BELLAC,  Armes de la Ville de Bellac (Mairie de Bellac)  SON ÉGLISE ET SES ORGUES

Bellac - Photo © Michel Baron, 2001
Eglise Notre-Dame de Bellac perchée sur une terrasse dominante, XIIe, XIVe et XVe siècles.
Vue prise des bords du Vincou enjambé par un vieux pont en dos d'âne du XIIIe s.
( photo © Michel Baron )

SpacerBellac, sous-préfecture de la Haute-Vienne peuplée d’à peine 5000 âmes, est l’une des deux principales villes de la Basse-Marche avec Le Dorat. C’est dans cette région, à la frontière des langues d’oil et d’oc, que s’affrontèrent longtemps autrefois le roi de France et le duc d’Aquitaine. Bellac est connue depuis la fin du Xe siècle, à l’époque ou Boson-le-Vieux, comte de la Marche depuis 940, fit construire un château fort sur une terrasse dominant la rivière du Vincou, un affluant de la Gartempe. Après bien des vicissitudes la Basse-Marche fut enfin rattachée au royaume de France en 1527. Plus tard en 1663, le fabuliste Jean de La Fontaine séjourna dans cette ville et on assure que c’est là, à l’hostellerie de la Pyramide, qu’il écrivit la fable " Le Coche et la mouche ". L’abbé Fénelon y fit également une halte en 1681. C’est aussi à Bellac que se retira quelque temps, en 1820, le capitaine de frégate Jean Duroy de Chaumareix, tristement célèbre par le naufrage, le 2 juillet 1816 au large des côtes du Sénégal, du navire " La Méduse " qu’il commandait. 160 personnes trouvèrent la mort en mer dans d’affreuses circonstances immortalisées par le célèbre tableau de Géricault. Plus près de nous, Jean Giraudoux rendit célèbre Bellac où il était né le 29 octobre 1882, et donna même son nom à l’une de ses pièces " L’Apollon de Bellac ". Il dira un jour : " A Bellac, entrez, je vous prie, dans la maison où je suis né, et du second étage, vous devrez reconnaître bon gré, mal gré, que c’est bien la plus belle ville du monde ! "1

Notre-Dame de Bellac
Église de Bellac après la tempête
Notre-Dame de Bellac
( photo Michel Baron )
L'église après la tempête du 27 décembre 1999;
la moitié de la toiture sud a été arrachée
( photo X..., Ville de Bellac )

Bellac: le portail sud
Bellac: le chevet roman
Bellac: le portail nord
Portail sud à 4 voussures, style roman, XIIe s.
( photo D.H.M. )
Chevet roman avec chapiteaux bifides, XIIe s.
( photo D.H.M. )
Portail nord, style gothique, XIVe s., surmonté des statues de St Abdon et St Sennen
( photo D.H.M. )

L’église, placée sous le vocable de Notre-Dame, est une pittoresque juxtaposition des styles roman et gothique et offre une double nef parallèle. Elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis le 6 février 1926. Cet édifice est en effet constitué de l’ancienne chapelle des comtes de la Marche, construite au XIIe siècle, à laquelle ont été adjoints ultérieurement une nef ogivale à chevet plat et un gros clocher carré au XIVe siècle et deux chapelles latérales le siècle suivant. Le portail nord de style gothique, ouvert au XIXe siècle, est surmonté à l’extérieur des statues de St Abdon et St Sennen. Le portail primitif roman à quatre voussures, au sud, est typiquement limousin. A l’intérieur, les chapiteaux de forme bifide reposent sur des sculptures animalières. On peut également admirer un fort beau retable du XVIIIe siècle avec colonnes torsadées, un baptistère roman soutenu par trois lions et surtout une magnifique châsse, qui est le plus ancien reliquaire connu du Limousin. Sans doute exécutée vers 1130 par les ateliers d’émaux de Limoges pour la chapelle des comtes de la Marche dans le château de Bellac, cette pièce d’orfèvrerie en cuivre doré, décorée de douze médaillons émaillés, qui a été classée Monument Historique le 20 juin 1891, a notamment été exposée à Paris et à New-York en 1995 et 1996.

La Châsse de Bellac
Châsse du XIIe siècle, conservée en l'église de Bellac
( photo X... )
Détail de la Châsse de Bellac
Détails de la Châsse : Aigle-griffon (St Jean) et Christ en majesté
( photo M.B. )

Fenêtre du XIVe siècle, Bellac
Statue à l'orgue, église de Bellac
Fenêtre du XVe siècle, Bellac
Fenêtre en gothique rayonnant, XIVe s., avec vitraux du XIXe s.
( photo D.H.M. )
Sainte Cécile avec orgue portatif, date inconnue
( photo D.H.M. )
Fenêtre en gothique flamboyant, XVe s., avec vitraux modernes
( photo D.H.M. )

Si l’église de Bellac est fort ancienne, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’elle s’est offerte un orgue. Les seuls instruments qui accompagnèrent longtemps les chants de nos aïeux, ici comme dans beaucoup d’autres églises de nos campagnes, étaient le serpent, remplacé à partir du milieu du XIXe siècle par l’harmonium, dont on trouve encore quelques exemplaires dans certaines petites églises de la région, notamment dans celle les bourgs de Peyrat-de-Bellac et de Saint-Junien-des-Combes, ou encore par un orgue à manivelle. C’est d’ailleurs de ce dernier type d’instrument à anches, comme l’était par exemple " L’Hermione " construit par la maison nancéienne Etienne Calba utilisant des cartons perforés sur lesquels étaient notés les principaux accompagnements des offices religieux, qu’était probablement dotée la paroisse de Bellac dans les années 1860.

Jean-Baptiste Ghys
Jean-Baptiste Ghys (1840-1923), constructeur de l'orgue de Bellac en 1878
a également construit l'orgue de Ste-Chantal de Dijon.
( photo X..., Le Bien public, 20 janvier 1971 )

On est certain, grâce aux archives révolutionnaires conservées aux Archives départementales de la Haute-Vienne, qu’en germinal de l’an VII (avril 1799) il n’existait aucun orgue dans le district de Bellac. Ce n’est en effet que bien plus tard que Jacques Fourton2, curé-achiprêtre de Bellac, chanoine honoraire de l’église cathédrale de Limoges, décide d’acheter un véritable orgue après s’être séparé en 1871 de son orgue à manivelle. La construction récente en 1876 d’un orgue Cavaillé-Coll à la collégiale du Dorat, ville rivale de Bellac depuis toujours, n’était certainement pas étrangère à la décision de cet ecclésiastique ! Ainsi, en 1877, il commande au facteur Jean-Baptiste Ghys, installé à Dijon depuis deux ans, un orgue de 2 claviers et pédalier, réunissant 15 jeux. Auteur du nouvel orgue de l’église St-Michel-des-Lions de Limoges, construit un an auparavant, la renommée de celui-ci avait largement franchi la capitale du Limousin. Formé à la facture d’orgues à Paris chez Merklin-Schütze, il avait notamment participé à la construction de l’instrument de l’église Saint-Pierre à Dijon en 1870, puis au relevage de celui de la cathédrale du Mans deux années plus tard.

Jean-Baptiste Ghys3 est né le 25 avril 1840 à Nukerke (Belgique), d'une famille distincte de celles du violoniste Joseph Ghys et du pianiste Henri Ghys (1839-1908), 1er premier professeur de piano de Maurice Ravel à l'âge de 7 ans. Il entrait chez Joseph Merklin, lui-même belge de naissance4, qui à l’origine avait fondé sa manufacture d’orgues à Ixelles-lès-Bruxelles (janvier 1843) et c'est dans cet établissement qu'il effectuait son apprentissage. Ce n’est que plus tard, en octobre 1854, qu’il ouvrit une succursale à Paris, qui prit d’ailleurs un rapide essor avec le rachat l’année suivante de la maison Daublaine-Ducroquet. Cavaillé-Coll lui-même s’inquiéta de ce développement de la Société J. Merklin-Schütze et Cie dans laquelle il voyait un sérieux concurrent ! Il faut dire que Merklin, en quelque cinquante années d’exercice, aura à s’occuper de plus de 400 instruments dans 26 pays différents. C’est à lui qu’on doit notamment la construction, la restauration ou le relevage des orgues des cathédrales de Murcie (Espagne), Chicago (U.S.A), Notre-Dame de Maëstricht (Hollande), St-Nicolas de Fribourg et St-Pierre de Genève (Suisse), Monaco, St-Epvre de Nancy, Poitiers, Soissons, Oran, Alger, Arras, Meaux, Rennes, Tours, Troyes, Strasbourg, St-Louis-des-Français à Rome (Italie)... et une trentaine d’instruments à Paris, dont la construction de l’orgue monumental de Saint-Eustache en 1876-78, considéré comme l’un de ses chefs-d’œuvre ! Auprès d’un tel " patron " Ghys bénéficia d’une formation de premier choix, en compagnie d’ailleurs d’autres futurs facteurs de grande renommée : Claus, Goll, Pierre Schyven et Joseph Gutschenritter.

Après une année de travail, Ghys installe l’instrument neuf posé au sol près de la chapelle du Saint-Sacrement. Il est alors composé de deux claviers et un pédalier à l’allemande :

* clavier du grand-orgue, 56 notes (ut1-sol5) : Prestant 4 , Bourdon 8, Bourdon 16, Montre 8, Flûte harmonique 8, Trompette 8, Clairon 4

* clavier du récit expressif, 56 notes (ut1-sol5) : Gambe 8, Voix céleste 8, Bourdon 8, Flûte octaviante 4, basson Hautbois 8, Nazard 2 2./3

* pédalier, 27 notes : Soubasse 16, Violoncelle 8

Le jeudi 19 septembre 1878 en soirée, l’inauguration officielle se déroule en grande pompe. Cinq organistes se succèdent dans des œuvres de Mozart, Beethoven, Mendelssohn et Lemmens : Léon Couturaud, directeur de l’Orphéon de Bellac et organiste de la paroisse, Joseph Permann, ancien élève de l’Ecole Niedermeyer, organiste depuis 1861 de St-Michel-des-Lions de Limoges, Hippolyte Dessane, organiste de la cathédrale St-Pierre de Poitiers depuis 1877, Bernard Paschali, organiste de la cathédrale St-Front de Périgueux depuis 1870 et Jules Lhommée, organiste et maître de chapelle de la cathédrale St-Julien du Mans. Il est fort probable que Permann a joué le Scherzo symphonique, ou la Prière en mi et Hosanna de Lemmens, pièces de son répertoire qu’il avait coutume d’interpréter, et Dessane une Improvisation sur un motif de Beethoven. Léon Couturaud, dont la famille est installée à Bellac depuis plusieurs générations et au sein de laquelle on trouve plusieurs instrumentistes, dirige à cette occasion un chœur de jeune filles et un chœur d’orphéonistes qui interprètent un Cantique à Sainte Cécile, un salut, un Tantum ergo et un Laudate Dominum. La presse de l’époque encensait le nouvel orgue de Ghys et c’est ainsi qu’on pouvait lire dans le Nouvelliste de Bellac du 6 octobre 1878 :

L'orgue de Bellac
L'orgue posé sur la tribune en pierre massive dans la nef du XVe siècle
( photo Michel Baron )

" Quelle franchise d’attaque dans le jeu de gambe ordinairement si sujet à octavier ! Quelle force et quelle rondeur en même temps dans le jeu d’anches ! Ce sont ces derniers qui ont le plus frappé les experts, grâce à une invention de M. Ghys, qui est parvenu à les faire parler avec la tournure sur l’anche. Cette découverte qui maintiendra toujours leur harmonie, le tirage des jeux par une machine pneumatique et la transmission des mouvements par un perfectionnement à l’abri de toutes les variations de température, sont les trois parties capitales de notre orgue... "

Cette incontestable réussite vaudra à Jean-Baptiste Ghys d’être réclamé ensuite à Limoges pour la restauration de l’orgue de l’église Sainte-Marie (1879), la construction de celui du Sacré-Cœur, et enfin de celui de la chapelle du St-Sauveur à La Souterraine (1887). Décédé en 1923 à Dijon5, on lui doit également plusieurs travaux dans la région dijonnaise, notamment la construction de l’orgue de l’église St-Urse à Montbard (1894), la construction de l’orgue de chœur de l’église de Nolay (1895), la reconstruction de l’orgue de l’église Notre-Dame à Beaune (1895-96) et surtout la construction en 1886 du grand orgue de 56 jeux de l’église St-Michel à Dijon, classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

En 1897, un certain Couhadon6, sculpteur sur bois à Bellac, exécuta un buffet en sapin, teinté couleur chêne pour la façade, qui fut installé sur la tribune en pierre massive, située au fond de la nef principale du XVe siècle. C’est à cette époque que l’orgue de Ghys fut transféré sur cette tribune, où il se trouve toujours aujourd’hui. Trois écussons en bois gravé rappellent cette période : l’un représente les armoiries de la ville de Bellac, le second porte les initiales C.A. de Antoine Couturaud, bienfaiteur de l’instrument, et le dernier les initiales P.F.

Plus ou moins bien entretenu avec les moyens du bord, l’orgue commençait à sérieusement se dégrader lorsque le chanoine Mialou, alors curé de Bellac, décida qu’un relevage complet s’imposait. Il fit appel au début de l’année 1942 au facteur Robert Sequies, alors installé à Biarritz, qui le 23 avril proposa un devis pour la restauration et la transformation des grandes orgues. Il proposait notamment un nettoyage complet, une vérification avec remplacement si nécessaire du mécanisme, une réparation de la soufflerie percée avec son électrification, un démontage de tous les tuyaux avec nettoyage et réparation, le remplacement éventuel de la Voix humaine par un Nazard 2 2/3 et enfin une réharmonisation de l’ensemble. Le facteur ajoutait : " Tous ces travaux seront exécutés dans les plus brefs délais et suivant les principes de l’école Cavaillé-Coll. " Une fois le devis adopté, Sequies débuta les travaux, démonta l’orgue et emporta dans son atelier les claviers afin de les réparer. Hélas, pour une raison inconnue il laissait en plan ledit chantier, ne rapportait jamais les claviers et ne donnait plus signe de vie, au point que le curé fut contraint de déposer plainte le 5 avril 1944 entre les mains du Procureur de la République de Limoges ! Les claviers furent heureusement retrouvés par la suite chez un luthier de Bordeaux et les travaux de restauration purent reprendre en 1946 sous la conduite du facteur d’orgues Louis Gobin. Installé à Clermont-Ferrand, celui-ci avait déjà travaillé à Aubusson en 1942 (relevage) et été sollicité à Guéret en 1946 pour un devis (non réalisé). Il termina enfin le travail entamé 4 années auparavant par Sequies, remplaçant la Voix humaine du récit expressif par un Nazard de 44 tuyaux.

On ignore pour quelle raison Robert Sequies abandonna si curieusement la restauration de l’orgue de Bellac en 1942. Les vicissitudes de la guerre sont peut-être en cause, car ce facteur Lillois auparavant avait toujours mené à bien les divers travaux effectués par ses soins, principalement dans le Nord de la France : St-Martin à Auxi-le-Château (62), Ste-Marie-Madeleine à la Madeleine (59), Chaumont-en-Vexin (95), cathédrale Notre-Dame à St-Omer (62), Notre-Dame à Ste-Menehould (51), abbaye de St-Riquier (80), Notre-Dame à Hesdin (62)...

Sébastien Reix et Joachim Havard de la Montagne
Sébastien Reix, organiste titulaire, montrant le fonctionnement de l'orgue à Joachim Havard de la Montagne, maître de chapelle honoraire de l'église de la Madeleine (Paris VIIIe), lors d'un passage en septembre 2001
( photo D.H.M. )

Les années passèrent et le classement monument historique de l’orgue de Ghys intervenu le 20 août 1991 donna une nouvelle impulsion. Un relevage était une fois de plus devenu nécessaire, c’est d’ailleurs ce que réclamait depuis sa nomination en 1983 le titulaire de l’orgue Sébastien Reix. En effet, l’instrument n’était pas entretenu, les tuyaux souffraient d’un engorgement important de poussières et les cornements nombreux empêchaient une utilisation normale, sans compter les multiples fuites aux sommiers.  En outre, en 1993 fut volé le Nazard installé en 1946 par Gobin ! On décida que l’orgue serait remis dans son état d’origine et le montant du marché fut fixé à 1.200.000 francs, dont 500.000 à la charge de la commune, le reste étant couvert par l’Etat. C’est la Manufacture bretonne d’orgues de Nantes, dirigée par Nicolas Toussaint, qui emporta le marché en 1999. On lui doit notamment les restaurations des orgues de Plougasnou (29) en 1992, de Gerbéviller (54) l’année suivante, de Mouilleron-le-Captif (85) en 1996, de Plestin (29) en 1996-97, de la cathédrale Notre-Dame à Lescan (64) en 2000 et elle procède actuellement à celui de Notre-Dame-du-Camp7 à Pamiers (09), qui devrait être terminée à la fin de l’année 2002.

Technicien-conseil auprès du Ministère de la culture pour les orgues historiques, le Père Philippe Bachet, fondateur de l’Institut de Musique Sacrée de Toulouse en 1978, organiste titulaire de la cathédrale de Toulouse depuis 1986, établit un cahier des charges très strict. Mis à part la disparition de la Voix humaine et la mise en place d’un ventilateur électrique, l’instrument de Ghys n’avait pas subi de modification notable depuis sa construction en 1878. C’est l’une des raisons d’ailleurs qui le fit classer monument historique, cet orgue étant un témoin pratiquement intact de la facture de cette époque. Les opérations de relevage débutèrent par un démontage complet à la fin de l’année 1999. On en profita, avant sa réinstallation, pour réaliser des travaux sous la tribune : réfection du " sol support ", remplacement de l’alimentation électrique, modification du système de chauffage et remplacement de la chaudière de chauffage central. Par précaution, on différa de quelques mois le remontage de l’orgue le temps de la réparation de la moitié sud de la toiture qui avait été emportée lors de la violente tempête du 27 décembre 1999. Celui-ci pouvait enfin commencer à partir de septembre 2000, mais au cours de cette opération l’organier constata que les tuyaux de façade restaient muets. Une partie de ceux-ci s’était en effet effondrée après la réfection de la voûte. Ce contre-temps, qui obligea la réparation de ladite façade, fit que le relevage de l’instrument ne fut achevé totalement qu’en juillet 2001, suivi de la réception définitive le 24 septembre suivant.


Bourdon, orgue de Bellac
Buffet de l'orgue de Bellac
Partie intérieure du buffet au cours de la restauration de 2001 : on distingue les tuyaux en bois du Bourdon
( photo D.H.M. )
Tuyaux de façade du buffet de l'orgue durant la restauration de 2001
( photo D.H.M. )

 

L'orgue Ghys de l'église Notre-Dame de Bellac se présente actuellement ainsi :

1er clavier       2e clavier       Pédalier à l'allemande
GRAND ORGUE    RÉCIT EXPRESSIF    RÉCIT
( 56 notes )    ( 44 notes )    ( 27 notes )
           
Bourdon16    Bourdon8    Soubasse16
Montre8    Gambe8    Violoncelle8
Bourdon8    Voix céleste8    par emprunt au grand-orgue 
Flûte harmonique8    Flûte octaviante4      
Prestant4    Voix humaine8      
Trompette8    Hautbois8      
Clairon4         

 

Console de l'orgue de Bellac
Détail de la console, orgue de Bellac
Console de l'orgue Ghys, 1878
( photo D.H.M., mars 2001 )
Les deux claviers de la console et les tirants de registres
( photo D.H.M. )

Le samedi 2 février 2002 à 21 heures s’est déroulé le concert inaugural de l’orgue, en présence notamment du technicien-conseil le Père Philippe Bachet, du Père Claude Chartier, curé de la paroisse, du facteur d’orgues Nicolas Toussaint, de l’organiste Alain Santoni, titulaire de l’orgue d’Aubusson (Creuse), venu en ami, de Jacques-Michel Faure, maire de Bellac et de nombreux bellacquais. Danielle Videaud, ancienne élève de Francis Chapelet au C.N.R. de Bordeaux et actuellement organiste assistante d’Edward Tipton à la cathédrale américaine de Paris, et sa sœur Corinne Videaud, mezzo-soprano choriste au Théâtre du Capitole de Toulouse, toutes deux enfants de Bellac, assurèrent la partie musicale. Naturellement, comme c’est la coutume, c’est l’organiste titulaire Sébastien Reix qui ouvrit le concert en interprétant avec beaucoup de doigté des Variations sur un Noël anglais du XIXe siècle. Vinrent ensuite des pièces jouées par Danielle Videaud  avec en premier lieu celle d’un compositeur espagnol du XVIe, suivie de trois pages d’André Fleury (Pièces I , II et XXIV), extraites de ses Vingt-quatre pièces écrites en 1936, la Dance n° 2 quelque peu déroutante du compositeur américain Philip Glass né en 1937, l’éternel Adagio en sol mineur de Tomaso Albinoni (transcription du musicologue italien Remo Giazotto) et la pittoresque mais néanmoins attachante Marche de fête d’Henri Büsser, mort centenaire en 1973, Grand Prix de Rome et ancien élève de Gounod.

Inauguration de l'orgue de Bellac
Inauguration de l'orgue de Bellac
Inauguration de l'orgue, 2 février 2002     ( photos Le Populaire du Centre )

Ces pages d’orgue alternèrent avec plusieurs œuvres vocales chantées par Corinne Videaud, accompagnée de sa sœur à l’orgue, qui visiblement ravirent le public : Music for a while de l’anglais Henry Purcell, organiste de l’Abbaye de Westminster au XVIIe siècle, l’admirable et séraphique Panis Angelicus de César Franck, composé à l’origine en 1872 pour ténor, orgue, harpe, violoncelle et contrebasse, le non-moins remarquable Pie Jesu extrait du Requiem de Maurice Duruflé (1947), dans lequel l’orgue joue un rôle important, un fragment de la passion selon St-Jean de Jean-Sébastien Bach  BWV 249 (1724) : le fort bel aria Von den Stricken meiner Sünden (Pour me délier des liens de mes péchés), et une autre pièce de Bach : Et exultavit spiritus meus, extrait du Magnificat BWV 243 (1730). Un rappel du public obligea les deux artistes à donner le trop populaire Ave Maria de Gounod, qui d’ailleurs est une adaptation du 1er Prélude du Clavier bien tempéré de Bach, dont la version originale (1853) s’intitule Méditation sur le premier Prélude de piano de J. S. Bach pour violon et piano. Ce n’est que plus tard (1859) que des paroles ont été ajoutées !

Les soeurs Corinne et Danielle Videaud
Sébastien Reix
Corinne (à g.) et Danielle Videaud
( photo Le Populaire du Centre )
Sébastien Reix, titulaire de l'orgue de Bellac, janvier 2002
( photo L'Echo de la Haute-Vienne )

Si le choix des œuvres chantées était judicieux, fort riche et emballa les bellacquaises et bellacquais, on peut cependant regretter l’absence de quelques grandes œuvres " traditionnelles " pour orgue que l’on interprète dans de telles circonstances. Certes, les diverses pièces jouées ont bien mis en valeur les possibilités multiples de l’instrument et la richesse de sa palette sonore, mais il faut avouer qu’elles étaient parfois un peu trop techniques, notamment Glass !, et n’ont pas été forcément goûtées comme il se doit par le public. Cela ne l’a pas cependant empêché d’applaudir les deux interprètes qui ont su parfois émouvoir l’assistance par la voix chaude de la mezzo et le jeu tout en finesse de l’organiste.

Denis HAVARD DE LA MONTAGNE 8

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Le clocher de l'église de Bellac
Clocher, XVe siècle
( photo Michel Baron )
1) Pour davantage de détails sur l'histoire de le ville de Bellac, on peut se reporter utilement à l'ouvrage Histoire de Bellac de l'abbé Granet (1890, Limoges, Ve H. Ducourtieux), réédité en 1996 par les Editions du Roc de Bourzac à Bayac (Dordogne), 399 pages. [ Retour ]

2) Né en 1817 à Ars (Creuse), du légitime mariage d'Antoine Fourton et Madeleine Cabot, le chanoine Jacques Fourton est décédé en son domicile de Bellac, rue de l'Eglise, le 29 août 1890. La déclaration de décès à l'Etat-civil de Bellac fut effectuée le lendemain par son neveu Jacques-Hippolyte Fourton, propriétaire, âgé de 42 ans, domicilié à Ars et par son neveu par alliance Domnolet Tamisier, également propriétaire, âgé de 37 ans, demeurant à Fransèches (Creuse). [ Retour ]

3) Il est peu probable que le violoniste Joseph Ghys soit de la même famille que celle du facteur d'orgues. Né à Gand en 1801, mort au cours d'un voyage à Saint-Pétersbourg le 22 août 1848, élève de Lafont, il s'installa en France en 1821, tout d'abord à Amiens, puis à Nantes et enfin à Paris. Il parcourut l'Europe et se fit applaudir à Londres, Berlin, Leipzig, Bruxelles, Paris, Lyon... On lui doit des romances, des pièces pour violon, des Airs variés pour piano et orchestre et un Concerto pour violon et orchestre. [ Retour ]

4) Joseph Merklin est né le 17 janvier 1819 à Oberhausen (Grand duché de Bade) et est décédé le 10 juin 1905 à Nancy, où il s'était retiré chez sa fille Anne Berthe des Cilleuls. C'est en 1847 qu'il s'était associé avec son beau-frère Friedrich Schütze. La manufacture d'orgues passa ensuite en 1898 aux mains de son contremaître Joseph Gutschenritter, qui plus tard constituait une nouvelle société qui portait son nom (1904). [ Retour ]

5) Jean-Baptiste Ghys, fils de Louis Ghys et de Marie-Rosalie Langui, est mort le 21 mars 1923 à Dijon, en son domicile du 6 rue de la Raffinerie. Il était alors marié à Maria-Amélie Batthéus, sœur du facteur d'orgues Arthur Batthéus. Le bulletin n° 8 (Noël 1970) de l'Association des Amis des Orgues de la Côte-d'Or donne quelques détails supplémentaires sur la vie et les travaux de ce facteur d'orgues. [ Retour ]

6) La famille Couhadon n'est pas originaire de Bellac, mais du village de Lamazière-Haute situé dans le département de la Corrèze. C'est François Couhadon, né en 1811 à Lamazière-Haute, qui s'installa à Bellac, après avoir résidé quelque temps à Aigurande (Indre). Terrassier, puis équarrisseur, il eut de son mariage avec Marie Lepeytre, originaire également de Lamazière-Haute, au moins deux enfants nés à Bellac : François, né le 19 janvier 1853 et Jean, né le 16 août 1855 et décédé le 1er septembre 1856. Le jeune François à l'âge de 7 ans perdit sa mère âgée de 55 ans le 18 septembre 1862, puis son père 3 semaines plus tard le 9 octobre. La famille Couhadon habitait alors faubourg du Pont-de-la-Pierre. La destinée du jeune orphelin est inconnue actuellement. Peut-être est-ce lui l'auteur du buffet de l'orgue de Bellac ? [ Retour ]

7) C'est dans cette église, le 13 mai 1845, qu'a été baptisé Gabriel Fauré. L'orgue actuel en cours de restauration, dû aux facteurs Poirier et Lieberknecht, n'a été construit qu'une quinzaine d'années plus tard. A l'époque de Fauré il existait déjà un orgue sur lequel les archives de la paroisse restent muettes. [ Retour ]

8) Les personnes intéressées par de plus amples renseignements techniques sur l'orgue de Bellac sont invitées à consulter l'incontournable inventaire Orgues du Limousin, réalisé par Robert Martin, à l'initiative du Ministère de la culture et de la francophonie (ASSECARM Limousin, Editions Edisud, 1993, 319 pages). [ Retour ]

En savoir plus sur Bellac (tourisme, manifestations, liens...)


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