GABRIEL FAURÉ

1845 - 1924

Portrait à l'huile de Gabriel Fauré
par John Singer Sargent,
vers 1889
(Paris, Musée de la musique)


Article publié en 1995

 

En ce cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Gabriel Fauré il est de notre devoir de célébrer cet événement en consacrant quelques pages de notre revue à ce musicien considéré comme le véritable créateur de la musique de chambre française. Equilibre des lignes mélodiques, homogénéité du discours, simplicité dans l’expression, respect des modes anciens font que Fauré tient une place unique et originale dans la musique de son temps. Ses élèves, Ravel, Enesco, Florent Schmitt, Koechlin, Louis Aubert, Ladmirault, Roger-Ducasse, Lapara, Nadia Boulanger savent ce qu'ils doivent à leur maître, notamment dans la pureté et l'aisance de leur écriture.

Sa musique religieuse est aussi unique dans son genre : Fauré comprend la religion comme source d'amour et non de crainte, d'où une musique douce, paisible, parfois profonde et triste mais jamais terrifiante ni dramatique. Ecoutez son Requiem, pas d'effet grandiose, pas de colère divine ni de séquence inspirant la crainte ou la peur, au contraire, confiance, tendresse, apaisement, méditation. De même, à l'audition de sa mélodie profane Au cimetière, magistralement interprétée d'ailleurs par Camille Maurane, et d'où s'échappe la poésie sensible et exquise de Fauré, une langueur profonde nous étreint et laisse notre âme vaguer dans les brumes de la mélancolie, mais point de crainte là encore, seulement un sentiment de vague tristesse presque reposante...

Les manifestations officielles pour célébrer cet anniversaire, à part quelques concerts et récitals principalement à Paris (Musée d'Orsay) et à Pamiers, et quelques manifestations à Nevers, Grenoble, Saint-Honoré-les-Bains et Bordeaux, sont peu nombreuses et dues souvent a des initiatives locales. Il est vrai que, hormis Jean-Philippe Collard, la France n'honore pas Fauré, mais c'est le propre du français que de rejeter ses artistes et ses poètes pour aduler ceux venus d'ailleurs ! Heureusement la musique fauréenne est conservée, jouée et honorée à Tokyo avec la création de l'Association des Amis de Fauré; à Leipzig, où l'on publie les premières éditions des 13 Nocturnes et des 13 Barcarolles; en Ukraine où l'on enregistre le Requiem; en Grande-Bretagne à Manchester où est organisé un " Festival Fauré and the french connection " avec douze concerts en avril et mai notamment avec le BBC Philarmonic Orchesta; et en Belgique à Bruxelles avec la Société Philharmonique de Bruxelles qui organise au Conservatoire royal de musique des concerts de musique de chambre. Les deux colloques internationaux à l'occasion de ce cent-cinquantenaire se déroulent non pas en France, mais à Munich et au Canada ! Quant aux interprètes spécialisés dans la musique de Fauré, là encore beaucoup d’artistes étrangers : les violonistes Itzah Perlman et Slomo Mintz, le trio américain "Beaux Arts Trio", le violoncelliste américain Yo Yo Ma, les chefs d'orchestre Carlo-Maria Giulini, Seiji Ozawa, la soprano neo-zélandaise Kiri Te Kanawa... Nul n'est prophète dans son pays !

Plutôt que d'écrire une énième biographie de Gabriel Fauré, ce qui a été déjà fait à de plusieurs reprises par des spécialistes incontestés (Charles Koechlin, Philippe Fauré-Frémiet, Claude Rostand, Emile Vuillermoz...) auteurs d'ouvrages de qualité et auxquels nous renvoyons nos lecteurs, en leur conseillant en outre la lecture du remarquable livre de Jean-Michel Nectoux intitulé Gabriel Fauré, les voix du clair obscur (Flammarion, 1990, 616 pages), nous préférons faire découvrir des documents peu connus ou inédits. Mais, auparavant, afin de remettre en mémoire les principaux événements de la vie de Fauré nous pensons faire œuvre d’utilité en rappelant quelques repères chronologiques. Puis viendra la publication de documents inédits que nous avons retrouvés aux Archives Nationales, sous la cote F193951. Il s'agit du dossier de demande de bourse pour l'entrée à l'Ecole Niedermeyer contenant 18 pièces diverses. Nous avons choisi parmi celles-ci :

- Requête de Toussaint Fauré au Ministre de l'Instruction publique et des Cultes (Hippolyte Fortoul) pour l’obtention d'une bourse entière, 23 juillet 1854.

- Attestation de Toussaint Fauré s'engageant à payer le quart de la scolarité de son fils Gabriel, 4 septembre 1854.

- Requête de Toussaint Fauré à Monseigneur l’évêque de Pamiers le priant d’intervenir auprès du Ministre des Cultes afin d’obtenir une bourse complète, 25 septembre 1861.

- Lettre de Gustave Lefèvre, directeur de l' Ecole de Musique Religieuse de Paris (Ecole Niedermeyer) au Ministre de la Justice et des Cultes (Pierre Baroche), l’informant de la disponibilité de la bourse de Fauré, celui-ci venant de quitter l'Ecole pour prendre la place d'organiste à l'église St Sauveur de Rennes, 2 octobre 1865.

- Fac-similé de l'extrait d'acte de baptême de Gabriel Urbain Fauré, célébré le 13 mai 1845 en l'église Notre-Dame du Camps à Pamiers, fourni en 1854 au Ministère des Cultes lors de la constitution du dossier de demande de bourse.

Enfin nous parachèverons le portrait de ce grand musicien en publiant ses Souvenirs sur l’Ecole Niedermeyer où il est resté durant 11 ans et dans lesquels il évoque sa conception de la musique religieuse. Ceux-ci étaient parus la première fois en 1922 dans La Revue Musicale d'Henry Prunières.

DHM

Cette liste ne se prétend pas exhaustive, loin de là. Ne figurent ici que les principaux événements marquants pouvant aider à mieux cerner la personnalité du compositeur. Les personnes intéressées par le sujet et désirant approfondir leurs connaissances peuvent utilement se reporter au livre de Jean-Michel Nectoux cité supra.

Toussaint Fauré, le père de Gabriel,
vers 1865. (collection B.N.F., Musique)

 1845, le 12 mai à quatre heures du matin : naissance de Gabriel Urbain Fauré au domicile de ses parents, 17 rue Major à Pamiers (Ariège). Il est le sixième enfant de Toussaint Fauré (né le 8 octobre 1810 à Foix, fils de Gabriel. boucher à Pamiers. et de Marguerite Mesplié) sous-inspecteur de l'Instruction primaire, et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène (née le 8 janvier 1809 à Gaillac-Toulza, fille de Germain et de Guillemette Troy). Edouard Peire, 45 ans, avocat et membre du Conseil d'arrondissement et Jean Combes, 36 ans, négociant, tous deux domiciliés à Pamiers furent les témoins lors de la déclaration de naissance à la Mairie de Pamiers.

 1845, le 13 mai: baptême à l'église paroissiale Notre-Dame-du-Camp. Il est tenu sur les fonds baptismaux par son parrain son frère aîné Louis Arnaud Fauré, âgé de 11 ans et sa marraine Rose Elodie, dite Victorine Fauré, sa grande sœur âgée de 15 ans.

 1849 : installation de la famille à Montgauzy, non loin de la ville de Foix où Toussaint est nommé directeur de l'Ecole normale. Gabriel commence alors à apprendre à jouer de l'harmonium auprès "d'une vieille aveugle" à la chapelle adossée à la maison que les Fauré occupent.

 1854 le 23 juillet : Toussaint désirant inscrire son fils Gabriel à l'Ecole de musique classique et religieuse à Paris, dite Ecole Niedermeyer, adresse une requête au Ministre des cultes afin d'obtenir une bourse.

 1854, le 1er octobre : En réponse à cette demande, le Ministre sollicité prend un arrêté accordant 3/4 de bourse à Gabriel. Il se rend alors à Paris et franchit les portes de cette Ecole alors située dans l'actuelle rue Fromentin. en plein Montmartre.

 1857 : Prix de solfège et d'instruction religieuse.

 1859 : 1er accessit de piano dans la classe de Niedermeyer.

 1860 : Prix d'harmonie (classe de Dietsch) et 1er Prix de piano devant Gigout.

 1861 : ler accessit de composition (classe de Nidermeyer et Dietsch), derrière Gigout qui obtient le 1er Prix. ler Prix de piano, ex-aequo avec Gigout, dans classe de Nidermeyer puis dans celle de Saint-Saëns.

 1861 le 25 septembre : demande de Toussaint Fauré à Monseigneur l’évêque de Pamiers lui demandant d’intercéder en sa faveur auprès du Ministre des cultes afin qu’il lui octroie le dernier ¼ de bourse qu’il doit payer pour la pension de Gabriel.

 1862 : accessit d'accompagnement du plain-chant dans la classe de Gigout, derrière Emile Lehmann et Adolphe Dietrich. Prix d'excellence de piano devant Gigout et Périlhou dans la classe de Saint-Saëns et également Prix de littérature.

 1863 : mention très honorable au concours de composition (classe de Dietsch), accessit d'orgue derrière Laurent Giroux (1er Prix) et Adam Laussel (2ème Prix) dans la classe de Clément Loret.

 1864 : 2ème Prix de composition (classe de Dietsch) derrière Adam Laussel, et 2ème Prix d’accompagnement du plain-chant (classe de Gigout) derrière Laurent Giroux et Albert Périlhou, ler Prix ex-aequo.

 1865 : ler Prix de composition (classe de Dietsch puis de Lefèvre) devant Albert Périlhou. Prix de contrepoint et fugue (classe de Gigout)

  fin juillet : quitte l'Ecole Niedermeyer, après 11 ans d’études !

Gabriel Fauré vers 1868
durant son séjour à Rennes
(photo X...)

 en octobre : sur recommandation de Gustave Lefèvre est nommé organiste de la basilique Saint-Sauveur de Rennes.

 1866, le 4 août : pour la bénédiction de l'orgue de Saint-Sauveur, le Cantique de Jean Racine, avec accompagnement de cordes et orgue, est interprété.

 1868 : tient la partie d’harmonium lors d'une représentation du Faust de Gounod au Grand Théâtre de Rennes.

 1870, janvier : quitte Rennes pour regagner Paris . Son successeur à St-Sauveur est un certain Gortebeck.

 mars à août : est organiste de chœur de l'église Notre-Dame-de-Clignancourt dans le XVIlI° arrondissement où il succède à Victor Sieg.

 16 août : lors de la guerre franco-prussienne s'engage dans le ler Régiment des Voltigeurs de la Garde impériale.

 10 septembre : passe au 28ème Régiment d'Infanterie et participe aux combats de Champigny, puis plus tard à ceux du Bourget et de Créteil en région parisienne

 1871, le 28 janvier: armistice.

 25 février : en compagnie de César Franck, Ernest Guiraud, Camille Saint-Saëns, Jules Massenet, Henri Duparc, Jules Garcin Théodore Dubois, Paul Taffanel et Romain Bussière fondent la Société Nationale de Musique . Il habite alors avec son frère Arnaud 45 rue des Missions à Paris.

 9 mars : libération de l'armée.

 mars et avril : organiste de l'église Saint-Honoré-d'Eylau dans le XVI° arrondissement durant quelques semaines. Son successeur est Henri Covin

 juillet à septembre : enseigne la composition en Suisse à Cours-sous-Lausanne chez Niedermeyer qui avait transporté son Ecole en Suisse pendant la guerre. L'un de ses premiers élèves est Massenet. Le 20 août écrit un Ave Maria pour 3 voix d'homme et orgue.

 octobre : habite alors 19 rue Taranne [actuellement167 Bd de St-Germain dans le VI°]. Est nommé organiste de chœur à l'église Saint-Sulpice. Widor est au grand orgue depuis janvier 1870 et Charles Bleuse dirige la maîtrise. Fauré succède à Dessane parti à Notre-Dame-d'Auteuil.

 1872 : Saint-Saëns l'introduit dans le salon Viardot. Il rencontre là Renan, Gounod, George Sand et Flaubert...

 1874, janvier : quitte Saint-Sulpice pour devenir suppléant de Saint-Saëns au grand orgue Cavaillé-Coll de l’église de la Madeleine. André Messager le remplace à Saint-Sulpice.

 juillet : s'installe 7 rue de Parme, dans un appartement du 5ème étage.

 22 novembre : est élu secrétaire de la Société Nationale de Musique.

 1876 : Sonate n° 1 pour violon et piano en la majeur, op.13.

 1877, avril : déménage pour résider 13 rue Mosnier, toujours dans le IXème arrondissement. Nommé maître de chapelle de l’église de la Madeleine où il succède à Théodore Dubois passé au grand orgue en remplacement de Saint-Saëns. L'orgue de chœur est tenu depuis 25 ans par François Manson.

 juillet : fiançailles avec Marianne Viardot, fille de Pauline qui lui a été présentée par Saint-Saëns en 1872. Gounod accepte d'être témoin au futur mariage.

 novembre : rupture des fiançailles. Marianne Viardot épousera finalement le pianiste Alphonse Duvernoy.

 compose un Ave Maria pour 2 sopranos et orgue qui est interprété le 30 mai à la Madeleine par Pauline et Claudie Viardot.

 vers.1880 : Bendictus, chœur à 4 voix mixtes pour orgue et contrebasse. Elégie pour violoncelle.

 1881 : comme en 1879 et 1880 voyage souvent à Munich où il rencontre Liszt. Ballade, version pour piano et orchestre.

Marie Frémiet
à l'époque de son mariage
avec Gabriel Fauré (photo X...)

 1883, 27 mars : mariage avec Marie Frémiet, née le 23 mai1856 à Paris, fille du sculpteur Emmanuel Frémiet (1824-1910) et de Marie Adélaïde Ricourt. La cérémonie religieuse est célébrée le 28 à l'église de la Madeleine. Le jeune couple s'installe 93 avenue Niel (XVII°).

 29 décembre : naissance d'Emmanuel Fauré, avenue Niel.

 composition cette année de Trois Romances sans paroles ; Impromptus; Barcarolle n°1;et les Nocturnes n°1, 2 et 3.

 1884 : Nocturnes n° 4 et 5.

 1885, le 25 juillet : décès de Toussaint Fauré à Toulouse. Il est inhumé au cimetière de Gaillac-Toulza, près de Cintegabelle (Haute-Garonne).

 1885 : Barcarolles n° 2 et 3.

 1886, octobre : le couple Fauré s'installe 154 boulevard Malesherbes dans un appartement de 6 pièces au 5ème étage.

 compose cette année le Quatuor n° 2 pour piano et cordes et travaille son Requiem.

 1887 : 0 Salutaris, pour baryton et orgue, en si majeur, op.47 n°1, dédié au baryton Jean-Baptiste Faure qui l’interprète lors de la première audition donnée le 21 novembre à la Madeleine.

 le 31 décembre : décès de sa mère.

 1888, le 16 janvier : dirige la première exécution de son Requiem lors des obsèques de H. Lesoufaché à la Madeleine.

 mars : Maria Mater gratiae, duo pour ténor et baryton avec orgue. op.47 n° 2.

 juillet : premier voyage avec Messager à Bayreuth où ils retrouvent Debussy et Bréville. Visite de la famille Wagner.

  novembre : achève la mélodie Au cimetière en mi mineur op. 51, n° 2, sur des paroles de Jean Richepin.

 1889, le 28 juillet : naissance de Philippe Fauré à Bougival où Fauré possède une résidence d'été au Bas-Prunay provenant des beaux-parents Frémiet.

 Ecce fidelis servus, trio pour soprano, ténor et baryton avec orgue, op. 54. Nouveau recueil de Mélodies.

 1890 : Tantum ergo pour ténor solo et chœur mixte avec accompagnement de harpe et d'orgue, op. 55. Première audition le 22 janvier 1891 à l'église St-Gervais.

 1891, mai et juin : séjour à Venise

 1892, le ler juin : est nommé inspecteur de l'enseignement musical.

 1893, le 21 janvier : exécution du Requiem à l'église de la Madeleine.

 26 octobre : obsèques de Charles Gounod à la Madeleine; il dirige la maîtrise, Saint-Saëns est au grand orgue.

 1894, le 19 mai : se présente à l'Institut mais Théodore Dubois lui est préféré par 20 voix contre 4.

 17 octobre : dirige le Requiem de Gounod à la Madeleine.

 6ème Nocture et un Ave verum, duo ou chœur pour 2 voix de femme avec accompagnement d'orgue, op. 65 n° 1; un Tantum ergo, chœur pour 3 voix de femme avec soli et orgue, op.65 n°2; un Sancta Mater pour ténor solo, chœur mixte et orgue; et un Ave Maria pour ténor, baryton et orgue en fa majeur, ainsi que la 5ème Barcarolle pour piano. Commence cette même année ses voyages à Genève et Londres qui se poursuivront en 1896 et 1898.

 1895 : 6ème Barcarolle et Ave Maria pour mezzo-soprano et orgue.

 1896, le 10 janvier : tient les orgues lors des obsèques de Verlaine.

 2 juin :succède à Théodore Dubois aux grandes orgues de la Madeleine. Son poste de maître de chapelle revient à l'abbé Auguste Chérion arrivé de la cathédrale de Moulins. Depuis un an l'orgue de chœur tenu par Achille Runner. Nouvel échec à l’Institut au profit de Charles Lenepveu (19 voix contre 4).

 1er octobre : succède à Massenet dans la classe de composition au Conservatoire.

 1898, mai et juin : Pelléas et Mélisandre, musique de scène pour la pièce de Maeterlinck et 7ème Nocturne.

 12 juillet : lors de l’Exposition Universelle première audition, au Trocadéro, du Requiem dans sa version chœur et orchestre sous la direction de Paul Taffanel.

 1900, août : création de Prométhée à Béziers devant 15000 spectateurs. Rencontre avec Marguerite Hasselmans (née le 29 mai 1876 à Paris) sœur du célèbre violoncelliste et chef d'orchestre Louis Hasselmans, pianiste. qui restera jusqu'à la mort de Fauré sa compagne et son interprète féminine préférée. I1 l'installe même dans un immeuble cossu de l'avenue de Wagram. au numéro 23.

Les fondateurs de la "Société Musicale Indépendante" créée en 1909 et présidée par Gabriel Fauré. Debout, de g. à dr. : Louis Aubert, Albert-Zenny Mathot (éditeur de musique, 11 rue Bergère, secrétaire général de la SMI), Maurice Ravel, André Caplet, Charles Koechlin, Emile Vuillermoz, Jean Huré. Au piano : Gabriel Fauré et Roger-Ducasse
(in Musica , juin 1910, coll. DHM) DR.

 1902 : 8ème Nocturne.

 1903, le 2 mars : devient critique au Figaro et publie son premier article.

 5 avril : est promu officier de la Légion d'honneur.

 7 et 8 août : voyage à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie.

 au cours de l'été : premiers troubles auditifs.

 1904 : Tantum ergo pour soprano solo et chœur mixte à 4voix avec orgue. Première audition à la Madeleine le 14 novembre.

 1905, le 15 juin : succède à Thédore Dubois à la tête du Conservatoire de Paris.

 août-septembre : lors d'un séjour à Zurich compose la 7ème Barcarolle.

 1906 : Ave Maria pour 2 sopranos et orgue (op.93) et 8ème Barcarolle. Révise sa Messe des pêcheurs de Villerville.

 1908 : 9ème et 10ème Nocturne.

 1909, le 13 mars : est enfin élu à l'Institut de France, au fauteuil de Reyer.

 1910, le 11 septembre : décès de son beau-père Emmanuel Frémiet.

 18 et 19 novembre : concerts à Moscou où il rencontre Tchaïkovsky.

 compose la 9ème Barcarolle.

  1911, en avril : quitte le boulevard Malesherbes pour s'installer à Passy, 32 rue des Vignes, dans le seizième arrondissement.

 1913, le 4 mars : création de Pénélope à Monte Carlo au théâtre du Casino, avec Lucienne Bréval.

 15 avril : mariage d’Emmanuel Fauré avec Jeanne Henneguy (née le 14 mars 1879) petite-fille de Pierre-Joseph Proudhon.

 compose le 11ème Nocturne et la 10ème Barcarolle.

 1914 : 11ème Barcarolle.

 1915 : 12ème Nocturne et 12ème Barcarolle.

 1917 : est élu président de la Société Nationale de Musique.

 Sonate n°2 pour violon et piano. Sonate n°1 pour violoncelle et piano.

 1919, le 10 avril : première représentation à Monte-Carlo de la comédie musicale en un acte, sur des paroles de René Fauchois, Masques et Bergamasques.

 mi-juillet - mi-septembre : premier séjour à Annecy-le-Vieux (Villa Dunand, Les Charmilles).

 1920, le 26 avril : promu grand officier de la Légion d'honneur.

 1er octobre : prend sa retraite de la direction du Conservatoire ; Henri Rabaud lui succède.

 1921 : passe l'été à Ax-les-Termes à la Villa Rose-Marguerite. Compose le Nocturne n° 13; la Barcarolle n° 13, le Quintette n° 2 pour piano et cordes; et L'Horizon chimérique.

 22 décembre : obsèques de Saint-Saëns à la Madeleine. Dallier et Gigout se partagent les claviers. On interprète notamment l’ In Paradisum extrait du requiem de Fauré.

Gabriel Fauré, vers 1920, répétition de Pénélope.
Croquis de Jules Flandrin (collection Gabriel Astruc)

 1922, le 20 juin : un hommage national lui est rendu à la Sorbonne.

 Compose un Trio pour piano, violon et violoncelle (op.120). Est atteint de broncho-pneumonie. Second séjour à Annecy-le-Vieux (août-octobre) durant lequel il écrit l’article "Souvenirs" de l'Ecole Niedermeyer pour la Revue Musicale [voir infra].

 1923, le 31 janvier : est promu Grand-croix de la Légion d'honneur.

 du 25 juin au 20 septembre : troisième séjour à Annecy-le-Vieux où il commence son Quatuor à cordes.

 1924, du 24 juillet au 17 octobre : quatrième séjour à Annecy-le-Vieux. Achève le 11 septembre le Quatuor à cordes en mi mineur (op.121) qu'il refuse d'écouter à cause de sa surdité. Souffre à nouveau d'une grave broncho-pneumonie.

 18 octobre : rentre à Paris.

 4 novembre à 2 heures du matin meurt dans son appartement du 32 rue des Vignes.

 8 novembre : obsèques nationales à la Madeleine. On interprète son requiem. Henri Dallier est au grand orgue, Jules Weyer à l'orgue de chœur et Achille Runner dirige les chœurs. Il est inhumé au cimetière de Passy, non loin de Messager et de Debussy.

 1925, le 12 juin : la S.N.M. joue à la Salle du Conservatoire, en première audition. son œuvre ultime: le Quatuor à cordes op. 121.

 1926, le 13 mars : décès à Paris de son épouse Marie Fauré.

 10 novembre : mariage de Philippe Fauré avec Blanche Felon (née à Nîmes le 9 juillet 1895).

 1927, le 3 septembre : Inauguration du monument Gabriel Fauré à Pamiers.

 1954, le 19 novembre : décès à Paris de Philippe Fauré-Frémiet (sans descendance).

 1971, le 8 juin : remariage d'Emmanuel Fauré-Frémiet avec Marie Hamard (née le 6 mars 1912 à Paris).

 1971, le 6 novembre : mort d'Emmanuel Fauré-Frémiet (sans descendance).

 1983, le 15 novembre à Louveciennes (Yvelines) : décès de Blanche Felon, veuve de Philippe Fauré-Frémiet.

 1988, le 26 février: décès de Marie Hamard, veuve d'Emmanuel Fauré-Frémiet et belle-fille de Gabriel Fauré. Officier des Palmes Académiques, elle était membre dès la première heure de l'Association Elisabeth Havard de la Montagne.

Fauré: pièce brève, page 1Fauré: pièce brève, page 2Fauré: pièce brève, page 3
Gabriel Fauré, 7ème des Huit Pièces brèves pour piano, op. 84,
"morceau d'exécution difficile, de la plus délicate et de la plus pure musicalité"
( Paris, Hamelle/Musica, supplément, janvier 1907, coll. Max Méreaux) DR.
Fichier MP3 Numérisation et fichier mp3 par Max Méreaux (DR.)
[ À la 2ème page, sur le 2ème temps de la 1ère mesure du 4ème système, main droite, une noire (LA), oubliée par l'éditeur, a été ajoutée ]

DOCUMENTS INÉDITS

 

23 juillet 1854 : lettre de Toussaint Fauré adressée à Hyppolite Fortoul,
Ministre de l'Instruction publique et des Cultes:

Foix, le 23 juillet 1854

Monsieur le Ministre.

Le plus jeune de mes six enfants ayant des dispositions remarquables pour l'art musical, j'ai l'honneur de solliciter pour lui son admission dans l'Ecole de musique religieuse dirigée à Paris par M. de Niedermeyer.

Toutefois les charges que font peser sur moi une nombreuse famille me font un devoir de prier votre Excellence de vouloir bien accorder à mon fils Fauré Gabriel, la faveur d'une bourse entière dans l'établissement de M. Niedermeyer.

Monseigneur l'Evêque de Pamiers qui veut bien se charger de transmettre ma demande avec les pièces à l'appui, connaît ma position et mes services universitaires. J'ai la confiance que sa Grandeur, qui voudrait voir son diocèse jouir prochainement des bienfaits d'une institution qui a pour but de relever le chant religieux, de former des organistes et de bons maîtres de chapelle, recommandera mon enfant à toute votre bienveillante sollicitude.

Je suis avec respect,

Monsieur le Ministre.

de votre Excellence,

le très humble et très obéissant serviteur.

Fauré

directeur de l'école normale de l'Ariège

4 septembre 1854 : attestation de Toussaint Fauré :

Je soussigné, Père du jeune Fauré Gabriel, candidat à l'Ecole de musique religieuse fondée et dirigée à Paris par Monsieur de Niedermeyer, prends l'engagement de payer annuellement la somme de deux cent cinquante francs, formant le quart du prix de la pension qui resterait à ma charge, si mon fils était admis dans la dite école, avec jouissance de ¾ de bourse.

Je m'engage en outre à fournir en nature ou en argent le trousseau indiqué par la Direction de l'Ecole et qui est évalué à la somme de deux cent vingt francs.

Fait à Foix le 4 7bre 1854,

Fauré

Directeur de l'Ecole normale de Foix,

Officier de l’Université

 

25 septembre 1861 : lettre de Toussaint Fauré à l'Evêque de Pamiers.
(papier à en-tête de l'Ecole Normale de Tarbes)

Tarbes le 25 septembre 1861

Monseigneur

Le 1er octobre 1854, Mr le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes voulut bien, sur la demande de Monseigneur Allouvry, alors évêque de Pamiers, admettre l'un de mes fils, Fauré Gabriel à l'école de musique religieuse de Paris et lui accorder en même temps trois-quarts de bourse.

Aux yeux de tous ses maîtres, cet enfant a de très heureuses dispositions musicales, et les succès qu'il a déjà obtenus semblent lui promettre un bel avenir dans la carrière qu'il a embrassée. Mon vif désir serait donc, Monseigneur, qu'il pût passer quelques années encore dans l'établissement dont il fait partie.

Malheureusement, les charges que font peser sur moi l'éducation d'une très nombreuse famille me mettent dans l'impossibilité à peu près absolue de payer plus longtemps le dernier quart de la pension de mon fils, dont les voyages et l’entretien à Paris ne laissent pas d'ailleurs de m'occasionner tous les ans une dépense considérable.

D'un autre côté, l'Ecole de musique religieuse a eu depuis sa fondation des pensionnaires jouissant d'une bourse entière et je vous serais respectueusement reconnaissant, Monseigneur, si vous daigniez intervenir auprès de Mr le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes pour que son Excellence voulût bien accorder cette faveur a nom fils, soit à cause des succès de cet enfant, soit en considération de mes trente années de bons services dans l’instruction primaire.

Si j'ose m'adresser à Votre Grandeur dans cette circonstance, c'est que mon fils est né à Pamiers et que je le considère dès lors comme appartenant toujours à votre diocèse.

Je suis avec le plus profond respect,

Monseigneur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Fauré, de Foix,

Directeur de l'Ecole normale
Primaire de Tarbes,

Officier de l'Instruction publique.

 

2 octobre 1865 : lettre de Gustave Lefèvre
au Ministre de la Justice et des Cultes (Pierre Baroche)

(Papier à entête de l'Ecole de Musique Religieuse de Paris,
10 rue Neuve Fontaine Saint Georges)

Le 2 octobre 1865

À Son Excellence le Garde des Sceaux
Ministre de la Justice et des Cultes

Monsieur le Ministre,

J'ai l'honneur d'informer votre Excellence que l'élève Fauré Gabriel auquel une demi-bourse avait été accordée sur la demande de Mgr l'Evêque de Pamiers par un arrêté en date du 1er octobre 1854, vient de quitter l'Ecole de musique Religieuse pour aller occuper la place d'organiste à l'église St Sauveur de Rennes où il a été appelé, sur ma proposition, par Mr le Curé de ladite église. La demi-bourse dont jouissait cet élève se trouve donc disponible.

Daignez agréer,

Monsieur le Ministre,

l'expression de mon respect.

Directeur

Gustave Lefevre

 

Fac-similé d'un extrait de l'acte de baptême de Gabriel Fauré,
célébré le 13 mai 1845 en l'église Notre-Dame du Camp à Pamiers,
produit en 1854 lors de sa demande de bourse pour l'Ecole Niedermeyer
(Paris, A.N.)

 

Souvenirs sur l’Ecole Niedermeyer
Textes de Fauré parus la première fois en 1922
dans La Revue Musicale d'Henry Prunières,
puis dans Musica et Memoria (n° 58, juin 1995).

 

 


Relancer la page d'accueil du site MUSICA ET MEMORIA

Droits de reproduction et de diffusion réservés
© MUSICA ET MEMORIA

Web Analytics