autres que-nous- empruntons à M. Jules Robert du Paris-Journal. Le commissaire général de l'exposition vient de passer avec M. Cavaillé-Coll un marché pour l'installation d'un grand orgue dans le palais des fêtes du Trocadéro. Cet orgue, de quarante-six jeux distribués sur trois claviers, est destiné à l'église Notre-Dame d'Auteuil, où il devra être transporté immédiatement après la clôture de l'Exposition universelle. On adaptera à l'instrument une pédale' complémentaire de 32 pieds, de manière à mettre sa sonorité en rapport avec les proportions de la salle. Cette pédale complémentaire sera construite de telle sorte qu'elle pourra servir pour un orgue définitif projeté pour la grande salle des fêtes du Trocadéro. Aux termes du marché, il est accordé à M. Cavaillé-Coll, tant pour le placement que pour les frais de construction de la pédale supplémentaire une somme de 43,000 francs. Les travaux devront être terminés le 1er mai, au plus tard, à peine de 100 francs par chaque jour de retard. »

(Le Ménestrel, 30 septembre 1877, p. 350)

 

« Le grand orgue de la salle des fêtes du palais du Trocadéro qui a déjà été entendu il y a trois mois dans les ateliers du célèbre facteur A. Cavaillé-Coll, et dont la pose a été retardé par les travaux de la salle, sera joué pour la première fois aux grands concerts anglais, « British musical Art » qui doivent avoir lieu les 17, 18 et 20 de ce mois. Le jury de l'Exposition universelle a visité jeudi ce grand instrument, encore recouvert de toiles en attendant que la décoration du buffet à laquelle on travaille activement soit terminée et permette d'enlever les échafaudages et de repasser l'accord des jeux. C'est à la demande de S. A. R. le prince de Galles que l'administration française et le facteur de l'instrument ont mis ce grand orgue, quoique inachevé, à la disposition de MM. Arthur Sullivan et Henri Leslie, directeurs des concerts anglais. »

(Le Ménestrel, 14 juillet 1878, p. 262)

 

« L'orgue de la salle des fêtes du Trocadéro n'est pas non plus à-dédaigner, bien qu'il ait l'inconvénient d'être placé dans un local où, malgré beaucoup d'efforts, l'on n'est point parvenu à obtenir des conditions d'acoustique excellentes. »

« L'orgue des concerts du Trocadéro est en fâcheux état. Un comité s'est constitué officiellement pour sa restauration, sous la présidence du maître Widor. La somme à souscrire pour restaurer purement et simplement le grand orgue se monte à 60.500. Le comité se trouve déjà en possession de 19.714 francs 45. Passe encore pour les centimes, mais il reste à trouver 40.286. »

(Paris-Midi, 22 mars 1926, p. 2)

voir http://www.musimem.com/orgues_Cavaille-Coll_Paris.htm

 

Salle Pleyel :

 

« Le concert d'hier après-midi fut ainsi l'occasion d'une pré-inauguration de l'orgue de la Salle Pleyel. J'y reviendrai plus longuement lors de l'inauguration officielle. Mais, dès à présent, je tiens à dire l'impression excellente que m'a produite la sonorité de l'instrument, pour sa rondeur et pour la qualité de son « harmonisation ». »

(Paris-Soir, 31 décembre 1929, p. 2)

 

« L'inauguration officielle et publique de l'orgue de la salle Pleyel a eu lieu mercredi dernier, sous la forme d'un récital donné par Marcel Dupré. »

(Le Ménestrel, 7 mars 1930, p. 113)

 

« On a inauguré cette semaine l'orgue de la salle Pleyel. C'est à Marcel Dupré que l'on avait confié la mission de faire valoir devant le publie toutes les qualités et toutes les ressources de ce noble instrument. Inutile d'insister sur l'opportunité d'un tel choix. Marcel Dupré connaît à fond son difficile métier et possède de l'orgue une conception très large et très intelligente. Il est parmi les rares organistes sérieux qui ont su s'adapter à la modernisation de la facture.

Il est bien évident, en effet, que nous assistons à ce qu'on pourrait appeler la laïcisation de l'orgue. Le mouvement nous est venu d'Amérique avec l'orgue de cinéma. Sans doute, cette évolution se manifesta immédiatement dans un domaine musical d'un niveau, assez peu relevé. Lorsque les virtuoses des salles obscures se virent en possession de jeux plus légers et de timbres plus séduisants, ils en profitèrent pour exécuter des fox ou des romances pleurardes avec une d'ébauche de trémolos et de ports de voix du plus mauvais goût, et leur grande ambition fut d'ajouter au vénérable instrument des jeux de fantaisie, des grelots, des clochettes, des klaxons et toute la gamme des bruits nécessaires à l'accompagnement d'un film.

L'encanaillement de l'orgue devint tel que les autorités ecclésiastiques s'alarmèrent et condamnèrent ces recherches de sonorités vraiment trop frivoles. Néanmoins les « organiers » avaient compris l'utilité d'enrichir la registration traditionnelle de quelques timbres nouveaux permettant l'interprétation au concert d'un répertoire de plus en plus étendu. Dans l'orgue de la salle Pleyel, qui est construit de la façon la plus sérieuse du monde, on trouve un délicieux célesta et des timbres transparents et lumineux permettant d'obtenir des effets musicaux d'une grande fantaisie, mais d'une parfaite distinction.

La « console » d'ailleurs, s'est modernisée, elle aussi. L'organiste n'a plus à arracher l'une après l'autre, de leur alvéole, les longues tiges de bois commandant les registres des trois claviers, ainsi qu'on le voit faire à César Franck dans le fameux tableau de Mlle Rongier. Ici, un appareillage électrique d'une ingéniosité étonnante permet de faire naître ou s'évanouir les combinaisons les plus subtiles et les accouplements les plus complexes. En effleurant un bouton, on détermine des incidences d'une variété et d'une puissance extraordinaires.

De plus, chaque jeu signale sa mise en activité d'une façon rapide et élégante. Au premier appel, il répond joyeusement « présent ! » en allumant une lampe minuscule derrière la petite fenêtre de son logement. Pendant l'exécution, ces points lumineux, qui brillent et s'éteignent tour à tour, donnent à l'instrument l'aspect très « à la page » d'un standard téléphonique. Mais il n'y a aucun prosaïsme dans cette technique nouvelle. Une fois de plus, le machinisme a créé sa beauté, car les anciens « manches à balai » étaient beaucoup moins poétiques et émouvants que ces communications électriques avec l'au-delà et ce féerique privilège de l'organiste, dont chaque geste allume une étoile.

Grâce à la « laisse » électrique qui lui permet de se promener dans tout le théâtre, l'orgue peut maintenant venir à l'avant-scène et faire admirer au public les performances de son dompteur. Dupré fut amené devant le trou du souffleur et les spectateurs purent à loisir admirer sa gymnastique savante.

L'organiste est obligé, sans cesse, de résoudre les problèmes les plus paradoxaux de la culture physique. Assis sur une banquette glissante, il joue toujours dangereusement avec son centre de gravité. S'affranchissant de l'équilibre normal du bipède ou du quadrupède, il est obligé de déplacer sans cesse son équilibre pour que ses quatre membres suspendus dans le vide travaillent librement, à la façon de ceux d'un quadrumane ou d'une araignée.

On a rarement l'occasion d'observer commodément cette acrobatique gesticulation. Marcel Dupré n'a pas craint de l'exécuter en pleine lumière, et l'on a pu admirer la merveilleuse agilité de ce qu'on pourrait appeler son « doigté » du pédalier. De la pointe et du talon, ses deux pieds actionnent le clavier de bois avec une virtuosité étourdissante. La foule éblouie a acclamé longuement ce prodigieux exécutant. »

(Excelsior, 10 mars 1930, p. 3)

 

« L'inauguration du grand orgue de la Salle Pleyel.

Il manquait à la Saille Pleyel un orgue digne de son cadre. Désormais, cette salle, grandiose conception de Gustave Lyon, disposera d'un instrument comparable à ceux qui existent actuellement dans la plupart des grandes salles de concert. L'auditeur est, d'abord, surpris de ne voir devant lui qu'un modeste buffet d'orgue, sans les imposants tuyaux qui constituent l'habituelle parure extérieure de l'instrument. Ceux-ci sont dissimulés derrière le mur d'estrade.
Le nouvel instrument possède une grande beauté. On ne peut qu'être sensible à la variété des jeux, à leur éclat tour à tour ample, puissant, léger et subtil. L'artiste dispose ainsi d'une richesse de sonorités que seul l'orchestre pourrait lui offrir, et cette richesse lui permet des interprétations d'une ampleur magnifique. On admire ici le moelleux de l'harmonisation, la précision des daviers et l'habileté qui régla l'infinité des combinaisons et des jeux.

C'est à M. Marcel Dupré que revenait l'honneur d'inaugurer le nouvel instrument. La souplesse, la virtuosité de sa technique, la distinction de son style convainquirent le nombreux public réuni Salle Pleyel. Il joua des œuvres anciennes avec une merveilleuse aisance, la Pastorale de Franck, les Variations de la 5e Symphonie de Widor, puis sa Deuxième Symphonie amplement conçue et réalisée avec des tons de style empruntés à l'écriture d'aujourd'hui. Une improvisation faite sur deux thèmes de Charles Levadé nous montra la présence d'esprit et le savoir du musicien.

(Comoedia, 10 mars 1930, p. 2)

voir http://www.musimem.com/orgues_Cavaille-Coll_Paris.htm

 

Concerts Touche :

 

« L'orgue des Concerts Touche, d'une valeur de 25.000 fr., est un admirable instrument construit par la célèbre manufacture française des grandes orgues : Ch. Mutin-Cavaillé-Coll. Une ingénieuse disposition a permis de placer la soufflerie mue par un moteur hydraulique dans le plafond de la salle. Dix-neuf jeux répartis sur deux claviers manuels et une pédale séparée ; une machine pneumatique ; huit pédales de combinaisons ; un appareil expressif pour tous les jeux, tel est l'instrument que Francis Touche a mis à la disposition des plus grands artistes qui s'y sont fait entendre. »

(Comoedia illustré, 15 octobre 1909, p. 48)

 

« Musique à l'église —

A Paris, la musique tient, dans les églises, une belle, place. Si l'on veut s'en convaincre, il n'y a qu'à pénétrer, un dimanche, d'ans un sanctuaire. Ainsi, ce dernier dimanche, à Saint-Dominique, j'entendis l'Andante de la noble Sonate celtique de M. Swan Hennesy pour orgue et saxophone (c'était naturellement M. René Laurent qui avait en mains le saxophone), une petite Sonate de Cimarosa pour orgue et un magnifique chant ancien. Cette paroisse a d'ailleurs un maître de chapelle dont le goût musical est de tout premier ordre, l'abbé Lorenzo, et un organiste plein de ferveur et de virtuosité, M. Bürg. Ce dernier dispose d'un, instrument qui porte en ses registres bien des souvenirs, c'est l'orgue des Concerts-Touche. »

(La Semaine à Paris, 17 décembre 1926, p. 45)

 

« Promettez-moi de ne pas rire de l’incident suivant, survenu lors de l'installation de l’orgue des Concerts Touche : notre harmoniste s’était glissé comme une anguille entre un soufflet vide et un sommier. Son petit aide, par erreur, mit le ventilateur en marche. « Coupe le vent, malheureux, rugit Perroux en entendant le soufflet se gonfler, tu ne vois pas que tu m’écrases ». En effet, il sentait déjà, tel le célèbre fakir sur sa planche, les équerres des sommiers lui entrer dans le dos. »

(Allocution de Marcel Dupré à l'occasion de la remise de la croix de Chevalier de la Légion d'honneur à M. Jean Perroux, Meudon, 1953, p. 12)

voir http://www.musimem.com/Perroux_Jean.htm et http://www.musimem.com/orgues_Cavaille-Coll_Paris.htm

 

[NDLR Musimem : Après la salle des Concerts Touche, cet orgue, 2 claviers et pédalier, 16 jeux, a été installé en 1926 dans l’église Saint-Dominique à Paris XIVe, puis transféré en 1945 dans l’église Saint-Antoine-de-Padoue (XVe) avec un buffet neuf, celui d’origine (partie supérieure) étant récupéré en 1947 par l’église Saint-Amand de Verdun pour un orgue neuf construit par le facteur Alexis Collet (2 claviers et pédalier, 14 jeux). A Saint-Antoine, il a été reconstruit en 2008 par le facteur Olivier Chevron et de nos jours sa composition a été portée à 22 jeux (18 jeux réels).]

 

Collecte : Olivier Geoffroy

(août 2022)

 

 

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